Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 28-04-2008 13:57
Bonjour au club rolleiphile !
J'ai toujours gardé mes rolleiflex avec cellule sélénium dans des étuis de cuir donc en principe ces éléments sélénium ne voient la lumière que pendant les heures de travail ;-)
En réalité le vieillissement des éléments sélénium est quelque chose de difficile à maîtriser.
Je pense que si le posemètre est exposé en permanence en plein soleil brillant, ce n'est pas forcément bon, mais pas parce que l'élément s'épuise à travailler trop ! Du moins, c'est un peu plus compliqué que cela.
L'élément sélénium est un convertisseur d'énergie qui transforme la lumière en électricité comme une dynamo de vélo transforme l'huile de coude en électricité ou comme un haut parleur électrodynamique transforme l'électricité en vibrations sonores.
L'élément sélénium ne s'use pas plus à transformer la lumière en électricité que le haut parleur ne s'use à transformer l'électricité en ondes sonores.
Néanmoins on n'aime pas trop faire fonctionner un haut parleur à pleine puissance 24h/24. Donc le problème est un peu pareil. avec l'élément sélénium.
Parmi les causes de dégradation et de perte de la sensibilité et de la courbe d'étalonnage des éléments sélénium, il y le fait que la conversion photoélectrique s'effectue au niveau d'une jonction entre un métal et un semi-conducteur (en l'occurrence le sélénium).
L'effet de l'oxydation de ce contact d'un type particulier sous l'effet de l'oxygène de l'air et de l'humidité est l'une des causes de dégradation des éléments sélénium. Donc cela dépend de la qualité d'un scellement d'étanchéité et de l'environnement auquel la cellule est exposée.
Donc l'exposition à la lumière induit indirectement une exposition à la chaleur et aux rayons UV qui sont des facteurs de vieillissement, directement ou indirectement par le vieillissement du scellement et de la jonction parce que la chaleur et peut-être la lumière accélèrent les effets de corrosion.
Dans la notice du Bessamatic Voigtländer équipé du même type de cellule, on disait que le dispositif risquait de ne pas survivre à la chaleur excessive d'une boîte à gants de voiture (des années 60) lorsque le véhicule est en plein soleil (surtout si on est en Californie dans le désert Mojave à une bonne journée de route du réparateur Rollei le plus proche).
Par exemple pour reprendre l'image de la dynamo de vélo, sur mon Peugeot PL-50 modèle 1967, la dynamo (en réalité, en terminologie stricte c'est un alternateur) est d'origine et elle fait toujours son boulot de transformer l'énergie musculaire en électricité. Mais le fil de cuivre (isolé) d'origine qui alimente les lampes est complètement bouffé, de même que contact de masse par le châssis du vélo. À l'intérieur de la dynamo je suis sûr que les aimants permanents n'ont pratiquement rien perdu de leur force et que l'engin s'acquitte de sa tâche de convertisseur d'énergie comme il y a 41 ans.
Mais il y a du boulot a rénover le circuit d'alimentation !
Le problème sur le Rollei c'est qu'on ne peut pas rénover la jonction de la cellule sélénium si elle est bouffée ; seul l'échange standard contre une autre cellule est possible.
Au passage, le galvanomètre à cadre mobile logé dans le bouton de mise au point est comme un haut parleur, c'est inusable mais c'est une pièce sensible aux chocs. Donc s'il fonctionne, il n'y a guère de vieillissement à craindre de ce côté là.
Donc en pratique avec un rolleiflex sans étui cela ne mange pas de pain, lorsque l'appareil est sur une étagère, de couvrir la cellule avec quelque chose d'opaque. Lorsque l'appareil est dans un sac photo, la question ne se pose guère.
Il faut également penser à préserver le galvanomètre des chocs, c'est l'un des points faibles sur un appareil par ailleurs très robuste.
On pourrait également détourner ce que les mamans de Franche Comté disent aux garnements qui font des histoires avec la nourriture :
« Voilà un bon posemètre sélénium Gossen pour ton Rollei :
prends-le ! (surtout s'il fonctionne) si t'en veux pas (qu'il fonctionne ou pas !), laisse-le !»
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