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 SONG CHAO
Auteur: Bigors 
Date:   02-07-2003 13:33

Bonjour,

Le 3 mai, Nico initiait un fil de discussion autour de SONG CHAO, photographe chinois publié dans l'Oeil Electrique.

Durant l'écoute d'une émission sur Inter ce matin, j'ai appris que ce photographe était exposé aux Rencontres d'Arles. Lors de cette émission, le commissaire général des rencontres a indiqué que cet artiste avait été influencé par .... Avedon dont il avait vu quelques photos.

Une visite du site www.rip-arles.org m'a confirmé cette expo qui se tiendra au "Magasin des Ateliers" du 5 juillet au 12 octobre.

Cordialement
Daniel


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: pierre 
Date:   02-07-2003 15:30

Bonjour,

"influencé", le mot est faible ! c'est du plagiat pur et simple.
C'est il me semble une veritable manie des diffuseurs d'art que de mettre en valeur des sous produits. Ca rappel untel, mais c'est moins cher !
Il est certain que cela évite de reflechir on suit des voies déjà apprises, mais on prend tout de même le spectateur pour un imbecile et on se sâoule de mots.
La seule chose positive dans cette histoire c'est que Song chao est plus riche aujourd'hui et tant mieux pour lui... cela fait même partie de la légende larmoyante (cf article de l'oeil electrique).
En tout cas je ne comprend pas que l'on fasse autant de publicité à un type qui non seulement n'a rien inventé , mais n'a pas non plus poursuivi la voie d' Avedon, non, il a juste fait LA MËME CHOSE.

Pierre


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Bigors 
Date:   02-07-2003 16:55

Pierre,

Si seulement, avant de sortir le canon de 155, vous aviez relu tout le fil de discussion initié par Nico le 3 mai, vous auriez vu que certains ne reconnaissent aucune similitude entre le travail d'Averdon et celui de Song Chao.

D'autre part, vous avez le droit de donner votre avis, sans animosité, sans écrire en majuscule qui équivaut à crier, et j'ai du mal à supporter les engueulades.

Et même si Song Chao fait du sous Averdon, les quelques photos que j'ai pu voir de lui m'émeuvent. Pour ma part, je suis sous cultivé en matière art photographique. Et au risque de vous choquer, je n'aime pas Cartier Bresson, je ne supporte pas Lartigue, mais j'aime Song Chao. Tous les goûts et les dégoûts sont dans la nature.

Ce n'est pas le fonds de votre message qui me titille, c'est la forme. Je suis un con, je le sais, et je me soigne.

Pour ce qui est du fonds, je suis très tolérant, je supporte, sans aucun trouble du sommeil, que vous ayez tort.

Le seul but de ce message était de signaler une expo. et comme dirait un autre colistier légèrement irrité par un autre colistier : point barre!


Très cordialement !

Daniel.


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Nico 
Date:   02-07-2003 17:14

Bonjour!

Bon, je précise tout d'abord que je ne connais le travail de Song Chao que par le maigre et piètre aperçu de l'Œil Électrique, et que je ne suis pas non plus qpécialiste du travail de Richard Avedon.

Ceci dit, plusieurs choses à dire:
- si untel reconnaît soit avoir été influencé par, soit avoir des affinités avec le travail de quelqu'un d'autre, poourquoi est-ce que cela serait spécieux? Pourquoi est-ce que cela le placerait en retrait par rapport à quelqu'un d'autre? Surtout quand on sait à quel point la culture chinoise se nourrit du travail de ceux qui étaient avant soi…
- on peut tirer des parallèles entre ces deux travaux, mais il serait injuste, pour l'un comme pour l'autre, de les mettre en compétition. Le rapport que chacun des deux photographes cités entretient avec les personnes photographiées est complètement différent, le regard porté sur eux aussi; et, plus loin, leur culture n'a rien de commun. La technique est semblable par moments, soit.
- oui, Song Chao a peut-être eu le malheur d'être la victime ou la proie d'un découvreur occidental; on peut voir ça d'un mauvais œil, pour ma part j'essaie d'en faire abstraction. Quant au fait qu'il n'ait rien inventé, d'une part c'est un vaste débat, d'autre part, je crois qu'en tant que chinois, il ne se préoccupe même pas de savoir s'il crée quelque chose de nouveau. Je dois avouer que je suis assez sensible aux cultures chinoise, japonaise ou extrême-orientales, et je crois bien que cela, cet "orgueil" que l'on peut avoir à se dire que l'on a inventé quelque chose de nouveau, leur passe un peu au-dessus de la tête…
[hors sujet] peut-être aussi parce que la taille moyenne est inférieure à la nôtre? :-) [/hors sujet]

Ceci dit, j'irai regarder ce travail en Arles, je pense essayer de rencontrer Song Chao, qui sait où tout cela nous mènera…

À bon entendeur!

N


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   02-07-2003 17:36

On a vu dans l'autre discussion que nous ne portions pas tous le même regard sur le travail d'Avedon. J'ai exposé mon point de vue très personnel - et peut-être erroné -, mais Jimmy par exemple avait une autre vision. Il est bien possible que Song Chao ait une lecture d'Avedon plus proche de celle de Jimmy que la mienne.

Que le commissaire de l'expo dise que Song Chao a été influencé par Avedon ne veut strictement rien dire à mon avis. C'est un peu de la retape pour attirer les visiteurs, une retape facile, d'ailleurs, tant est criante la parenté _formelle_ entre les deux photographes. Ce qui serait intéressant, ce serait d'entendre Song Chao lui-même, si tant est qu'il ait quelque chose à dire, lui le mineur de fond qui a photographié ses copains. Il n'est sans doute pas rompu au discours d'artiste...

Dans tous les cas, je remercie Nico de remettre ça dans la perspective de la culture orientale, c'est très instructif. Et puis, tout ça nous a permis d'avoir ici des réflexions intéressantes, et rien que pour cette raison, j'irai voir l'expo - peut-être pour me rendre compte que je m'étais trompé ! :-)

Marc


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: henri peyre 
Date:   02-07-2003 23:00

"Quant au fait qu'il n'ait rien inventé, d'une part c'est un vaste débat, d'autre part, je crois qu'en tant que chinois, il ne se préoccupe même pas de savoir s'il crée quelque chose de nouveau. Je dois avouer que je suis assez sensible aux cultures chinoise, japonaise ou extrême-orientales, et je crois bien que cela, cet "orgueil" que l'on peut avoir à se dire que l'on a inventé quelque chose de nouveau, leur passe un peu au-dessus de la tête"
Je trouve cela très profond et très juste. Il y a moins que chez nous cette posture du rebelle qui n'est finalement qu'un autre moule...


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Nico 
Date:   03-07-2003 08:22

Bonjour!

À propos de cette tendance que l'on pourrait avoir, ou pas, de se mettre en opposition par rapport aux travaux ou à ceux qui nous ont précédé, et qui est une question qui dépasse largement l'espace de la photographie…

Je pense que les Chinois, en particulier, ont une culture qui se base sur la continuité; cela se trouve, au-delà du domaine de la pratique artistique, très profondément ancré dans une manière de voir les choses. Et cela se retrouve dans la vie sociale, la pratique religieuse, la vision de l'histoire, du monde aussi, d'une certaine manière dans la vie politique, etc. La question ne se pose pas de savoir ce qui pourrait marquer la différence entre ce que pratique un "créateur" de 2003 d'un autre de 1650, mais plutôt de voir ce qui les unit. La notion de progrès aussi est différente: pour eux, je crois, le progrès dans le domaine des arts ou de la pratique artistique consiste à tendre vers ce qui amènera le mieux le spectateur (ou le lecteur, ou l'amateur, en tout cas quelqu'un à qui est destiné une œuvre, et en particulier quelqu'un très loin dans le temps: un descendant, un homme quelques centaines d'années plus tard…) à la plénitude et à la compréhension, très intime, de ce qui faisait celui qui était, et est encore, par delà le temps, au bout du pinceau (ou du déclencheur, ou de la plume…). Je ne sais pas si je suis très clair, mais tout est là: le fait que ce qui est "créé" sera transmis, et que cela s'inscrit dans la continuité d'une histoire commune (pour mémoire, la culture chinoise, dans son ensemble, a quelques millénaires derrière elle, d'un flux assez "calme" comparé à l'histoire occidentale). Le rapport avec la personne à qui est destinée une création est aussi assez différent du nôtre: on ne crée pas pour soi, on crée en sachant que l'on va laisser quelque chose qui sera transmis, et même on fait des choses pour qu'elles soient transmises, vues et appréciées en leur temps; un jour, un amateur de poterie m'a raconté l'histoire d'un potier (peut-être de fiction, mais peu importe), qui se lamentait qu'une de ses plus belles fournées s'était retrouvée cassée lors d'un transport; il disait que ce sont autant de pièces qui ne trouveront pas leur propriétaire, et autant de collectionneurs qui ne trouveront pas ces pièces. Peu lui importait la perte que cela représentait pour lui, mais quel dommage pour les autres!

Je ne sais pas si cette attitude est plus juste que notre tendance (ce n'est pas péjoratif) à nous interroger sur ce qui fait notre individualité, notre unicité, et qui nous met en position de recul par rapport à ceux qui nous ont précédé, ou même qui nous côtoient. En tout cas, elle propose un autre point de vue très riche.

Et attention: ce que je dis, d'une part n'engage que moi (je ne suis pas agrégé de culture chinoise), d'autre part est très général et idéal, à la limite de l'idéalisation :-) Mais je crois que pour l'essentiel, on doit pouvoir s'y retrouver. Et une dernière chose: ce qui est intéressant, c'est de réfléchir à ces deux types d'attitude, mais pas -selon moi- d'en faire un test comparatif.

Bonne journée,

N


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Pascal Quint 
Date:   03-07-2003 13:26

Nico,

Vos explications sur la culture chinoise sont très intéressantes pour quelqu'un comme moi qui ne connaît quasiment rien à la Chine.

Néanmoins, au vu de ces explications, je ne m'explique pas comment les Chinois peuvent par ailleurs, comme je me le suis laissé dire, être totalement indifférents à ce que nous les européens appelons "patrimoine", indifférence démontrée, si j'ai bien compris, notamment par le fait que la Chine moderne détruit sans aucun état d'âme les vestiges de l'architecture ancienne ou traditionnelle pour construire à la place des choses extrèmement modernes. Cette indifférence n'est-elle pas incompatible avec "la pratique artistique [qui] consiste à tendre vers ce qui amènera le mieux le spectateur (ou le lecteur, ou l'amateur, en tout cas quelqu'un à qui est destiné une œuvre, et en particulier quelqu'un très loin dans le temps: un descendant, un homme quelques centaines d'années plus tard…) à la plénitude et à la compréhension" ?


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Nico 
Date:   03-07-2003 14:40

Bonjour!

Pascal, je pense que vous faites allusion à la destruction des quartiers populaires des grandes métropoles chinoises, et, plus généralement, à l'essor plutôt "violent" de la Chine vers un modèle urbanistique (c'est français, ça?) occidental.

On parle bien de la Chine continentale, il n'en est pas de même pour Taïwan ou Hong-Kong.

Comme je le disais, mon point de vue sur la culture chinoise est assez "idéal", il ne se compromet pas trop avec la réalité quotidienne.
En effet, la Chine d'aujourd'hui vit une transition entre le modèle communiste et l'ouverture (s'il faut appeler ça comme ça) vers un modèle (économique, social, etc.) occidental, alors même que la période communiste est très courte dans l'histoire chinoise et, par là, encore assez peu "digérée". D'où un mélange des genres dans lequel tout est déboussolé, où beaucoup perdent leurs repères, où quelques uns trouvent adroitement et très habilement (autant qu'éhontément) leurs intérêts immédiats, etc.
Un modèle, un mode de vie (la Chine de 2003 tournée vers le modèle occidental) est en train d'en bousculer un autre, difficilement établi (celui de la Chine communiste) et pas spécialement stable; certaines personnes, nées au XXe siècle, ont vécu ces 60 dernières années en chamboulement constant, alors que la Chine suivait le cours de son histoire depuis quelques dizaines de siècles sans grand détour.
Je pense qu'il faut garder tout cela en mémoire pour apprécier un contexte.
Et maintenant, la question du patrimoine.
Concernant les hutong (quartiers populaires), je ne crois pas que les Chinois considèrent cela comme du patrimoine culturel intéressant (même s'il en existe des défenseurs); il faudrait voir ce que pensaient les Parisiens des grands travaux haussmaniens pour peut-être apprécier mieux et de notre côté ce passage d'un monde à l'autre. Et, dans une certaine mesure, les grands immeubles représentent un pas vers le confort que beaucoup apprécient (eau courante, électricité moderne, ascenceurs, etc., certes moins poétiques que les hutong pour nous, mais peut-être plus vivables en 2003, surtout en hiver… :-) il fait très froid en Chine continentale, en hiver); ensuite, il y a une part de la culture chinoise, et orientale aussi, qui fait que souvent, l'intérêt particulier passe au second plan par rapport à l'intérêt du groupe (le personnage lambda et le peuple chinois; cela explique, par ailleurs, cette solidarité, parfois assez exclusive, qui existe dans ces communautés à l'étranger, notamment)); enfin, les Chinois, je crois, ont fini par accepter que la Chine devait combler son retard face à l'occident, et cela de manière urgente (je dis ce qu'il en est, je ne sais pas si cela est bon, mais c'est, je crois, un fait). D'où l'arrivée massive du béton et des avenues gigantesques dans les métropoles asiatiques, et l'acceptation, passive je crois, de la destruction des hutong.

[aparté] il y a beaucoup de "je crois" dans mon texte: je n'ai pas l'habitude d'écrire tout cela, et je ne voudrais pas donner l'impression de faire un cours magistral… [/aparté]

Les Chinois ne sont pas totalement indifférents à la destruction des hutong, je pense que c'est le message qui nous est transmis, assez simple à comprendre et assez simple à véhiculer par ceux qui nous informent. En fait, ils ne sont pas complètement insensibles: ils savent très bien ce qu'ils perdent, qui est une partie de leur histoire personnelle souvent, et de leur culture en général; mais ils savent aussi très bien ce qu'il y a de bon à gagner dans un immeuble moderne (en tout cas, ils ont été très bien convaincus par des discours engageants). Nous sommes, quelque part, un peu responsables de cela: à force de diffuser (par les media, par Internet, par le cinéma) un modèle de vie tel que le nôtre, on a fini par convaincre des millions de gens qui n'ont pas l'eau courante, qui n'ont pas le téléphone, pas la voiture, etc., qu'il y a un progrès indéniable à avoir un portable, une télé couleur, etc., toutes choses un peu ridicules au fond d'une maisonnette de hutong…

Attention, je ne jette pas la pierre, j'essaie juste de remplir le contexte! Ils ne sont pas si indifférents; encore une fois, qu'en pensaient les Parisiens devant les travaux d'Haussman?

Et tout cela ne met pas de côté le rapport que certains Chinois entretiennent avec les pratiques artistiques (je reconnais que pas tous les Chinois s'intéressent à ça, de même que pas tous les Français se préoccupent de ce qui nous intéresse ici); simplement, il est peut-être plus difficile de nos jours de se concentrer sur ce type de préoccupations, dans ce monde où tout bouge vite et où beaucoup nous échappe tout en ayant une répercussion sur nos vies particulières, plus difficile que dans des temps ou des lieux où l'on a un rapport plus direct avec son monde (son monde plus restreint, aussi).

N


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Marc Grandjean 
Date:   03-07-2003 16:21


Les parisiens n'étaient pas si indifférents que ça aux destructions du baron Haussmann.
Il y a eu une opposition assez virulente, surtout qu'une partie du projet était en fait destinée à éviter les barricades et les insurrections (avenue très larges, couverture du canal pour empêcher les quartiers du nord est de s'isoler en "coupant les ponts").

Je ne sais pas au fond si l'on peu comparer la Chine et Paris sur ces plans ou alors comparons plus avant ne serait-ce que sur un plan symbolique.
La chine n'en est plus au stade de la révolution industrielle et les nouvelles constructions n'ont rien de classique. De ce que j'ai pu voir d'ici, l'évolution est plus de l'ordre d'une poussée high-tech verticale et très rapide qui tendrait à démontrer que la chine est aujourd'hui le pays où tout est réalisable.
Malheureusement je crois que les contrastes en terme d'évolution sont énormes et que les sacrifices engagés dans cette ascension libérale sont importants aussi.
J'ai le sentiment d'un cynisme incroyable d'ailleurs ou plutôt d'une acceptation de ce que cette métamorphose va coûter cela tient peut être au nombre.

Pour revenir à Song Chao, comment le comparer Avedon?
Outre l'aspect compte de fée du mineur propulsé aux nues et découvert par un occidental forcement bien intentionné.
Song Chao n'a jamais eu de grand studio à New-York (suffisamment grand pour y faire rentrer deux éléphants), il n'a jamais je pense côtoyé les plus grand mannequins ni été l'assistant de Brodovitch.
Les Photos de Song ressemblent à du Avedon de la grande époque, c'est pas difficile de faire du Avedon, un fond neutre, un gros plan sur un visage au naturel et un tirage géant ( Nico toi qui va voir ces photos avant nous tu pourras nous dire si les tirages de Song sont grands ou pas.).

Même si la forme parait semblable, même si Song dit s'être inspiré d'Avedon le contexte est radicalement différent et la démarche aussi.
C'est vrais qu'il donne l'impression de perpétuer un art, une forme mais avec une expressivité et un résultat que je trouve admirable.
Surtout lorsque l'on connaît les conditions de ces prises de vues.

MG


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Nico 
Date:   03-07-2003 16:49

Bonjour!

Donc voilà, de la même manière que je ne pense pas que les Parisiens étaient insensibles aux travaux du baron Haussmann (et je ferai maintenant gaffe aux deux n), je ne pense pas que les Chinois voient d'un œil indifférent la construction des buildings. Quant aux similitudes ou pas entre ces deux grandes métamorphoses, je pense, au contraire et toutes proportions gardées, qu'il y en a de grandes (des similitudes)… Mais ceci est une autre histoire!

Je ne sais pas quel format ont les images de Song Chao; je crois que je serais déçu, un peu, de les voir en grand, en trop grand; le côté monumental du grand tirage (en plus de ça assez à la mode) me met en général en retrait et, d'après moi, n'irait pas dans le sens des images présentées, en particulier. Je vous en dirai plus dès que possible, peut-être même en pseudo-direct si j'ai accès à un ordinateur depuis là-bas :-) sinon c'est mercredi soir. Et surtout, j'aimerais rencontrer ce type qui a mon âge…

N


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Marc Grandjean 
Date:   03-07-2003 17:01

Des similitudes et des diferences aussi qu'il faut pointer tant elles permettent de comprendre un peu les choses.
Je ne sais pas si c'est le forum ideal pour parler d'histoire des villes, de la Chine, de Foutriquet et du Baron (Napoleon III et Hauss..)
C'est plus le genre de grand débat à mener sur une terrassse arlesienne sirotant une mauresque.
Garre aux moustiques!!

MG


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: faz 
Date:   03-07-2003 17:55

Je retrouve dans la réaction courte et virulente de Pierre deux éléments distincts que je trouve intéressant de séparer:

A- une certaine détestation courante du "milieu de l'art contemporain", qui est d'ailleurs plutôt fréquente chez les amateurs de photographie dite traditionnelle (?).
Le plus souvent les reproches sont de 3 ordre: 1-médiocrité des œuvres, en particulier sous l'angle technique 2-art marchandise 3-discours ronflant pour cacher cela.

B- la mise en avant de l'individualité créatrice, trait propre à la perception de l'art au XXème siècle (en occident, et là je rejoindrais Nico qui relève que le désir de "faire du nouveau", parfois jusqu'à la provocation, n'est pas un trait universel dans l'art).

je ne vais bien-sur pas chercher à élaborer plus ici. Mais je pense qu'il y a dans ce discours tout à la fois une généralisation sur l'art aujourd'hui et une pensée de l'œuvre qui la place dans un perspective individuelle et que chacune serait certainement intéressante à dépasser.

Penser Avendon ou n'importe quel autre artiste comme "propriétaire" et inventeur de son style, c'est en quelque sorte nier dans chaque œuvre les sensations, les effets, etc. qu'elle procure. Si l'imitation, voire la copie marche artistiquement, séduit, transporte, alors, ou est le problème? C'est la question que nous posait déjà Warhol, à sa manière.

Mais, bon, moi je dis ça, c'est pour apporter mon caillou à la grande barrière.


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: pierre 
Date:   03-07-2003 23:14

Bonjour;

mon intervention n'avait pas pour but de juger les émotions que l'on peut ressentir devant une photographie, les sentiments ne sont pas criticables évidemment... mais les idées oui.

Ce qui me gène dans la manière dont on nous présente le travail de Song Chao (le texte des rencontres d'Arles est le même que dans l'oeil éléctrique ), c'est :
1/La place faite à la biographie du photographe, qui nous pousse à un regard fait de compassion :
cela nous oblige un peu à le considerer comme un naïf, pas tres conscient des images qu'il produit. Je trouve cela malhonnête, puisqu'il est présenté dans un milieu hyper referencé et cultivé . Cela bloque un peu la reflexion. Depuis Duchamps on sait tout de même que c'est bien le contexte dans le lequel elle est presentée qui donne en partie sa valeur à l'image, et jaimerai ne pas pouvoir penser que c'est le critère pricipal.
2/ le rapprochement, indiquer de maniére seulement superficielle, avec un monument de la photographie, alors que formellement les deux travaux paraîssent extrêmement proches (reste la question du format ...).
Lorsque l'on dit que Thomas Struth et Thomas Ruff viennent de l'école des Becher ...on a encore rien dit sur leur travail. L'influence de leurs professeurs indique une direction prise vers la rigueur et l'objectivité qui est un trait commun à ces artistes, mais ils ont developpé ensuite un 'style' présent dans chacune de leurs images; et c'est ce style qui exprime une idée qui leur est propre. Lorsque l'on voit un Struth, les Becher en sont éffacés.
Je ne pense pas qu'il puisse y avoir deux idées pour une même forme, et l'art n'est pas un jeu des sept erreurs. Proposer une oeuvre qui oblige à un discours comparatif de manière évidente, mais sans le clarifié, me semble encore une fois une malhonnété intellectuelle, une fioriture dialectique.

Bien sûr Song Chao n'est peut-être pas tres conscient ni même interresser par ces reflexions, mais cela ne me rassure pas .

Puisque les rencontres d'Arles offrent un large panorama, j'en profite aussi pour indiquer que Thomas Demand est proposé pour un prix, cela veut peu-être dire que ses images seront en Arles. C'est un de mes photographes préférés, et bien chanceux ceux qui seront la-bas.

Cordialement

pierre


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Nico 
Date:   03-07-2003 23:54

Bonsoir!

Ce qui me gène dans la manière dont on nous présente le travail de Song Chao… et Lorsque l'on dit que Thomas Struth et Thomas Ruff viennent de l'école des Becher…: donc ce qui vous gêne est là, dans la manière par laquelle le travail est présenté, plus que dans le travail en lui-même. Il est vrai que souvent, la présentation d'un travail (quel qu'il soit) sonne faux, mais peut-il en être autrement? Il est difficile d'utiliser le verbe pour dire des images, un travail, une musique ou quoi que ce soit d'un autre support; souvent, j'essaie de me concentrer sur le travail dont il est question plutôt que sur le discours qui le présente, de la même manière que si je lis une préface (ce qui est assez rare ma foi), c'est après la lecture proprement dite.

Pour ma part, je trouve le texte d'Alain Jullien aussi pauvre qu'assez mauvais, et je vous rejoins sur quelques points, en ajoutant même que dans mon souvenir (je n'ai plus le texte sous les yeux), la présence du même Alain Jullien en "découvreur de talent" était assez marquée et "maladroite", dirons-nous… Mais, comme je l'ai dit, j'essaie d'en faire abstraction et essaierai de rencontrer Song Chao lui-même, s'il est présent.

Je ferai attention si je vois quelques images de Thomas Demand, que je ne connais pas.

N


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: henri peyre 
Date:   04-07-2003 07:25

Le travail de Demand est très intéressant, entre architecture, utopie et design.
Si certains sur ce forum ont pu comparer des documents sur cet auteur et peuvent m'en recommander un plus particulièrement... je suis preneur !
Merci


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Marc Genevrier 
Date:   04-07-2003 08:32

Henri, tu ne trouves pas aussi que Demand, c'est un joli pied de nez justement à l'école allemande des Becher et de leurs élèves ? On a l'impression parfois qu'il tourne ça un peu en dérision.
Pour info : il construit des maquettes de lieux imaginaires, le couloir d'un immeuble de bureaux, le plongeoir d'une piscine, un escalier roulant, et il photographie ça avec énormément de soin,en reprenant cette rigueur et cette froideur qu'il y a chez ses prédécesseurs. Ça donne un résultat un peu ambigu, parce qu'on se laisse prendre au piège, au premier regard on croit presque que ce sont de vrais lieux.
J'ai juste le bouquin qu'on trouve un peu partout, qui me plaît bien, mais il est déjà dans les cartons. Je te donnerai les références plus tard.
L'année dernière, j'ai traversé au pas de course la biennale d'art contemporain de Lyon pour voir trois tirages de Demand et deux de Garnell, je n'ai pas été déçu !

Marc


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: henri peyre 
Date:   04-07-2003 22:03

L'Ecole Allemande joue pour moi sur le discours photographique pur :
"je représente le réel le plus ordinaire MAIS avec tant de rigueur et de façon tellement aboutie qu'il n'y a plus que le moyen qui se montre à voir".

Demand en construisant ses maquettes et en les photographiant avec exactement la même rigueur se rapproche un peu plus encore de certains poètes, qui parlent de choses insignifiantes avec l'oeil le plus attentif à la mécanique huilée des alexandrins.

C'est il me semble pousser juste un peu plus loin la dérision du réel, pour montrer encore mieux la perfection du discours. Voilà le but.

Je place donc les uns et les autres dans le développement photographique d'une ligne qui rappelle le mouvement poétique Français des Parnassiens (il y a, voyons, environ 130 ans).

Avec de beaux succès, mais une philosophie parfois un peu clignotante.


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Jean Rousset 
Date:   07-07-2003 14:26

Bonjour,

Peut-être certains d'entre vous ont vu samedi soir la séquence de Metropolis sur Arte consacrée à Song Chao. N'ayant au préalable rien lu sur ce photographe, ni rien vu de lui, j'ai tout simplement été trés touché par ses portraits. Le fait de savoir qu'il est également mineur de fond ne me parait pas être un élément de sa "légende larmoyante", mais plutot une explication de l'accuité et de la poésie du regard qu'il porte sur des hommes qui sont pour lui des compagnons de labeur avant d'être des modèles.

Dans une période qui confond art et signalétique, ou l'approriation d'éléments picturaux tels des rayures verticales ou des carreaux blancs tend à faire prendre la reconnaissance visuelle pour de la reconnaissance artistique, il est naturel de lire que les photos de Song Chao sont un pliagiat d' Avedon, un "sous-produit". Le système marche bien. Et c'est dommage.


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Nico 
Date:   10-07-2003 07:24

Bonjour!

Retour à Paris hier soir, mains au clavier à l'instant; quelques mots à propos du travail de Song Chao, et de lui-même.

Ses images ne sont pas gigantesques: format 40x50, accrochés à hauteur d'œil (disons que les regards des mineurs photographiés sont à environ 1,75m). Le format me plaît.

Les images présentées (environ 25-30) ne sont, à mon sens, que très mal représentées par la sélection proposée dans l'Œil Électrique: les quelques unes visibles dans l'article sont particulièrement "fortes", alors que la majorité des images sont beaucoup plus calmes et simples, plus touchantes à mon goût: elles me laissent venir à elles, à eux plutôt (vu qu'il ne s'agit que de mineurs -d'ailleurs, existe-t-il des mineuses??). Les légendes sont importantes: elles présentent les noms et qualifications professionnelles des mineurs, ainsi qu'un court message que la personne photographiée tient à faire passer, de l'ordre de ces choses que l'on a à cœur et qui dévoilent suffisamment de l'intime pour avoir l'impression de connaître quelqu'un, mais sans trop en dire (du genre: …sa grande préoccupation est de travailler pour pouvoir envoyer ses enfants faire des études). Le tout est présentée très simplement, au Magasin des Ateliers SNCF, à proximité d'autres travaux.

Ensuite, comme je l'ai dit, j'ai essayé de rencontrer Song Chao. Je dois dire que c'est assez difficile car, certainement comme pour beaucoup de photographes présents pendant peu de temps, il est assez sollicité par la presse (dont certains représentants sont de triples imbéciles, soit dit en passant -et je m'arrêterai là). Mais nous avons pu nous croiser à quelques reprises, et discuter un peu. Un peu, car la barrière de la langue est inévitable (merci à Laura Foucault, Suko Lam et Su She (ou Xu Xe?) pour les traductions). C'est effectivement une personne très réservée, mais d'un abord très doux et très attentif. Song Chao est toujours mineur (grade de "Commander") et continue ses portraits, et va aussi continuer d'autres portraits, toujours de personnes qui lui sont proches (dans le travail ou pas). Nous avons -très vite- parlé du travail de Richard Avedon. En fait, il en a vu quelques images, qui lui ont plu, mais qui n'ont pas radicalement changé sa manière de travailler car il avait déjà choisi sa voie et son travail était déjà amorcé. Il n'avait pas de chambre à l'époque mais en voulait déjà une, et son dispositif "scénique" était déjà établi. Donc, influence certaine, respect et tout le toutim, mais -relative- indépendance.

Voilà, travail à voir si possible… Comme beaucoup d'autres! :-)

N


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Nico 
Date:   10-07-2003 10:07

Addendum: par contre, je n'ai pas vu d'images de Thomas Demand; peut-être suis-je passé à côté, mais je ne crois pas que son travail ait été présenté où que ce soit.

N


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Michel Guy 
Date:   10-07-2003 11:19

Merci pour ce compte rendu.
Ne pas oublier que la Chine est de trés loin le premier producteur et le premier consommateur de charbons du monde. Le mineur est de toute époque un personnage important dont le role est reconnu et valorisé. Les conditions d'exploitation sont très difficiles, le capital engagé est faible, les accidents sont fréquents et la géologie est défavorable.
La comparaison permanente avec Avedon n'a pas beaucoup de sens et je suggère que l'on se passe de ce débat oiseux.
Nous avons des photos de héros ordinaires et quotidiens et ce qui m'a frappé dans les quelques photos publiées c'était cette transparence des regards et des attitudes alors que ,à l'instant choisi ,il s'agit de personnes remontant du fond après un effort et un stress considérable.
Michel


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Jimmy Péguet 
Date:   16-07-2003 15:35

Pour qui voudrait voir quelques images (qui passent assez bien à l'écran) de Song Chao : http://www.nytimes.com/pages/multimedia/index.html.

Ce sont les pages du NY Times, il faut s'inscrire, mais ce n'est pas bien contraignant.


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: Nico 
Date:   16-07-2003 16:39

Bizarre, l'inscription ne marche pas pour moi: Your session has expired. Please re-enter your information on the form below and re-submit the form. me vois-je répondre, alors que je ne peux pas mettre moins de vingt secondes pour remplir le formulaire! À moins que ce ne soit le décalage horaire…

J'essaierai de voir si cet article ne se trouve pas dans une version papier d'un bureau de presse internationale.

N


 
 Re: SONG CHAO
Auteur: victor 
Date:   16-07-2003 21:44

Personellement, ce type de photo "humaniste" ne me touche pas du tout.
Quant à la comparaison avec Avedon, sauf à être de trés mauvaise foi, elle est stylistiquement évidente.
Ensuite, tout est affaire de goût et de couleurs...




 
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