à haut potentiel de définition?
Hmmm.... « potentiel », seulement.
Certes, les limites de la qualité d'image dues au film deviennent négligeables devant les autres limites de résolution lorsqu'on monte en format. Prétendre le contraire serait avouer qu'on ne croit pas à ce qui se dit ici depuis 10 ans dans les critiques que nous formulons contre les formats de film « timbre-poste » ;-)
Digression à props de formats de film timbre-poste : nous avons eu en Franche Comté une expo de Bernard Plossu, qui est censé ne travailler qu'en 24x36 à film.
Très bien, mais le problème c'est que nous avions déjà vu quelques mois auparavant les tirages de Raymond Depardon faits en négatif couleur à la chambre 20x25, tirés en très grandes images de 2m50 ar 3m50... je n'en dirai pas plus, sinon que l'oeil humain, s'il n'est pas forcément un bon instrument absolu, est, en revanche, d'une sensibilité redoutable dans les comparaisons entre images....
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Mais à un moment donné, avec des formats de film et des dimensions de chambres de plus en plus grandes, le grain « négligeable de chez négligeable » n'apporte plus rien par rapport à un grain simplement négligeable du format inférieur ;-)
Si on monte en format à angle de champ donné, en gardant la même combinaison optique, on aura une focale qui croît en proportion directe du format.
Mais du coup les aberrations géométriques à nombre d'ouverture donné, croissent dans la même proportion que la focale... donc s'il n'y avait pas de diffraction, le nombre total de points résolus dans l'image à nombre d'ouverture donné ne bougeraient guère en montant en format.
Les choses se compliquent à cause de la diffraction... comme on agrandit moins, on peut accepter des flous de diffraction plus gros, on peut donc fermer le diaph jusqu'au fameux f/64 de Saint Ansel. Mais au total, on ne gagne plus guère en « définition optique », mesurée par le nombre total de points résolus dans l'image : si la tache image acceptable croît en proportion directe du format, l'image en qualité totale, ne s'améliore plus dès que le grain du film devient négligeable.
Pour ce qui est de la sensibilité aux vibrations, les focales sont plus longues quand on monte en format, donc pour un même angle de bougé dû au vent ou toute autre cause accidentelle de dépointage du sujet, la tache de bougé croît en proportion directe de la focale et donc du format... le gain en définition, mesuré par le comptage du nombre total de points résolus dans l'image, là encore, n'est pas forcément si important que cela.
Au cours du XX-ième siècle l'amélioration des performances des films a progressivement autorisé l'usage de formats de plus en plus petits.
Le silicium nous refait le coup, avec un saut brutal vers les très petits formats... on connaît donc la chanson, la pub Hasselblad des années Victor, pour dissuader d'utiliser les format 6x7 ou 6x9 :
nos optiques sont tellement bonnes et les films modernes tellement bons, vous n'avez rien à gagner à préférer le 6x7 de chez M... à notre bon 6x6 ...
Et les gars du 24x36 de dire la même chose, pour dissuader d'utiliser le 6x6... c'est la brutalité de l'arrivée du silicium qui a un peu brouillé les cartes...
Revenant aux très grands formats, en ce qui concerne la profondeur de champ, on peut montrer que rien ne change d'un format à l'autre si on ferme le diaph jusqu'au meilleur diaph pour avoir toujours la plus haute qualité d'image possible. Donc, sous ces conditions, de l'image prise sur pied dans de bonnes conditions (z'irez faire du 40x50 cm à main levée..) , ni gain ni perte en montant en format.
Disons meilleur diaph F16-f/22 en 9x12-4x5 pouces, f/32 - F/45 en 20x25, et ensuite le meilleur nombre d'ouverture croît, en gros, en proportion directe du format, on aura très probablement un meilleur diaph f/64-f/90 en 40x50 cm. Encore faut-il trouver des optiques qui couvrent, heureusement nous avons le stock d'apo ronars des anciens bancs de repro (jusqu'à 1800 mm de focale...), mais pour les grands angulaires, c'est plus difficile à trouver dans ces formats là !
Fermés au meilleur diaph, on peut estimer la dimension de tache résiduelle, la plus petite tache possible dans l'image la plus nette, à partir de la limite de diffraction. à f/45, en gros cette tache limite fait dans les 30-40 microns. Le grain du film est donc vraiment négligeable ; à f/90 cette tache sera de l'ordre de 60-90 microns, on voit qu'on ne gagne vraiment plus rien avec le même film, le grain est déjà négligeable, disons avec les films modernes, dès le 6x9 cm, voire le 4x5 pouces quand on n'utilise que de la HP5 poussée ;-)
En revanche, cette tache de 90 microns ne se dégrade pratiquement pas par tirage contact. Et elle correspond en gros à la limite de résolution de l'oeil qui observe le tirage à 30 cm.
Autrement dit, un 40x50 cm par contact, pour une prise de vue à f/90, ce sera somptueux. Et si c'est un platine-palladium, par exemple...
E.B.