Auteur: Henri Peyre
Date: 30-01-2006 20:28
D'abord merci à Robert pour ce qui est devenu une institution dont on ne se passerait plus !
« Les labyrinthes étaient des chemins presque sans issues. Les photos sont des issues de partout presque sans chemins. »
Ce mot semble concerner non la prise de vue mais la "consommation" de photographie.
La photographie a évidemment une immédiateté pour le spectateur, celle de l'image, par rapport au texte ou au film qui contiennent du temps.
(Pour le photographe, par contre, elle n'est pas prise par hasard. C'est normalement un aboutissement de sa conscience, un précipité de temps). J'aime bien et je défends dans mon travail que la photo est avant tout coïncidence. La photo comme carrefour, pour reprendre le chemin métaphorique de l'auteur !
"Les photos sont des issues de partout presque sans chemins." : J'aime donc bien la deuxième phrase de la citation et je me l'approprie volontiers.
Revenons à la première maintenant : "Les labyrinthes étaient des chemins presque sans issues. ". Le labyrinthe, c'est plutôt un endroit dont on a envie de sortir. Quelque chose donc d'oppressant qu'on fuit.
Accoler cette première phrase à la seconde donne un résultat curieux : on force à supposer qu'il y a une angoisse dans la photo, mais une angoisse qui reposerait non sur ce que la photo serait trop fermée, comme un labyrinthe, mais au contraire qu'elle serait trop ouverte. Si je comprends bien donc, c'est la photo comme angoisse de la fuite, de l'indéfini et de l'absence de lieu.
C'est une thèse intéressante. Il y a beaucoup de photos contemporaines qui jouent sur le vide des lieux de passage et des lieux indéfinis (les non-lieux), métaphore visuelle de ce que serait cet art là, exactement.
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