Auteur: Henri Peyre
Date: 23-07-2003 07:34
Cela fait partie de l'oeuvre si à la vente on le dit à l'acheteur. Autrement non.
Je doute que les acheteurs se bousculent si on les prévient qu'une oeuvre va durer 1 an puis s'auto-détruire. Franchement je comprends qu'ils n'achètent pas et je ne leur ferais pas le reproche d'être des arriérés mentaux qui n'ont rien compris à la philosophie de l'art en général ou au relatif destin de l'homme en ce monde en particulier.
Si on est photograhe et qu'on vend ses tirages on fait des beaux objets que des gens vont acheter et mettre chez eux. C'est le minimum de leur garantir le meilleur. Leur engagement le mérite. Ils ont raison de l'exiger.
C'est le contraire de leur part qui serait médiocre.
Enfin, on peut apprécier l'art pour plusieurs raisons.
Il y a une tendance actuellement dominante, qui est fantasmatique : l'art doit nous tendre un miroir où nous faisons une projection de nous mêmes. Plus nous nous reconnaissons dans l'oeuvre, et plus elle nous plaît. Dans ce cadre peu importe en effet ce que l'auteur de l'oeuvre a voulu signifier par la production de l'oeuvre elle-même. Il est plus important qu'il ait tendu le miroir. Cette démarche prétend être l'oeuvre et à la limite, plus l'oeuvre est matériellement médiocre et moins elle risque d'obscurcir la pensée. Sa médiocrité indiquera plus visiblement que seule la démarche était la cause.
Mais il y a une autre façon qui déclare l'oeuvre en elle-même, en tant qu'objet, comme fin. Cette autre façon ne se prive pas de la pensée, elle l'intègre aussi. Elle a soin aussi du délicat plaisir des sens, réintègre le goût des beaux objets. En d'autres termes elle parle toute les langues et sera mieux comprise, fatalement, parce qu'elle est plus riche, plus intelligente et plus belle, cette voie triomphera de nouveau.
Ce qu'elle a contre elle ? L'évidence !
Mais l'intelligence c'est de retrouver l'évidence !
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