Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 09-10-2009 09:08
[GRANDE DIGRESSION SUR LA GODASSE MAIS C'EST AUSSI IMPORTANT QUE LE CHOIX DU TRÉPIED !]
Le célèbre manuel du gradé d'infanterie, un petit catéchisme militaire d'autrefois par questions-réponses, disait :
« De quoi sont les pieds ? Les pieds sont l'objet de soins constants ! »
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Difficile de contredire Samuel Gérard ! (vu à la télé, donc on ne peut plus argumenter contre ;-)
Mais on peut néanmoins nuancer.
En ce qui me concerne, ayant trimballé des sacs assez lourds pour des randos en autonomie complète, je dirais :
- sur sentier ou alpage débonnaire, vous prenez ce que vous voulez, même des espadrilles à semelle de corde.
Et, je le concède à Samuel, même sur les pierriers très pentus du Ried alsacien, effectivement les chaussures souples, çà passe ;-)
- si vous sortez des sentiers genre GR... c'est vous qui voyez, surtout avec 20 kg sur le dos. J'ai utilisé pendant plus d'une décennie une classique paire de chaussures cuir d'alpinisme à l'ancienne, fort lourdes mais fort rigides, prévues en principe pour des grandes courses mixtes classiques que je n'ai jamais faites (sauf une fois) et je ne n'aurais troqué pour rien au monde ces grosses godasses contre des trucs souples... dans la mesure où la chaussure était parfaitement faite à mon pied avec en plus une semelle thermo-formée ajustée pile-poil. Ces chaussures, les TD-sup(TM) de chez Trappeur(TM) étaient le concurrent direct de la fameuse Super-Guide(TM) de chez Galibier(TM) qui a fait souffrir tant de pieds dans les années septante du siècle dernier ;-)
Les problèmes ne se posent pas à la montée, sauf les chevilles qui se tordent dans les pierriers à la montée également, ils se posent plutôt à la descente, en particulier le problème des orteils qui cognent en bout de chaussure.
Si vos ongles d'orteils deviennent bleus, un truc classique chez les footballeurs, outre que c'est très douloureux, entre le moment où arrive "l'accident" et le moment où le nouvel ongle a complètement remplacé l'ancien, chez moi il s'écoule une année.
Donc les chaussures trop serrées et trop souples... pas avec un 20kg sur le dos et pas hors sentier. Du moins pas pour moi.
J'ai effectivement des chaussures souples, mais c'est pour le Crêt-de-Chalam ou le Chasseral avec les enfants ;-)
Mes vieilles godasses Trappeur(TM) ayant fini par crever de l'intérieur malgré plusieurs réparations, j'avais tenté les « coques plastique » d'été, des Koflach(TM) une marque autrichienne qui m'avait donné satisfaction en ski de rando.
Pour moi ce fut une catastrophe : la coque plastique n'avait pas la forme de mon pied, donc j'avais mal dedans, et inutile d'espérer que la coque finisse par se faire à votre pied ! J'ai tenté de déformer un peu la coque avec un pistolet à air chaud.. bof je me suis vite arrêté avant de tout brûler...
Le chausson était de très mauvaise résistance, une espèce d'ersatz de cuir pas costaud du tout,fourré d'un truc synthétique vaguement laineux mais qui se perça en rien de temps, en deux étés peu intenses le chausson fut râpé, j'ai dû le rafistoler ; plus la transpiration sur sentier d'été qui rendait encore plus pénible le port de ces godasses....
Bref le principe de la coque plastique qui fonctionnait parfaitement pour moi l'hiver en ski de rando ne fonctionnait absolument pas en été.
Néanmoins j'ai été très satisfait de ces Koflach(TM) plastique d'été, mais une seul fois, en été en Islande où, là, le principe fait merveille : en Islande on est toujours dans des endroits gorgés d'eau ou sur des roches très abrasives, les névés sont juste derrière les dunes de sable noir (au point que çà fait drôle d'être à la plage avec des godasses de course d'alpinisme sur neige) bref la coque plastique, au contraire, c'est ce qu'il faut dans ces conditions froides et humides.
Donc aujourd'hui je « tourne » avec deux paires, des souples pour la rando-famille-sentier peu chargé, et j'ai racheté des cuir d'alpinisme classique, des italiennes de facture superbe, avec la bande de caoutchouc qui protège bien la couture de semelle et l'avant de la godasse : la légende dit que les Super-Guide(TM) finissaient par crever de l'avant, à force de « gratonner » dans les rochers...
Donc souples et rigides, de mon point de vue, il faut les deux, en quelque sorte : car, comme pour le choix de l'appareil photo ou pour le choix d'une paire de skis, le modèle universel « All-Round-Chaussure-Alpinism' » n'existe pas !
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