Re: matériel pour cyanotypie
Envoyé par:
F. Leterrier
Date: 26/05/2010, 18:13
Le cyanotype est probablement le procédé ancien le plus ancien et le plus simple. Il est parfois décevant car les temps d'exposition sont très longs et l'image s'affaiblit malheureusement lors de l'indspensable lavage final.
Je vous propose d'expérimenter la technique, guère plus compliquée, du cyanotype par développement qu'un heureux hasard m'a fait découvrir. La voici :
[b]Le cyanotype par développement.
François Leterrier (novembre 2006)[b]
Le cyanotype peut être considéré comme le procédé alternatif le plus simple et le moins onéreux. Il est pratiquement dénué de toxicité et il peut donc être pratiqué avec des enfants. Toutefois, il nécessite des négatifs très durs et des expositions longues, même en plein soleil (de l'ordre d'un quart d'heure). Le traitement post-exposition est d'une grande simplicité, un lavage à l'eau suffit, mais il est parfois décevant, quand la belle image qui sort du chassis-presse d'estompe exagérément.
Le hasard peut parfois être favorable au photographe. Lors d'un stage organisé pour montrer la simplicité et l'intérêt de cette technique (il y avait un enfant), j'ai commis une erreur lors de la préparation de la solution sensibilisatrice. Au lieu de mesurer un volume de solution de citrate de fer ammoniacal et un volume de la solution de ferricyanure de potassium afin de les mélanger juste avant leur étendage sur le papier, j'ai mesuré un volume de citrate et à nouveau un volume de la même solution. L'exposition a eu lieu une dizaine de minutes dans une boîte à lumière UV et quelle ne fut pas ma surprise de constater que l'image sur la feuille de papier était jaunâtre et à peine visIble. Ayant reconstitué les manipulations effectuées, je me suis aperçu de mon erreur. J'ai aussitôt décidé de tremper la feuille dans le bain de ferricyanure qui avait été oublié. Agréable surprise et stupéfaction admirative des stagiaires ! L'image est apparue immédiatement, bien formée. De plus, rien n'a disparu au lavage.
Je n'ai pu recommencer l'expérience que quelques mois plus tard.
Voici les solutions que j’utilise pour le cyanotype normal
Citrate de fer ammoniacal 16 g
Eau 100 mL
Ferricyanure de potassium 20 g
Eau 100 mL
Mélange en volumes égaux.
Etendage au pinceau sur le papier et séchage au sèche-cheveux.
J’ai utilisé une gamme Stouffer comme négatif témoin (un négatif avec 20 zones allant du noir très dense au transparent, par étapes de 0,3 unités).
Pour obtenir une gamme ayant 12 degrés et le bleu maximum, il faut une exposition de 18 minutes avec ma boîte à UV. Une partie du bleu observé lors de la sortie de la boîte à lumière part au lavage.
L'expérience suivante a été de recommencer l'erreur, donc une sensibilisation au citrate de fer seul et un développement au ferricyanure de K à 10%.
Le développement est immédiat et rien ne part au lavage. Il faut alors seulement 6 minutes d'exposition pour obtenir 13 degrés, mais le bleu est un peu gris et manque d'intensité. Résultat plutôt décevant donc.
J’ai donc ajouté de l‘acide oxalique à la solution de citrate ferrique ammoniacal (16 g pour 100ml), j'ai sensibilisé le papier avec cette solution (non diluée), exposé 6 minutes et développé dans le ferricyanure à 10%. La gamme va du bleu foncé dans les grades 1 à 3 et le degré 20 est encore perceptible. C’est surexposé ! Une exposition correcte est obtenue en 3 minutes.
Encouragé par ces résultats, j'ai essayé d'autres sels de fer. Seul l’oxalate ferrique ammoniacal à 30 g pour 100 mL m’a donné des résultats légèrement supérieurs pour un temps de pose identique de 3 minutes (développement dans le ferricyanure à 20%).
Ce révélateur agit longtemps, même quand sa couleur passe du jaune vif au vert sale.
Le lavage se fait à l’eau du robinet comme pour le cyanotype classique.
Tous les papiers ne donnent pas les mêmes résultats. Le Bergger COT320 et l'Arches platine donnent les plus hautes densités mais l'Arches a tendance à faire des taches. Le Lana donne des images faibles. Un papier pour imprimante jet d'encre de marque Applimo à l'aspect parcheminé donne un beau bleu légèrement gris et les blancs restent très purs. La gamme s'étend de 3 à 19. Un bristol de marque "Continent" très bon marché donne des résultats semblables à l'Applimo, la surface est très lisse.
En résumé, le cyanotype en deux bains me semble présenter de nombreux avantages :
La sensibilité à la lumière est de 6 à 8 fois plus élevée que celle du procédé classique. Quel gain de temps, surtout si les négatifs sont un peu denses. L'étendue de la gamme des valeurs est plus large, des négatifs à grand contraste mais où la progression des valeurs est douce peuvent ainsi être tirés. Quel que soit le papier, il n'y a pas de disparition partielle de l'image lors du développement et du lavage.
Pour ceux que cela intéresse, je peux leur donner des informations complémentaires, en particulier la raison pour laquelle le procédé est beaucoup plus rapide.
Faites moi part de vos essais !
François LETERRIER