Rappelons que dans les applications photographiques, on n'a aucune envie d'avoir une réponse en courant qui soit linéaire par rapport au nombre de lux qui tombent sur la cellule. Et que par une coïncidence de la physique des semiconducteurs, une photodiode débitant sur une résistance non nulle a une réponse qui est,
justement, proche de la réponse logarithmique recherchée par les photographes.
D'autre part, il y a une finesse bien connue des spécialistes du photovoltaïque : on cherche tout de même à ce qu'un maximum de puissance sorte de la cellule ; si on travaille à résistance très faibe ou très grande, on peut montrer que la puissance qui sort tend vers zéro ; l'optimisation en puissance d'une cellule fonctionnant comme une photodiode (c'est le cas des cellules sélénium) exige donc qu'on débite sur une certaine résistance bien choisie.
La fabrication des posemètres à cellule sélénium commence probablement avant la 2e guere mondiale, donc avant le transistor. Les BéDéphiles se rappellent probablement avec émotion qu'à la fin du "Secret de l'Espadon" d'Edgar P. Jacobs (premières planches parues en 1946), lorsque nos héros rentrent dans la base souterraine ultra-secrète du détroit d'Ormuz, l'officier britannique qui les guide fait un signe cabalistique devant "un oeil électrique au sélénium".
Le posemètre sélénium rassemble tout ce qui peut être utile au photographe avec la technologie des années 1940-1960 : sensibilité de l'élément photoélectrique centrée sur le visible sans filtrage nécessaire, fonctionnement sans pile même par très grand froid, durée de vie qui se compte en décennies. Affichage à aiguilles comme sur une montre (disons : comme sur une montre sérieuse, bien entendu), affichage également insensible au froid (c'est pas comme les kristau likids de ma p'tite Digisix)), de très bonne lisibilité (prenez tout de même une lampe de poche pour lire les graduations dans l'obscurité, mais là, la cellule indique : 0 en général)
Inconvénients majeurs : faible sensibilité en basse lumière, quasi-impossibilté de la fonction « flashmètre » en lecture sur un galvanomètre ; et surtout, quasi impossibilité de mesurer avec un cône de réception inférieur à environ 50° d'angle de champ ; c'est pour la même raison de faible sensibilité, on est obligé de collecter très large pour avoir le plus de photons possibles : entre 50° et 5° d'angle de collection, le nombre de photons collectables est divisé par environ 100 ...
Signalons que le posemètre Sekonic Studio de luxe version III est toujours photo-voltaïque sans pile mais que son composant photo électrique est un silicium "moderne".
Et concernant le remplacement du posemètre sélénium du flex-bi par quelque chose en silicium, je sais qu' il y a au moins un rolleiphile qui s'y est lancé, mettre une p'tit photo-diode et une puce avec pile par devant vers les nids d'abeille pour avoir quelque chose d'approchant. (perdu le lien URL, hélas)
E.B.
Modifié 1 fois. Dernière modification le 18/03/2013, 09:53 par Emmanuel Bigler.