Auteur: SCHOTT Raphaël
Date: 13-04-2008 12:14
Et puis pour mettre de l'eau au moulin ( ma dent va mieux donc après j'arrête, le cerveau dés embrumé de la douleur m'autorise à partir tester le nouveau 300 en 8*10 ).
Voilà un extrait de l'ouvrage de Christian Magnan
" Et Newton croqua la pomme..."
Éditions Belfond/Sciences (1990)
Comme quoi on a pas fini d'en parler et ça ne fait pas l'unanimité:
" Cependant l'infini est un concept mathématique purement imaginaire car la suite infinie invoquée à l'instant n'existe qu'à l'état d'idée. Le réel quant à lui ignore superbement cet infini-là. En effet, la science établit un rapport avec le monde réel à l'aide d'un seul et unique moyen, le nombre, élément issu lui-même d'une mesure expérimentale. Or qui dit nombre exclut l'infini, qui n'est pas un nombre. Par conséquent le monde réel ne peut pas être mis en contact avec l'infini du théoricien. Ainsi qualifier le monde d'infini ne signifie rien en physique car il n'est pas possible d'imaginer la moindre expérience, forcément accompagnée de mesure, et donc exigeant un nombre, nous permettant de donner un sens à ces mots. Parler d'infini est parler dans le vide car c'est user d'un terme impossible à définir expérimentalement.
Si la notion d'infini a une utilité en mathématiques, elle n'en a aucune en physique. Au contraire l'apparition de l'infini dans une théorie physique signale que cette dernière est tout simplement fausse, ou au moins inapte à gérer la situation dans laquelle l'aberration se présente. Au début de ce siècle la théorie électrique était incapable d'expliquer l'existence de l'atome d'hydrogène, l'élément chimique le plus simple puisque constitué d'une charge positive, le proton, et d'une charge négative, l'électron. En effet, selon les formules, la force d'attraction électrique augmentait lorsque les charges se rapprochaient l'une de l'autre. Malheureusement, cette croissance ne présentait aucune limite de sorte que les deux particules auraient dû se précipiter l'une sur l'autre sans possibilité d'atteindre une structure stable, contrairement à ce qui est observé (car la matière existe). L'apparition indésirable de l'infini dans ce contexte constituait la preuve irréfutable que la théorie était insuffisante. Il a fallu en changer et la remplacer par une nouvelle : la « mécanique quantique ».
L'infini en physique, c'est donc l'élément indésirable par excellence. C'est le diable dans un bénitier. C'est le signe d'une faiblesse irrémédiable dans la construction formelle du savant. C'est l'impossibilité radicale de poursuivre le raisonnement. C'est l'impasse. Et si les rapports entre la nature et la science sont bien affaire de sexe, je dirais que l'infini, c'est clairement la débandade.
En tant que scientifique, je trouve déplorable d'être contraint de débattre de l'inadéquation de l'infini à la réalité car cette inadéquation relève des concepts les plus fondamentaux de la physique et n'est pas négociable. Tout physicien qui a quelque peu réfléchi à son outil de travail devrait en convenir. Au pire, c'est d'abord à ceux qui prétendent pouvoir utiliser cette notion dans la description concrète de l'Univers à expliquer et justifier le sens qu'ils lui donnent. Le problème est que le débat que j'esquisse, vain et inutile, est susceptible de jeter le doute dans l'esprit des profanes, lesquels ne manquent pas de faire remarquer (j'ai trop souvent entendu la réflexion) que si « même les scientifiques ne sont pas d'accord entre eux » ils ne voient pas pourquoi ils accorderaient crédit à des théories scientifiques vues comme des élucubrations hautement discutables. Et de se mettre à douter de tout, en étant incapables d'apprécier à leur juste valeur les résultats incontestables de la science, par exemple sur la structure et l'histoire de l'Univers. Or, si les scientifiques ne sont pas capables de dire la vérité (quitte bien entendu à avouer leur ignorance dans bien des cas) ce n'est pas l'amateur (au sens le plus noble du terme) qui sera capable de faire le tri entre des discussions fructueuses et des débats artificiels, des résultats sûrs et des hypothèses vagues. "
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