Si non, connaissez vous un autre dos numérique (Phase One, Leaf, ?) de 30 à 40 Mo permettant d'utiliser des optiques retrofocus, cad a priori et d'après E. Bigler sur un autre fil du form, un dos non équipé de micro-lentilles ?
Hmm... précisons, car je ne suis pas certain du sens de la phrase qui précède.
- les dos silicium équipés de micro-lentilles atténuent fortement les rayons les plus inclinés, ce qui les rend inutilisables en cas de décentrement avec les optiques de chambre grand-angulaires quasi-symétriques (donc non rétrofocus). Rappelons que ce problème n'est pas dû au silicium lui-même, qui se comporte presque comme le gélatino-bromure dans sa capacité à capturer les rayons les plus inclinés ; la cause principale en est à la présence de micro-lentilles qui augmentent la surface effective de capture de la lumière au détriment de la détection des rayons les plus inclinés.
- les dos & tous autres capteurs silicium équipés de micro-lentilles n'ont pas de problème d'atténuation des rayons avec les grand angulaires rétrofocus, parce que dans ce type d'objectif dissymétrique, l'inclinaison des rayons extrêmes en entrée est atténuée fortement en sortie. Le tracé de rayons habituel de la lentille mince n'est plus valable pour ce type d'objectif.
Mais dans les appareils reflex, à cause de la distance minimale à ménager entre la dernière lentille et le capteur, à cause miroir reflex, on ne peut pas utiliser les formules grand angulaires quasi-symétriques, donc on est obligé d'utiliser des formules rétrofocus, et ceci depuis plus d'un demi siècle.
- le problème des rétrofocus de conception ancienne est leur résidu d'aberration chromatique transversale, défaut moins gênant sur film mais qui peut devenir très gênant en bord de champ avec un capteur à réseau coloré de type Bayer.
- pour ce qui est des formules grand angulaires de chambre de haute performance de chez Schneidenstock, les ingénieurs ont opté pour une conception quasi-symétrique, avec peut-être un tout petit soupçon de compromission avec le genre rétrofocus, pour ménager une distance minimum entre la dernière lentille et le capteur. Outre la réduction "naturelle" du chromatisme transversal, les grand-angulaires quasi-symétriques présentent moins de distorsion que les rétrofocus comparables en focale et en cercle-image.
La sensibilité du photographe à la distorsion dépend évidemment du boulot effectué, les photographes d'architecture sont intransigeants avec les résidus de distorsion, alors que d'autres ne voient pas où il y a le problème.
Si vous prenez par exemple les toutes dernières optiques à bascule et décentrement de chez Schneider-Kreuznach pour appareils petit et moyen format (vues à la photokina en 2012), bien entendu ce sont des rétrofocus très complexes, ils doivent à la fois laisser la distance minimale requise par le rabattage du miroir et ne pas trop laisser passer d'aberration chromatique transversale. Avec une formule quasi-symétrique, le principe de symétrie à la base de la construction réduit considérablement la dose d'aberration chromatique transversale dans l'image, ce qui facilite la conception de l'objectif lorsqu'on veut pousser vers des performances extrêmes en termes de FTM (100 cy/mm sur tout le champ, un défi formidable à relever si on veut exploiter tout ce que les capteurs récents peuvent analyser dans l'image).
- en ce qui concerne les objectifs pour film qui étaient déjà basés sur une formule quasi symétrique depuis toujours, par exemple le Zeiss Makro Planar de 120, ce genre d'optique s'accommode fort bien d'un dos numérique, disons jusqu'à 22 Mpix sans hésitation. Avec les dos à 80 Mpix, il faut revoir au cas par cas toutes les optiques et tester celles qui vont convenir et celles qui se trouveront dépassées. Certes, les optiques de chambre "numériques" de chez Schneidenstock placent la barre très haut, mais cette remarque est sans objet pour quelqu'un qui ne souhaite pas travailler avec une chambre et qui souhaite garder la visée reflex.
- pour le Mamiya Phase one 4-1/2x6, Schneider a recalculé toute une gamme d'optiques dédiées ... donc a priori on peut faire confiance à l'honorable entreprise de Bad-Kreuznach que ça va marcher devant un dos numérique de haut de gamme ;-)
E.B.
Modifié 2 fois. Dernière modification le 11/03/2013, 09:57 par Emmanuel Bigler.