Auteur: PascalM
Date: 10-06-2006 11:35
Classique,
Je vais détourner le fil de son sens initial et préciser ma pensée sur le terme "classique"... ça fera de la lecture pour le WE.
La photo pratiquée par Smith et Chemlee hérite en droite ligne d'Adams (y compris sur le plan technique en bien des points).
L'écart par rapport à la norme Adams est l'utilisation de très grand format quand le petit père se contentait de grand format et la systématisation du tirage contact sur papier chlorure.
Adams en son temps avait pratiqué la même glissade : pratiquer une photo de paysage qui suit les critères esthétiques de ses prédécesseurs (O'Sullivan par exemple) en y apportant une certaine perfection technique rendue possible par de nouveaux matériaux.
Adams n'a pas toute ma sympathie sur bien des plans mais il faut lui reconnaître ce mérite : sur le plan technique il était à l'écoute de son époque.
Michael et Paula sont figés sur une technique qui date des années 40-50 : une sorte d'intégrisme technologique. Je n'ai aucun doute sur la superbe qualité technique des tirages (je n'ai pas encore eu l'occasion d'en voir) mais est-ce bien nécessaire ?
Retournons aux sources, allons voir des images de O'Sullivan et comparons avec Adams ou avec Smith et Chemlee. La perfection technique est là mais une grande partie de la force de l'image est partie. A force de chercher à lisser, soigner le moindre détail, s'attarder sur le rendu de telle lumière ou de telle ombre la vision d'ensemble disparaît.
En leur temps des gens comme O'Sullivan ont innové : leur photographie n'était pas un décalque de la peinture de paysage, ce n'est pas le cas de Smith et Chemlee qui restent dans les traces ouvertes par leurs prédécesseurs.
La musique classique est un très mauvais point de comparaison : les mêmes compositions sont jouées depuis des années et chacun essaie de les interpréter au mieux. La photo, et les arts plastiques en général, ne sont pas comme la musique un art d'interprétation. Une partition n'existe que si elle est jouée, une photo existe sans avoir besoin d'un interprète (on va oublier les nuances du tirages qui ne sont pas en cause ici).
Je n'ai rien contre Paula et Michael, ils sont même plutôt talentueux par rapport à beaucoup de leurs collègues américains qui sévissent sur le même marché. Car l'explication est là: c'est un marché avec des acheteurs qui cherchent du "comme Adams" et ils y répondent avec une esthétique identique et des procédés d'époque.
Leurs efforts pour continuer à fournir du papier chlorure sont admirables et méritent d'être salués, il n'y a rien à dire à ça (c'est d'ailleurs pour ça que j'avais signalé le bon lien).
La vente de leurs images en France... c'est pas gagné, mais qui sait, l'américanisation des goûts fait son chemin... ça peut marcher. Si je suis à Paris j'irai voir car les tirages sont probablement superbes, mais pour moi ça reste d'un intérêt photographique très secondaire
Finalement le terme classique n'est pas adapté.
O'Sullivan est un classique... mais lui n'avait pas cherché à faire du classique, c'est l'histoire qui en a décidé ainsi.
Pour les images de Chamlee et Smith il y a un terme qui existe et qui est assez adapté : pompier, des images inspirées des grands classiques, réalisées avec une technique très au point mais qui souvent manquent d'inspiration ou d'imagination
Ce n'est pas honteux, la preuve Orsay en est plein!
Pascal
mielep-aux bons soins de-wanadoo.fr
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