Auteur: Antonin Szabo
Date: 31-10-2005 23:23
Bonsoir,
De temps en temps je tombe sur d'anciens livres illustrés de photographies noir et blanc tirées sur un papier qui me fascine. Je ne sais si il s'agit d'un papier propre à l'imprimerie.
En tous les cas j'ai retenu un livre, du photographe Claude Levèvre, "Pays Dogon", qui date de 1975. On y voit de très beaux portraits d'enfants, de femmes et de vieillards à la peau sombre et marquée par le temps. Il y a aussi de très belles vues des falaises aménagées en habitations et en silos de terre et de bois.
L'auteur mentionne uniquement le matériel de prise de vue utilisé ( Asashi Pentax S 1A avec objectifs Takumar ). Les images sont d'une grande netteté et d'une grande richesse de détails dans les ombres ( les tirages semblent avoir été virés et les films avoir subit un traitement particulier ) mais c'est la nature du papier qui donne ce caractère qui m'intéresse.
Les sujets sont très contrastés, mais les tirages, d'une douceur subtile et exampt de lustrage satiné, contiennent de superbes nuances de gris, des blancs de neige et des noirs doux et profonds. L'extrême matité de la surface du papier donne l'impression d'une image à fleur de papier, comme constituée de poudres fines délicatement vaporisées, presque comme un dessin (c'est d'ailleurs une matière fragile, qui peut facilement se rayer ), à l'inverse des tirages communs dont l'image paraît scellée et figée dans le papier par une couche de matière plastique certes protectrice. Ce caractère du papier donne légèrté et relief à l'image, proche de la matière gazeuse de certains nuages. Je dirais que l'étrange et si fascinante sensation que procure cette matière me semble en partie comparable aux effets cependant désagréables que produisent sur la langue la rhubarbe crue ou l'oseille. C'est à dire que de même que l'acidité de ces aliments a un effet très particulier, décapant, asséchant et si persistant que la salive ne parvient pas à éteindre et à stabiliser, l'oeil inhabitué ne trouve pas de surfaces suffisament opaques et réfléctives qui lui permettent de paramétrer l'image, d'en saisir la perspective athmosphérique et de stabiliser le regard. L'oeil est comme aspiré, comme asséché par cette matière inhabituellement immatérielle quand on a l'habitude de papiers qui ne font pas oublier que l'on est devant une image en deux dimensions.
C'est en tout cas un papier qui se prète fort bien au sujet de ce reportage, dans un endroit de pierre et de poussière où le soleil assèche la peau et la terre.
Je ne sais pas si ma déscription est suffisamment claire et précise, mes comparaisons sont certainement exessives et tirées par les cheveux, mais si quelqu'un y reconnais un papier vu ou utilisé, ou bien tout simplement si quelqu'un connaît les secrets de ce livre de Claude Levèvre, je serais ravi de savoir si il est encore possible d'obtenir des tirages de cette qualité.
Merci de bien vouloir venir en aide à un "sans papier".
Antonin Szabo
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