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Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: vincent vost
Date: 12/10/2011, 14:26

Pauvre de toi ou pauvre de moi ?

Henri Gaud vous définissez certains de vos amis comme presque pauvre. C'est donc à vous de nous proposer une définition pour "pauvre".

D'ailleurs je suis très pauvre économiquement (la pauvreté peut être la mesure d'une situation économique/sociale, par exemple le seuil de pauvreté défini les frontières de cette état au regard d'une normalisation indexée sur le pouvoir d'achat), ma richesse est ailleurs mais ça c'est un poncif non ?

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: Xavier R
Date: 12/10/2011, 18:08

Henri Gaud écrivait:
-------------------------------------------------------

> Sur un forum de glandeurs qui claquent du pognon
> pour photographier des cascades en pose longue......


Il dit pas que des conneries Henri Gaud!!!
MDR

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: borel michel
Date: 12/10/2011, 20:30

les2/3 de la planète sont des pauvres ------------------vau mieux que tu planque tes arpions Henri----lorsque il vont venir te les bouffer va pas te rester grand choses .. nous on balance --- on a rien moins que rien AH NON

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: Henri Gaud
Date: 12/10/2011, 21:05

L'observatoire des inégalité propose pour un territoire donné le principe suivant.
On calcule un revenu médian, pour une population donnée.
Les pauvres sont ceux qui ont moins de 50% ou de 60% du revenu médian, il s'agit d'un système relatif.

En France il s'agit de 795 ou 954 euro / mois pour une personne seule

Personnellement je préfère penser que les pauvres sont ceux qui manquent de l'essentiel, et ne connaissent pas le superflu.

Hors sur un forum qui ne parle et ne vit que de futilité, il ne peut y avoir de pauvre selon les définitions proposés plus haut. Il faudrait y introduire quelques minuteros, mais je ne suis pas sûr qu'ils fréquentent le woueb.

Par contre, l'idée que l'art ne met pas de gras sur la table du pauvre est une idée curieuse, les chanteurs des rues, ou les minuteros, par exemple, peuvent vivre de leur art en restant pauvre.

-------
No Pasaran
-------

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: vincent vost
Date: 12/10/2011, 23:13

Petite intervention en passant.

Les minuteros ne seraient ils pas plutôt des artisans que des artistes ? ( Bertillon quel artiste :) )

Le superflu : ça commence après quoi ? Nourriture, eau, toit ?

Un forum de glandeurs ? Ah ?! Bon ben, sortez vous les doigts...

Et sinon c'est quoi cette fixette sur les pauvres ? Le sujet du fil est autre non ?

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: Henri Gaud
Date: 12/10/2011, 23:19

vincent vost écrivait:
-------------------------------------------------------
> Petite intervention en passant.

OK
>
> Les minuteros ne seraient ils pas plutôt des
> artisans que des artistes ? ( Bertillon quel
> artiste :) )

C'est quoi un artiste ?
Les minuteros sont bien sr des artisan qui font de l'art, comme au bon vieux temps.
>
> Le superflu : ça commence après quoi ? Nourriture,
> eau, toit ?

Cela dépend de la culture de l'endroit, il n'y a rien d'absolu.

> Un forum de glandeurs ? Ah ?! Bon ben, sortez vous
> les doigts...

Glander reste un art appréciable

> Et sinon c'est quoi cette fixette sur les pauvres

C'est un sujet comme un autre

> ? Le sujet du fil est autre non ?

Ah bon ?

-------
No Pasaran
-------

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: borel michel
Date: 13/10/2011, 01:44

je suis sur Henri .... fera quelques chose pour sortir les pauvres de la merde--------------------IL LEUR ACHÈTERA DES BOTES ......

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: henri peyre
Date: 13/10/2011, 07:47

Qu'une discussion a priori sur des thèmes artistiques parte en débat sur la pauvreté ne me semble pas du tout le fruit du hasard ou de l'obsession de l'un ou de l'autre.
Au sein même de l'œuvre, dans la fascination qu'elle exerce, il y a l'intéressante question de ce qui en fait la valeur. De quelle façon 3 coups de crayon ont-ils pu devenir une œuvre qui s'est vendue si cher ? Pourquoi quelque chose produit par A avec 4 pinceaux et 5 tubes de gouache prend-il de l'importance au point que d'autres tiennent absolument à coller un verre dessus et à le mettre au mur ? Pourquoi B, avec un matériel identique et un temps consacré comparable ne parvient-il pas à susciter le même désir ?

Dans la réponse il y a à la fois
- des raisons sociales, très développées dans les sociétés communicantes : A vaut plus cher parce qu'il connaît les bonnes personnes, au bon moment, dans les bons endroits et peut montrer sa production aux gens qui ont les moyens et la culture pour en faire cas
- des raisons intrinsèques à l'œuvre : il y a des raisons objectives pour lesquels l'œuvre de A peut coûter cher : qualité artisanale du travail, matériaux rares, richesse de l'invention...
Si à court et moyen termes les premières raisons sont généralement victorieuses, les secondes finissent toujours par triompher. En quelque sorte, dans le second cas, l'œuvre se porte elle-même. Elle peut ainsi assurer sa survie même en cas d'effondrement social de l'environnement. C'est ce qui fait la différence.

D’où le rêve d’artiste : « pauvre, en fait je suis riche, parce que je crée de la valeur ». La vieille histoire de Picasso payant le restaurant par un dessin jeté sur le coin d’une table.

Par provocation : dans tout artiste il y a un faux-monnayeur qui sommeille… ;-)

Plus sérieusement : il faut absolument repérer ce qui donne la richesse aux œuvres.

En vrac : Les écoles d’art apprennent plus aux jeunes à acquérir le réseau et la valeur de communication qu’elles n’apprennent à penser sur la valeur intrinsèque, non sociale, des œuvres.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: romain
Date: 14/10/2011, 15:28

Bonjour à tous,

Henri,

votre séparation entre raison sociale et raison intrinsèque me semble poser une frontière artificielle. J'ai des difficulté à voir dans la vraie vie comment cette opération de séparation peut être présente. Par exemple, au moment où je perçois une oeuvre et j'essaye ensuite de comprendre ce qui la constitue pour lui donner une valeur financière (pour reprendre votre exemple). La valeur financière de tout ce qui nous entoure se décide arbitrairement et en fonction de tout ce qui est social.

Comment évaluer objectivement la qualité intrinsèque artisanale d'un travail ? cela revêt du social et non de l'objet. Tel ou tel autre individu y verra probablement une valeur du travail différente. Cette valeur est-elle indexée sur le temps de travail? Est-ce un collège de pairs qui évalue cette qualité artisanale? est-elle anhistorique?

Matériaux rares? la rareté d'un matériau est aussi une construction sociale de nos jours. ce n'est pas simplement objectif. Faites une peinture avec des feuilles d'or, elle en coûterait un prix qui serait indexer sur la valeur du cours du métal.

richesse de l'invention? là encore on est dans une évaluation qualitative subjective de la richesse d'une invention.

En tout cas je suis intéressé de connaitre un peu plus ce qu'est une valeur non sociale d'une oeuvre?

Peut être parlez vous plutôt de l'objet oeuvre et de l'autre côté du travail social (marketing, entregens) pour rendre cet objet visible et appréciable, pour le valoriser.

Pour la valeur des objets il est intéressant d'aller voir le travail de définition d'Alois Riegl sur la valeur historique, la valeur d'usage, valeur d'ancienneté...

Par ailleurs c'est amusant de voir que lorsque le maître des lieux apparaît dans une salle où une question socio économique est mise sur le tapis et fait ressortir les dents de certains contributeurs qui se lancent dans des attaques personnelles, alors les babines se rabaissent et les esprits se calment (ou changent de pièce).

bonne journée
Romain



Modifié 5 fois. Dernière modification le 14/10/2011, 15:42 par romain.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: henri peyre
Date: 15/10/2011, 08:28

romain écrivait:
-------------------------------------------------------
> Comment évaluer objectivement la qualité
> intrinsèque artisanale d'un travail ?
(...)
> Matériaux rares? la rareté d'un matériau est aussi
> une construction sociale de nos jours. ce n'est
> pas simplement objectif. Faites une peinture avec
> des feuilles d'or, elle en coûterait un prix qui
> serait indexer sur la valeur du cours du métal.

Imaginons que A construise une petite réplique de la Tour Eiffel de 10cm en mie de pain.
A est maladroit, la Tour Eiffel n'est pas bien droite, la mie de pain, en séchant, s'altère, jaunit et se fend.
Imaginons que B, dans le même temps, a construit une Tour Eiffel en or pur de 1,50m, avec des soudures extra-fines et un savoir-faire d'horloger. Je ne pense pas qu'il soit bien difficile, et pour toutes les époques, de déterminer que la valeur de la seconde construction restera toujours supérieure à la valeur de la première.
J'ai pris évidemment un exemple grossier. Mais si on accepte cet exemple, on conviendra qu'il puisse y avoir des lieux d'indétermination de hiérarchie de valeurs, d'accord, mais concernant des objets assez proches dans la forme.

Lorsque les peintres des siècles passés adoptent la règle du jeu du "je peins sur toile et à l'huile", ils déclarent en fait (le plus souvent malgré eux et sans en avoir conscience) que la confrontation aura lieu sur un terrain balisé, où la comparaison de talent sera facilitée par une neutralisation partielle de l'importance du matériau. Belle simplification du problème.


> En tout cas je suis intéressé de connaitre un peu
> plus ce qu'est une valeur non sociale d'une
> oeuvre?
Je me suis déjà un peu expliqué sur cela ici : [www.galerie-photo.com]
En fin de ce mois, je présenterai sur [www.galerie-photo.com] une application à la photographie de ce qui peut être la "valeur non sociale d'une oeuvre" pour être plus clair ; cela partira très concrètement des principes énoncés dans l'article intitulé "de l'Oeuvre d'Art".
Cela est, me semble-t-il, assez faisable et peut conduire à améliorer simplement et concrètement la qualité de la photographie artistique de chacun. Une bonne théorie esthétique est une théorie qui marche bien dans la pratique ; même en art, il y a un réel, qui doit rester le juge. ;-)

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: pierre corratgé
Date: 15/10/2011, 08:49

Assez d'accord avec HP.

On peut aussi relire, avec toute la distance nécessaire, "Esthétique et jugement de goût" et "L'artiste et les commissaires" de Michaux.

Pierre Corratgé
[www.pierrecorratge.com]
[pierrecorratgephoto.wordpress.com]

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: didier d
Date: 15/10/2011, 09:46

henri peyre écrivait:
-------------------------------------------------------
> En vrac : Les écoles d’art apprennent plus aux
> jeunes à acquérir le réseau et la valeur de
> communication qu’elles n’apprennent à penser sur
> la valeur intrinsèque, non sociale, des œuvres.

Je ne connais rien aux écoles d'art, mais quels sont les professeurs qui enseignent cela ? comment se nomment textuellement ces cours ? des cours de relations publiques? de communication? dialectique du vernissage?...

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Sélection
Tout et n'importe quoi, au jour le jour

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: gp
Date: 16/10/2011, 06:51

didier d écrivait:
-------------------------------------------------------
> Je ne connais rien aux écoles d'art, mais quels
> sont les professeurs qui enseignent cela ? comment
> se nomment textuellement ces cours ? des cours de
> relations publiques? de communication? dialectique
> du vernissage?...


Il me semble que c'est dans la façon d'enseigner même : dans la définition des sujets de travail, puis dans les conditions de présentation et d'évaluation des travaux. La recherche de "professionalisation" repose sur une imitation des conditions d'exercice du métier visé.
C'est du moins ce que j'ai vécu dans une discipline proche (l'architecture) dans laquelle il y a une forte attention portée à l'image comme objet de communication et donc au développement de compétences dans ce domaine, pafois au détriment d'une reflexion plus poussée sur les espaces créés.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: henri peyre
Date: 16/10/2011, 07:51

didier d écrivait:
-------------------------------------------------------
> Je ne connais rien aux écoles d'art, mais quels
> sont les professeurs qui enseignent cela ? comment
> se nomment textuellement ces cours ? des cours de
> relations publiques? de communication? dialectique
> du vernissage?...

Comme le dit Guillaume, cela s'appelle tout bonnement cours de peinture, cours d'espace, cours de cinéma... tout est dans la façon d'apprendre ou plutôt de ne pas apprendre le métier. On ne te fait pas assez de cours de technique ; on essaie très systématiquement de privilégier ton âme, très probablement de peur que tu en manques ; tout cela est plein de bonnes intentions.
Ajoutons les ravages causés par l'idée de transversalité : là où le jeune, autrefois, ne maîtrisais qu'à grand peine une technique, on lui dit qu'aujourd'hui il est nécessaire d'en croiser quatre ou cinq... cela conduit évidemment à la faillite technique, à une ignorance doublée d'un sentiment de pauvreté accru (Autrefois la peinture était déjà trop chère pour l'étudiant ; aujourd'hui il lui faut la peinture, le caméscope et l'appareil photo de front...). Les malheureux étudiants sont condamnés au stress de l'imposture.

Ce qu'on apprend de plus intéressant en Ecole d'Art est l'organisation systématique de la recherche de façon scientifique : inventaire de tout ce qui a été fait avant sur le même thème ; recherche de l'état de l'art ; repérage de l'interstice où on va pouvoir se glisser.

Avantage : culture obligatoire.
Inconvénient : les petits esprits deviennent des jargonneurs patentés qui protègent leur absence de regard sous un bagage culturel forcément supérieur, dans le domaine, à celui de l’homme de la rue. Autrefois le type montrait son dessin et tout le monde avait compris tout de suite. Maintenant, les gens n’osent pas demander de compte au spécialiste…

Par ailleurs, dans les écoles d’art, une grande importance est donnée aux accrochages, à la façon dont les œuvres doivent être présentées ; la politique des écoles est aussi d’inviter force gens connus, d’organiser des ateliers avec eux, de sorte que les élèves puissent tisser un relationnel et créer un réseau, ou, au moins, voir comment les gens considérés comme importants se présentent, présentent leurs œuvres et s’expriment en public.

On a donc à la fois un système qui méprise la technique - et souvent faute de moyens, à cause de la transversalité à la mode ;
et un système qui apprend la civilité et les bonnes manières - ce qui est bien, je n’ai pas dit le contraire…
mais la civilité sans les moyens de faire, je ne suis pas d’accord. Les jeunes dérivent forcément après vers le jargon, le mensonge et l’esbroufe.

Pour ma part je suis pour la spécialisation technique dans une matière et contre la transversalité qui mange les moyens des écoles et des élèves, et condamne à la superficialité. On partirait par-là,
- Le niveau des étudiants deviendrait meilleur, ils apprendraient ce que devenir réellement bon dans un domaine veut dire, en un mot l’excellence.
- Les écoles d’art retrouveraient naturellement les moyens qui semblent toujours leur manquer (alors que ce sont des écoles qui coûtent très cher à la société)
- Un plus grand nombre d’élèves réussirait son entrée sur la scène du monde : le talent des uns et des autres, plus spécialisé, serait plus manifeste. Il y aurait donc moins besoin d’apprendre à communiquer, le fond étant réel.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: didier d
Date: 16/10/2011, 08:54

merci Guillaume et Henri

tout ça n'est pas très réjouissant... :o/

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Sélection
Tout et n'importe quoi, au jour le jour

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: romain
Date: 16/10/2011, 22:05

Bonjour à tous,

Henri,

Je m'excuse j'étais parti sur l'idée, un peu fermée, de la valeur financière proposée dans votre exemple.
C'est la phrase suivante qui m'a fait rebondir :

- des raisons intrinsèques à l'œuvre : il y a des raisons objectives pour lesquels l'œuvre de A peut coûter cher : qualité artisanale du travail, matériaux rares, richesse de l'invention...

En fait je comprends que ces raisons intrinsèques ont plus à voir avec une échelle de valeur fondée sur la polysémie qui permet d'accéder à la jouissance plutôt qu'une échelle basée sur la qualité artisanale, matérialité ou richesse de l'invention.

Oui effectivement la tour Eiffel n'est pas le meilleur exemple qui défend votre idée tellement il est éloigné du cas de l'artiste ou de l'art dans sa production ou pour le spectateur dans sa perception. Par contre, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire votre texte intitulé de l’œuvre d'art.
Je suis assez convaincu par les différents schèmes qui peuvent amener à la jouissance et le choix qui vous porte dans la richesse de la polysémie que l'on découvre dans la durée, polysémie qui retarde la compréhension complète de l'œuvre. Je comprends maintenant cette valeur de l'œuvre serait indexée sur la richesse polysémique de l'œuvre. Cette proposition me va. Mais dès que l'on parle de sens : son actualisation, son appréciation, son jeu éventuellement transgressif se font dans l'univers social. A moins d'être seul à voir et à jouir des propres sens que l'on met dans son œuvre et de les apprécier par rapport à un système que soit même on reconnaît comme celui qui amène à la jouissance. Qu'en est-il d'une valeur partagée? Cela pose la question du partage ou non du système d'appréciation que vous défendez dans votre texte qui mène à la jouissance. Est-ce que cela veut dire que la jouissance telle que vous la voyez est foncièrement, basiquement égocentrique? Et que le partage de cette découverte de polysémie n'apporte que peu de jouissance.

Je suis moins convaincu par votre idée de don sans récepteur et l'idée de se mettre dans un état de don permanent (ou je n'ai pas compris). De faire de sa vie une œuvre sans altérité est pour le moins difficilement concevable pour moi.

La comparaison de cette découverte prolongée avec la sexualité est intéressante. Avec quelques nuances sur le passage du mur que je conçois dans l'acte sexuel mais j'ai du mal à être certain du moment où l'on peut dire qu'on l'a passé dans l'œuvre d'art. C'est peut être ici une des limites de la métaphore du passage de la jouissance. Ou bien il y a passage du mur à chaque découverte d'un nouveau sens qui s'ajoute à cette polysémie...

voilà pour le moment ce que je vois entre votre texte et la discussion du fil.

Bonne soirée
Romain

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: henri peyre
Date: 17/10/2011, 07:32

romain écrivait:
-------------------------------------------------------
A moins d'être seul à voir et à
> jouir des propres sens que l'on met dans son œuvre
> et de les apprécier par rapport à un système que
> soit même on reconnaît comme celui qui amène à la
> jouissance. Qu'en est-il d'une valeur partagée?
> Cela pose la question du partage ou non du système
> d'appréciation que vous défendez dans votre texte
> qui mène à la jouissance. Est-ce que cela veut
> dire que la jouissance telle que vous la voyez est
> foncièrement, basiquement égocentrique? Et que le
> partage de cette découverte de polysémie n'apporte
> que peu de jouissance.

Cette question sur le partage est intéressante.
Je ne vois pas bien ce qu'est une valeur partagée toutefois. Je crois qu'on ne peut pas être sûr de partager quelque chose avec quelqu'un d'autre. Plus les valeurs sont simples et accessibles et plus cela peut-il probablement se faire : à l'exemple d'une foule qui se réunit autour de valeurs très simples : son équipe doit marquer un but ; ou d'une armée qui s'applique à marcher au pas. A chaque fois très joli effet, donnant beaucoup de joie à tous, avides de se sentir fusionnés dans un tout plus vaste (et non avides de partager me semble-t-il), ce tout donnant une sorte de sentiment commun de surpuissance. La participation à un tout supérieur est probablement la source de jouissance, pas le partage lui-même.

Mais si le niveau de partage (ou au moins de désir de partage) augmente, je suis encore moins sûr du partage possible. On a l’exemple classique des deux amoureux, exemple qu’on peut s’accorder à prendre si on admet que la démarche artistique a à voir avec la démarche amoureuse. Partagent-ils réellement quelque chose ? Et quoi ? Quel est le niveau d’illusion des protagonistes sur ce partage ? A la fin est-ce le partage qui baisse ou la bulle de l’illusion qui crève ? D’où vient la jouissance ? (sur le coup je suis du côté de Schopenhauer).


Concernant une théorie esthétique, si elle décrit un mécanisme, et que ce mécanisme marche et est fructueux, l’idée romantique du partage y a encore moins de place : il n’y a pas question de partage ou pas ; on ne se pose pas la question de savoir si on partage l’idée du moteur quand il tire la voiture. La question est de savoir si le moteur marche. C'est de l'ordre du fait qui se constate. On peut par contre décider de ne pas se servir de ce moteur parce qu'on en préfère un autre (il faudrait peut-être alors décrire l'autre et étudier aussi son rendement).


Mais peut-être est-ce que je ne vois pas bien ce que vous dites. Peut-être me faudrait-il quelques exemples simples pour bien comprendre ce que vous entendez par partage ?

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: romain
Date: 17/10/2011, 16:48

Bonjour à tous,

Henri,

Oui c'est ça! Le partage du sens ne se mesure pas par rapport à une finalité. Sa valeur ne se mesure pas par rapport à la réussite de la transmission totale et sans déformation d'un sens. Cette conception serait plutôt la communication, celle qui existe dans la pub, ou celle qui se passe entre deux machines.

Ainsi le partage est davantage un processus qu'un résultat (le résultat serait ce qui est partagé). Cela se fait dans la durée. C'est peut être ce que vous appelez participation. Dans ce cas nous sommes proches.

Le partage de sens peut être source de plaisir. Le plaisir ne provient pas de la réussite d'avoir transmis ou faire comprendre à l'autre ce que l'on signifiait mais de voir ce que cela engendre chez l'autre. C'est encore d'autant plus intéressant quand il y a un retour. C'est dans la jouissance de l'autre qui perçoit un sens nouveau au travers de ce qu'on lui dit que l'on peut tirer un plaisir. Tout simplement dans le bonheur de l'autre qui dans cet exemple est aussi quelque chose qu'on a soit même vécu. Le basculement vers un autre sens mais évidement pas l'exact même sens. C'est une des origines possibles de la jouissance.

Effectivement s'illusionner que la personne a totalement compris exactement ce que vous vouliez lui faire comprendre ou qu'elle ressent exactement ce que vous ressentiez lorsque vous avez passé le même mur est une erreur. Le langage est intéressant (comme une oeuvre) parce qu'il n'est pas un code. Croire que l'autre vous comprend totalement est utopique et surtout très triste. C'est dans cette intersubjectivité du partage du sens que les étincelles se font. C'est grâce à sa différence que l'autre peut comprendre avec nuances, déformations, parfois même avec contradiction totale ce que je suis pourtant en train de lui dire.

Pour vous donner un exemple; j'ai avec un ami des discussions sur à la fois son travail photographique et l'histoire de la photo. Je peux vous dire que j'ai du plaisir à partager, échanger sur ses photographies et sur d'autres photographies. On passe beaucoup de temps à tenter de se comprendre mais le sens qu'il me renvoie est parfois à des miles de ce que je pouvais penser. C'est à dire que mes inférences ont amené mon ami vers un ailleurs imprévisible pour moi. Là encore c'est une jouissance parce que cela m'a déplacé vers cet ailleurs qu'il venait de poser. De ce nouveau point c'est tisser d'autres directions. Dans ce partage, on s'illusionne de rien du tout; on tente de comprendre et penser des choses pour qu'elles nous révèlent d'autre chose. Pas de recherche de vérité absolue! Une jouissance dans ce chemin.

Un autre exemple est celui que vous avez certainement pu vivre en tant que prof. Quand vous tentez de transmettre un idée à un étudiant et que vous voyez cette idée cheminer chez lui. Même si le chemin n'est pas si original que ça, il en fait quelque chose d'autre. Il enrichit ses interprétations et un jour vous surprend: cela ne vous apporte-t-il pas un plaisir? (J'espère éviter la question de la domination et de l'idée toute puissante de la transformation de l'autre! Ce n'est pas ici que la jouissance s'obtient.)

Pour la question de la valeur partagée c'est un raccourcis.

Ce que je voulais dire c'est qu'en admettant qu'une œuvre puisse être évaluée (puisqu'on parle de valeur) en fonction de sa richesse polysémique parce qu'elle nous permet de la traverser dans la durée, de lui révéler de multiples sens. En partageant la polysémie d'une œuvre on peut partager sa valeur qui par rapport à ce que j'ai écrit au dessus, j'en conviens que sa valeur ne sera pas exactement identique (puis que le sens n'est jamais partagé à 100%) mais elle sera proche dans son ordre de grandeur.

voilà
bonne journée
Romain



Modifié 2 fois. Dernière modification le 17/10/2011, 16:54 par romain.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: henri peyre
Date: 17/10/2011, 18:31

romain écrivait:
-------------------------------------------------------
C'est dans la jouissance
> de l'autre qui perçoit un sens nouveau au travers
> de ce qu'on lui dit que l'on peut tirer un
> plaisir. Tout simplement dans le bonheur de
> l'autre qui dans cet exemple est aussi quelque
> chose qu'on a soit même vécu. Le basculement vers
> un autre sens mais évidement pas l'exact même
> sens.

Je pense qu'on est assez d'accord sur le fond : même sur cette notion de partage vous n'êtes finalement pas très romantique non plus. Le partage serait une sorte de jubilation commune du dépassement, de la recomposition, finalement de l'épreuve d'un changement de point de vue, épreuve faite en commun.
Là je suis pleinement d'accord.

Comme vous le soulignez bien on a toujours énormément de problèmes avec le vocabulaire. On n'en guérit pas en raisonnant sur la durée, ou plutôt on ne guérit que soi-même, y voyant plus clair, en définissant ses pas l'un après l'autre. Pour celui qui vient dessus cela a toujours un vilain air de système alors que c'est une démarche pleine d'honnêteté... c'est ce qui avait conduit Nietzsche à l'aphorisme, possibilité intéressante de suggérer de la théorie en utilisant envers le lecteur de la jubilation commune du dépassement. Pas bête l'animal.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 17/10/2011, 18:32 par henri peyre.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: romain
Date: 17/10/2011, 19:11

Bonjour à tous,

Henri,

Oui nous sommes d'accord.
Peut être ce qui nous différencie, c'est que j'y vois tout de même un partage de sens, pas simplement un partage d'expérience sur un dépassement de sens.
Autrement dit c'est aussi dans ce partage de dépassement d'un sens bien précis (avec ces imprécisions, décalages inévitables et -je répète- souhaitables dès que l'on est dans le langage avec l'autre) que le plaisir peut être là.

Maintenant il ne me reste plus qu'à patienter le mois prochain pour la publication de votre texte!

Bonne fin de journée
Romain

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: Xavier R
Date: 18/10/2011, 14:32

Vous utilisez Dragon Naturally Speaking ou quoi????

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: henri peyre
Date: 19/10/2011, 07:21

Xavier R écrivait:
-------------------------------------------------------
> Vous utilisez Dragon Naturally Speaking ou
> quoi????


Xavier,
Le jour où vous aurez autre chose à donner aux autres que des coups de savates, vous n'hésitez-pas.
On est demandeur.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: barbilux
Date: 19/10/2011, 12:03

( il a peut-être des gros soucis qui le minent...)



Modifié 1 fois. Dernière modification le 19/10/2011, 12:05 par barbilux.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: Xavier R
Date: 19/10/2011, 14:07

henri peyre écrivait:
-------------------------------------------------------
> Xavier R écrivait:
> --------------------------------------------------
> -----
> > Vous utilisez Dragon Naturally Speaking ou
> > quoi????
>
>
> Xavier,
> Le jour où vous aurez autre chose à donner aux
> autres que des coups de savates, vous
> n'hésitez-pas.
> On est demandeur.

Alors vraiment!!!
Mais vous voyez le mal partout ma parole!!!
C'EST POUR RIRE UN PEU

Déridez vous un peu les fesses non d'un chien!!!!!

Explication de texte:
Je ne tape que d'un doigt ce qui explique la brièveté de mes intervention et les fautes de frappe.
Vous et Romain par contre vos textes sont très longs sans faute et très complexes, chose dont je suis totalement incapable béotien que je suis sauf avec l'aide d'un logiciel de dictée vocale que je ne possède pas.
D'où la plaisanterie.

Avez-vous lu "La plaisenterie" de Milan Kundera?

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: barbilux
Date: 19/10/2011, 16:52

Quand même, tout ce que tu dis est méchant, toujours négatif, il y a un (ou des) problème? Tu peux peut-être nous aider à comprendre pourquoi tu es comme çà? (moi aussi j'ai des gros soucis et çà me provoque plein d'ennemis oh la la)

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: Xavier R
Date: 19/10/2011, 17:26

Mon pauvre barbilux il n'y avait aucune méchanceté dans ce que j'ai écrit juste une façon SOURIANTE de dire mon admiration à ceux qui sont capable d'exprimer leur pensées avec un clavier ce que je le répète je suis incapable de faire.
Mais ta vision dégénéré du monde ne peu te permettre de comprendre cela.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: barbilux
Date: 19/10/2011, 18:07

<<Mais ta vision dégénéré du monde ne peu te permettre de comprendre cela.>>
imagine toi au contraire que je comprends plein de choses, des choses qui t'empêcheraient de dormir et même d'être éveillé! Mais ne souhaitons pas voir ton cas s'aggraver. La connerie est l'état le plus confortable, crois moi.
Toujours est il que tes interventions sont souvent perçues comme méchantes. Que penses tu faire pour y remédier? On t'aime bien, reste avec nous.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: guy toy
Date: 20/10/2011, 11:41

"La connerie est l'état le plus confortable, crois moi. "

Sur parole !!

Xavier, je ne vois plus ton site, c'est volontaire ? As-tu travaillé sur le port de Lorient ?

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: Xavier R
Date: 20/10/2011, 13:42

Salut Guillaume, je n'ai pas renouvelé mon abonnement alors plus de site...
La pratique de la photo c'est terminé pour moi. J'ai vendu la moitié de mon matos; l'autre moitié va suivre.
Je garde mes Holga et ma Chambre.
Pour le moment.......

Je suis revenu à ce que je n'aurai jamais du quitté.

Re: Gerhardt Richter
Envoyé par: Henri Gaud
Date: 20/10/2011, 14:16

Xavier R écrivait:
-------------------------------------------------------

> Je suis revenu à ce que je n'aurai jamais du
> quitté.

Le Bescherelle ?

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No Pasaran
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