Auteur: Jean-Paul Gandolfo
Date: 07-11-2005 00:08
Bonsoir Henri, Pierre, Philippe, Romain et les autres.
Je suis heureux de constater que la séparation directe a encore de l'avenir et vous livre quelques éléments de réflexion personnels :
1. Un film panchromatique, judicieusement choisi pour ses qualités de réponse spectrale sous exposition filtrée avec une réciprocité favorable, peut faciliter la vie des séparatistes. Le tandem Maxwell/Sutton s'est risqué à la séparation trichrome au collodion humide en 1861, mais il a eu le bonheur de prendre comme sujet un tartan écossais dont les colorants rouges produisaient une fluorescence (démontrée par Evans de Kodak Rochester pour le centenaire de 1961). Il ont même triché en remettant de l'eau dans la cuve du filtre liquide rouge pour baisser le coefficient, sacrés écossais !
2. Les caractéristiques des films NB actuels sont trés éloignées des Kodak Separation en termes de noircissement et ils nécessitent des ajustements significatifs, parfois sévères, des réplages pose/développement pour produire des jeux de séparation équilibrés.
3. Suivant Pierre Stringa qui défend la cuvette contre la souris, je conseillerais un étalonnage stricte (pose, contraste) avec les moyens de la chimie "humide" pour faciliter la post production numérique "sèche". Un écart de densité aussi faible que D. 0,05 se traduit par des bascules sérieuses dans le procédé de sortie.Et quitte à archiver des éléments indestructibles pour les siècles à venir, autant finir le job et limiter les prises de têtes de ceux qui vont nous survivre
4. Côté filtres, on peut comparer les mérites respectifs du trio classique bande large 47B/58/25 avec le jeu à bande étroite 47B/61/29, plus gourmand en absorption mais également plus sélectif. Encore des objets à mettre au congélateur par les temps qui courrent ...
5. Sur un plan historique et esthétique, la correction par masque est apparue bien après le démarrage du tirage trichrome à partir de séparations. Elle est quasi indispensable pour la séparation indirecte d'après élément chromogène (déficit important de transmission spectrale du magenta et du cyan autour de 20/30 %) mais pour la séparation directe d'après nature, la question reste ouverte selon que l'on veuille approcher le rendu contemporain, voire le dépasser (la voie suivie par Henri, dans ce cas la réponse est oui) ou revenir vers des rendus moins modernes (sublimes carbros de Paul Outerbridge, dans ce cas le recours au masque peut être écarté).
6. Le passage en post prod numérique suppose, si l'on veut ressortir sur un procédé historique, de fabriquer des films tramés aléatoires (jet d'encre ou flasheuse) qui ne sont pas toujours bien supportés. Le shoot analogique haute définition en ton continu (type Fire) est en train de disparaître et par ailleurs, le prix de la prestation en labo pro était en soi disuasif.
7. Côté Photoshop, la séparation c'est pas réellement compliqué pour ceux qui ont connu les méthodes historiques, n'est-ce pas Henri ? Comme tu l'indiques justement, pour les procédés hors-normes, cad l'ensemble des techniques historiques ou alternatives, le pb, ce n'est pas le filtrage mais la prise en compte des matières colorantes utilisées.
8. Dans la dernière livraison de la revue anglaise Ag, on peut trouver un comparatif intéressant de séparation trichrome filière film contre dos à balayage historique (Leaf, 1992) qui tourne à l'avantage du premier. Aucune mesure, ni données techniques, mais une évaluation subjective tout en finesse qui relève la profondeur du rendu argentique et la sécheresse "mathématique" du numérique. Rien de nouveau sous le soleil.
Bonne nuit à tous
Jean-Paul Gandolfo
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