Auteur: marin
Date: 18-06-2009 11:19
"pour casser les autres et se mettre au dessus"
Le sujet étant apparu sur le forum esthétique, je me permets ces quelques commentaires :
Le design est encore (un peu) mais plus pour longtemps un "art appliqué". Dans une société où tout le monde veut être artiste, le terme "d'art appliqué" devient naturellement péjoratif et dévalorisant. Il est donc légitime de se hausser du col et d'aspirer a une reconnaissance plus haute : les "beaux arts".
C'est une volonté ancienne qui tient de la stratégie économique d'entreprise et de la paresse intellectuelle des médias. En 1957 Alberto Giacometti répondait déjà dans la revue Arts a cette question : "Quel rapports existe t-il entre l'art de la sculpture et la beauté d'une voiture finie?", texte passionnant qui réapparaîtra sous le titre "La voiture démythifiée", il y explique clairement les différences fondamentales qui sont restées longtemps d'actualité. Aujourd'hui la situation est devenue plus complexe avec l'apparition de galeries au sens propre du terme, Kreo en tête, d'éditions ultra limitées vendues à des prix stratosphériques telle le fauteuil Lockheed de Newson. L'amalgame est consommé, on trouve désormais des designers représentés par des gens aussi puissants sur le marché de l'art que Gagosian.
Fermez le ban.
La publicité est aussi en devenir d'un "bel art" selon la même stratégie, un peu moins ancienne : on se souvient tous de la formule de J Séguéla "La pub c'est de l'art" lancée dans les années 80. Elle aussi à fait son entrée au musée, dans les galeries etc...
Pourquoi pas ? comme dirait l'autre.
Le risque c'est peut être de tombé dans l'informe formel et conceptuel dont la photographe, pardon l'artiste, dont vous présentez les travaux donne, je trouve, un exemple assez remarquable.
Comme le soulignait pertinemment boring, France Cadet ne propose aucune alternative plastique à l'esthétique de la publicité dont elle prétend faire la critique mais la reconduit assez fidèlement. La seule différence à mes yeux c'est qu'on passe de la suggestion sexuelle proposée par la campagne publicitaire, publicité dont F Cadet nous rappelle assez lourdement qu'elle convoque le fantasme du spectateur-consommateur, au passage à l'acte explicite (sadomasochisme, bondage etc) de ce qui aura été un fantasme. On pourrait donc très bien voir ces photos utilisées comme visuels publicitaires pour un catalogue d'accessoires sm. Pire, l'absence de suggestion en ne sollicitant aucun imaginaire appauvrit l'image par rapport à la publicité. La question est alors : l'opposition d'une pratique sexuelle alternative constitue t-elle une proposition artistique ?
La réponse est vite trouvée.
Amicalement donc.
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