Auteur: Henri Peyre
Date: 23-07-2009 10:57
romain a écrit:
> Finalement c'est comme si
> la photographie ne pouvait montrer l'action de tuer.
Une référence à ce propos :
On connait l'épouvantable image prise au Bengladesh en décembre 1970 montrant l'exécution par des vainqueurs bengalis de collaborateurs pakistanais par Christian Simonpietri (un type qui se tord de douleur par terre tandis que deux sbires le percent à la baïonnette. On voit que le photographe est devant la foule au premier rang et que la scène pourrait même être organisée pour ce spectateur attentif).
Simonpietri dit "On ne peut pas intervenir. On ne peut arrêter un massacre, ni une guerre. Cette tension entre le devoir de témoigner et l'incapacité à aider les gens en situation de détresse est épuisante. A chaque fois qu'on fait des photos dangereuses, on y laisse un peu de soi-même, on se vide"
Sur le même stade au même moment, Marc Riboud refuse de prendre la photo : "ce n'est pas un reflexe moral ou éthique qui m'a arrêté, mais la vue du sang qui jaillissait des yeux des supliciés. Je pense aussi que les tortionnaires sont souvent excités par la présence de caméras et d'appareils photos, c'est pourquoi si c'était à refaire je ne ferais toujours pas cette photo.
Il est vrai aussi que grâce à cette photo, Indira Gandhi [l'Inde était l'allié des Bengalis pour l'indépendance - note HP] a fait arrêter ces atrocités, ainsi qu'elle me l'a dit un peu plus tard."
Source : Les 100 photos du siècle - Editions du Chêne (1999), p57
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