Tiens, je n'avais pas vu ce fil (un peu trop de travail ces temps-ci).
Pour ma part, venant de la peinture, je ne vois aucun problème à modifier les images et ma position dans cette conversation est plutôt globalement celle exposée par Philippe Cas.
L'image de Guillaume me semble toujours aussi belle, des années après sa publication. Qu'elle soit une image très retravaillée ne me gêne pas. Qu'il ait pu aussi prendre plaisir à faire la vue initiale (ou prétexte, on s'en fiche) à la chambre ne m'étonne pas et je ne vois pas pourquoi il n'aurait pas à nous parler de son plaisir, même si tout est retravaillé après. Intervenir sur la photo, pour moi aussi, c'est donner à la photographie la possibilité d'une seconde naissance, un peu comme l'émotion de l'apparition de la couleur sur l'écran qui me semble être le point magique en trichromie.
S'il y a évidemment de l'humeur dans la conversation, c'est intéressant de voir que les attaques se font au nom d'un clivage très repéré, qui est celui de la charnière actuelle entre la photographie-directe-non-retouchée et la photographie-peinture.
C'est vraiment le clivage typique, typique au point même que lorsque l'on retouche sa photographie en tant que photographe-peintre on a souvent aujourd'hui à l'esprit l'idée de lui conserver une certaine banalité, celle de l'aspect documentaire, tout cela pour profiter dans l'effet qu'elle fera de sa crédibilité en tant que document (je signalais il y a quelques années dans la conclusion de l'article sur le réel en photographie que ce crédit risquait du coup d'aller en s'amenuisant : [
www.galerie-photo.com]) .
Est-ce de la fausseté pour autant ? Si on considère le point de vue artistique je ne vois pas bien au nom de quoi on pourrait dire qu'il y a problème. Ou alors on met dans la case problème toutes les peintures religieuses des siècles écoulées et le dessin animé Peter Pan pour faire bonne mesure.
Olivier Lugon, dans le
style documentaire, montre bien d'ailleurs que faire entrer en art la photographie au nom de son honnêteté était une brave fumisterie : il y a de belles pages de son livre où il rappelle que montrer un bâtiment de pleine face témoigne de lui bien moins précisément que de le photographier simplement avec un certain angle de côté, qui permet, en plus, sur la même vue, de donner de l'information sur ce deuxième côté. Du strict point de vue documentaire, on a plus d'information.