"Tirez, nom de Dieu!! "
Feu à volonté, soldats !
Marc N. a bien raison, néanmoins pour ceux qui chérissent les filaments de tungstène
(W ou le souvenir d'enfance, dirait Georges Perec) il est difficile de résister à l'envie de conter r'ici d'autres épisodes de la vie et des oeuvres des lampes à incandescence.
Le tungstène a une particularité intéressante, c'est que sa résistance électrique augmente lorsque la température augmente.
Si vous mesurez, à froid, à l'ohm-mètre, une ampoule à filament marquée "220 VOLT - 25 WATT", vous lui trouvez une résistance électrique de 170 ohms ; les formules que votre grand-père vous a apprises vous permettent, de tête, d'en déduire que la puissance électrique devrait donc être de 220x220/170 = de l'ordre de 250 à 300 watt, un facteur 10 d'écart par rapport à ce qui est gravé sur l'ampoule elle-même !!
Où est l'erreur ? C'est simplement qu'à la température de fonctionnement autour de 2500 degrés, donc en régime nominal de 25 watt électriques sous 220 V, la résistance est de 220x220/25 = 2000 ohm environ.
Cette augmentation de la résistance lorsque la température augmente est un avantage important pour permettre à l'ampoule dans son ensemble d'atteindre sans oscillations & autres catastrophes un état d'équilibre stable lorsqu'on change la tension d'alimentation, par exemple dans la mise en veille expliquée par M. Sulmon sur les bonnes têtes professionnelles DURST
(j'ai toujours pensé que M. Sulmon avait une tête bien faite ;-) une tête couleur ou multigrade bien entendu).
Dans une lampe à décharge, la situation peut être bien plus compliquée ; on peut même avoir des effets des résistance dynamique négative, d'où l'existence pour les machines de dépôt sous vide utilisant des décharges dans des gaz (dépôt par plasma); d'alimentations très raffinées capables de stabiliser en puissance électrique la décharge qui, alimentée par un circuit trop simple, aurait tendance à s'emballer ou à s'éteindre. Dans un simple tube fluorescent d'éclairage, on ajoute une bobine à noyau de fer appelée 'ballast' pour stabiliser la décharge, mais ceci est une autre histoire.
Dans une lampe à incandescence, Il existe néanmoins une autre instabilité qui finit par être fatale au filament : si le filament est rétréci à un endroit, dans la mesure où le courant est forcé à être le même sur toute la longueur du fil, à l'endroit où il est plus mince, localement la résistance est plus élevée.
En régime permanent, ce point chauffe donc un peu plus que le reste, et donc le métal s'y évapore localement un peu plus vite
(du moins pour les ampoules ordinaires sans halogènes ; dans celles-ci, il y a un astucieux et très avantageux phénomène de recyclage du métal évaporé). Qui dit taux d'évaporation supérieur dit que, localement, justement au mauvais endroit, tel le chat de Cheshire de Lewis Carroll qui a tendance
lentement à disparaître, le filament a tendance à s'amoindrir là est il est
déjà le plus mince et où il chauffe le plus, la situation est instable.
Mais vite, oubliez cela et courez faire vos tirages ! ;-);-)
E.B.