Peut-on comparer la qualité de ces deux optiques ?
Assurément, et comme on dit chez Alpa : « Au sommet les choses sont simples »
Ces deux optiques appartiennent à la famille des grand-angulaires quasi-symétriques développés après la deuxième guerre mondiale. Avant la deuxième guerre mondiale, les grand-angulaires ressemblaient au Protar ou au veil Angulon-pas-super, avec des lentilles d'entrée et de sortie convergentes.
Pendant la guerre, la pression pour développer des optiques de prise de vue aérienne est forte, et rien n'est assez bon pour les armées qui s'affrontent. En 1946 un très inattendu brevet de l'ingénieur russe Roussinov explique en détail le principe de la distorsion pupillaire pour corriger la chute de luminosité en bord de champ dans une nouvelle classe d'optiques grand-angulaires quasi symétriques, avec des grosses lentilles d'entrée et de sortie qui sont des ménisques divergents.
Zeiss et les autres opticiens ne restent bien entendu pas les bras croisés.
Au départ, la formule du Biogon Zeiss est due à Ludwig Bertele, qui après la guerre avait quitté Carl Zeiss et travailla pendant quelques années dans notre chère Confèdèration,
chez Wild à Heerbrugg où il dévelopa l'Aviogon pour la foto aérienne. Par la suite il fut consultant pour Zeiss et développa le Biogon qui dérive de l'Aviogon. Donc le Biogon date des années 1950.
En gros, le Biogon couvre 90° d'angle de champ, avec un piqué d'enfer à l'intérieur de ce cercle-image.
90°, c'est une focale égale à la demi-diagonale du format en question.
Par la suite, Schneider développa les super-angulons selon ces principes et Rodenstock développa les grandagons.
Les Apo Grandagons de chez Rodenstock sont de conception bien plus récente, années 1980, quasi-symétriques, 8 lentilles. Le 45 et le 55 sont les deux frères, couvrant 110°. Le 35 est à part parce qu'il couvre 120°; un défi incroyable à relever.
L'optimisation des deux apo-grandagons de 45 et de 55 est donc différente de celle du biogon. Le biogon n'a pas l'ambition de couvrir plus que 90°, mais il a l'ambition d'être le meilleur en piqué et autres caractéristiques pointues pour un grand angle couvrant 90°.
Les deux apo grandagons ont l'ambition de couvrir 110° avec aussi peu de distorsion possible sans recours à des surfaces asphériques. Et avec un piqué d'enfer.
Donc comparer les deux types d'objectifs est un peu ... comment dire ? vouloir comparer le Cervin et le Mont Blanc ;-)
Entre 90° et 110°, la chute de luminosité dans une optique quasi-symétrique, même avec la distorsion pupillaire qui combat un peu cela, change la donne ... d'où les filtres dégradés concentriques, inutiles avec le biogon sur 90°; parfois utiles sur 110° si on veut utiliser tout le champ, par exemple couvrir tout un 4x5 pouces avec l'apo grandagon de 55 ; atteindre tout le 20x25 avec le grandagon-N de 115 de focale (102° d'angle nominal)
Le problème de comparaison entre les deux gammes n'est pas technique, il est purement financier : à l'époque où le SWC était encore fabriqué, pour son prix public autour de 4500 euros, on se payait la collection des 3 apo grandagons sur planchette ...
E.B.
Modifié 1 fois. Dernière modification le 06/02/2013, 16:05 par Emmanuel Bigler (modérateur).