Auteur: klmatfromcannes
Date: 20-10-2009 16:26
Préambule: Je ne suis pas certain qu'il ait une philosophie de la photographie (pas plus qu'il n'y a de philosophie d'autres techniques si on veut y voir une technique ou une philosophie d'autres arts si on veut y voir un art). Par contre il est certain que des philosophes se sont intéressés (et s'interessent toujours) à la photographie. Pour rester constructif, et répondre à la question, je vais mettre dans cette boîte "philosophie de la photographie" l'ensemble des reflexions sur la photographie, historiques, sémiologiques, formalistes, etc.
En réponse à la question: Moi! Sans doute parce que je suis finalement un intellectuel (d'autres pourront toujours me traiter de bobo mais je suis en fait un "bo" tout court) j'ai besoin d'un peu de sens pour développer mon plaisir, ma jouissance. "La chambre claire" m'a permis de franchir le pas de la peinture vers la photograpie. Avant, à part une photo de Colette dans un hamac, je ne voyais dans les photos qu'un support documentaire. Aujourd'hui, cette "philosophie" me permet et de m'appropier les images que je fais, et de percevoir celles des autres dans un contexte qui dépasse et le support et le signifiant direct accompagné de mon émotion.
Actuellement je travaille le concept d'appropriation: les mains dans la soupe, le corps dans l'obscurité rougeâtre, l'image qui apparaît dans la cuvette, les hautes lumières en premier, m'appartient d'avantage qu'une photo que j'aurai seulement prise puis fait tirer par un autre. Un jour j'ai développé et tiré les photos d'un ami: j'ai eu un sentiment étrange de voler quelque chose en étant le premier à découvrir cette image latente qui n'était pas la mienne. On pourra noter que ce mécanisme d'appropriation, qui touche aussi bien les films que les tirages, est encore plus fort avec les plans-films qu'on développe en cuvette.
Bien sûr, il n'y a pas que le labo, et il se passe clairement des choses lorqu'on est seul face au dépoli, sous le voile noir, à respirer sa propre respiration.
Pour finir sur une pirouette, je dirai que cette philosophie m'aide à donner du corps à l'âme mentionnée il y a peu par Raphaël dans un autre fil.
Je suis prêt à discuter de tout cela avec plaisir, mais avec un bon vin - qui somme toute est la base de bien des philosophies (et pas que de comptoir!).
Karan
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