Auteur: Fabrice Pejout
Date: 02-11-2009 23:39
Bonjour,
si je peux apporter une note discordante; je n'aime pas.
Je ne discute pas les qualités des images
Ce que je discute ,c'est votre démarche qui consiste à faire jouer un chômeur type (non sans clichés) par un acteur , dans une mise en scène.
Ce recours à un "chômeur type" ,générique, pour tendre vers une sorte de théorie du désastre, vers un concept: la société peut tuer, éloigne en même temps le spectateur des sentiments et de la compassion qu'il aurait pu éprouver pour un être humain, un vrai chômeur, singulier mais universel. Vous vous éloignez de votre sujet, l'humanisme, d'autant plus que celui-ci tend à mettre en avant la dignité dans l'adversité plutôt que d'en suivre la déchéance.
Je trouve ensuite paradoxal que pour dénoncer le sort de ceux dont on n'a plus besoin, vous vous passiez d'eux. En voulant parler d'eux sens eux vous leur donnez pour la deuxieme fois le signe de leur inutilité. Cette mise en retrait par rapport à la réalité, c'est plutôt le contraire de la photographie "engagée", non?
Bref, pour moi vous êtes doublement hors sujet par les choix que vous avez fait, mais admettons le principe de la mise en scène.
Alors il faudrait aller plus loin que celà et prendre encore plus de distance avec la réalité, presque jusqu'à l'abstraction. Voyez les photographies de Edouard Levé qui, en studio, met en scène des acteurs habillés dans des simulacres de scènes pornographiques ou dans des simulacres d'actions publiques et politiques (discours, coupage de rubans...) et ce avec une abscence totale d'expression.
On entre dans une photographie qui interroge (déconstruit) les modes de représentation habituelles de ces réalités.
Vos images, elles,se coulent plutôt dans les modes de représentation habituels du chômeur, avec bcp trop de pathos.
Celle qui échappe un peu à celà a fort justement été relevée par H Peyre.
En conclusion , je dirais qu'il vous faut choisir entre deux voies: celle du classique reportage humaniste engagé en allant au contact réel de ceux dont vous voulez parler.
C'est alors votre maîtrise proprement photographique, la force graphique de vos images qui devra faire la différence.
Ou celle d'une photographie conceptuelle où c'est l'originalité et la pertinence de votre idée directrice qui soutiendra chacune de vos images....mais pour un concours 'humaniste et engagé" ça risque coincer.
Voilà, j'espère ne pas vous couper les jambes car vos images démontrent un potentiel certain et ne demandent qu'à illustrer des choix plus tranchés ou radicaux.
FP
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