Auteur: Henri Peyre
Date: 10-06-2007 08:33
Oui, c'est très bon.
On y voit comment la photographie perce à l'académie des sciences et plonge l'académie des beaux-arts dans l'embarras, comment la photographie, monochrome par essence, donne l'impression d'être d'emblée tout de suite plus juste et précise que le dessin, comment ensuite, les peintres soient s'en servent (tout d'abord un peu honteusement), soit la dénigrent au prétexte qu'elle ne choisit rien, et que tous les détails y ont une égale importance.
Et c'est là que j'ai trouvé le propos le plus intéressant : j'ai enfin compris d'où venait, exactement, la "vulgarité" de Courbet, ce serpent de mer de la critique de la peinture. Avant ce livre, je n'avais jamais compris combien les fondements de ce reproche de "vulgarité" venaient des reproches adressés à la jeune image photographique, une image "sans qualités", c'est à dire sans les qualités de l'oeil du peintre, qui est de hiérarchiser, de construire, d'éliminer les détails non significatifs. Avant la lecture de ce livre je comprenais Courbet comme je comprenais Zola : je trouvais aux deux un naturalisme grossier et facile, et je croyais que la "vulgarité" de Courbet tenait dans ce reproche que je faisais à Zola ! Après la lecture je me suis rendu compte combien Courbet le révolutionnaire avait du être fasciné par cette autre révolution qu'avait du être l'apparition de la photographie dans la sphère du visuel.
Je terminerai en disant que ce livre éclaire nombre de débats encore présents dans le champ photographique contemporain. Donc je le recommande chaudement ! (je pensais d'ailleurs le mettre en notes de lecture sur galerie-photo en fin de mois)
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