n'a rien détruit du tout
Tiens ça me rappelle deux histoires d'archives qui auraient dû être détruites et qui ont été "sauvées".
La première histoire c'est le dossier technique du calibre chronograhe automatique "El Primero" de la manfacture locloise Zénith. Rachetée par un propriétaire qui ne s'intéressait plus à l'horlogerie au début des années septante du siècle dernier, l'entreprise et ses produits aurait dû disparaître du monde horloger, le silicium devant tuer le rouage. L'un des employés, M. Vermot, un ancien de la maison, est alors chargé de détuire les vieilles paperasses qui ne servaient plus à rien.
Ayant l'intuition que tout ce dossier technique ne pouvait pas disparaître, tout au contraire M. Vermot décide de tout archiver soigneusement, probablement en cachette des nouveaux patrons. Le calibre El Primero est aujoud'hui décliné en différentes versions, c'est le plus beau calibre de chez Zenith.
La deuxième histoire est également suisse.
À peu près à la même époque, une célèbre entreprise française travaillant pour la Défense ayant des sous-traitants en Suisse se voit intimer l'ordre de cesser de livrer tel client étranger. Du coup le marché avec le sous-traitant suisse cesse,
ipso facto.
Que faire des dossiers techniques confidentiels-défense ? Un ingénieur se porte volontaire pour prendre en charge la destruction de ces archives en bonne et due forme.
Fut dit, fut fait. Un homme de confiance, mais par définition dans une entreprise habilitée au secret-défense, suisse de surcroît, tout le monde ne peut être qu'au-dessus de tout soupçon.
Sauf qu'au lieu de porter les cartons de plans ultra-secrets dans un service dépendant du ministère de la défense de la Confèdèration, chargé de la destruction des documents sous la surveillance d'un militaire l'arme à la bretelle, les cartons étaient, en chemin, substitués par l'ingénieur. Lequel avait un rendez-vous chaque semaine dans une décharge publique d'un village avec un agent de liaison d'une puissance étangère qui récupérait les vrais plans. Le soldat à l'arrivée, ouvrait les caisses, constatait qu'il s'agissait de plans de mécanique suisse-de-précision (pas ceux de départ, bien entendu), tout semblait en ordre.
Tout était minutieusement réglé, et la probabilité que l'ingénieur se fasse prendre était infime.
Mais c'est justement la ponctualité helvétique et son côté propre-en-ordre qui trahit l'ingénieur : des gaillards du village finirent par trouver un peu bizarre qu'un monsieur bien habillé avec une berline de luxe sans une tache de boue passe toutes les semaines à la même heure pour jeter des cartons de papiers à la décharge du village.
E.B.