Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 26-06-2007 07:54
Si je prends une douzaine de photos, je les scanne, je prélève des parties de chaque photo pour en fabriquer une nouvelle.
Est-ce encore une photo ? Théoriquement, oui.
Je prends une photo de famille, et, comme aux meilleures heures du stalinisme, je gomme la tronche du cousin avec lequel je suis faché depuis cinq ans, parce que ça me gonfle de le voir à chaque fois que j'ouvre l'album de famille.
Est-ce encore une photo ? Logiquement, oui.
J'ai pris une superbe photo d'un paysage breton, mais manque de bol, ce jour là, il y avait un superbe soleil et un magifique ciel bleu. Je préfère les ambiances orageuses sur la Bretagne. Donc, je fais un copier-coller d'un superbe ciel d'orage, nuageux à souhait, qui meuble beaucoup mieux le haut de l'image.
Est-ce encore une photo ? Pratiquement, oui.
Dès qu'on augmente les contrastes, qu'on bidouille un tantinet l'histogramme, qu'on accentue une zone un peu faiblarde, c'est toujours une photo ?
Quand sous l'agrandisseur on retient une zone, ou on en fait venir une autre, c'est toujours une photo ?
A mon avis, soit on prend la photo sortie du boîtier, et on la tire telle quelle, soit tout est permis, et je ne vois pas où on s'arrêterait.
A partir du moment où vous entreprenez ce genre de métamorphose, je ne comprends pas où est le problème. Si on pousse le raisonnement très loin, ça peut devenir une question d'éthique, d'honnêteté.
Le but peut être scientifique. Quand on commence ces manipulations, il n'est pas sérieux de se poser des questions existentielles. ;>)
C'est, techniquement parlant, une image. Alors qu'on l'appelle image, cliché, photographie, je ne vois pas le problème.
Chacun a un rapport personnel à la vérité, à l'authenticité. Il se détermine par rapport à ses propres valeurs. Mais ce n'est plus une question de terminologie.
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