Lumières d’architectes - Lumières de cinéastes
Mémoire de Marine Goujet (Ciné 2007) - Directeur de mémoire : Yves Angelos
dimanche 3 juillet 2011
La démarche des architectes et celle des cinéastes, bien que leurs domaines d’action semblent très éloignés, présentent de nombreuses parentés. Elles sont en particulier celles de plasticiens concernés par la question du cadre et du point de vue, dont la lumière est l’un des outils fondamentaux.
Nous avons choisi de nous intéresser plus spécifiquement au traitement de la lumière naturelle en architecture, et sa représentation au cinéma. La lumière naturelle est complexe. Elle est le résultat de la modulation de la lumière solaire par plusieurs éléments : la traversée de l’atmosphère et de sa couche nuageuse, l’inclinaison de la Terre (liée à la latitude, l’heure et la saison de l’observation), les qualités réfléchissantes des matériaux environnants. En perfectionnant siècle après siècle l’art de bâtir, l’Homme a appris à se protéger de la lumière solaire, puis à la maîtriser et finalement en faire son allié dans de véritables scénarii spatiaux.
Selon la destination de l’édifice, et grâce à une large palette d’outils lui permettant de façonner littéralement la lumière, l’architecte construit une ambiance lumineuse particulière. Selon les époques, la lumière joue un rôle différent, d’importance plus ou moins grande, mais elle est toujours une préoccupation essentielle en architecture. Quand le cinéma naît, ses images sont d’abord soumises à un éclairage qui se veut neutre et objectif, avant que les créateurs ne comprennent la puissance de l’outil qui est à leur disposition. Dés lors, les opérateurs vont explorer la gamme des rôles que peut adopter la lumière, et expérimenter toutes ses nuances. Pour cela, ils reprendront souvent les voies de recherche plastiques de la peinture, mais aussi, consciemment ou non, les pistes lancées par les architectes.
Structurer une lumière dans l’espace, c’est le travail d’un chef opérateur, et c’est celui d’un architecte. On règle un plan au cinéma comme on prévoit l’éclairage d’un bâtiment : en hiérarchisant les espaces, les surfaces, les lignes, en organisant une circulation du regard et du corps ou de la caméra. C’est ici que réside le lien profond entre architectes et chefs opérateurs : toute mise en lumière est une mise en scène. En architecture, l’émotion ne peut pas naître d’un scénario mais seulement de la lumière, de sa circulation et de ses jeux, c’est pourquoi un chef opérateur à beaucoup à apprendre de ce domaine. Essayer de comprendre la lumière en architecture amène à réfléchir aux rôles que l’on peut lui confier : organiser et hiérarchiser l’espace, mettre en place un parcours physique, visuel ou sensitif, émotionnel, voire articuler une pensée.
Un chef opérateur doit connaître la puissance de l’outil qu’il a entre les mains. Il doit savoir qu’il est lui aussi un metteur en scène, qu’il peut au seul moyen de la lumière donner du sens. Il peut, comme l’architecte, mettre en espace mais aussi mettre en scène.
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Modifié 1 fois. Dernière modification le 03/07/2011, 14:34 par Henri Gaud.