DIANE ARBUS, son '' CHEMIN '' pour portraiturer et l'autorisation improbable :
La jeune fille qui a posé devant l'objectif de DIANE ARBUS en juillet 1963, n'a pas oublié cette rencontre qui a fait d'elle une icône.
Ici son portrait :
[
4.bp.blogspot.com]
Pendant quatre ans elle a vécu à SUNSHINE PARK, camp de nudistes, dans une des 2 caravanes de ses parents. L'été, elle gagnait son argent de poche comme serveuse à la cafétéria. Elle y officiait nue bien sûr, à l'exception d'un serre-tête, et d'un tablier blanc, pourvu d'une poche, où elle fourrait son carnet de commandes.
Sa photo est saisissante. Pieds nus, ses jambes bronzées solidement plantées dans le sable, ses cheveux blonds et courts coiffés à la va-comme-je-te-pousse : elle a la joliesse qu'on prête aux pâtres grecs.
............. le naturel parfait de l'adolescente, sa beauté dont elle n'a pas conscience, ses attributs triviaux, le carnet de commandes dans sa poche, ses ongles cassés, composent un mystère concret. Elle est si réelle et si étrange qu'elle paraît d'un modèle unique.
Il n'a pas fallu plus d'une poignée de minutes à DIANE ARBUS pour faire ce portrait. Son modèle se souvient d'une séance très simple :
DIANE ARBUS, installée à une table de la cafétéria, commanda un soda. Quand la serveuse revint avec le plateau, elle demanda si celle-ci voulait bien être prise en photo. ''Allons-y quand vous voulez.......... j'allais sur mes treize ans, explique la serveuse, inquiète à l'idée de devenir une femme, voilà qu'une personne elle-même intéressante, s'intéressait à moi, souhaitait me prendre en photo. J'ai pensé : OK, c'est cool *.
La chaleur était caniculaire, aussi les deux sortirent de la salle.
''Bien, comment dois-je me placer ? S'enquit la jeune fille.
'' Mettez simplement le poids du corps sur la jambe droite et avancez un peu la jambe gauche, dit DIANE............. regardez maintenant par-dessus mon épaule dit elle encore après avoir chargé son MAMIYA bi-objectif.
La serveuse s'exécuta. Diane appuya deux ou trois fois sur le déclencheur, puis la remercia. Toutes deux se sourire, et chacune retourna à ses affaires.
La serveuse, devenue adulte aurait effacé l'épisode de la mémoire si, quelques années plus tard, ses parents et elle n'avaient reçu par la poste une grande enveloppe manuscrite et une photo. '' Le Musée d'Art Moderne de New-York (le MoMA) organise une exposition de mon travail et j'aimerais vous demander LA PERMISSION D'UTILISER LE PORTRAIT. Je joins à cet envoi un tirage, il est pour vous''.
La serveuse : '' Je me suis donné la nuit pour réfléchir, et au matin, j'ai accepté**.
Qu'est devenu ce tirage : longtemps il était en sécurité dans un coffre. Mais, un jour, en 1998, la serveuse l'a vendu à un marchand d'art de SAN FRANCISCO pour payer une dette !!!
BIRSINGER Bernard Photographe
Vous avez là le ''chemin'' pour un portrait et une autre manière d'obtenir une autorisation ''posthume'' à votre prise de vue : offrir un tirage.
** encore une fois la chance tourne en faveur de Diane ARBUS pour obtenir une autorisation de la part de ses ''portraiturés'' ...... ce qui ne fut pas toujours le cas.
Post-scriptum : merci au journal LE NEW YORKER et à la rédactrice adjointe de VOGUE pour toutes ces précisions.