Je fais remonter la discussion parce que je me rends compte que les mathématiciens se sont largement exprimés avec de beaux calculs théoriques, mais on n'a pas encore entendu les physiciens.
Donc un physicien ouvre par curiosité la doc technique du capteur Kodak KAF-39000, 39 Mpix, chaque pixel a une surface de 6,8 microns au carré.
Voir le pdf du KAF-39000, ici, il est très instructif à tous égards.
Plus d'infos sur cette gamme de produits
http://www.kodak.com/global/en/business/ISS/Products/Fullframe/
Selon la doc le pixel sature lorsqu'il a reçu 60000 électrons environ (tableau page 12 de la doc pdf)
Parfois ces pixels sont recouverts d'un filtre bleu, ou rouge ou vert, mais le résultat quel que soit le filtrage est que la fluctuation naturelle sur un décompte de 60000 électrons c'est racine carrée de 60000, environ 250, ce qui donne un nombre de niveaux de gris discernables
(en échelle linéaire en nombre d'électrons, il faudrait nuancer avec la conversion non linéaire entre le nombre d'électrons et les niveaux de gris vus par l'oeil) qui est autour de 250, proche de 256 = 8 bits.
Donc les 16 bits dont nous parlons, soit 65000 niveaux de gris "de rêve", sont effectivement un truc de pur mathématicien loin de la réalité physique, car pour qu'ils existent effectivement au départ dans le nombre de niveaux de gris discernables au niveau de l'effet photo-électrique du capteur, il faudrait une saturation non pas à 60000 électrons par pixel, mais à 65000 au carré soit ... 4,3 milliards d'électrons ... on pourra encore attendre un peu avant d'avoir cela sous la main.
On peut dire les choses différemment : 16 bits c'est 65536, distinguer 65536 niveaux de gris dans un décompte qui est au maximum de 60000 électrons, c'est être capable de discerner une fraction d'électron. Avec un bon microtome bien affûté, et un geste sûr, peut-être peut-on découper une tranche d'électron !! Ça ne semble pas faire peur aux mathématiciens, tant mieux pour eux !!
On peut néanmoins, en attendant les progrès irrésistibles de la technologie, accumuler 65000 images l'une sur l'autre (éloge de la lenteur, on aime bien ça dans le monde de l'image haute résolution) : on fait déjà cela sur galerie-photo avec les images empilées en profondeur (pour la profondeur de champ infinie), ou les images gonflées en résolution en largeur ... (voir article récent sur gépé-point-com)
Mais l'important n'est-il pas de travailler en 16 bits, même si ce ne sont que des bits de mathématiciens sans aucune réalité physique ...
E.B.
Modifié 1 fois. Dernière modification le 24/05/2011, 16:37 par Emmanuel Bigler.