En choisissant de travailler avec une chambre j'ai voulu rejoindre une forme de tradition et je l'ai donc fait en argentique parce que ma pratique des années 80/90 était naturellement argentique. Cependant, je peux dire que faisant ce choix je faisais également preuve d'un totale ignorance des possibilités du numérique un peu évolué (dos + chambre et optiques dédiées). Ce n'était pas un choix logique ou argumenté, c'était un choix fantasmé (que je ne regrette pas, mais donc je mesure les conséquences).
A quelques années près, le fantasme pourrait être différent et conduire le même type de projet à être mené en numérique. Déjà aujourd'hui, RM3D et dos feraient peut-être le même genre d'images et si j'avais connu cela il y a quelques mois, j'aurais pu y chercher mon Graal. Je crois que le choix argentique / numérique est autant orienté par un type de rapport du bonhomme à son outil - pour revenir à la chose matériel qui tient justement à cœur à Raphaël - que par le rapport de l'outil au résultat. En d'autre terme, il doit bien y avoir autant (voire plus) de motivations irrationnelles que rationnelles de pratiquer l'un ou l'autre pour des travaux personnels.
Je ne mettrais pas ma main à couper qu'aucun ou presque d'entre nous ne trouvera d'ici quelques années, peut-être de longues années pour certains, un outil numérique qui répondra à ce qu'il recherche et trouve actuellement dans l'outil argentique.
Pour moi, la grande différence fondamentale entre l'un et l'autre, c'est le rapport au temps.
L'un oblige à l'attente, à une forme plus ou moins forte d'inquiétude et/ou d'espoir compensé par de la rigueur et/ou de l'inconscience. L'autre offre la quasi assurance immédiate de la valeur technique du résultat, au prix de la perte de toute distance par rapport à ce résultat. En cela, le numérique est bien de son temps !
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Laurent
Bordeaux
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lc972.wordpress.com]
Modifié 1 fois. Dernière modification le 31/01/2011, 19:04 par Laurent C.