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 flash
Auteur: Gauthier Y. 
Date:   18-09-2002 08:07

Je fais de la recherche en art rupestre et pour cela j'utilise des flashs.
Souvent on raconte que les flash sont mauvais pour les peintures et sont de ce fait interdits ou déconseillés.(au delà des aspects physiques, il y a aussi des arrières pensées bassement commerciales : sans flash on en est réduit à acheter les produits vendus par les marchands du temple)

Ce sont surtout les UV, je crois, qui provoquent des dégats - ce qui n'est pas toujours vrai , certaines peintures prenant le soleil assez longtemps restent curieusement fraîches après des millénaires d'exposition - mais d'autres phénomènes (physico-chimiques, animaux ...) rentrent en jeu.

J'aimerais comprendre un peu mieux les processus qui contribuent à cette dégradation et donc j'aimerais savoir si les flashs sont réellement nocifs. j'ai l'impressiçon que l'exposition est ridiculement faible comparée à la lumière naturelle - même par simple reflexion pour des parois non exposées directement au soleil - cumulée sur des millénaires.
ma question : pour commencer, j'aimerais connaître le spectre de lumière émise par les flash (person. j'ai des 3500 et 5400 Minolta mais ma question est très générale) et en particulier s'il y a des UV.
mais si vous avez d'autres remarques sur le sujet elles sont bienvenues.


 
 Re: flash xenon
Auteur: E. Bigler 
Date:   18-09-2002 11:18

Il y a un spectre des flashs xenon ici sur
le site de chez Perkin Elmer

http://optoelectronics.perkinelmer.com/library/papers/tp9.asp


 
 Re: flash : plus d'UV dans le flash xénon
Auteur: E. Bigler 
Date:   18-09-2002 11:28

La comparaison des spectres de décharge xénon
entre une lampe pulsée quasi-continue et un flash est intéressante. Elle
montre qu'il y a bien plus d'UV dans le spectre d'une lampe flash que dans ue lampe pulsée.

Maintenant rien de vous empêche de mettre un filtre
skylight devant votre flash.

Je crois que pour les peintures et le vieillissement
induit pour les UV on ne doit pas être
loin de la problématique de l'effet cumulatif
de faibles doses de rayonnement. Pensez au retournement
de situation entre les année 1950 où on vantait l'exposition de la peau au soleil
et les mises en gardes strictes du corps médical en ce début de XXI-ième siècle. Je pense
que les conservateurs des musées et ceux qui
ont en charge les trésors de l'art pariétal sont bien inspirés d'appliquer
le principe de précaution. sans doute dans les années 1950 aurait-ils été moins sensibles à ce problème potentiel des UV.


 
 Re: flash photo commercial : l'UV est coupé
Auteur: E. Bigler 
Date:   18-09-2002 11:37

http://www.graphics.cornell.edu/online/measurements/source-spectra
Voici le spectre d'un flash Nikon SB-16. L'UV est dûment coupé, sans doute par le verre de l'ampoule
et le diffuseur plastique devant.


 
 Re: nocivité des flash : un papier de Stanford
Auteur: E. Bigler 
Date:   18-09-2002 11:40

http://palimpsest.stanford.edu/byorg/abbey/an/an20/an20-6/an20-607.html


 
 Re: flash
Auteur: henri peyre 
Date:   18-09-2002 15:59

Dans le livre "Les collections Photographiques, Guide de Conservation Préventive" de Bertrand Lavédrine (30€, ARSAG, Museum d'Histoire Naturelle, 36 rue Geoffroy-Saint-Hilaire, Paris - 2000), il y a quelques lignes sur les flashs :
"Les flashs employés comme éclairage d'appoint en prise de vue sont des lampes à décharge. Couramment dénommés flashs électroniques, ils émettent en une fraction de seconde une lumière d'une température de couleur d'environ 6000K. Une grande partie des radiations UV est généralement arrétée par un filtre incorporé. La quantité de lumière fournie par la lampe est indiquée par son nombre guide qui croît avec la puissance du flash, les valeurs courantes s'échelonnant entre 20 et 60. L'intensité d'irradiation dépendra donc du modèle utilisé. Le nombre d'éclairs susceptibles de fournir la dose de rayons ultraviolets équivalents à une heure d'exposition à 50 lux, varie de 9 à 220, suivant le type de lampe. Pour les flashs les plus puissants, il convient d'être attentif à la fréquence d'utilisation face à une oeuvre fragile en se souvenant que leur effet est cumulatif. Jusqu'à présent on n'a jamais relaté une détérioration de photographies provoquée par des lampes flash". (p180)

Les interdictions dans les grottes proviennent probablement plus du danger de la prolifération d'organismes vivants qui vont profiter de l'humidité engendrée par... le souffle du photographe et de l'appoint de quelques petites lumières plus permanentes.

Concernant la détérioration dûe aux pigments eux-mêmes, si on remonte avec Pierre Pizon (Le Rationnalisme dans la Peinture, Dessain et Tolra, Paris 1978) aux pigments connus aux environ de 1650, on trouve certaines couleurs peu stables :
L'outremer naturel, le vermillon, le jaune de naples noircissent.
Delacroix, en 1851, les avaient encore dans sa palette et y avait ajouté les dangers de la laque garance foncé, qui palit, et de la terre d'ombre, qui diffuse.

Le blanc d'argent noircit par sulfuration (foncant certains mélanges) mais a probablement aussi amélioré la conservation de certaines peintures, par sa grande adhérence. Le bitume a envahit les tableaux de la fin du XIXème, ne séchant jamais.
Enfin, les papiers acides du XXème siècle s'auto-détruisent joyeusement....

Avec quoi peignaient nos aïeux des grottes ? Sang et terres. A l'instant qu'ils avaient cessé de peindre leur oeuvre avait déjà changé de couleur et nous nous prosternons pieusement devant des reflets qu'eux-mêmes probablement auraient bien du mal à reconnaître ! Accordaient-ils même autant de valeurs à ces dessins que nous en accordons nous-mêmes ? Celui qui lui donne la valeur est celui qui s'en occupe... forcément il montera un peu le trait !
En fait cette question sur les flash renvoie à toute la problématique de l'art moderne !


 
 Re: flash
Auteur: Gauthier Y. 
Date:   19-09-2002 08:32

Les réponses ci dessus sont conformes à ma position.
1/ je suis réellement sensible au problème de conservation et si je (me) pose ces questions, malgré ma conviction, c'est au nom justement d'un principe de précaution et aussi après avoir été pris à parti par des personnes incapables d'expliquer pourquoi un flash est mauvais
2/ le contexte dans lequel je travaille (Sahara) est assez différend de celui d'un musée et/ou d'oeuvres modernes (ce qui n'excuse rien !)
3/ces peintures pour certaines n'ont jamais vu le moindre individu. Les plus connues voient un groupe tous les quinze jours au pire, la plupart moins d'une fois par an, d'autres, encore inédites, jamais
ce qui ne veut pas dire qu'il faut négliger la protection.
Mais l'exposition cumulée est en conséquence très faible.
4/certaines sont exposées plein soleil pendant des heures (voir un excellent exemple dans la revue Sahara (peintures de Fofoda) ou bien les peintures de "nageurs" de la grotte du wâdi Sura (Gilf Kebir, Egypte) et qui apparaissent dans le film "Le patient Anglais" : soleil perpendiculaire à la paroi pendant des heures en hivers. sur place on cherche la limite entre la zone exposée et celle qui ne l'est pas.
il faut donc éviter d'incriminer (systématiquement) les flash

5/mes calculs sur l'exposition arrivent à des valeurs similaires à celles données dans les réponses ci-dessus. Ce qui donne des quantités excessivement faibles compte tenu du contexte

6/en comparaison avec la lumière du soleil, les UV sont coupés si je comprends bien ce qui élimine les longueurs d'onde les plus dangereuses (E. Bigler). c'est une partie de l'information que je cherchais.

7/tous les matériaux ne réagissent pas de la même manière

8/ en particulier les pigments sahariens sont très différents de ceux des toiles.
c'est l'objet des études que je suis en train d'organiser (composition et structure chimique pour comprendre un peu mieux ce qui se passe, faire des laisons entre sujets, parois, et améliorer notre compréhension des populations qui se cachent derrière + éventuellement trouver des moyens pour faire "durer" ces peintures et ralentir leu disparition)

9/ pour l'enregistrement de données hautement périssables (il y a une multitudes d'autres facteurs intervenant dans la dégradation - dont par exemple les mouflons qui se frottent sur les peintures, les guèpes qui font des nids dessus ..sans parler des vents de sable.) le flash permet de "gommer" les aspérités de la paroi qui brouillent la lecture et transforment certains traits/trous de la roche en éléments adventices.
Même si le flash est utilisé, c'est en limitant au minimum. ce n'est pas la peine d'en rajouter soi même.
Pour autant il ne faut pas tomber dans l'intégrisme. sinon il faut interdire tout approche des parois (merci pour le tourisme en Egypte par exemple dans les tombes royales) car - comme rappelé dans une des réponses - les apports d'humidité, frottements ... sont infiniment plus pernicieux qu'un flash qui a l'inconvénient d'être bien visible.

Pour cela j'ai bien apprécié la contribution de Michalski (Effect of light from flashbulbs ..http://palimpsest.stanford.edu/byorg/abbey/an/an20/an20-6/an20-607.html )

auquel un des messages m'a renvoyé. et la réponse de H. Peyre

Quant à la valeur qu'on accorde et qu'accordaient les peintres eux mêmes à ces compositions, c'est une vaste question ! qui n'enlève rien à leur valeur artistique (il y a vraiment de très belles et émouvantes scènes) et à leur intérêt historique.

merci pour vos interventions


 
 Re: flash
Auteur: Henri Gaud 
Date:   20-09-2002 20:00

Bonjour,

Le musée du louvre qui est très casse-couilles sur la conservation des ses collections, conseille plutôt le flash électronique pour photographier les dites collections.

Bien à vous
Henri Gaud


 
 Re: flash
Auteur: michel guigue 
Date:   21-09-2002 02:14

je suis réellement sensible au problème de conservation

nous dit Gauthier Y.

Personnellement, en ce qui concerne des photographies que je suis amené à prendre et forcément à présenter, je suis moins sensible à ce phénomène de durée ; à condition cependant que cette durée soit la mienne (durée de vie) ou corresponde aux attentes du demandeur.

Je ne pense pas que les hommes des cavernes se soient posé cette question. Ils ont réalisé des inscriptions sur pierre avec les moyens du bord de l'époque, comme nous le faisons actuellement avec nos moyens actuels sur des supports différents.

L'important est-il l'admiration future ou la reconnaissance du moment ?

Je déborde de l'influence du flash, mais rebondit sur la "conservation" évoquée.




 
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