On peut tenter d'estimer ce que serait un temps de pose pour un agrandisseur éclairé en lumière solaire diffuse, pour un papier gélatino-bromure classique sensible à une partie du spectre visible, ce qui permet de lui affecter une espèce de sensibilité ISO approchée-à-la-louche
(avec une surface qui n'est sensible qu'aux UV, la sensibilité ISO n'a guère de sens, de plus les UV sont pas mal bloqués à la traversée des verres de l'objectif d'agrandissement).
On peut considérer l'agrandisseur solaire comme une chambre qui photographie un objet blanc éclairé par le soleil, avec dans le faisceau un filtre gris qui s'appelle le négatif à agrandir et comme surface sensible un papier auquel on va affecter arbitrairement une sensibilité de 1 ISO.
On part de la règle de seize : donc 1 seconde à f/16 pour une surface sensible à 1 ISO, on prendra éventuellement un autre diaph plus tard. La règle de seize est calée pour un soleil brillant qui délivre 70000 lux au niveau du sol. Mais la règle de seize est aussi calée pour quelque chose qui ressemble à une carte grise à 18%, donc pour notre carte blanche-source, multiplions par 4. Nous voici rendus à 1/4s à f/16 = 0,25 s à f/16.
À cela ajoutons le facteur de soufflet ; si on est au grandissement G=2, la facteur multiplicatif est (1+2)^2 = 3x3 = 9. Disons : 10x pour simplifier, on revient à 2,5s à f/16.
Ajoutons enfin le négatif qui joue le rôle d'un filtre gris, mettons à la louche une densité de 1 soit une atténuation 10x.
Notre réglage final sera donc de 25s à f/16, 12 s à f/11. Il reste la correction pour non-réciprocité du papier, plus tu poses, moins tu poses, aucune idée évidemment de ce qu'il faut prendre comme correction, mais il faut s'attendre à un temps réaliste entre 30s et 1 minute à f/11 pour un papier de sensibilité équivalent 1 ISO.
Cette gamme de temps de pose ne me semble absolument pas rédhibitoire, 30s me semble un temps utilisé assez souvent sous l'agrandisseur. Mais les papiers N&B ont des sensibilités très variées !!!
Je pense que si on éclaire l'agrandisseur solaire par transmission à travers un opalin directement exposé au soleil brillant, et non pas indirectement (auquel cas c'est le bleu diffusé par le ciel ou le gris des nuages qui est la source), on doit avoir quelque chose de très proche d'un carton blanc mat en réflexion exposé directement au soleil ; ceci suppose, en transmission à travers un opalin, un miroir orientable pour que l'opalin soit toujours éclairé par le soleil. Les astronomes appellent cela : un héliostat lorsque le miroir tourne pour renvoyer le soleil toujours dans la bonne direction. Un bout de miroir de salle de bain suffit (monté sur cardan : j'en ai vu chez brico-truc sur cardan pour se regarder dans la salle de bains ;-)), et entre deux poses, on le réoriente, je pense sans rire que ça devrait marcher.
Pour l'estimation du temps de pose par contact sur un gélatino-bromure, euh ... en principe il suffirait de connaître la courbe de noircissement du papier graduée en lux telle que le fabricant la donne, on part de 70000 lux, on rajoute la densité de 1 ce qui multiplie le temps par 10... et on doit trouver 7000 lux qui tombent sur le papier derrière une densité de 1, la courbe nous donne le temps de pose moyen ... pour l'instant j'arrête là, mais on n'est pas loin du résultat.
Pour les procédés essentiellement sensibles aux UV, je pense que les temps de pose effectifs sous châssis exposé au soleil sont bien connus de ceux qui connaissent, et cela depuis Nicéphore Niépce lui-même (ou plutôt : ses sucesseurs, car notre bon Nicéphoire gardait tout-top-secret) ... je leur donne donc la parole.
Je ne veux pas recréer le laboratoire de Petiot Groffier, mais ce serait dans l'esprit.
Euh ... vu le triste sort de Petiot Groffier et la malédiction qui s'attacha à son laboratoire secret, j'imagine que la prudence s'impose au niveau des chimies & de leur manipulation ;-);-)
E.B.