Auteur: jocelyne
Date: 12-11-2005 18:22
Bonjour à tous,
Puisque, amis photographes, vous aimez débattre, je vous propose un sujet de réflexion sur la politesse.
Que chacun nous éclaire sur ce sujet où il y a tant à dire et à redire sûrement.
Je commence :
Dans son « petit traité des grandes vertus », André Comte Sponville explique comment il a procédé pour en faire le tri. Il s’est demandé quelles étaient les dispositions de cœur, d’esprit ou de caractère dont la présence, chez un individu augmentait l’estime morale qu’il avait pour lui, et dont l’absence, au contraire, la diminuait. Il en a trouvé 18 et commence par la politesse qui selon lui n’est pas encore morale.
Face à la politesse, l’important d’abord est de n’être pas dupe. Un salaud poli n’est pas moins ignoble qu’un autre, et peut-être il l’est davantage car la politesse rend le méchant plus haïssable, car elle dénote en lui une éducation, sans laquelle sa méchanceté serait excusable.
« L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation, il n’est que ce que l’éducation fait de lui… et c’est la discipline d’abord qui « transforme l’animalité en humanité ». Les bonnes manières précèdent les bonnes actions et y mènent. « La politesse est comme une morale du corps, une éthique du comportement, un code de la vie sociale, un cérémonial de l’inessentiel. « Monnaie de papier » disait Kant mais qui vaut mieux que rien et qu’il serait fou de supprimer que de prendre pour de - l’or véritable -. Aucune vertu n’est naturelle, il faut donc devenir vertueux et cela commence par la politesse qui est à notre portée. Kant nous éclaire davantage, qui expliquera ces premiers simulacres de vertu par la discipline. Discipline dont l’apprentissage commence enfant où l’on nous apprend le respect des usages et des bonnes manières. « Discipline normative plutôt que contraignante et visant moins à l’ordre qu’à une certaine sociabilité aimable – discipline, non de police, mais de politesse. »
C’est par elle, que mimant les manières de la vertu, nous avons une chance de devenir vertueux. « La politesse est donc ce semblant de vertu d’où les vertus proviennent » Aristote.
On finit par ressembler à ce qu’on imite, et la politesse peut conduire à la morale ; Tous les parents le savent et c’est ce qu’ils appellent élever leurs enfants.
André Comte Sponville nous rappelle que la politesse n’est pas tout ni l’essentiel. Il reste qu’être bien élevé, dans le langage courant, c’est d’abord être poli, et cela en dit long. …et le respect s’apprend là.
Quoi de pire qu’un enfant mal élevé, si ce n’est un adulte méchant. Or, nous ne sommes plus des enfants. Nous savons vouloir. Or, le respect, entendu ici, comme la soumission à la loi du devoir – et sur les personnes qui en tant qu’êtres de raison, sont censées s’y assujettir par libre décision de leur volonté. Le respect est une action de la raison sur la vie affective, jamais contraignante, qui accroît seulement la marge d’initiative de la volonté.
« Le savoir vivre n’est pas la vie ; la politesse n’est pas la morale. Mais ce n’est pas rien pourtant. La politesse est une petite chose, qui en prépare de grandes…La politesse ne suffit pas et il est impoli d’être suffisant ». ». André Comte Sponville
La politesse n’est pas une vertu mais une qualité seulement formelle. A côté de la vertu ou de l’intelligence, elle est bien dérisoire. Mais les êtres vertueux et intelligents ne peuvent en être dispensés. C’est par elle que, mimant les manières de la vertu, nous avons une chance de devenir vertueux. « La politesse nous dit La Bruyère, n’inspire pas toujours la bonté, l’équité, la complaisance, la gratitude ; elle en donne au moins les apparences, et fait paraître l’homme au dehors comme il devrait être au-dedans »
Alors difficile le chemin de la vertu, aisé celui de la politesse et du respect. Je terminerai par André Comte Sponville de qui je me suis beaucoup inspiré ici : « La politesse n’est pas tout, et elle n’est presque rien. Mais l’homme, aussi, est presque un animal. »
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