Les utilisateurs de bonnettes pour leur rolleiflex bi-objectif utilisent sans le savoir le même principe que le ménisque de Wollaston. Du moins pour le complément optique, bien entendu.
Dans le ménisque Wollaston d'origine, on tourne le creux vers l'infini, et le diaph se trouve par devant, du côté du creux. On travaille en infini-foyer pour les objets lointains.
Cette disposition, parfaitement contraire à l'intuition, assure, avec une lentille simple, un excellent compromis entre le piqué, le champ couvert, et une distorsion pas trop abominable. On n'ira pas trop creuser les aberrations chromatiques ; le vendeur sus-mentionné, fort prévoyant, ne montre que des images en noir et blanc, pour lesquelles les aberrations chromatiques se mélangent gentiment avec toutes les autres sources de flou.
Si, par ailleurs, on se contente de vouloir optimiser la qualité d'image avec une lentille simple, dans une focalisation infini-foyer à champ nul, pour un faisceau d'entrée rigoureusement parallèle à l'axe optique et monochromatique, la forme optimale de lentille simple diaphragmée en son centre est une bi-convexe dissymétrique, donc absolument rien à voir avec le ménisque de Wollaston, qui est un concave-convexe diaphragmé par devant. Mais tous les photographes demandent du champ et travaillent en lumière blanche !! Donc cette optimisation de la focalisation d'une lentille simple, si elle sert effectivement en laboratoire pour focaliser un laser à peu de frais, n'a pas d'intérêt photographique !
Et les bonnettes du rolleiflex ?
On demande à la bonnette de faire une conjugaison foyer-infini, donc on va aller chercher un ménisque de Wollaston inversé, on va tourner la face bombée vers l'objet au foyer de la lentille, le creux du ménisque est tourné vers l'infini, on renvoie l'image à l'infini ; et si la pupille d'entrée de l'optique du flex coïncide avec le meilleur placement du diaph au sens du ménisque de Wollaston, on réalise pour cette lentille simple un excellent compromis !!!
L'optique du flex, qui est vraiment bête, croit qu'elle photographie un vrai objet à l'infini, et non pas une affreuse image sortant d'un méchant ménisque de Wollaston inversé !!
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Et de plus, avec le ménisque de Wollaston, les raccordeurs panoramiques n'ont pas à chercher midi à quatorze heures, leur pupille d'entrée, ils peuvent la toucher de leurs blanches mains, c'est justement ce diaph qui est dans l'air devant la lentille !
C'est tout de même bien pratique ! ;-)
E.B.
Modifié 2 fois. Dernière modification le 17/01/2013, 13:31 par Emmanuel Bigler.