Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 09-04-2009 10:07
Je voudrais juste ajouter un point d'importance : bien entendu le fait de basculer de l'angle indiqué ci-dessus ne suffit pas à lui seul à déterminer le plan de mise au point : une fois l'angle basculé selon la règle (focale / hauteur) il faut bien entendu mettre au point sur une partie du sol pour avoir tout le plan du sol net.
Le réglage de l'angle selon la règle (focale / hauteur) ne fait que mettre le pivot de Scheimpflug au sol, ensuite la mise au point (MAP) sur le sol va fixer le plan autour de ce pivot. Si on met au point en l'air quelque part devant l'appareil, avec la bascule réglée comme précédemment, le plan de netteté devient un plan incliné qui part du sol sous l'appareil au niveau du pivot et qui monte à l'endroit de la mise au point.
Par exemple sans toucher la bascule si on fait la MAP à 1,5 m devant l'appareil sur un objet placé à 1,5m de haut, le plan de netteté grimpe à 45° et le sol sera bien entendu flou !
La zône de netteté étant dans tous les cas un éventail autour du pivot, de part et d'autre de ce plan.
Voir les dernières images de ce petit article, j'ai amélioré le dessin du demi-scheimpflug par un deuxième dessin (2A et 2B).
http://www.galerie-photo.com/chambres-optiques-mouvements.html
Dans le cas de la prise de vue avec un 300 mm placé à 1m70 du sol, on peut même préciser la zône de netteté facilement : bascule selon l'angle (focale / hauteur), MAP au sol, le plan de netteté parfaite est au sol ; le plan limite de netteté acceptable part du pivot au sol sous l'appareil et monte vers le ciel ; il atteint la hauteur de l'appareil soit 1m70 à une distance égale à l'hyperfocale classique.
Si on prend par exemple pour le 300 un diaph f/32 et un cercle de confusion de 0,15 mm (disons pour du 13x18) alors l'hyperfocale vaut dans les 18-19m, ce qui n'est pas la porte à côté. Le coin de netteté avec MAP au sol est donc tout ce qui est au sol et un peu au-dessus, mais dans un coin de 18m de long sur 1m70 de haut, plus le prolongement de ce coin vers l'infini.
Il peut donc être avantageux de mettre au point à peine au-dessus du sol pour bénéficier du coin de netteté inférieur, qui est perdu sous le sol si on fait strictement la MAP au sol.
Si on bascule de la moitié de l'angle en question, le pivot se trouve alors sous le sol à une fois la hauteur du trépied, en mettant au point au sol le plan de netteté parfaite et les deux plans de netteté acceptables montent alors vers le ciel ce qui peut être plus intéressant s'il y a un objet élévé dans le champ, mais on perd alors la netteté au sol juste devant l'appareil.
Lorsque Henri G. dit : à la louche, avec le 17mm ce sera une louche suisse-de-précision, c'est en pensant à cette situation qu'il me semble utile de se rappeler la règle de l'angle (focale / hauteur) non pas comme dogme intangible, mais, comme dirait Mao-Tsé-Toung, comme un guide pour l'action et base de départ raisonnable.
Avec un 300 mm en quat'cinq ou en 20x25, les 10 degrés du réglage de base et sont suffisamment généreux et la visée sur dépoli suffisamment confortable pour que le mode 100% visuel fonctionne. Sinon comment nos aînés auraeint-ils gagné leur vie avec une chambre ;-)
Mais çà ne mange pas de pain de se rappeler que c'est autour de 10°, pas 3° ni 30° ;-)
Une autre remarque qui nous ramène à l'excellent article de M. de la Tullaye, c'est que la qualité d'image fournie par les capteurs n'ayant cessé de progresser, il y a des questions qu'on ne se posait pas et qu'il faut désormais se poser sur la performance des optiques, sur les problème de mise au point précise, etc... . C'est ce qui est dit dans l'article de manière à la fois plaisante... et intraitable.
En particulier si j'avais une profession de foi à publier ici, c'est que plus l'exigence de qualité (professionelle bien sûr ;-) augmente, plus les prétendus gains en profondeur de champ en petits formats deviennent illusoires.
Désormais, la qualité d'image des capteurs silicium moyen format surclasse le film grand format scanné, les capteurs 24x36 deviennent la norme de fait chez les pros, on est donc bien obligé de se rendre compte que le meilleur diaph des optiques de course optimisées pour le 24x36 ou le 4,5x6 cm ce n'est plus f/16 ou f/22 mais que c'est 5,6 ou 8 maximum.
Donc on est piégé par la loi d'airain de l'hyperfocale et des cercles de confusion (CdC) qui doivent être d'autant plus serrés que le format est petit.
- si le CdC "c" est proportionnel au format,
- si on utilise le meilleur diaph "N" qui évolue aussi, hélas, en proportion du format,
alors l'hyperfocale classique H = (f.f)/(N.c) est inchangée si on applique le même rapport aux focales et aux formats, avec des conséquences immédiates et dures à avaler :
- en prise de vue classique sans bascule le gain de profondeur de champ n'existe pas si on travaille au meilleur diaph avec un CdC correctement serré ;
- en prise de vue avec bascule il n'y aucun gain non plus si on regarde le coin de netteté côté objet qui est aussi gouverné par l'hyperfocale ; la seule chose qui change, c'est que l'angle de bascule diminue en proportion de la focale.
Donc pour dire les choses crûment, si vous trouvez que 1° de bascule c'est négligeable sur votre reflex 24x36, c'est très probablement que vous n'avez pas en petit format la même exigence de qualité que vous aviez en grand format lorsque vous basculiez de 5° avec une focale 5 fois plus longue.
Certes, les clients d'aujourd'hui ne sont plus ce qu'ils étaient, mais pour une page A2 dans le supplément mensuel Mode & Publicité de votre quotidien favori, çà vaut bien de peaufiner son image ! Les nouveaux clients exigeants arrivent en même temps que le P65 à 30k-euros !
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