Auteur: E. Bigler
Date: 18-06-2003 09:18
Arnaud, vous essayez vainement d'opposer des arguments qui ne tiennent
pas à un discours scientifique, le problème est là et nulle part
ailleurs. Un point sur lequel les lecteurs de galerie-photo me savent
intransigeant, c'est celui de l'utilisation incorrecte d'une
terminologie technique française consacrée. La traduction d'un terme
technique anglais est une autre question très délicate, parfois comme
pour le « spin de l'électron » le terme anglais s'impose. Mais pour
les « nodal points », désolé, mais la traduction existe, elle est
précise et consacrée. C'est tout ce que je veux dire.
Il y a eu une discussion ici un jour sur la signification du terme
'apochromatique'. Il y a une définition précise pour ce terme, elle
est rappelée dans la Lens FAQ de M. Jacobson, point. Que ce terme soit
dévoyé, qu'il soit bien connu qu'il est employé à tort et à travers,
c'est justement une bonne raison sur un site sérieux comme
galerie-photo de dire sérieusement aux lecteurs ce qu'il en est sans
autre considération que la stricte définition, qui comme pour les
point nodaux, tient en quelques lignes, mais quelques lignes d'un
discours scientifique qui présuppose, j'en conviens, pas mal de
connaissances préalables.
Lorsque des questions techniques pointues sont posées sur
galerie-photo, un certain nombre de bénévoles essaient de répondre le
plus sérieusement du monde sur un plan strictement scientifique en
documentant leurs dires le mieux possible, parfois en avançant des
conjectures qui ne demandent qu'à être réfutées. M'étant avancé
imprudemment à essayer de justifier que le point nodal objet pouvait
être le point cherché pour le collage panoramique, et je ne m'étais
jamais posé la question auparavant, il s'est écoulé trois semaines
avant qu'Yves Colombe ne réfute gentiment ce qui n'est apparu que
comme une conjecture, et en moins d'une semaine c'était réglé.
Pour faire un peu d'épistémologie de Café du Commerce, je dirais en
faisant un peu de Karl Popper de Café du Commerce que ce qui distingue
le discours scientifique des autres discours, c'est qu'il s'offre en
permanence à la réfutation et à la critique. Dire comme Arnaud Frich
« Est-ce que pupille d'entrée est tellement plus intuitif que point
nodal ? Je ne partage pas votre avis. Tout d'abord, beaucoup et
j'en fais parti ne savent pas ce qu'est vraiment un point nodal (
et plus il y en a deux !!! ) en optique. Pour moi et pour eux il
réprésente seulement un point à l'intérieur de l'objectif autour
duquel doit tourner l'appareil photo. On peut l'appeller comme on
veut finalement. Comme il est plus pratique de se le représenter
comme un point, cela colle mieux avec point nodal. Ce n'est donc
peut-être pas complètement par hasard.»
est typiquement un discours non scientifique car il n'est pas
réfutable. « On peut l'appeler comme on veut finalement. » renvoie à
la liberté individuelle, à la liberté de publier ce qu'on veut, on ne
peut donc pas en discuter, du moins dans un monde où la liberté de
publier existe. Alors qu'avancer des hypothèses, confronter des points
de vue et reconnaître qu'on s'est trompé parce que des références à
d'autres auteurs permettent de mieux comprendre, oui c'est une
démarche scientifique. Opposer les deux discours qui avancent en
parallèle n'est pas signe d'énervement, c'est signe qu'il y a deux
discours et qu'il faut savoir sur quel plan on se place. On ne peut
pas s'appuyer sur des notions techniques d'une part et refuser la
démarche scientifique d'autre part.
Ce n'est pas la faute des bénévoles qui répondent sur galerie-photo
s'il y a au départ beaucoup de questions très techniques et très
délicates qui sont posées. Qu'on puisse apporter des réponses non
techniques à des problèmes photographiques divers et variés, nous
sommes là aussi pour en discuter, mais ce n'est pas le point me
semble-t-il dans une discussion très technique comme celle-ci.
Mais revenons-en à notre propos, car Arnaud Frich nous prouve
justement qu'il fait les choses très bien, et que de toutes façons il
aurait eu le plus grand mal à cacher à des stagiaires qui découvrent
le collage panoramique que le point de rotation cherché est l'image du
diaphragme vu de l'entrée.
Le diagramme sur le site
http://www.arnaudfrichphoto.com/gp_point_nodal.htm
est parfaitement correct du moment qu'il s'agit de la pupille
d'entrée, et le texte d'Arnaud Frich le dit clairement :
« Il existe aussi un moyen très simple pour visualiser ce fameux point
de rotation idéal. Pour cela il faut prendre son objectif et le
regarder de face. Quand on regarde à l'intérieur, on voit très bien le
plan du diaphragme, où se trouve la pupille d'entrée de l'objectif
pour cette focale. »
Je me permettrais d'ajouter : c'est très facile en position standard
et grand angle de déterminer la position de la pupille d'entrée à
quelques millimètres près. Il suffit de partir d'un morceau de bristol
rectangulaire qu'on découpera sur une largeur égale au diamètre avant
de l'objectif, on le fera tenir comme on peut avec du ruban adhésif.
On fermera le diaphragme au maximum --et là nous nous plaçons dans la
configuration préconisée par Yves Colombe dans son message initial,
tout était dit !!-- puis en fermant un oeil on tracera au crayon sur
le bristol un rayon lumineux qui va de l'oeil au centre du diaphragme,
en se plaçant en bord de champ à l'angle le plus grand possible. On
répète l'opération de l'autre côté du carton. En replaçant le carton
sur un autre, le prolongement des deux traits nous donne la position
de la pupille d'entrée. En position 'télé' l'angle étant faible
l'erreur me semble plus grande, mais on peut ainsi déterminer si on aura
besoin ou pas d'un rail de mise au point coûteux ; on découvrira
finalement que la fente allongé sur une platine de pied photo suffit,
disons dans telle plage de focales pour un zoom ou pour telle optique
de focale fixe sans avoir à faire le test de parallaxe au préalable.
Sur un zoom trans-standard 24x36, d'après que ce que j'ai pu voir sur un
modèle particulier, la situation est exactement celle décrite sur le
diagramme d'Arnaud Frich. Au passage on y voit une démonstration
parfaite qu'en aucune façon il ne peut s'agir du point nodal image,
puisque c'est une situation inverse qui apparaît : grand angle, courte
focale, le point de rotation cherché est très en avant du zoom alors
que le point nodal image est toujours à peu près à une distance focale
devant le film (en infini-foyer évidement).
En revanche le texte explicatif ci-dessous ne tient pas debout,
qu'Arnaud me pardonne ma franchise :
« Coupe du E10 / E20 Olympus : à 35 mm de focale, l'angle des rayons
incidents est de 60 ° et à 140 mm de 20°. Ils ne convergent donc pas
au même endroit dans l'appareil photo.»
Il faudrait à mon avis --mais on ne me le demande pas !!-- simplement
dire que le point de rotation cherché étant la pupille d'entrée, il se
déplace lorsqu'on zoome, cela se voit bien, et que heureusement les
ingénieurs ont prévu qu'en position grand angle il puisse tout de même
y avoir des rayons inclinés de 60° qui rentrent. Pour un diamètre
d'optique donné, il y aurait problème à ce que la pupille d'entrée en
position grand angle soit tout au fond, on aurait alors un vignettage
bien qu'il soit tout à fait possible de concevoir une optique de
courte focale avec une pupille d'entrée très au fond : elle serait de
courte focale mais inutilisable comme grand angulaire. Le fait que les
deux pupilles d'entrée en position grand angle et télé ne soient pas
au même endroit n'a pas grand chose à voir directement avec
l'angle de champ, mais indirectement seulement.
Enfin pour terminer en regrettant de ne pas pouvoir participer à un des
stages proposés par Arnaud Frich, il me semble que les stagiaires
pouvant lire gratuitement le site d'Arnaud et galerie-photo
auparavant, passer le moins de temps possible sur cette affaire de
pupille d'entrée me semble être judicieux. Le vrai boulot commence
après.
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