Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 22-03-2007 12:29
"Vous avez déjà vu des informaticiens nostalgiques de quoi que ce soit de leur matériel ? La nostalgie, c' est pas un truc d' informaticiens, dommage pour eux !"
Thomas,
Pas tout à fait d'accord. D'abord ce n'est pas spécifique à l'informatique. Si les informaticiens considèrent leur matériel comme un outil, et rien d'autre, c'est probablement au même titre qu'un photographe professionnel qui considère son matériel comme un outil pour gagner sa vie.
Ceci dit, c'est vrai qu'il y a un côté artistique dans la photographie qu'il n'y a pas dans l'informatique. Configurer un routeur... tu parles d'une oeuvre d'art... Quoique... autrefois, le développement de programmes en langages informatiques "pur jus" avait quelque part un côté "artistique", et on y prenait parfois du plaisir. Mais oui... On "pissait la ligne"... mais on aimait fignoler. Langage machine sur les calculateurs, (je me souviens de mon premier P652), Cobol, Basic, DBase etc... c'était différent d'Access... Si on voulait afficher "Bonjour" ligne 12 colonne 6, il fallait le demander ((gentiment) au programme. D'où le "@" : @ 12,6 say "Bonjour". Sinon, la célèbre "Syntax error" ou une insulte équivalente.
"Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans..." Il est normal qu'aujourd'hui, un informaticien de 25 ans ne soit pas nostalgique. Mais qui vous dit que dans 30 ans...
J'ai toujours eu accès en informatique à du matériel de pointe, certes, et il ne suscite pas "l'affection" que j'ai pour ma chambre. Si j'étais photographe professionnel, peut-être que je finirais aussi par considérer mon matériel comme un simple outil. Quoique je crois deviner qu'Henri Gaud a pour ses Sinar Norma une forme de tendresse, un petit faible qu'il n'a pas pour son EOS. Mais le Canon, c'est le boulot, les Norma c'est l'art.
C'est peut-être aussi parce que j'ai commencé dans l'informatique à l'êre des cartes perforées 80 colonnes. Même si maintenant j'accueille les nouveautés avec une certaine indifférence, il m'arrive encore parfois de m'émerveiller des progrès techniques que j'ai connus en 33 ans : de l'IBM 370/155 et des consoles 2741 de 1974 au Dual Core... en un peu plus de 30 ans. Même si maintenant je deviens un peu blasé, je repense parfois que l'équivalent en performances et capacités disques du Thinkpad que j'ai devant moi en ce moment n'aurait pas tenu il y a 30 ans dans un hall de gare (climatisé, évidemment, ce qui n'avait pas que des inconvénients à l'époque... des passages dans un centre de calcul climatisé sur le plateau des Milles au mois d'août, ça avait ses avantages).
On a surtout la nostalgie de sa jeunesse qui fout le camp, ça oui. Même informaticien. Et peut-être un peu des outils qu'on avait à l'époque, qui étaient moins impersonnels, de la pression qui était différente. Pas absente, mais différente.
Sans faire du Zola, je ne crois pas - mais je me trompe peut-être - que les conducteurs de TGV aient aujourd'hui le même attachement qu'avaient les chauffeurs et mécaniciens de leur Pacific Nord 231, ou de leur 141...
Ceci dit, on peut être informaticien et aimer travailler avec une chambre 4x5". Au contraire, on a l'avantage d'avoir des repères et des comparaifs. Et on peut être nostalgique... si, si...
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