Re: La kallitipye.
Envoyé par:
François Leterrier
Date: 02/10/2012, 17:44
Voici quelques indications que j'ai rédigée il y a cinq ou six ans pour mes collègues de l'Association pour la Photographie Ancienne (APA) à Paris.
J'ai utilisé ces formules et elles fonctionnent.
Il existe d'autres procédés où le sel sensible à la lumière est un autre sel de fer. Ils sont plus faciles à préparer mais ne donnent pas d'aussi beaux contrastes que la kallitypie proprement dite.
F.L
Procédés aux oxalates ferriques : la kallitypie
François LETERRIER
Il suffit de faire une recherche sur l'Internet avec le mot kallitypy pour obtenir un nombre considérable d'informations. Depuis les premiers brevets de Nichols en 1889, la littérature sur ce sujet n'a jamais cessé de croître. Il existe un assez gros livre de Dick Stevens, intitulé "Making Kallitypes : A Definitive Guide" qui malgré son titre, ne me semble pas simplifier la question.
Mon but n'est pas d'ajouter encore des données à un sujet sur lequel tant d'encre a déjà coulé, mais de proposer quelques idées simples.
Dans tous les cas, le sel de fer photosensible est un oxalate de fer. C'est soit le simple oxalate ferrique, soit l'oxalate ferrique ammoniacal. Le premier est probablement celui qui donne les meilleurs résultats, mais il faut qu'il soit d'une grande pureté, sans trace d'acide oxalique ni d'oxalate ferreux. Il est assez difficile de s'en procurer. Beaucoup de discussions sur les difficultés rencontrées pour faire de belles kallitypies sont dues à cela. De l'oxalate ferrique ammoniacal de bonne qualité est beaucoup plus facile à obtenir.
Kallitypie "classique" à l'oxalate ferrique
Solution sensibilisatrice
Partie A
Nitrate d'argent 10 g
Eau distillée ou déminéralisée 100 ml
Partie B
Oxalate ferrique très pur 20 g
Eau distillée ou déminéralisée 100 ml
Au moment de l'emploi, pour une feuille 20 x 25 cm :
mélanger 1 ml (20 gouttes) de chacune des solutions. Ajouter 1 goutte d'une solution diluée au demi ou même au tiers d'un agent mouillant type photoflo (Kodak) ou d'un agent de rinçage pour lave-vaisselle. Cela ne convient pas avec tous les papiers.
Sensibilisation du papier
Elle se fait par étendage au pinceau, bien régulièrement. La feuille est séchée au sèche cheveux (air tiède). Le papier sensibilisé ne se conserve pas plus de 24 heures.
Exposition
Le négatif doit être bien contrasté.
Un ordre de grandeur est de 2 à 3 minutes dans une boîte à lumière à 4 tubes UV de 15 w (l'oxalate ferrique est plus sensible que le citrate de fer ammoniacal). L'image ne se voit pratiquement pas après l'exposition.
Développement
L'épreuve doit être introduite d'un seul coup dans le révélateur car celui-ci agit très rapidement (moins d'une minute). Une introduction irrégulière laissera des marques sur l'épreuve. Le plus simple d'entre eux est une solution de citrate de sodium à 20 %. Même si l'image ne se modifie plus au bout d'une minute, il faut la laisser dans ce bain environ 5 à 8 minutes (la plus grande partie des sels de fer sera éliminée). Ce révélateur doit être renouvelé après avoir développé cinq feuilles 20 x 25.
L'image d'un beau brun, est bien contrastée et très belle.
Autres formules de révélateurs
La plus classique donnant des tons noir-brun :
Pour un litre d'eau (volume final) dissoudre successivement :
Borax 75 g
Tartrate double de sodium et de potassium (sel de La Rochelle) 37 g
Acide tartrique 3 g
Ajouter 5 ml d'une solution à 2% de dichromate de potassium.
Formule donnant des tons noirs bleutés :
Pour un litre d'eau (volume final)
Tartrate double (Na, K) 37 g
Formiate de sodium 40 g
Acide tartrique 3 g
Ajouter 6 ml de dichromate de potassium à 2 %.
Il en existe bien d'autres !!!
Premier rinçage
Une à deux minutes à l'eau courante.
Virage éventuel
Voir ci dessous
Fixage
Préparer une solution de 200 gr de thiosulfate de sodium pour 1 litre de solution finale (dans une bouteille de 1 litre, mettre 3/4 de litre d'eau, ajouter le thiosulfate en agitant, et compléter à un litre). Ce fixage doit être rapide (une vingtaine de secondes en agitant sinon l'image s'affaiblit trop) et suivi d'un court rinçage (une trentaine de secondes).
L'image perd une partie de son contraste.
Clarification
Préparer une solution d'éthylène-diamine-tetraacétate de sodium (EDTA tetrasodique) à 20 g par litre. Ce produit va enlever efficacement toute trace de fer dans le papier, ce qui assurera la bonne conservation de l'image.
L'épreuve est laissée 4 minutes dans cette solution.
Lavage final
A l'eau du robinet pendant cinq minutes.
Virage
De nombreuses recettes de virage existent en voici deux qui ont fait leur preuve. Le contraste de l'image remonte et elle atteint sa beauté définitive. Bien que le virage puisse se faire après toutes les opérations ci-dessus décrites, il semblerait qu'il soit préférable de l'effectuer après le développement. Dans ce cas, l'épreuve est lavée pendant cinq minutes avant d'être placée dans le bain de virage.
Virage à l'or
Solution de chlorure d'or à 1% 50 ml
Solution de thiourée à 1% 50 ml
Acide tartrique 0,5 g
Eau (volume final) 1 litre.
L'image prend des tonalités du pourpre au bleu selon la durée du traitement et du papier utilisé.
Virage au platine ou au palladium
Dans 800 ml d'eau, dissoudre 5 grammes d'acide citrique puis ajouter 5 ml d'une solution de chloroplatinite ou de chloropalladite de sodium à 20 %. Compléter à 1 litre.
Avec le platine, l'image vire au noir : elle est difficile à distinguer d'un vrai tirage au platine. Avec le palladium, la tonalité est plus brune, comme avec le vrai tirage au palladium.
Après le virage, les images sont rincées puis fixées, clarifiées et à nouveau rincées comme indiqué ci-dessus.
Procédé à l'oxalate ferrique ammoniacal
Procédé très simple et rapide donnant d'excellents résultats mais nécessitant un lavage très soigné.
Sensibilisateur
Oxalate ferrique ammoniacal (poudre cristalline de couleur jaune-vert) 30 g
Eau distillée (volume final) 100 ml.
Cette solution est uniformément étendue au pinceau sur le papier et séchée au sèche cheveux.
L'exposition se fait comme pour le kallitypie classique, elle est environ deux à trois fois plus rapide. A la sortie de la boîte à la lumière, l'image est pratiquement invisible.
Le développement a lieu dans une solution de nitrate d'argent à 4 % dans l'eau distillée ou permutée. La feuille exposée est trempée rapidement dans ce bain. L'image apparaît pratiquement instantanément. Cette étape ne doit pas durer plus d'une minute. Ce bain révélateur peut être utilisé longtemps avant de s'épuiser. Il doit être gardé dans un flacon brun à l'abri de la lumière.
Précautions
Il est indispensable de porter des gants pendant cette étape et pendant la première partie du lavage. Le nitrate d'argent se fixe sur la peau, sans l'abîmer, mais à la lumière du jour, toute zone de la peau ainsi imprégnée devient d'un beau noir brun qui s'élimine en partie à la pierre ponce, et de toute façon en quelques jours grâce au renouvellement permanent de la couche superficielle de notre peau.
Il est recommandé de protéger la surface sur laquelle on travaille avec du papier journal ou de la feuille de polyéthylène jetable. Les gouttes de nitrate d'agent vont tacher de façon presque indélébile toutes les surfaces sur lesquelles elles tombent.
Le lavage doit se faire dans un premier temps dans deux cuvettes successives d'eau permutée (l'eau du robinet contient des ions chlore et il va se former du chlorure d'argent, insoluble et photosensible que le lavage n'éliminera plus) puis prolongé pendant environ 10 minutes à l'eau du robinet.
La clarification se fait dans la solution suivante (elle élimine les restes de sels de fer)
EDTA tetrasodique 20 g
Acide citrique 20 g
Eau pour faire 1 L
Un dernier lavage d'une dizaine de minutes termine l'opération.
Les images sont d'un très beau brun rouge.
Elles peuvent être virées à l'or, au platine ou au palladium.
De ce procédé dérive le SATISTA ou simili-platine :
Pour une feuille de format 20 x 25 cm. :
Solution d'oxalate ferrique ammoniacal à 30 % 25 à 30 gouttes
Solution de chloroplatinite de sodium à 20 % 1 goutte
(on peut aussi utiliser du chloropalladite de sodium).
Le résultat final est très proche d'un authentique "platine" et il est particulièrement économique.
Le reste du processus est identique.
Un virage aux métaux précieux peut améliorer encore les nuances de l'image et donner des tonalités différentes dans les zones d'ombre ou de lumières de l'image.
En conclusion
D'après mon expérience personnelle, Le kallitype classique est long. La formule que j'ai indiquée avec développement au citrate de sodium et virage avant fixage permet d'imiter le procédé au platine. Il faut être certain de la qualité de l'oxalate ferrique, ce qui n'est pas si simple, sinon on perd du temps à obtenir des images peu contrastées.
Le procédé à l'oxalate ferrique ammoniacal est le plus simple. Ce sel est très stable. Il faut être vigilant en manipulant des grandes quantités de solution de nitrate d'argent.
Dans chaque cas, il ne faut pas lésiner sur le lavage : c'est la clé de la stabilité des images.