Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 18-11-2009 09:50
Bonjour à tous
Didier C. nous dit :
Pour limiter les effets de trapèze des projecteurs, on les place l'un sur l'autre je crois.
J'ai effectivement vu ce montage, çà peut diminuer l'angle entre les axes des deux faisceaux, en rapprochant les deux objectifs, mais ce n'est en rien une obligation de mettre l'un sur l'autre et cela ne résout absolument pas, dans le principe, la distorsion en trapèze !!
Pour corriger cela, un éminent collègue d'Orsay avait fait usiner deux bagues porte-objectifs spèciales, excentrées, afin de fournir la petite dose de décentrement nécessaire sans changer la mise en place des diapos ! Il avait placé ses deux projecteur l'un sur l'autre, mais en homme raffiné, il n'avait pas fait l'économie de la correction de trapèze !!
De plus, avant de mettre deux projecteurs l'un sur l'autre (à la manière des caméléons dont on veut connaître la vraie couleur), il faut vraiment s'inquiéter du trajet de l'air de refroidissement !
Autrement dit, deux bons vieux projecteurs l'un à côté de l'autre, avec deux souffleries du bas vers le haut qui ne se gênent pas l'une l'autre, et avec un un passe-vues va-et-vient à l'ancienne, suffisent à faire le petit décentrement latéral nécessaire... certes on va perdre un peu en largeur de vue...
Le vrai problème de mettre les deux projecteur l'un à côté de l'autre, c'est que les commande du passe-vue sont, sur le côté, très encombrantes et obligent à écarter les deux projecteurs au-delà du raisonnable... d'où la solution de les empiler pour que les passe-vues ne se gênent pas.
En projection numérique, les gens ne se rendent même plus compte car la distorsion est corrigeable par logiciel interne au projecteur. De plus si le plan de l'objet projeté et le plan de l'écran ne sont pas parallèles, il y a forcément du défaut de mise au point si on ne bascule pas l'objectif comme il faut, mais avec moins de 2 millions de pixels, on ne va pas chipoter sur la qualité de l'image projetée s'il y a du flou sur les côtés...
Un grand avantage de la correction de distorsion logicielle est qu'on peut envoyer le faisceau vers le haut depuis une table ou vers le bas depuis le plafond, tout effet de trapèze étant corrigé, ce qui permet de projeter même sur un tableau blanc affligé de ces horribles réflexions spéculaires insoutenables avec un rétro-projecteur classique. Nous laisserons aux étudiant(e)s qui nous lisent le soin d'élucider« Le Mystère Optique du Point Chaud » ;-)
Concernant le vocable « 3-D » dont nous afflige la machine commerciale hollywoodienne, on peut y voir deux origines.
D'abord, le mot stéréo était apparu au siècle dernier comme insigne de modernité des salles de cinéma où le son devenait de meilleure qualité et re-créait une ambiance stéréophonique. Il fallait donc éviter une confusion avec la stéréo-phonie.
Il est possible également que le mot stéréo appliqué à la photo et au ciné renvoie à des vieilleries inconnues du public visé actuellement par les dernières créations en images de synthèse. Donc autant faire table rase de la terminologie du passé !
Cependant le procédé de restitution du relief est classique de chez classique, même si au départ les paires stéréo sont entièrement calculées par l'ordinateur, et même si les lunettes sont à obturateur rapide droite/gauche avec synchro sur une projection numérique, un procédé probablement plus efficace que les polariseurs croisés.
Il n'y a pas de 3-D en tant que telle dans les images stéréo elles-mêmes qui sont de la bonne projection plan-plan à l'ancienne. Même si ce sont des images de synthèse, le procédé équivaut à faire le choix d'un point de vue et créer ex nihilo (et non plus par capture optique du réel) deux images avec un effet de parallaxe, mais deux images parfaitement planes, affectées des même propriétés que n'importe quelle image optique ; en particulier la profondeur de champ, si on est en capture d'images du monde réel ; pas de problème de PdC évidemment avec une fantaisie de pure création artificielle !!
Il y a donc une nuance importante entre la stéréo, même affublée du nom de « 3-D » par les commerciaux d'Hollywod, et une image holographique.
Dans l'image holographique, l'image elle-même est tri-dimensionnelle, on peut tourner autour de cette image dans la limite du cadre imposé par la plaque holographique lors de la restitution, et la vision du relief ne demande aucun artifice d'aiguillage des images vers un oeil ou l'autre.
Autrement dit, le véritable cinéma « 3-D » serait holographique, il me semble qu'il y a eu des essais, je ne sais pas où on en est aujourd'hui mais j'imagine que les contraintes techniques de l'hologramme confineront l'holographie d'images animées dans un domaine de spécialité pour collectionneurs... ce n'est évidemment pas ce qui peut intéresser Hollywood.
Message modifié (18-11-2009 10:05)
|
|