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phorum - informations et actualité - Words without pictures

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 Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   07-11-2008 19:39

Bonjour à tous,

Words Without Pictures est un blog sur la photographie, sans image(s) comme son nom l'indique, et il est écrit en anglais.

First, I have to tell you I'm not involved !

Mais j'aimerai, de façon très intéressée, connaître votre avis sur ce blog.
Voilà, à vos claviers guys!

Best.

m




 
 Re: Words without pictures
Auteur: Cantal 
Date:   07-11-2008 21:29

Faut causer anglish pour entraver que dalle !



"Photography is a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing".


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   07-11-2008 21:36


"Faut causer anglish pour entraver que dalle !"

Je comprends pas.
:)


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Didier B. 
Date:   07-11-2008 21:41

Mon avis ? Je m'en tape grave !!! Je n' ai pas appris à lire l' Anglais. Et n'en ai pas envie!

Didier B.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   07-11-2008 21:48

D'accord Didier, pas de problème, je conçois cela parfaitement.
Mais les autres, ceux qui "entravent" quelque chose ?


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Arne 
Date:   07-11-2008 22:25

Godkväll,

J'aime pas LA synthèse et encore moins les synthèses : ceux qui ont "fait" un IUFM comprendrons (;OD)))))))))))

A.

Qualis artifex pereo


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   07-11-2008 22:30



Tu veux dire que tu trouves cela "scolaire" ?


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Arne 
Date:   07-11-2008 22:48

Hej,

Non, la synthèse au niveau de l'EducNat est, je n'ai pas peur des mots :
un ART pratiqué à l'aide de plusieurs tableaux, de Stabilo, de différents documents (3 en général), se décomposant en 2 / 3 / voire plus parties selon les académies, avec neutralité et objectivité et .... il faut en faire au moins une dans sa vie, il faudrait des pages pour l'expliquer, il fallu la généraliser !!!!

A.

Qualis artifex pereo


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   08-11-2008 20:09

A Arne,
et donc rapporté au contenu de ce blog ?

Et sinon, pas d'autres avis ?


 
 Re: Words without pictures
Auteur: georges laloire 
Date:   08-11-2008 20:55

Traduit en patois Serbo-Croate antique, ce serait peut-être compréhensible.
De la masturbation intellectuelle érigée en philosophie transcendentale pour hypertrophié du bulbe rachidien.
Moins palpitant que les mémoires de Ginette la caissière du magasin d'en-face qui fait Kustom Kulture avec son Nomme le Ouaikennnde.
Plus abscons qu'une table de logarithmes, quand on n'avait pas encore inventé les machines à calculer.
Aussi soporifique que l'annuaire téléphonique de Oulan-Bator ( Mongolie ).
Aussi joyeux que le Catéchisme de Saint-Alphonse, Imprimatur Nihil Obstat, Leodiensis 1888.
Plus ennuyeux qu'un traité sur la vie sexuelle des vers de terre en milieu acide entre le quatorzième parallèle et la banlieue de Patacouille-sur-Meuse.
Et dire qu'elles croient qu'on s'amuse sur Internet !!!
Pfffft !




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   08-11-2008 21:06

Merci Georges !
Au moins c'est clair.

D'autres avis sur le fond, la forme, le principe ?


 
 Re: Words without pictures
Auteur: VentdeSable 
Date:   08-11-2008 21:47

Je sais lire et comprendre l'anglais. J'aime lire et comprendre l'anglais.

Mais là, la forme me bloque de façon rédhibitoire. Surtout qu'en général je préfère le réel à l'abstraction.

Honnêtement, cela aurait-il fait beaucoup de mal à la valeur du texte que d'en rendre la mise en page un peu plus agréable ?

Jérôme.




 
 Re: Words without pictures
Auteur: Arne 
Date:   08-11-2008 22:38

Bonsoir,

Walead Beshty en photographie réalise ou interview.

Son discours est-il cohérent, abscons ? .... ses écrits sont imbitables (c'est français comme mot ? Ma femme vient de me l'apprendre et elle rigole (;OP]]]]]

A.

Qualis artifex pereo


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   08-11-2008 23:35

imbitables (c'est français comme mot ?

Sans aucun doute

biter veut dire comprendre

(1905) De l’argot de Polytechnique, de bite.

biter /bi.te/ transitif 1er groupe (conjugaison)
(Argot) Comprendre quelque chose (employé souvent à la forme négative).
Je bite rien du tout à ce problème.
J'ai rien bité au cours de maths !

(Argot) Casser, Niquer, Arnaquer, Duper, Berner quelqu'un (employé généralement à la forme vocative)
"Je t'ai bité avec cette répartie cinglante!" (= "Je t'ai bien eu, en te répondant de manière à ce que tu ne puisses plus rien dire!")
"Flûte, j'ai été bité par ce vendeur!" (= "Ce vendeur m'a bien arnaqué!")

Variantes orthographiques
bitter
Apparentés étymologiques
imbitable

Traductions
anglais : catch (en)

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   09-11-2008 12:14

<<Mais j'aimerai, de façon très intéressée, connaître votre avis sur ce blog.
Voilà, à vos claviers guys!<<

Sans doute intéressant,
Beau travail pour sortir des mises en pages (mises en écran) très plan plan que l'on trouve d'habitude sur le oueb,
Mais entre mon niveau d'anglais et mon indécrotable paresse,
Ce blog n'est pas pour moi,
Et je n'ose tenter la google traduction,
Mais parler d'image sans image c'est une étape intéressante.

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   09-11-2008 14:08

Merci Henri pour le commentaire.

Je remercie également Arne pour le lien video avec Walead Beshty (personnellement je trouve passionnant son travail sur l'ambassade abandonnée d'Irak en ex DDR, le sujet et son "(mal) traitement" plastique).

Pour en revenir à Words Without Pictures, d'autres remarques qui n'auraient été faites ?


 
 Re: Words without pictures
Auteur: GERARD 
Date:   09-11-2008 14:31

Chapeau le pensum , à copier 10 fois après la sortie du cours ??
Oui M.GAUD , de l'argot taupinal , imbitable , en argot populaire imbaisable .
Mais la translation linguistique ne facilite pas le dépouillement . Alors par prudence ne pas jeter à la corbeille . Dans l'attente d'une interprétation en bourguignon du terroir ... JG


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   17-11-2008 12:47

Afin de permettre une discussion plus sereine du texte et de son contenu, je vous en envoie une traduction qui j'espère sera lisible. Elle m'a demandé du boulot comme on dit. D'une part mon anglais a de sérieuses limites, d'autre part le texte est d'un tel style postmoderniste qu'il est parfois difficile à comprendre. Pour le rendre lisible, j'ai donc pris quelques libertés et sans doute fait pas mal de contre-sens. si cette traduction tombent sous les yeux d'anglicistes avertis qu'il n'hésitent pas à y apporter des correvtions.

Les thèses de l'auteur, ne sont pas toujours évidentes, écrite dans un style très marqué par la French Theorie, terme qui résume les influences de la pensée française, Barthes Derrida
Foucault, Lacan sur la pensée américaine, dont l'un des repère est justement le Whitney Museum, qui est le seul musée de New York à proposer ce genre de littérature dans sa librairie.

A vous de dire ce que vous en pensez, après lecture, et pas simplement a priori, histoire de faire progresser la discussion.


LA PHOTOGRAPHIE EN RESUME

WALEAD BESHTY

L’objet ne précède pas la perception, c’est la perception qui crée l’objet. — Ferdinand de Saussure

C’est en effet le caractère principal du sadique que d’humilier son objet et alors ou — de ce fait — satisfaire son désir. —Walter Benjamin

Tout commence avec deux images… —Rosalind Krauss

Le problème constitué par la « Photographie » comme catégorie ontologique a gagné en valeur. Il existe une réaction très souvent exprimée, selon laquelle la photographie, quelles que soient ses limites et ses pratiques aurait perdu tout sens historique, et ne serait plus qu’un champ informe de pratiques sans liens entre elles. Le lourd débat des années soixante dix et quatre vingt entre le sérieux « Photography Département », le « Museum of Modern Art » et les critiques « postmodernistes », afin de faire perdre à chacun d’entre eux son monopole sur l’histoire de la photographie, a redonné à la Photographie toute son importance ; une énergie qu’avec le temps elle avait presque perdue. La photographie prise entre le combat intellectuel urgent pour défendre sa place et son changement de nature à la suite des progrès de la technique, est entrée dans un tel flou esthétique et théorique, qu’il serait peut-être dangereux de rouvrir le débat sur son identité. A la suite de ce qui est maintenant une vieille polémique d’une dizaine d’années, le paysage théorique de la photographie est encombré de pièces et de morceaux, de fragments de thèses précédemment formulées et de conventions esthétiques. Comme l’a écrit George Baker dans son essai « Photography’s Expanded Field » : « Les critiques sont aujourd’hui d’accord pour dire que le problème n’est pas que n’importe quelle image puisse être dite photographique, mais plutôt que la photographie elle-même est dépassée, vendue, abandonnée, technologiquement démodée, esthétiquement déplacée. »1 En d’autres termes, la thèse barthésienne du « cela a été » est devenue le « cela a été » de la Photographie elle-même.

Ce manque de certitude sur ce qu’est la photographie comme objet de recherche peut-être vu en résumé comme l’image du problème théorique de la photographie, le choc entre l’ apparence concrète de son référent, et le jeu incertain de son contexte.2 Pourtant la photographie continue à exister malgré sa supposée désintégration théorique et pratique et avec elle le triste pastiche des théories critiques et des conventions esthétiques, qui ne font qu’affronter à nouveau dans l’image photographique, la métaphore de leur autodestruction. Dans une mélancolique rétrospection, l’objet photographique lui-même manifeste la perte de son unité, dispersé dans un champ également fragmenté qui pour l’historien d’art demande à être
Resitué, redessiné , une situation qui incite Baker à dire « … non seulement les termes deviennent plus complexes, mais le besoin de dresser la carte devient plus nécessaire, surtout parce que ces effets sont tout à la fois moins apparents et par eux-mêmes apparents.3 Baker se propose de « lire » les conditions contemporaines de la Photographie à travers un texte récent de Rosalind Krauss « Sculpture in the Expanded Field, » allant parfois jusqu’à utiliser ses termes et formulations en citations de son texte, « squattant » ainsi son texte au point que ce dernier en vienne à anticiper le sien. L’intention finale de Baker est de redessiner la scène de ce qui est dispersé, pour recoller à nouveau les morceaux, même si cet effort peut avoir un sens obsédant, autodestructeur et rétrograde.4 Il apparaît même comme une réaction traumatique, qui conduit à une nouvelle défiguration, à une nouvelle dispersion (à la fin son dessin est comme griffonné par l’un des artistes dont il parle)5. Voyant cela comme un état de crise du medium (ainsi que le pensent des historiens/critiques dont il parle) , Baker réalise, ainsi que le font les allégoristes, son propre présent à travers un temps déplacé, la place de la photographie relue telle que vécue dans l’urgence de la critique en 1979, sa propre position étant celle d’un critique faisant partie d’une académie méthaphoriquement et métonymiquement liée au flux et reflux de la Photographie comme catégorie ontologique ; « Pour le seul plaisir, le mélancolique s’autorise lui-même à l’allégorie et cela est sa force ».6 En cela Baker en tant qu’allégoriste déplace l’histoire avec des images, images qui résistent à la chaine linéaire des causes du développement historique et à la place il choisit la simultanéité et la morphologie formelle de l’image .

Aussi vais-je commencer là où Baker commençait, avec une image ou plus exactement un carré, qui sert d’emblème à un moment du passé de l’histoire de l’art, et aux jours les plus enthousiastes et consciencieux de la photographie et cela, comme toutes les images qui s’efforcent de contenir une fuite ou de cautériser une blessure. En cela comme en de nombreux cas, c’est l’image seule qui nous apprend que l’on prend le mal pour le remède. Le texte de Baker, comme celui dont il a adapté le titre, appartient au courant historique de la sémiotique appartenant au cercle d’ Algirdas Julius Greimas (Krauss y fait référence comme à Piaget et au groupe de Klein). Sa stratégie était d’étendre le système des oppositions binaires dans le large champ des interrelations. En 1979 Rosalind Krauss évoque la même image quand elle se trouve confrontée à ce qu’elle percevait comme une crise des catégories du langage critique, une incapacité pour cette critique à maîtriser son domaine. Son texte « Sculpture in the Expanded Field » pensait sauver une catégorie qui était « en danger de collapsus » , face à l’hétérogénéité d’objets dont elle avait à parler et qu’elle devait décrire,7 argumentant cela dans une discussion sur l’art Américain d’après guerre, selon des catégories comme la sculpture et la peinture qui avaient été malaxées et tordues dans une extraordinaire démonstration d’élasticité, une expression du moyen par lequel un terme culturel peut-être étendu jusqu’à y inclure à peu près n’importe quoi.8 Pour empêcher que le barrage ne cède, Krauss a entouré son champ de digues qui encadrent une séquence de coordonnées dont les discrètes interrelations sont comprimées en lignes pointillées. Pour Krauss, c’était une crise méthodologique de grande envergure, mais redéployée par Baker (qui reconnaît que la situation du discours photographique est radicalement différent) elle prend une dimension personnelle, reflet de sa propre évolution personnelle exprimée dans des relation oedipiennes de professeur à élève et mis en scène comme interprétation de modèles et de méthodologies. Comme Baker l’écrit : « Dès ma première rencontre avec Rosalind Krauss , j’avais dessiné des groupes de Klein et des carrés sémiotiques . Le lecteur arrivé à ce point ne sera pas surpris d’apprendre la façon dont tendrement je me rappelle comment je m’asseyais dans son bureau conjuguant la neutralisation sémiotique des choses comme les termes de genre et de sexualité, il y a environ douze ans. »9 Il place alors ses théories dans la voix du passé, et par sa voix ; le passé parle du présent. La commutation de l’affirmation impersonnelle et autoritaire de Krauss en une surimposition par Backer des moments historiques et de l’effet théorique de l’argumentation et de la réflexion introspective souligne la fine distance qui sépare leurs positions respectives sur le temps et la méthode, tout en présentant néanmoins l’allégorie de leur rupture.

Le plan de Krauss n’avait rien d’opportun si ce n’est de marquer à la fois l’emprise que l’analyse Structuraliste avait à la fois sur un certain courant à la mode dans la théorie critique de l’art et sur l’attirance que les artistes de l’époque avait pour la théorie structuraliste, utile pour fracturer les unités totalisantes. Il était profondément ancré dans son moment culturel, il suffit de penser aux « non-sites » de Smithson, à Martha Rosler et à son « The Bowery In Two Inadequate Descriptive System, » (ou plus explicitement à son « Semiotics of the Kitchen, « ou aux écrits de Robert Morris, dan Graham, Mel Bocher, ou Allan Sekula, pour voir l’impact profond du structuralisme sur le paysage artistique Américain. De plus les considérations sémiotiques semblent également bien ancrées dans l’usage que fait Krauss du carré sémiotique de Greimas et de ses formes géométriques modulaires, toutes entrant toujours plus en résonance avec les conventions esthétiques du moment (Darboven ? Weiner ? Kosuth ? Morris ? Le Witt, et alii.). Il est des moments où l’historien d’art, au lieu de se retourner vers les pratiques qu’ont les artistes préfère directement et activement débattre avec eux. Aucun groupe d’artistes n’a autant pris à cœur cette question que la « Pictures Generation » dont le travail généralement parlant, a exploité la fracture entre le signe et le référent, que les procédures Structuralistes et déconstructivistes ont dévoilées. Dans leur mains, l’image était, de la même façon que Krauss comprenait la sculpture moderniste, un signifiant flottant, sans domicile fixe, et dont le sens ne dépendait que de son contexte, et surement pas de son contenu. Dans leurs mains quand une image parle, elle parle de cette distance. Peut-être, comme Luc Boltanski et Eve Chiapelle l’écrivent dans The New Spirit of Capitalism (20006), « La critique d’art est souvent paralysée par cela, qui ne dépend que d’un seul point de vue, et qui peut-être regardé comme son succès ou sa perte. »10

Il semble qu’il n’y ait aucune coïncidence dans le fait qu’en réponse au double objectif de la critique institutionnelle et de l’appropriation de l’art, ce soit les dimensions conceptuelles de l’allégorie qui veuillent offrir un nouvel intérêt à quelques uns des plus ambitieux et renommés critiques du moment (ce qui est particulièrement apparent avec la re-théorisation des avant gardes dans les écrits de Peter Büger. Cet intérêt a produit deux textes importants publiés à deux ans de distance , Craig Owens « The Allegorical Impulse : Toward a Theory of Postmodernisme (parts 1&2) » (1980), et Benjamin H.D. Buchloh’s « Allegicals procédures : « Approriation and Montage in Contempory Art » (1982).11 Dans la formulation allégorique de la critique institutionnelle ( extraite à part égale des deux textes), le travail artistique est réexaminé selon ses conditions d’exposition , habituellement selon ses propriétés physiques, économiques, ou architectoniques, proposant ces aspects choisis qui sont mis en place par « l’intervention » artistique, et lus en tandem avec l’institution qui les contient. A l’opposé, l’action critique d’appropriation, en suivant le chemin d’un retour du Pop à ses racines dans le readymade, était visé dans son utilisation instrumentale des images et dans les catégories répressives que tacitement elles affirmaient.

Aussi bien les textes de Buchloh que ceux de Owen fournissent un déni suffisant du potentiel politique des sujets qu’ils ont choisi, tandis que Buchloh soutient dans son texte qu’au moins certains artistes courent simplement le risque d’un retour à l’aliénation (il parle ici plus particulièrement de Sherrie Levine et de Dara Birnbaum), en produisant des travaux dont « l’ultime triomphe est de répéter et d’anticiper en un seul geste l’abstraction et l’aliénation du contexte historique dans le quel l’œuvre est pensée selon un processus de conformisme et d’acculturation ». Owens reconnaît que la situation est encore bien plus morne, quand il observe que Robert Rauschenberg (dans son texte Owen’s lui reconnaît une image de père de la « Pictures Generation »13) « décrète une déconstruction du musée, alors que son propre discours déconstructif [cela] – comme Daniel Buren – ne peut prendre place que dans un musée. Il doit donc provisoirement accepter les termes et conditions qu’il a exposées »14. Et il conclut alors « nous rencontrons ainsi à nouveau la nécessité de participer à l’activité même que nous sommes en train de dénoncer, précisément dans le but de la dénoncer. Tout le travail discuté dans cet essai est marqué par une semblable complicité, qui est le résultat de sa fondamentale impulsion déconstructiviste »15 Ce point de vue est repris par Buchloh quelques vingt ans plus tard dans le préface de son anthologie « the Neo-Avant-Garde and the Culture Industry « (2000), dans laquelle il suppose que l’éventail des défis artistiques faits à l’industrie culturelle, qui va de l’affirmation mimétique (ex. Andy Warhol) à un ascétisme ostentatoire (ex . Michael Asher) cela – dans sa condamnation à une pureté radicale des moyens, – courent le risque, bien plus que durant ces dix dernières années, de détruire le fondement même de la réalité sur laquelle cette opposition critique pouvait s’inscrire ».16 Réduites aux arguments présentés hors d’elles, les pratiques installées dans le renversement des structures institutionnalisées (serait-ce sous forme d’autorité culturelle ou économiques) et constituées à l’intérieur d’une lecture critique de l’allégorie, de toute évidence ne font que renforcer l’invulnérabilité des institutions, sans lesquelles elles ne peuvent exister. Il doit être noté qu’une semblable implication de la « faillite critique » (l’expression est d’Owen) est en jeu dans le travail de ces critiques, c.a.d. cela qui dans leur déconstruction de la rhétorique institutionnalisée de la validation, se fonde sur l’autorité qui leur est accordée à travers les processus d’accréditation, de reconnaissance etc., dans le but de présenter leur critique de ces procédures par lesquelles leur légitimité est établie.

La proposition de la critique matérialiste porte avec elle la promesse séduisante que non seulement le monde des apparences peut être percé, apportant la lumière dans des recoins obscurs, mais que quelque chose de menaçant peut être trouvé derrière le rideau des apparences, une vérité cachée qui serait là, endormie parmi d’autres choses. Dans les écrits sur la photographie, cela revient à un état, à un clivage irreprésentable. Dans la Photographie se trouvent des choses qui ne reposent sur rien si ce n’est un abime. Ecrivant sur le travail de Troy Brantuch, Douglas Crimp nous le montre. « … le résultat est seulement de ne rien faire d’autre que des images à la façon de, pour fixer à jamais dans un objet élégant la distance qui nous sépare de l’histoire qui a produit ces images. Ces images ne signifient que cette distance.17 Cette vision était familière à ses contemporains, Craig Owens, dans « Photography en abyme » est encore allé plus loin indiquant que cette qualité de doublure, accompagnée de compréhension réflexive, était « …une propriété de la photographie elle-même », un exemple de la photographie parlant à partir de l’abime.18 En prenant l’exemple de Robert Smithson , Owen écrit « Dans une photographie, Smithson jette une ombre sur la prétendue transparence de la photographie ; il soulève de sérieux doutes sur leur capacité de dire quoique ce soit si ce n’est le sens de la perte, de l’absence »19 . Cette absence a été théorisée comme mort par Barthes, pour lui « ..bien que l’on fasse des efforts pour faire « vivant » (et cette frénésie de faire vivant ne peut être pour nous que le mythique déni de l’appréhension de la mort), la photographie est une sorte de théâtre primitif , une sorte de Tableau Vivant, une sorte de figuration, sans mouvement, un visage maquillé qui laisse transparaître la mort »20. Un argument qui fait écho à Sigfried Kracauer qui, dans son essai de 1927 « Photography » écrivait, « Ce que le monde dévore [les photographes] est un signe de la crainte de la mort. Les photographies accumulées dans un véritable désir de bannir le souvenir de la mort, restent une partie, une parcelle de la mémoire de chacune de ces images. Dans les magazines illustrés le monde est devenu un présent photographiable, et le présent photographié est devenu en entier éternité. Croyant se débarrasser de l’emprise de la mort, en réalité il ne fait que s’y soumettre. »21. Kraucer voit la photographie comme une mémoire qui détruit (le réel), comme le nœud d’une conscience libérée (le vrai mnémonique lui même, que Barthes à vu comme le punctum rédempteur, une blessure ouverte à la surface du banal studium, ou comme une partie de l’histoire sociale.

Depuis ses débuts, l’image photographique a été fortement associée au déplacement et à la destruction, au triomphe des images sur la matérialité. Ecrivant en 1859, Oliver Wendel Holmes proclamait qu’avec l’arrivée de la photographie ( pour lui assimilée à la vraisemblance du stéréographe) , « la Forme a dorénavant divorcé d’avec la matière ». En fait la matière comme objet visible, est désormais sans grande utilité, si ce n’est comme modèle à partir duquel la forme est constituée. Donnez-nous quelques négatifs d’une chose intéressante à voir, pris selon différents points de vue, nous en ferons ce que nous voulons. Nous pouvons l’affaiblir ou le renforcer, comme cela nous plaît. »22. Cette destruction est totale, dans l’étude multiforme de Vilém Flusser, cette énigme de l’image étant indéniable. « Rien ne peut résister à la force de ce courant de la technique photographique—il n’y a aucune activité artistique, scientifique, ou politique qui n’y ait recours, il n’y a aucune activité journalière qui n’aspire pas à être photographiée, filmée ou finir en vidéo. Pourtant de cette façon toute action détruit simultanément son caractère historique et se transforme en rituel magique qu’on peut répéter sans fin. L’univers des images techniques qui nous environne représente l’accomplissement des âges pendant lesquels sans fin l’action et l’agonie tournaient en rond. C’est seulement dans cette perspective apocalyptique que le problème posé par la photographie prend l’importance qu’il mérite. »23. Ce devenir de la photographie à la Frankenstein, cette confusion même du concret avec son image, situation où le réel est a priori une image et vice et versa.

En tant que surfaces signifiantes, les images sont des abstractions. La logique de l’abstraction est la réduction de quatre dimensions à une surface à deux dimensions. Comme l’a montré Roland Barthes (et Baker le cite dans son texte mentionné précédemment), « le but de toute l’activité structuraliste, quelle soit réflexive ou poétique est de reconstruire un objet de telle manière qu’il puisse dès lors manifester ses règles de fonctionnement (les fonctions) de cet objet. La structure est donc réellement un simulacre de l’objet, mais un simulacre orienté et intéressé puisque l’objet imité fait que quelque chose apparaît et tout à la fois reste invisible… »24. Pour le dire autrement, le structuralisme est premièrement concerné par les abstractions, par la prolifération des abstractions que nous rencontrons dans le monde, ou plus spécifiquement la source (« le réel ») à partir de laquelle les choses abstraites se sont développées, et doivent être reconstituées après coup (parce que naturellement ce « vrai » est obscurci par les abstractions qu’il a produites) et pour finir le Structuralisme ajoute une autre couche d’abstraction, une nouvelle image, à l’amoncellement conceptuel. Les discours autour de la critique de l’idéologie, critique de la représentation, de l’identité , etc. pour autant qu’ils sont concernés par les images, recherchent non seulement à reconstruire l’objet ou le point d’origine de l’abstraction (texte source, ou « réel ») dans les circonstances physiques ou temporelles de la création de l’image ( peuple, places, choses, temps), mais l’origine sociale et politique de l’abstraction, découvrant une formulation idéologique profondément nichée en elle. Ceci a habituellement pour conséquence le dévoilement d’une certaine forme de pouvoir d’instrumentalisation des images dans un contexte capitaliste, colonialiste, raciste, hétéro-sexiste, sexiste etc… chacun d’eux étant un instrument idéologique dont la finalité est de maintenir la relation de dominants à dominés. La question décisive du structuralisme est ainsi une question d’encadrement, ou plus exactement de savoir comment les images « encadrent » les relations réelles de pouvoir de telle sorte que les relations de domination et de subordination soient maintenues. Mais ceci est quelque chose qui est sur le point de confondre une photographie comme image soumise au monde concret (les relations réelles entre les choses) avec une autre considérée comme une suite d’abstractions (après tout une photographie est présente dans les quatre dimensions de l’espace et du temps, construite avec la matière du monde, et elle n’est pas simplement réductible à une imago (ressemblance) immatérielle. Ce terme n’est pas une ombrelle ontologique sous laquelle une photographie peut-être abritée, mais quelque chose de plus, un instrument conceptuel qui fonctionne de façon particulière et cesse de fonctionner si on l’applique à des circonstances où il lui est demandé de faire quelque chose pour laquelle il n’a pas été conçu. Confondre ceci, c’est transformer une idée relationnelle en une catégorie ontologique. Peut être que cette confusion de la théorie photographique avec l’analyse d’images explique pourquoi le discours sur la photographie a dévié de son centre d’intérêt qui était la photographie comme instrument vers l’inquiétude que peut-être la photographie n’existe plus vraiment, et cela bien sûr après que la photographie comme concept ait été imaginée (mise en image). Englobée dans une dispersion digitale ou idéologique au caprice d’une multitude d’instrumentalisations discursives ; cette supposée dissolution est devenue tellement définitive, que quelle qu’ait pu être la photographie, elle n’est plus (si toutefois elle a été). Elle est devenue un « vide », un lieu mort. Il est réconfortant de penser que quelque chose se tient « derrière » les images, dans un sens métaphysique, même si ce quelque chose est une absence (ou la mort, comme Barthes et Kracauer parmi d’autres l’ont proposé.).

En un contraste saisissant avec les plus importantes stratégies des programmes esthétiques non photographiques des années 80 et 90, certaines approches ont montré un regain d’intérêt pour le bricolage, les réseaux sociaux, l’esthétique de l’art brut et populaire, la photographie dans des domaines codifiés selon des intérêts diamétralement opposés. Dès cet instant la photographie a favorisé les formes sérieuses issues des Beaux Arts d’avant l’ère moderne, se manifestant dans une adhésion presque obsessionnelle aux formules picturales de la Renaissance. Faisant un usage proprement réflexif du masque théâtral de la mort (l’institution), et des formes architecturales — omniprésentes dans les deux courants de la photographie contemporaine, présentation d’affects et dans ses sujets de choix — exécution par affirmation tautologique des froides géométries du cube blanc à l’intérieur d’une avant scène monolithique, comme si les spectateurs se rassuraient de leur appartenance ontologique aux halls sanctifiés du musée. Des scènes de villes dépeuplées et des séries de structures vides de l’art photographique des années 70 qui auraient poussées dans du Plexiglas en un seul bloc, un singulier hybride de matériaux industriels et architecturaux avec une gamme de couleurs appartenant à la peinture. Cette alternative photographique a embrassé à la fois la notion d’archive et la répétition du pouvoir d’organisation ou comme Benjamin H.D. Buchhold l’a montré en ce qui concerne l’art conceptuel, une « administration de l’esthétique ». C’était comme si dans le mouvement de la troublante reconnaissance du rapetissement de la photographie dans les mains de son usage instrumentalisé et sa réévaluation par des critiques dans les années 6o et 70, la production contemporaine des photographies avait exigé le retour au temps d’avant les débats avant-gardistes, ou du démantèlement postmoderniste, le tout apparenté au pictorialisme de la peinture de salon et au cœur du Musée d’Histoire Naturelle. De tels travaux deviennent la métaphore de l’instrumentalisation de la photographie, une parodie négative de son rejet qui peut être considérée comme rien de plus qu’une image des conditions sociales de base de la photographie dans le monde l’art, qualité évasive que Krauss a nommée « exhibitionalité ».25

La Grande Exposition de 1851 qui s’est tenue à Londres à Hyde Park, définissait les conditions de que doit être une exposition au sens moderne. Depuis les années 1500 et même auparavant, le mot « exposition » avait seulement un sens légal spécialisé, faisant référence au sens de se rendre à l’évidence, littéralement savoir se tenir devant une autorité supérieure. Avec la Gande Exposition, et dans les Manifestations Mondiales qui ont suivi, le sens ancien du terme et ses implications fleurissaient. Le Crystal Palace n’était pas un monde de buildings et de monuments. Il était une machine, un contenant de perspectives, une scène sur laquelle le spectacle pouvait se tenir, une conception qui était étrangère à celle qu’avait le public de la stabilité culturelle que l’architecture était censée représenter. Il était perpétuellement nouveau grâce à une construction modulaire qui permettait des substitutions sans fin. A chaque instant ses composants interchangeables brillaient « d’une lumière féérique »26 comme si elle était tombée du ciel. L’architecture et la vision étaient singulièrement rendues en fer, comme si à la Renaissance le diagramme de la perspective selon Alberti avait été fait en béton. Si le Crystal Palace a été le premier building à pleinement miser sur l’exposition théâtrale d’un spectacle, le readymade fut le premier objet artistique à se constituer seulement par sa distance théâtrale. Ici l’acte rituel de voir est devenu la matière de l’œuvre d’art, l’objet lui-même une coquille vide, un leurre. Thierry Duve l’a mis succinctement en valeur quand il a écrit que, à la suite du readymade, la seule vérité à laquelle l’objet d’art pouvait prétendre était le pouvoir de son propre nom rendant palpable le « pacte qui unirait les spectateurs du futur autour d’un certain objet…qui n’ajouterait rien à son environnement , sans même l’améliorer, mais presque au contraire l’en éloigner, n’ayant d’autre fonction que celle d’être un pur signifiant.27 Il ne semble pas qu’il n’y ait coïncidence entre la mise en avant fondamentalement théâtrale des objets d’art par Duchamp et l’apparition à des milliers de kilomètres de là, sur un arrière plan théâtral, du « degré zéro » du matérialisme pictural. En 1913, il a tété demandé à Kazimir Malevitch de contribuer aux costumes et aux décors du spectacle Cubo-Futuriste, « Victoire sur le Soleil ». A côté de la conception de costumes que pratiquement on ne pouvait pas porter, Malevitch à produit des séries de dessins pour les décors, qui apparaissent comme des esquisses préparatoires aux toiles suprématistes qu’il allait produire deux années plus tard. Quand on l’interrogeait sur son tautologiquement nommé Carré Noir (1915) et son accrochage à 45 degrés dans le coin de la pièce de l’exposition 0.10 de 1915, Malevitch faisait référence à ses premières esquisses de décors qui étaient à son origine. Le monochrome était tout à la fois la négation matérielle de l’image picturale (un objet opérant par ressemblance picturale), et la négation symbolique de toute chose qui rende possible une perception. Quelques trente années avant que n’apparaisse ce totem du refus total du matérialisme le poète Paul Bilhaud organisait une exposition dans l’appartement de Jules Lévy en Octobre 1882. Des notables modernistes comme Edouard Manet , Pierre Auguste Renoir, Camille Pissaro, et Richard Wagner ont vu ce qui ce qui allait être encadré comme leur héritage. A cette exposition, Bilhaud a contribué avec une peinture noire titrée Combat de nègres dans une cave pendant la nuit, une plaisanterie plagiée non pas une mais deux fois, la première fois par Alphonse Allais qui a édité un livre dont le titre est Album Primo-Avrilesque (1897) qui montrait toute une série d’échantillons de couleurs (et qui contenait le carré noir sans mentionner le nom de Bilhaud, malgré leur amitié), la deuxième fois par Malevitch, qui la même année que le Carré Noir a peint le Carré Rouge qui comprenait un ajout dans le style de Bilhaud par ce titre : (Peinture Réaliste d’une Paysanne en Deux Dimensions). L’invisibilité du travail d’atelier était apparié à l’invisibilé de ses limites, toutes deux reléguées à une obscurité infrastructurelle. La représentation de la vie quotidienne était à nouveau parodiée de façon critique, le quotidien à nouveau montré in absentia. Une telle méfiance vis à vis des images est devenue le morceau de choix de la vie moderne (ce n’est pas pour dire que les images ne sont pas une vieille bête noire, ni le veau d’or ou de semblables choses qui seraient la manifestation d’une société prise dans la spirale de son déclin), bien que la Photographie, non la peinture ait été la première destinataire de cette dérision rituelle pour le demi siècle passé. La stoïque critique déconstructiviste, et les célébrations hédonistes du nihilisme conduisent parfois aux mêmes conséquences ; il n’y a que la légende qui change. Chacune est prompte à s’émerveiller sur le temps qui nous reste pour mener cette anxieuse guerre aux images avec des résultats satisfaisants ?

Pendant ce temps l’art contemporain a montré des hésitations à virer dans un jeu ouvertement allégorique, la science fiction elle, affiche moins de réticence. Dans l’épisode de Star Trek « Spectre of the gun », le capitaine Kirk et son équipage reçoivent l’ordre d’entrer en contact avec une race évoluée mais encore inconnue, les Melkotiens. Au moment de l’atterrissage sur la planète une bouée automatique les avertit que leurs supérieurs les chargent d’une mission qui bien que pacifique doit établir le contact « à n’importe quel prix », (la paix « à n’importe quel prix » étant une expression Américaine, un assentiment silencieux à la guerre du Vietnam). Sur la planète l’équipage est transporté dans une caricature de Far Ouest, plus particulièrement au moment de la fusillade à O.K.Corral, et il se trouve que ce sont eux les perdants. Bien que la scène soit une fiction (l’équipage aussi), la mort, elle ne l’est pas. Comme l’observe le Dr. Mc Coy « au milieu de qui semble si irréel, une dure réalité existe. Ce n’est pas un rêve ».

Quelque soient les revendications adressées aux habitants de ce monde virtuel, aucun d’eux ne croit qu’ils sont ce qu’ils disent, au lieu de cela ils sont vus comme un groupe d’indésirables hors la loi, des ennemis familiers qui refusent de partir en dépit des avertissements des habitants de la ville. Que cette ville du Vieux Far Ouest soit incomplète (des murs manquent ainsi que des éléments d’architectures qui sont pourtant nécessaires) est expliqué dans le récit comme étant le résultat d’un manque d’informations dans ce que Kirk sait sur le site, pourtant l’autre raison qui explique l’apparence de la ville tient aux restrictions budgétaires qui ont obligé les producteurs à recycler des morceaux de décors du Far Ouest appartenant à un vieux stock de la Paramount. La scène de le confrontation de l’équipage avec sa propre mythologie historique (ils étatent après tout des cow-boys de l’espace colonisant la « frontière finale », apparaît comme un « remake » du passé Hollywoodien, un bricolage fait de ruines, de fantaisies du passé, de scènes déjà vues, de points vue dépassés. Quand l’équipage attend l’épreuve de force imminente , il apparaît que la seule voie raisonnable de sortir de ce carcan est de rejeter tous ensemble la fiction (vue particulièrement perspicace en provenance directe du super ego du condescendant Science Officer Spock). Ainsi Spock continue de nous avertir, « je sais que les balles ne sont pas réelles, elles ne peuvent donc pas me tuer. » et il poursuit « elles n’existent pas. Irréelles, des apparences seulement, ce sont des ombres, des illusions, rien, si ce n’est des fantômes de réalité. Ce sont des faussetés, des spectres sans corps. On peut les ignorer ». Mais réalisant que ce n’est pas assez, pour ceux à qui on ne peut pas enlever ce grain de soupçon, ce doute sur la réalité de ce qu’ils voient, et ce doute, ou plutôt cette croyance dans la réalité des images, c’est exactement ce qui va les tuer. C’est seulement après un briefing avec Spock que l’équipage est immunisé contre les armes dirigées contre eux, « la fausse conscience » du monde des images étant dépassé, ils sont autorisés à rencontrer de timides aliens qui s’avancent vers eux, une rencontre que l’on ne verra pas dans l’épisode, car nous sommes encore dans le monde des décors et de l’allégorie, juste comme si l’ équipage en aterrissant sur la planète était peut être capable de comprendre des fictions, mais incapable de les oublier. Un monde étranger qui est derrière les images est aussi derrière la représentation, un point zéro que l’équipage d’Enterprise prouve par lui-même dignement. Mais nous comme téléspectateurs avons aussi à faire la même chose.

Mais qu’en est-il de Malevitch et du point zéro de la peinture et de sa supposée transcendance ? Dans le climat de la Russie postrévolutionnaire aboutissant au stalinisme, Malevitch est retourné à ses antécédents pré-Suprématistes produisant des toiles qui ont imité ses premières œuvres d’abord Cubo-Futuristes, et même pour finir impressionnistes. Plus étrange encore Malevitch a antidaté ces travaux, de telle sorte que son travail Suprematiste reste marqué par la renonciation à ces styles ; transformant sa propre évolution en une parabole, qui se retourne sur elle même. Dès lors il en est resté à la conviction qu’il en était venu à mettre un point final à la peinture à la fin des années trente, et que la hauteur atteinte dans le purisme de la forme, conduisait la peinture à aller nulle part, si ce n’est à régresser.

La circulation sans fin du purisme dans une culture de l’imitation, où la vie politique se déroule dans le cadre d’un combat pour les images, semble toujours nous ramener à la même place, de nouveau dans le vide, ce qui fait ressembler les lieux de production à une morne plaine, ainsi que Paul Bilhaud l’a pressenti dans sa plaisanterie sur la radicalité de la peinture monochrome. Dans les débris de telles batailles, il serait bienvenu de se demander où trouver le fondement de ce réel que de telles batailles ont supposé être actuellement au service du mensonge ? Dans le sillage de ces doubles négations, chacun des producteurs est relégué à n’être qu’un élément modulaire de plus, le champ social apparaissant comme une constellation statique de parties interchangeables . Le sujet citoyen est conçu comme un composant relationnel, une unité de mesure, une abstraction. Mais quel sont les résidus viscéraux du travail ? Là où il y a du travail, des efforts vulgaires sont exigés. Il existe hors de toute vue, en dehors des heures de bureau, dans les arrières cours des caves, des usines éloignées, négociés en privé, des communications et des transports clandestins aseptisés par accumulation, invisibles dans de séduisantes surfaces. La question la plus importante pour la photographie n’est plus le sens inhérent qu’elle peut contenir (même s’il n’y a pas de fin à la présence des formalismes esthétiques, ou à l’essentialisation de ses formes contingentes, à son instrumentalisation idéologique et à la critique sociale) mais bien plutôt comment des photographies particulières organisent l’espace social d’une façon concrète et immédiate.

Comme spectateurs, notre rôle est habituellement de les fondre dans des cadres, des agrégats compacts : hors du temps, hors de l’espace, dans un monde abstrait et brillant. Cependant nous voyant nous mêmes comme une partie de la masse, notre personnalité vacille constamment entre disparition et réapparition et se doit de ne pas devenir complètement débile. Au contraire elle doit être une source de force. L’autonomie est historiquement née dans des zones marginales ; pirates et radicaux cachés comme des rats dans des murs, ménagères organisant des stages de mini-révolutions dans leurs cuisines, employés de maison dans leurs placards. La compréhension de cela peut rendre le fait que la production est chose commune, un rituel de chaque jour, un compromis qui se joue à divers niveaux de la conscience, mais néanmoins présente comme une force qui persévère. Nous pouvons être à la fois à l’intérieur de la l’image et à l’extérieur, l’une de ses parties ou l’un de ses producteurs ; ici il n’est nul besoin d’une hiérarchie dans nos rapports à l’esthétique. Les images aliénantes peuvent être données à la terre, lui donner une forme corporelle. La vérité en cette matière, c’est que toutes les images exigent une existence matérielle, et nous devons résister à l’urgence de transformer la matière du monde en une image du monde. Dans ces photographies apparaît la solution. Il n’y a pas le choix, il s’agit de réaliser des images qui ne soient pas distinctes de leur support matériel, ou qui ne puissent exister l’une sans l’autre. Les compromis et les discussions présentes dans chacune de ces productions, et en conséquence leur manque de solidité instrumentale n’ont pas besoin d’être dévoilés comme un vilain petit secret. Ce ne serait pas une absolue proclamation de la corruption des auteurs, mais plutôt l’affirmation que cette position d’auteur est particulièrement révélatrice de la transparence et des subterfuges du moment. Dans cette réalisation, il y a une position de compromis et de négociation. Toutes les productions — même celles qui « font autorité » — sont enserrées dans une myriade de points de transition et de forces en compétition, qui de façon décevante assurent l’apparence de la solidité.

Le monde que nous voyons à partir d’espaces de transition — le monde vu par la fenêtre, le monde dans la perspective des escalators, des gens en marche, des tapis roulants et des centres commerciaux — est devenu un épouvantail intellectuel, la poubelle de toutes nos aliénations. Dans ces interstices de l’infrastructure se tiennent des zones de compromission et des chemins indéterminés qui prennent place parmi de chimériques destinations, comme dans un noman’s land, un espace nu, que nous ne devrions approcher qu’avec suspicion, mais ces espace sont vierges et là est leur potentiel. Peut-être est-il présomptueux d’affirmer que toutes les choses afin d’exister doivent avoir un auteur déterminé, ou une histoire plausible de leur origine, ce qui conduirait ces jeux à un compromis impénétrable. Les expressions qui d’un seul bloc affirment la puissance, comme le sont les images, sont semblables à une accumulation de compromis et de négociations, contenant des lacunes dans lesquelles n’importe quel visiteur peut insérer son agenda. Nous aussi collaborons ; même si nous occupons notre place à crédit. La réponse semble avoir moins le pouvoir de réorganiser un champ apparemment chaotique , ou de faire renaître la faillite nihiliste que de permettre d’ouvrir un discours de « crise ». Ces moments d’ouvertures, au fond des poches, parmi les ruines, dans des espaces oubliés, en ignorant leurs coutures, et des points de vue oubliés rendent possible un lieu où une vue éthérée /ou une pensée utopique apocalyptique — où l’opposition politique/formalisme — peuvent être démantelées, et une production à la fois symbolique et littérale peut commencer.


DSES MOTS SANS IMAGES
16 OCTOBER 2008


Notes

1. George Baker, “Photography’s Expanded Field” Octobre, vol.114, année 2005, p 122.
2. Ainsi nous sommes confrontés avec le thème récurrent que ce qui manque à la photographie, est ce qui lui manque vraiment. Il est notoire que cette approche a été développée par Walter Benjamin dans sa « Petite Histoire de la Photographie » quand il comparait le travail d’Atget à une « la scène récente du crime ».
3. G. Baker, op cit., p 138.
4. Par exemple page 127 Baker écrit/cite « C’est la vraie phrase de Krauss « le [non-narratif] est, en accord avec la logique d’une certaine forme d’expansion, juste une autre façon d’exprimer que le terme [état], et [non-état] est, simplement [narratif]. » Les affirmations de Baker sont présentées dans le texte comme des parenthèses ou des « raccords » en continuité avec la voix de Krauss, bien que les formulations de Baker fassent des bulles.
5. « De toutes les façons, quand pour la première fois j’ai esquissé mon dessin en compagnie de l’artiste Nancy Davenport avec qui je débutais, elle a eu vite fait de se saisir de mon crayon et de mon papier et a commencé à griffonner dans toutes les directions, encerclant mes esquisses et mes carrés, avec l’air de vouloir me dire « Mais quelles sont donc vos possibilités » ? Mon dessin était devenu n’importe quoi. Mais bien que les lignes d’une photographie tournent dans tous les sens à l’intérieur du cadre , elles n’ont pas de centre, et vont dans toutes les directions » ibid. p 140. [l’emphase est ajoutée].
6. Walter Benjamin, « The Origin of German Tragic Drama, » (tr.
John Osborne), Londres et New York : Verso, 1998, p 185.
7. Rosalind Krauss, « Sculpture in the Expanded Field, » October,
vol.8, Spring 1979, p.30.
8. ibid. p33.
9. Baker, p.128.
10. Luc Boltanski et Eve Chiapello, « The New Spirit of
Capitalism » (trad. Gregory Elliot), New York and Londres : Verso, 2006, p. 466.
11. Ni Owens ou Buchloh ne mentionnent les travaux de l’autre malgré les nombreuses ressemblances dans les références et argumentations et la connaissance que chacun des auteurs a des travaux de l’autre.
12. Benjamin H.D. Buchloh, « Allegorical Procedures :
Appropriation and Montage in Contemporary Art », Artforum,
Septembre 1982, p.56.
13. « Pictures » est le titre d’une exposition ouverte à l’ « Artists Space » à New York en Septembre 1977 et dont le commissaire était Douglas Crimp. Elle comportait des travaux de Troy Brauntuch, Jack Goldstein, SherrieLevine, Robert Longo and Philip Smith. Un essai ayant le même titre a été publié par Crimp dans October, vol.8, printemps1979, pp.75–88. Il y développait le texte qui accompagnait l’exposition.
14. Craig Owens, « The Allegorical Impulse: Toward a Theory of Postmodernism » (Part 2)’, October, vol.13, Eté 1980, p.71.
15. Ibid., p.79.
16. Benjamin H.D. Buchloh, « Neo-Avant-Garde and the Culture Industry: Essays on European and American Art from 1955 to1975, » New York et Cambridge : October Books, 2001, p.xxi.
17. Douglas Crimp, « Pictures », Octobre, 8 (printemps 1979), p.85. Les italiques sont ajoutées.
18. Craig Owens, « Photography en abyme », October, 5, (« été,1978), p. 78
19. Ibid. p 88.
20. Roland Barthes, « Camera Lucida », (Hill and Wang: New York), 1981. Tr. Richard Howard. P 31-32.
21. Sigfried Kracauer, « Photography » in The Mass Ornament:Weimar Essays, (Harvard University Press: Cambridge London), 1995. Ed/tr, Thomas Y. Levin. P. 59.
22. Oliver Wendel Holmes, « The Stereoscope and Stereograph. » Classic Essays on Photography. (Ed. Alan Trachtenberg). NewHaven: Leete’s Island, 1980. p 80.
23. Vilém Flusser, « Towards a Philosophy of Photography, »
(London: Reaktion Books), 2000. p 20.
24. G. Baker, op cit. p 124.
25. Rosalind Krauss, « Photography’s Discursive Spaces », in TheOriginality of the Avant-Garde and Other Modernist Myths, (TheMIT Press: Cambridge/London), 1985, pp131-50.
26. Patrick Beaver, « The Crystal Palac »e, 1851–1936: A Portrait ofVictorian Enterprise, London: Hugh Evelyn, 1970, p.34.
27. Thierry de Duve, Pictorial Nominalism: On Marcel
Duchamp’s Passage from Painting to the Readymade (trad. DanaPolan etTh. de Duve), Minneapolis and Oxford: University ofMinnesota Press, 1991, p.115.
28. Phillip Dennis Cate, « The Spirit of Montmartre » in The Spiritof Montmartre: Cabarets, Humor, and the Avant-Garde, 1875-1905, New Brunswick: Rutgers University Press, Phillip Dennis Cate and Mary Shaw.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   17-11-2008 13:25

Bonjour Jean Claude,

Ma surprise de voir votre travail de traduction est vraiment très grande et totalement inattendue ! Je ne m'y serais pas risqué ...
Mille fois merci !


 
 Re: Words without pictures
Auteur: guillaume péronne 
Date:   17-11-2008 18:15

Bravo Jean-Claude, il fallait le faire !

Thèses pas évidentes, certes…


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   17-11-2008 20:12

Maintenant que le texte est traduit, et c'était du boulot, si on parlait du contenu ?

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: guillaume péronne 
Date:   17-11-2008 20:43

Le traducteur est le plus à même d'ouvrir une piste dans ces broussailes…


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Peyre 
Date:   17-11-2008 21:35

Le gros travail fait, dont je remercie Jean-Claude, permet d'apprécier mieux un texte dont il a existé autrefois pas mal de clônes.


J'ai été étudiant au moment où les structuralistes avaient pris le pouvoir.

J'ai goûté combien la notion de "dépassement", à l'époque relayée par le marxisme finissant, trouvait dans le paysage d'une approche qui se voulait nouvelle et supérieure, un facile exutoire.

J'ai appris du spectacle que j'avais sous les yeux les satisfactions qu'une logomachie reposant sur l'écrasement de l'interlocuteur par l'utilisation absolutiste de l'exhibition du multiple plutôt que sur l'appel à ses facultés d'intelligence, de synthèse et de compréhension - pouvaient apporter à ceux qui désiraient avant tout le pouvoir.

J'ai appris à lire au travers d'un discours qui collectivise pour ne pas en avoir honte l'intention de gouverner l'autre.

Ce qui était autrefois en moi une réaction instantanée et à fleur de peau est devenue un engagement tout simple de la vie. Je crois que les choses doivent être dites de la façon la plus simple, la plus dépouillée, la plus accessible possible, que c'est un devoir des hommes bien nés de se battre pour cela.

Les esclaves sont libres de puiser aux faux mystères l'enchantement de leur condition misérable. Aux hommes libres un air meilleur, gagné par la respiration modeste de l'intelligence et du raisonnement.

Quant à l'intellectuel qui chercherait le pouvoir, convenons qu'il en perd l'étiquette.




 
 Re: Words without pictures
Auteur: Arne 
Date:   17-11-2008 21:59

Hej, hej,

Grattis m. Mougin, remarquable travail !

Un petit a parte, recherchez avec "image", photo", "photographie" sur ce site avec un style moins "lourd". Différents liens se trouvent aussi en bas de page.

Bonne soirée à tous A.

Qualis artifex pereo


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   17-11-2008 22:43

mh... je serais un peu plus nuancé qu’Henri.
Walead Beashty a visiblement écrit un texte par blocs qu'il empile de façon plus ou moins maladroite, l'ensemble est plutôt bancal, ce garçon manque de méthode et ses poussées de fièvre le rendent parfois totalement hermétique.
Cependant l'introduction et certains de ses courts développements à partir de citations "historiques" ont retenu mon attention. Même si, j'en conviens, l'ensemble reste indigeste
(on peut facilement faire le procès de ce garçon de sa méthode et de sa supposée soif de pouvoir, je ne m'engagerai pas dans le procès, ni en défense ni en accusation), je ne m'en tiendrai qu'a ce que j'ai "entravé" comme dirait Cantal.

L'auteur attaque par la question de la lutte des critiques sur la question du "monopole sur l’histoire de la photographie". Ce débat s'est violemment déroulé en France, il y a une dizaine d'années, il opposait notamment R. Durand et M. Nuridsany qui se posaient en fossoyeurs de la photographie, j'avais la sensation que chacun d'eux se disputait la paternité de l'acte de décès de la photographie. De cette époque, je ne garde aucun souvenir d'une quelconque résistance à cette idée de mort du médium, ni de la part des autres critiques ou des journalistes qui assistaient a ces joutes : notamment France culture qui les avait invités au moment des RIP (sans jeu de mots).
C'est ici que je rejoins Henri sur la tentative de prise de pouvoir de l'intellectuel par l'écrasement de son auditoire, car aucun des deux ne souffrait la moindre contradiction. Le texte de Beatshy nous apprends qu'un débat similaire avait eu lieu aux Etats-unis, ce que j'ignorais.
L'auteur fait le point sur la situation de la critique aujourd'hui : la photographie est un "vieil art" dépassé et "démodé".
C'est là où je deviens très perplexe, l'auteur n'est-il pas lui-même un photographe, bloguant sur un site dédié à la photographie ? Voilà une situation bien paradoxale !
Une explication serait qu'à l'époque des fossoyeurs de la première génération, le marché de l'art a totalement démentit la mort du médium photographique : les prix se sont envolés pour les historiques (Baldus, Le Gray ...) et les plus contemporains (grosso modo l'école de Düsseldorf, Gursky en tête), exit donc l'acte de décès... jusqu'à aujourd'hui ou les galeries qui présentaient massivement de la photographie désertent les foires "photo" et se tournent vers foires "art contemporain". On se souvient par exemple de Kamel Mennour qui à "dramatiquement" expliqué il y a quelques années qu'il ne participerait plus à Paris Photo, la photographie seule ne l'intéressant plus (à tous les sens du terme), et que les "artistes photographes" seraient bien inspirés "d'hybrider" leur pratique avec la vidéo et l'installation. Derrière ses bonnes intentions se dessinait clairement une logique de marché.
Sur ce point, notre auteur n'est ici pas très lucide, ou pas très net : pas une ligne sur les tendances du marché qui épousent parfaitement ses propos. (Lui-même a opté pour l'installation, avec un bonheur mitigé, cf : sa série sur ses cubes de verres expédiés par fedex).


 
 Re: Words without pictures
Auteur: guillaume péronne 
Date:   18-11-2008 08:26

les choses doivent être dites de la façon la plus simple, la plus dépouillée, la plus accessible possible, que c'est un devoir des hommes bien nés de se battre pour cela.

Je souscris.

La fausse complexité auto-entretenue est le moyen pour un petit nombre de s'assurer une main-mise sur tel ou tel domaine : on le voit en économie, dans le monde de l'art, etc…

Je me demande d'ailleurs si ce texte parle une seule fois de photographie.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   04-12-2008 20:04

De retour de vacances quelques remarques à propos du texte « Des mots sans images »

Marin nous a présenté ce texte écrit dans un anglais très peu académique qui le rendait à peu près incompréhensible a quiconque a de l’anglais une connaissance à peine moyenne.

Ce texte a déclenché toute une série de réactions manifestant, sans vouloir vexer personne, puisque le mot intellectuel est devenu une insulte, un anti intellectualisme primaire. L’opinion a réponse à tout, et chacun d’entre nous a bien le droit d’avoir une opinion, et il a de plus le droit de la clamer haut et fort, même s’il ne manifeste par là que son ignorance et sa prétention, l’addition des deux constituant la bonne et grasse bêtise, de celle qui progresse.

Résumons : j’entrave que dalle, je m’en tape grave, ça fait IUFM, (cette dernière remarque étant la plus pertinente de toutes, car le texte manifeste visiblement une enflure caractéristique des textes de la dite institution), à traduire en serbo croate antique, c’est imbitable, ce qui nous a valu un petit exposé philologique sur l’expression « biter ». Tout cela est innocent, bien sûr, comme l’est mon « bof » qui ne peut pas « piffer » tout ce qu’il ne comprend pas, les étrangers qui parlent serbo croate justement, l’art moderne et la musique classique, les intellos qui ont l’air de vouloir penser à sa place, lui qui ne pense pas, si ce n’est à sa bite dont les boules lui tiennent lieu de lobes cérébraux.

Tentons donc l’expérience, puisque le texte en anglais est imbitable, tentons une traduction qui espérons sera « bitable », afin de permettre une discussion qui devrait nous intéresser semble-t-il sur ce forum. Qu’en est-il aujourd’hui de la photographie, dans les divers usages qui sont les siens et dont le nom nous parle aussi bien d’une image de Talbot, des images people d’un magazine, que des images qui par milliards s’inscrivent sur nos téléphones, ou d’une image de Bustamante qui pèse cent kilos de plexi et d’aluminium ? Les gens parmi nous qui ont vu Paris Photo, ont pu mesurer la diversité de ce que l’on appelle aujourd’hui photographie et cela du seul point de vue du marché de l’art ? Or c’est de cela dont nous parle le texte, dans un style très post moderniste, prétentieux, marqué par la French Theorie et dont le sens n’est pas toujours évident, un certain nombre de références américaines nous faisant défaut, même si la principale d’entre elles à savoir Rosalind Krauss est connue et accessible en français à travers deux ouvrages « Le Photographique » et « L’originalité de l’avant-garde et autres mythes modernistes ». Dans le second ouvrage se trouvent deux articles « Notes sur l’index » et « La sculpture dans le champ élargi » qui sont essentiels pour comprendre le contexte théorique dans lequel s’inscrit le texte. Le texte est difficile souvent abscons mais il n’est pas tout à fait incompréhensible pour qui veut faire l’effort de le lire. On peut discuter sa thèse, critiquer son contenu, mais le constat qu’il fait n’est pas faux, et les questions qu’ils posent méritent d’être posées.

Venons en aux discussions qu’auraient suscitée la traduction.

L’anti structuralisme d’Henri est connu. Il nous rappelle un souvenir de jeunesse, et il semble qu’il n’ait connu du structuralisme que ses épigones qui ont cultivé un maniérisme de langage qui ne faisait que masquer leur ignorance et leur prétention au pouvoir. Qu’il aient cherché à épater la galerie nul n’en doute. Qu’ils aient pris ici ou là le pouvoir, en particulier dans les IUFM nul n’en doute.

Le structuralisme est d’abord une invention de linguistes. Jakobson et le cercle de Prague en ont été les inventeurs. Jakobson s’est enfui en Amérique pour échapper aux barbaries continentales. Il y a connu le seul penseur français à revendiquer pour son œuvre le mot de structuraliste qui est Claude Levi-Strauss.

« Tristes Tropiques » est-il pour autant un livre illisible ? Certes « Les Structures Elémentaires de la Parenté » et les « Mythologiques » sont des pavés difficilement lisibles, mais dans leur contenu, et enfin ils s’adressent des spécialistes. Il sont par contre écrits dans une langue classique digne de celle de Boileau. Levi-Strauss est-il un homme de pouvoir ? J’en doute. Peut-être peut-on lui reprocher son goût des honneurs. Mais on lui doit tout de même d’avoir pensé la décolonisation et d’avoir promu le droit à la différence. Michel Leiris, Maurice Merleau-Ponty ses amis étaient-ils des hommes de pouvoir ? Quand aux autres penseurs du moment, Foucault par exemple à écrit
« Surveiller et Punir », a lutté politiquement contre les quartiers de haute sécurité. A-t-il été un homme de pouvoir ? Barthes dont toute la carrière s’est faite en dehors et contre l’Université et qui est devenu l’homme de culture qu’il était dans les sanatoriums était-ilsun homme de pouvoir. Lacan dont le style était peut-être contestable était-il un homme de pouvoir quand il a été chassé des instances internationales de la psychanalyse, lorqu’on l’a interdit de séminaire à l’Ecole Normale Supérieure. Sa fille Judith avait porté les valises du FLN, sa sœur Laurence Bataille avait connu la prison pour les mêmes faits. A la suite d’un article paru en 1970 dans le Nouvel Observateur, Judith Lacan a été chassée de l’Education nationale. Lorsque Deleuze écrit l’ « Anti Œdipe », il s’inscrit dans l’anti-psychiatrie. Se met-il au service du pouvoir ? Althusser qui sombre dans la folie, homme vilipendé dans le parti communiste par le philosophe officiel et humaniste nommé Garaudy était-il assoiffé de pouvoir ?

Je ne pense pas que ceux qu’on appelle les structuralistes (je ne parle pas de leurs épigones) "aient fabriqué de faux mystères pour enchanter des esclaves dans leur condition misérable". Excusez moi d’avoir au contraire appris la liberté de penser de ces gens là, à une époque où la philosophie française encensait les spiritualistes les plus plats, Bergson, Lavelle, Jean Lacroix, Etienne Borne et puis Garaudy qui se faisait le défenseur de l’humanisme marxo chrétien. Il arrive que l’air pur, celui des hauteurs, celui de l’humanisme et du spiritualisme sente mauvais.

Il reste que Marin a bien senti le texte et son côté polémique, ainsi que ses nombreux paradoxes qui pourrainet servir de point de départ à un vari débat.

Enfin pour en finir avec ces remarques, je doute qu’un intellectuel en tant que tel désire le pouvoir, tout au plus se met-il à son service. De grands penseurs se sont fourvoyés. Platon a cru qu’il pourrait dicter sa loi au Tyran Denys de Syracuse. Il lui en a coûté d’être vendu comme esclave. Heidegger à cru pouvoir orienter la pensée d’Hitler. Il y a perdu son honneur. Cette fascination pour le tyranr que l'on trouve chez de grands penseurs est un vrai problème comme l'a montré Annah Arendt.

Malheureusement ce n’est pas l’intelligence qui est au pouvoir, mais l’opinion, celle qui en pleine démocratie a condamné Socrate. Certes on se doit de demander des comptes à l’intellectuel, mais avec son intelligence. Descartes qui voyait des « structures » partout, (les idées innées) pensait « que le bon sens est la chose la mieux partagée », bien sûr la formule est rebattue, mais elle dit que tout homme a le pouvoir de penser par lui même, et que l’intelligence est le bien commun, même les fous dit-il n’en sont pas dépourvus. De ce point de vue tout homme est un intellectuel dès qu’il accepte de se servir de son bon sens. Cela a l’avantage de le mettre à l’abri de la bêtise dont le spectacle est permanent et par trop insupportable.

Il n’est pas alors question d’air frais, mais de capacité de juger selon la raison, c’est-à-dire d’être libre.

Maintenant si vous le souhaitez, et comme a commencé à le faire Marin, on peut en venir à discuter du contenu de ce texte sans doute enflé mais pas complètement idiot.

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: guillaume péronne 
Date:   04-12-2008 21:44

Jean-Claude,
Je suis pour le recours au bon sens, et c'est avec tout ce que je peux mobiliser de bon sens que je me suis décidé à lire cet article. Plusieurs fois j'ai recommencé. Jamais je n'ai pu le lire en continu.
J'en ai simplement conclu qu'il me manquait probablement nombre de références pour entrer dans le texte, et (pour me rassurer) que l'auteur ne faisait aucun effort pour rendre sa thèse intelligible.
Maintenant, après avoir fait l'effort de traduire ce texte, veux-tu bien m'en indiquer l'entrée ?




 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   04-12-2008 22:32

Guillaume.

Je n'ai pas toutes les clefs, faute de connaître les références américaines du texte en dehors de Rosalind Krauss. Si tu me donnes un peu de temps je veux bien m'essayer à une explication de texte.

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Marc Charvet 
Date:   05-12-2008 06:34

Ce texte mérite autre chose qu'une opinion, ou même une première réaction. Toutefois, comme le signalait marin, la question de la "mort de la photographie" me semble plus relever de la difficulté pour la critique de s'emparer d'une photographie dont la portée dépasse très largement la seule question de l'art. La photographie, et en ce sens elle ne peut qu'intéresser grandement des pensées comme le structuralisme, pour citer un "courant" (bien que le terme soit très réducteur), concerne la société (moderne / marchande / etc.) dans des dimensions multiples, dont bon nombre effectivement ont trait à la question des rapports de pouvoir qui en structurent le fonctionnement (ou le dysfonctionnement, ce qui revient au même). Dès lors, la photographie est-elle un art, ou, la photographie peut être elle un art ? semble le questionnement qui prévaut à toute tentative de formuler une approche théorique de la photographie.

Ce texte est aussi à lire en parallèle avec la contribution d'Henri Peyre ce mois ci sur le réel en photographie. Le difficile rapport de la photographie avec la non moins difficile question du réel (On peut ici revenir à la citation placée en exergue du texte qui, à mon sens, donne une première clef de lecture : L’objet ne précède pas la perception, c’est la perception qui crée l’objet. — Ferdinand de Saussure).

Même relativement confus (en tout cas si on le lit sur l'inconfortable écran de l'ordinateur) ce texte est intéressant et pose des questions que tout photographe – du moment que sa pratique dépasse le simple désir de faire des images – me semble être amené tôt ou tard à se poser. Donc, comme Jean Claude, je vais prendre le temps de sa lecture lente (sur papier) afin de l'approfondir avant que de tenter d'en dire plus.

Marc





 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Peyre 
Date:   05-12-2008 07:06

Jean-Claude, je suis preneur de ton explication de texte.

Comme je suis très bête, il me faut quelque chose de simple - j'espère que tu ne me feras pas procès de poujadisme.

Si l'explication de texte pouvait être quelque chose comme :
1. La question que se pose l'auteur
2. Les réponses qu'il y apporte
Cela me suffirait tout à fait.

Le texte est à l'écran, tout le monde pourra apprécier ce que tu vas faire.

Bien à toi.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: guillaume péronne 
Date:   05-12-2008 09:05

Jean-Claude,
je te donne le temps que tu voudras bien y passer ! (Sans obligation de résultat.)
Merci aussi à Marc qui veut bien s'y atteler.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   07-12-2008 12:57

Si j’ai entrepris la traduction du texte de Walead Besty, ce n’est pas par passion pour cet auteur qui m’était inconnu, mais par simple provocation par rapport à des réactions justifiées peut-être, mais par trop sommaires à mon goût.

Ce texte par ailleurs est pratiquement illisible, et le traduire était un défi qui m’a coûté une semaine de travail, et voilà que maintenant je suis sommé de l’expliquer ou du moins de tenter de le faire. Je suis même autorisé à prendre mon temps.

Par principe, (principe qui me vient sans doute des structuralistes tant honnis), toute production de la pensée humaine a un sens ; ce peut être un rêve, un mythe, les glossolalies d’un aliéné, où les élucubrations d’un artiste contemporain. Et si le sens n’est pas apparent, au moins cette pensée ou ce texte a-t-il valeur de symptôme ?

Commençons donc par là. De quoi ce texte de Walead Besty est-il le symptôme ?

Walead Beasty né en 1976 en Angleterre, vit aux Etats Unis et a été diplômé en 2002 de la Yale University School of Art. Malgré son relatif jeune âge il a fait de nombreuses expositions à travers le monde. En particulier il a été exposé au début de l’année à la Biennale du Whithney Museum à New York, ce qui n’est pas rien. Il est actuellement exposé à la galerie Rodolphe Janssen de Bruxelles. On peut voir quelques unes de ses œuvres sur le site de la galerie www.galerierodolphejanssen.com. Il a commencé par être photographe, et un reportage sur l’ambassade d’Irak à Berlin, ambassade alors désertée l’a rendu célèbre. Il est vrai que malheureusement ou heureusement pour lui ses prises de vues ont été voilées par un passage intempestif aux rayons x de l’aéroport. De photographe il est apparemment devenu artiste photographe plasticien, son travail étant fait d’images photographiques très minimalistes en noir et blanc dans un style formaliste assez proche de Malevitch, (nettement plus kitsch en couleurs(, mais toutes réalisées selon le procédé décrit par une galerie comme étant des « images faites à la main avec l’assistance de la lumière », donc des rayogrammes pour rendre à Man Ray ce qui appartient à Schad. D’autres œuvres sont en gros des « ready-made », des installations faites de boîtes d’emballages Fedex complétées par divers cubes de verres diversement accidentés au cours de voyages effectués dans les dits emballages.

J’ai consulté la Galerie Janssen sur les prix. Un rayogramme en noir et blanc de 178 par 102 coûte 20.500 $ , en 50,8 par 40,6 le prix est seulement de 9.000 $. Je n’ai pas osé demander quel pouvait être le prix d’une installation .

Notre homme n’est donc pas un critique d’art quelque peu confus et prétentieux comme pouvait le laisser penser une première lecture du texte mais un jeune artiste contemporain tout à fait côté et connu sans aucun doute dans les milieux spécialisés de l’Art. Et en plus il écrit, et en apparence abondamment. Peu d’artistes ont écrit sur leur travail, et quand ils le font c’est rarement pour en faire la théorie. C’est que généralement il est admis, au moins par l’amateur, que l’œuvre se suffit à elle même et qu’elle n’a pas besoin de mode d’emploi. On sait qu’il n’en est plus de même à notre époque de consommation de masse, où des foules compactes se munissent d’audiophones dans les musées, qui leur indiquent quoi voir et quoi penser.

Ce texte, on peut raisonnablement le penser, se veut une sorte d’audiophone pour un travail qui a besoin d’explications ou d’autojustifications. Un audiophone particulièrement inaudible, faute sans doute d’avoir quelque chose à dire. L’œuvre ici défendue appartient à l’avant garde telle qu’elle est aujourd’hui marchandisée. Il faut donc du « jamais vu », un concept nouveau, … nous sommes dans la rupture postmoderniste. Mais il faut tout de même réinscrire son travail dans l’histoire de l’art ou l’historicisme que l’on rejette pour montrer que l’on est digne de mériter une place dans cette histoire. Car qu’on le veuille ou non l’histoire continue même si en se retournant comme le fait l’ange de Paul Klee possédé par Walter Benjamin il ne reste plus que des décombres à contempler. Et W.B. allègrement recycle le minimalisme de Malevitch, les « ready-made » de Duchamp, et les schadogrammes de Man Ray qui sont tous de même lignée. Cet art de pure citation ne se justifie alors que par un texte qui lui aussi multiplie comme par hasard références, citations et effets de langage.

L’effet du texte et ce dont il est le symptôme est donné dans le texte même comme l’une de ses clefs : exhibitionnisme. Regardez donc ce que j’ai sous mon manteau. Je sais tout de la critique postmoderniste, je n’ignore rien de Barthes, de la French Theory. Le structuralisme, c’est moi, les groupes de Klein c’est moi, les carrés de Greimas, c’est moi. Ne manque à l’appel que la déconstruction et Derrida, mais elle n’est pas loin. Par contre aucune mention n’est faite de Lacan, et là notre homme atteint ses limites et découvre son inévitable manque qui est l’objet petit a. Il est vrai que le punctum de Barthes y fait référence sans le nommer, mais W.B. le sait-il ? W.B. préfère en effet les épigones américains qu’il cite abondamment et qui ne sont que les clones de la grande prêtresse Rosalind Krauss. Il prétend la critiquer et comme le fait Baker il l’utilise sans vergogne, ne rajoutant pas grand chose, à ce qu’elle nous a appris, si ce n’est un voile de brumes ou de smog. Car à la différence de W.B., Rosalind Krauss est une critique d’importance et de talent. Son œuvre est certes difficile, mais elle est lisible, et de plus accessible en français. Trois de ses textes majeurs « Les espaces discursifs de la photographie », « Notes sur l’index », « La sculpture comme champ élargi » sont accessibles et propres à éclairer les entours du texte, faute d’en permettre une totale compréhension.

Rappelons ici quelques thèses de Rosalind Krauss qui toutes s’inscrivent dans ce qu’il est convenu d’appeler le postmodernisme représenté en France par Lyotard, l’inventeur du terme, Foucault, Derrida et d’autres tous membres rassemblés outre atlantique sous le terme générique de French Theory, théorie qui n’est que la caricature de pensées authentiques mais passées à la moulinette américaine. Cette nébuleuse est très largement héritière de la pensée de Nietzsche qui avait montré la voie de « la philosophie à coups de marteau » : renversement des valeurs dominantes, crépuscule annoncé des Idoles, parmi celle-ci l’Histoire, le Progrès, la Vérité, la Conscience, les Valeurs Sociales et Progressistes, les Valeurs Démocratiques, toutes marquées du sceau indélébile du ressentiment. Tel est le clin d’œil qu’échangent les derniers hommes, clins d’œil de ceux qui ont tout compris. Il n’y a plus de valeurs puisque toutes les valeurs se valent. Et la valeur de toutes les valeurs, l’équivalent général, Marx nous l’a appris est l’argent. On ne saurait dire quelle est la valeur artistique du travail de W.B., mais on peut en donner le prix.

Le problème que pose W.B. dès son introduction est la question ontologique. Qu’est ce que la photographie ? Quelle est son essence, qu’est ce qui la caractérise en propre ? Cette question est celle là même que pose Rosalind Krauss dans son célèbre essai « Notes sur l’index ». Contre une conception purement mimétique, (la photographie ne serait que le simulacre de la réalité), contre une conception purement conventionnelle de la photographie, (et Dieu sait si en Photographie les conventions sont nombreuses, cadrage, couleurs, composition, conception des optiques, diverses interventions au niveau de l’éclairage, du tirage etc… sans compter les nouvelles conventions introduites par les processus de numérisation), elle défend la thèse objective ou référentielle de la photographie. Elle reprend là, la thèse de Walter Benjamin sur l’ « aura », qui à propos de la photographie de la petite pêcheuse de New Haven de Hill et Adamson déclarait que dans cette image il y avait « quelque chose qu’il est impossible de réduire au silence et qui réclame avec insistance le nom de celle qui a vécu là », celle d’André Bazin qui dans son « Ontologie de l’image photographique » définit ce qu’il appelle le « complexe de la momie », « la mort n’est que la victoire du temps. Fixer artificiellement les apparences charnelles de l’être, c’est l’arracher au fleuve de la durée, l’arrimer à la vie », enfin celle de Roland Barthes pour qui le « noème » de la photographie est le « cela a été ». « La photo n’est pas une copie du réel, mais une émanation du réel passé, une magie, non un art. » Cette thèse référentialiste, elle la traduit dans les termes de la sémiologie de Charles Peirce, pour qui il existe trois type de signes, l’icône qui est un signe par ressemblance avec son objet, le symbole qui établit une relation de convention et l’indice qui garde la trace d’une relation de contiguité entre le signe et son référent. Bien que la photographie participe de ces trois types de rapport c’est l’indice qui caractérise son être propre. « Toute photographie est le résultat d’une empreinte physique qui a été transférée sur une surface sensible par les réflexions de la lumière. La photographie est donc le type d’icône ou de représentation visuelle qui a avec son objet une relation indicielle. » Mais Rosalind Krauss va plus loin puisque prenant en compte l’évolution de l’art moderne qui tourne le dos aux formes classiques de la représentation, comme le font Malevitch , Duchamp et ses « ready made », les minimalistes américains, les gens de la « Pictures Generation », elle applique ce caractère indiciel qu’elle va nommer « le photographique » à ces formes modernes de l’art. « Le photographique », l’indice peut faire le lien entre la photographie comme « scène du crime » et les autres expressions de la modernité. Dans le Carré Noir de Malevitch que reste-t-il de la peinture, si ce n’est la trace laissée par le pinceau, que reste-t-il de l’œuvre d’art si ce n’est le « ready made » qui est l’œuvre par excellence autoréférentielle, que reste-t-il de la photographie, puisque le rayogramme peut fabriquer une trace sans camera.

On peut voir ici que le travail de W.B., rayogrammes plus « ready made » ayant enregistré les traces de leur transport par Fedex ; boîtes usagées, cubes de verres fêlés, brisés, réalise très exactement ce programme « photographique » qui est celui de Rosalind Krauss. Ce qui ne l’empêche pas de critiquer son (sa) mentor à travers son clone Baker.

Voyons enfin si ces quelques notes extérieures au texte peuvent servir à le « désobstruer » ainsi que les heideggériens nomme la déconstruction.

Ce texte qui multiplie les obscurités, peut néanmoins se ramener à une structure classique assez simple.

1. une problématique : reprise de la question « ontologique » de la photographie

2. suivent les critiques des thèses déjà énoncées sur cette question

2.1. critique de la thèse Krauss Baker et à travers eux de la position structuraliste

2.2. critique de la thèse allégoriste
2.3. critique de la thèse matérialiste
2.4. critique de la thèse formaliste et analyse de l’image comme abstraction qui aboutit au constat de la mort de l’image comme indice, place au Simulacre et au Virtuel

3. les réponses apportées à cette disparition de la photographie référentielle.

3.1. l’instrumentalisation de la photographie par l’art
3.2. la société du spectacle, Malevitch, Star Treck

4. les positions et thèses de W.B

- retourner à un usage référentiel de la photographie, l’index

- élargir l’espace de cette photographie à de nouveaux espaces intermédiaires

En résumé W.B. critique la théorie de l’index de Krauss, pour mieux ensuite l’adopter, et remet en question une conception formaliste et puriste de la photographie en appelant curieusement Barthes à son secours. Il constate la mort de la photographie dans ses usages artistiques et culturels, et veut revenir à ce qu’il critique, un art indiciaire, selon un programme très Kraussien, ce qu’il fait avec ses rayogrammes et ses « ready made ». Il veut enfin élargir le champ de l’art indiciaire à des espaces nouveaux, des espaces intermédiaires et sans doute se trouver un nouveau sponsor, Fedex par exemple.

Développons quelque peu ses différents points :

1. la problématique :

W.B. reprend la question « ontologique », celle de Rosalind Krauss. La photographie est menacée par des luttes de pouvoir entre institutions et par l’arrivée de nouvelles technologies. (W.B. semble-t-il reste fidèle aux procédés argentiques). Oui mais pourquoi reprendre cette question alors qu’en même temps il déclare la photographie comme indice morte, sans doute en raison de l’existence du « tout image ». Le désir de W.B. est alors de ressusciter la photographie indiciaire, ce qu’il fait dans son travail réalisé en rayogrammes.

2. les critiques des thèses en présence sur cette question

2.1. critique de la thèse Krauss Baker et à travers eux de la position structuraliste :

W.B. se lance dans une critique de Rosalind Krauss en critiquant l’ouvrage de son élève Baker dont le titre est la « La photographie comme champ élargi » , titre qui ne fait que reprendre celui de Rosalind Krauss, « La sculpture comme champ élargi ». Dans ce dernier texte accessible en français, R.K. se pose la question de savoir comment un même mot celui de sculpture peut s’appliquer aussi bien à une sculpture de Marc Aurèle, qu’à une œuvre de land art. La solution selon elle est structurale. Elle lui est donnée par les interrelations qu’elle établit grâce à un carré de Klein ou de Greimas entre une double opposition entre sculpture et construction de site d’une part et paysage et architecture d’autre part. Cette solution reprise par Baker et appliquée à la photographie n’est selon W.B « qu’une vieille lune », le texte de R.K date de 1979 ? D’ailleurs Baker qui a rompu avec elle ne fait que régler ses problèmes oedipiens, pris qu’il est entre une mère possessive, et une mère sévère, une mère phallique pour tout dire. Pourtant W.B. reconnaît une place tout à fait particulière de l’indice dans la sculpture moderniste, résultat d’une certaine fécondité de la position structuraliste (fracture acquise entre le signe et le référent). On sait qu’il en est, mais il n’en dit rien.

2.2. critique de la thèse allégoriste de Owen et Buchloh

Au sens propre un discours est allégorique quand disant une chose, il en pense une autre. Owen et Buchloh dénoncent cette contradiction propre aux artistes modernes qui dénoncent l’institution, mais en vivent et y trouvent fonctions et pouvoir. D’après W.B. cette critique adressée par les critiques d’art aux artistes, les critiques d’art pourraient commencer à se l’adresser à eux-mêmes, et sans doute W.B. pourrait-il se l’adresser à lui-même, car il ne semble pas être pour l’instant ce qu’on appelle un artiste maudit.

2.3. critique de la thèse matérialiste

Sans doute ici W.B. fait-il allusion ici à la critique marxiste, mais avec une discrétion confondante. La critique marxiste de l’idéologie englobe bien évidemment la production sociale des images. Il ne semble pas que W.B. ait eu connaissance du célèbre article d’Althusser sur « L’Idéologie et Appareils d’Etat », mais les thèses marxistes, dans leur doxa, sont suffisamment connues pour ne pas à être citées. Il s’agit donc d’aller chercher ce qui se cache derrière les apparences, a savoir que les images sont un nouvel opium des peuples. Que nous cachent donc ces images dans la distance qu’elles entretiennent avec l’histoire ? Que nous dissimule cette mise en abyme des images qui nous renvoient à un infini d’autres images toutes semblables, si ce n’est des rapports sociaux de domination. Et puis dans un raccourci saisissant pour ne pas ne pas dire scabreux W.B. nous entraine dans un au delà des apparences qui est la mort. Roland Barthes est de retour avec son fameux « cela été », qui est aussi « un cela je le serai ». La fuite dans les images n’est plus alors qu’une « distraction », au sens pascalien, de quoi nous faire oublier la mort, mais l’oublie-t-on vraiment alors que comme le dit si bien Derrida « nous nous devons à la mort ».

2.4. critique de la thèse formaliste et analyse de l’image comme abstraction qui aboutit au constat de la mort de l’image comme indice. Place au Simulacre et au Virtuel


Hegel déjà avait annoncé la mort de l’art avec l’advenue de l’Esprit Absolu, et le triomphe de l’Idée sur la matière. L’envahissement des images, notre existence devenant de plus en plus virtuelle, nous conduirait à une vie complètement déréalisée dans laquelle on serait incapable de distinguer le concret de son simulacre (Baudrillard a dit pas mal de choses là-dessus).
Et W.B., là aussi dans un raccourci dont il a désormais le secret appelle de nouveau Roland Barthes à son secours. Mais ce n’est plus le Roland Barthes de la « Chambre Claire » qui médite sur la photographie du jardin d’hiver et se livre à un funèbre rituel, devinant ou désirant sans doute sa mort prochaine, mais le Roland Barthes sémiologue, celui des textes sur « Le message de la photographie » et sur « La rhétorique de l’image ». L’image est alors vidée de tout contenu pour être réduite aux conditions logiques de son fonctionnement. C’est ainsi que le bateau de Jason continuait à s’appeler Argos alors que son équipage en avait changé toutes les pièces. Le structuralisme a donc vidé la photographie de tout contenu référentiel, ou bien alors celui-ci n’en est plus qu’une portion congrue. La photographie comme indice est bien morte.

3. les réponses apportées à cette disparition de la photographie référentielle.

3.1. l’instrumentalisation de la photographie par l’Art

Cette forme désormais évidée de la photographie, W.B. en suit désormais les avatars dans son instrumentalisation par les Beaux Arts (on pourrait même dire par le marché de l’art, mais sur ce thème W.B. sait rester discret). Ceux-ci reprennent « les formes picturales de la Renaissance ». Portraits de la Nouvelle Objectivité, formes architecturales de banlieues vides etc…, formats démesurés, présentation aseptisée entre plexiglas et aluminium, la Photographie fait son entrée dans le Monumental, dans les Galeries, les Foires d’Art Contemporain, dans « l’exhibitionnalité » selon Rosalind Krauss. On retrouve ici la fameuse thèse de Walter Benjamin qui dans son essai sur « La photographie à l’âge de sa reproductibilité technique » avait montré que la perte de l’ « aura » que la photographie manifestait dans son usage culturel selon des rituels codifiés et dans lesquels intervenait son caractère référentiel était remplacé par une nouvelle valeur qui était celle d’ « exposition », liée au développement des techniques modernes de reproduction et de diffusion. Que l’on songe ici au gigantisme des tirages modernes rendus possibles par la numérisation mais aussi par le développement des techniques plus industrielles qu’artisanales.

3.2. la société du spectacle, Malevitch, Star Treck, même combat

Cette notion d’exposition ou d’ « exhibitionnalité » voire d’exhibitionnisme, W.B. très justement la fait remonter au débuts de l’industrialisation (cf. Benjamin) et en voit une parfaite illustration dans les Grandes Expositions Universelles et dans les architectures qui les ont accompagnées, telle le Crystal palace.
Passer du Crystal Palace au « ready made », là aussi le raccourci est osé. Mais admettons avec W.B. que le « ready made » n’existe que dans la distance qui nous en sépare. Un objet, un urinoir par exemple, a de toutes autres utilisations que celle de se montrer et d’être contemplé, et dans son usage fonctionnel il exige une certaine proximité. Du Crystal Palace à Malevitch, là aussi on peut dire que W.B. n’a pas froid aux yeux. Sous prétexte que Malevitch a travaillé pour les décors d’un théâtre, il affirme que son « Carré Noir » qui est le premier monochrome e l’histoire, n’a été conçu et peint que « pour la galerie ». De plus il lui dénie d’être l’inventeur du monochrome avec des arguments tout à fait fallacieux, comme si le Suprématisme était une bonne blague de potaches.
La référence à Star Treck et à la création par les moyens des images d’un monde virtuel dans lequel on ne sait plus distinguer la réalité de son simulacre paraît plus heureuse, bien que quelque peu tirée en longueur. On a visiblement affaire à un amateur en état d’addiction. Par contre sur ce sujet on aurait pu s’attendre à une référence à Debord, mais là aussi W.B. reste quelque peu timide et évite de parler de sujets qui pourraient être un peu plus sulfureux que la plus banale des séries télévisées.
Bref, accordons à W.B. que le thème de la disparition du réel n’est pas faux. Il constitue même un poncif de la pensée contemporaine. Pourtant nous devons bien admettre que parfois le virtuel en vient à défaillir, puisque récemment on vient de redécouvrir l’existence d’une économie réelle.

4. les positions et thèses de W.B.

En conclusion, W.B. en appelle à une remise en cause de la photographie puriste ou aseptisée pour la raison essentielle qu’elle serait vide de son être, vide de toute référence, de tout rapport indiciaire.

Le salut ne peut venir que d’artistes qui seraient à la marge, de sortes de rebelles comme les appelle Jünger, « outlaws » ou « sauvageons ». W.B. serait-il l’un de ses artistes maudits et « crève la faim », révolté et anarchiste ?

Son credo est que toute image doit avoir une existence matérielle et s ans doute n’être que cela. (En dehors de l’apparition de la Vierge Marie, une image peut-elle être totalement immatérielle) ? Il n’y a guère qu’Yves Klein à s’être risqué à une telle production. Il est vrai qu’il était membre des Chevaliers de Malte, gardiens du Saint Sépulcre, à moins que ce soit d’un ordre concurrent. Enfin malgré les critiques qu’il adresse au structuralisme de Rosalind Krauss et à celui de son fils spirituel bien qu’indigne Baker, on doit bien admettre qu’il rentre dans le rang de la famille des sectateurs de la Grande Prêtresse, dont la religion est celle de l’index. « Suivez mon petit doigt »

Et pour terminer, il en appelle à la lutte contre un monde qui ne serait plus que virtuel, contre un monde qui serait « tout images » ou « images toutes ».

Puisque le salut ne peut venir que des marges, pourquoi ne pas explorer ces marges, ces espaces intermédiaires, les tapis roulants, des aéroports, les centres commerciaux, les escalators avec leur vision à la Rodtchenko , des ambassades abandonnées si possible iraquiennes ; c’est plus dangereux etc..

Il présente enfin son texte comme un « discours de crise », ce qui ne manque pas de culot. Il nous est surtout apparu comme un discours « pro domo ». L’avenir c’est l’indice. Faites comme moi des rayogrammes, faites donc comme Man Ray qui lui aussi était un vilain copieur (pauvre Schad). Explorez comme moi des espaces intermédiaires, une ambassade abandonnée par exemple. Intéressez-vous aux détecteurs à rayons x qui « crament » vos pellicules et leur donnent une coloration jamais vue sur des cimaises. N’oubliez pasces espaces intermédiaires que sont les couloirs du ciel qu’empruntent les avions cargo de Fedex, avec dans leur soutes mes fragiles cubes de verre qui me reviennent, les uns fêlés, d’autres éclatés, certains presqu’intacts. Car Fedex prend soin de vos paquets, et comme l’a montré un film célèbre ils arrivent toujours à destination ; ce peut être le Withney ou une galerie d’Art Contemporain de Bruxelles en attendant les Grandes Foires et Biennales Internationales. Ce sont là aussi des espaces intermédiaires, des repères pour pirates, des cuisines clandestines pour ménagères en mini-révolution, fomentant de mini complots, des placards pour employés de maison en rébellion.

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   07-12-2008 21:10

le traduire était un défi qui m’a coûté une semaine de travail, et voilà que maintenant je suis sommé de l’expliquer ou du moins de tenter de le faire. Je suis même autorisé à prendre mon temps.

Merci beaucoup Jean Claude, quant à moi j'avais loupé le morceau le plus évident : "l'exploration" des espaces intermédiaires, je l'avais pourtant sous le nez !
Cette histoire est très importante, en ce moment pas mal de types travaillent là dessus, quand ce n'est pas que du plagiat pur et simple : envoi de films non exposés par la poste à l'autre bout du monde (aller et retour) à des fins d'altérations par rayons-x puis développés et tirés en ra4 tels des ready mades photographiques (mais avec des couleurs flashy). Ce qui placent ces suiveurs très à la traîne de WB... on va voir ce que cela donne ici, un peu de patience, peut être criera t-on au génie ?
Walead Beshty est un type encore jeune, et Words without pictures est une création du Los Angeles County Museum of Art (lacma), aussi il est vraisemblable qu'il s'est obligé ici a "faire complexe" quitte à être incompréhensible, ce qu'il n'est pas quand il parle de son propre travail.
En revanche je peux affirmer que sa "discrétion" sur le marché de l'art (selon votre expression) est en réalité du mutisme, il refuse catégoriquement d'en parler ce qui attesterait la thèse de l'outlaw ...


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   07-12-2008 22:58

Cher Marin

Il semble que tu connaisses W.B mieux que moi, tant mieux si j'ai pu éclairer ta lanterne.

Et comme tu dis, soyons patients, attendons la suite, si suite il y a.

Bonne nuit en attendant.

Jean-Claude Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Serge COSNIER 
Date:   08-12-2008 09:25

<< Il n’y a plus de valeurs puisque toutes les valeurs se valent. Et la valeur de toutes les valeurs, l’équivalent général, Marx nous l’a appris est l’argent. On ne saurait dire quelle est la valeur artistique du travail de W.B., mais on peut en donner le prix.>>

Dans cette affaire il faut considérer les Droits de Douane qui renforcent les "Indices" et qui sont d'une très grande Beauté.
Sans compter les taxes sur la Valeur ajoutée.

Photographe amateur


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   08-12-2008 09:47

Cher Mr Cosnier.

Il me semble que ce texte, en toute humilité ne peut pas se réduire à un problème de droit de douane. Par contre la notion d'indice ou d'index est bien la question posé par le texte et l'on pourrait s'attendre à un débat sur ce point qui est toujours d'actualité quant à l'histoire de la photographie et de l'art de façon plus générale.

P.S. J'imagine que les droits de douanes perçus par Fedex sur un cube de verre doivent être minimes vu la valeur marchande de W.B. La valeur n'est plus la même si par exemple W.B. veut envoyer le même cube par Fedex en tant qu'aoeuvre d'art ready made de W.B. C'est là l'un mystère de la valeur marchande d'une oeuvre d'art, comme était un mystère ce que désormais on appelle la bulle financière, en attendant peut-être de parler de la bulle de l'art contemporain.

Bien à vous

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Serge COSNIER 
Date:   08-12-2008 10:38

Mr Mougin,
Pour moi l'art contemporain n'est rien d'autre qu'une Fantaisie dont la bulle finira bien par éclater un jour ou l'autre avec heureusement beaucoup moins de conséquenses dramatiques que la crise financiére. Cela aura au moins le mérite de remettre les pendules à l'heure.
Il n'y a qu'Un ready-made et c'est Duchamp qui l'a fait. Il n'y en aura jamais d'autres.
Pour ce qui est de la notion d'indice ou d'index, je suis intimement convaincu qu'elle est en vous et non chez Fed-Ex à 4000 Km. Mais je crois que là dessus nous ne sommes pas d'accord.
En tous cas chapeau bas pour votre courage à défricher ce texte .
Mais au cours de ce travail de Titan, ne vous êtes vous pas demandez si WB ne confondait pas le vide avec la profondeur?
Cordialement.

Photographe amateur


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   08-12-2008 12:11

Au moins est-il persuadé que ses boîtes vide ont de la profondeur;

Quant à la notion d'indice c'est un concept de la linguistique et la sémiologie. Une fois que l'ion est d'accord sur le sens à lui donner, le désaccord ne peut venir que de l'usage que l'on veut bien en faire.

Quant au travail de titan, il ne faut pas exgérer. On peut presque dire que j'ai gangé ma vie en bonne partie en expliquant des textes.

Là où j'en ai bavé c'est dans la traduction de l'anglais dont d'ailleurs je ne suis pas très sûr. Les anglicistes ne doivent pas fréquenter le forum, of course.

Bien à vous

JCM


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   08-12-2008 13:51

Cher Guillaume,

Maintenant que je pense t'avoir montré l'entrée et peut être même la sortie du texte, à toi de jouer et de nous sire ce que tu en penses, en développant un peu. j'aurai l'impression de ne pas avoir bossé pour des prunes, vu que j'y ai passé le week end, week end maussade il est vrai.

J'espère pour toi que tu ne l'auras pas passé en compagnie de W.B ou de l'in de ses clones.

Amicalement à toi

Jean-Claude


 
 Re: Words without pictures
Auteur: lorac2402 
Date:   08-12-2008 16:50

>>Mais parler d'image sans image c'est une étape intéressante.>>

D'aucuns s'en gargarisent.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: lorac2402 
Date:   08-12-2008 17:05

et ici avec des images


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   08-12-2008 17:40

Cher Lorac

Je vous signale qu'il est possible de voir des images de W.B. sue le site de Janssen, comme je l'ai indiqué.

Ce n'est pas moi qui ai proposé le texte de W.B. je l'ai traduit pour mon seul plaisir. On m'a demandé de l'expliquer, ce qui a occupé mon week end. Vous trouvez cela gargarisant. D'après les images que vous proposez il s'agirait plutôt de masturbation.

Peut-être peut-on concilier les deux. Masturbation+gargarisme=fellatio. Je m'excuse pour le latin.

Essayer d'élever le niveau, vous trouverez toujours quelqu'un pour vous rabaisser au niveau du vulgaire.

Je vous y laisse, et n'espérez pas me revoir intervenir sur ce forum, qui d'une façon générale est fait plus de mots que d'images.

Avec mes salutations

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Marc Charvet 
Date:   08-12-2008 18:04

Quelques réflexions, brèves. Et sans doute décousues. Pour avancer lentement.

Qu’est ce que la photographie ? Quelle est son essence, qu’est ce qui la caractérise en propre ? pour reprendre le sujet de l'article dont il est ici question.

Y a-t-il de réponse autre que formelle ? Poser la question de l'essence de la photographie me semble aussi devoir reconnaître un statut particulier à la photographie parmi les procédés permettant de fabriquer des images. La photographie à ceci de particulier quelle permet de fabriquer une image à l'aide d'un appareil ; même si l'appareil est manipulé par l'homme, si le choix de l'image à reproduire est le fait de sa pensée (aussi fruste soit le processus de son élaboration), l'image reste conditionnée par l'appareil et les conventions qu'il met en œuvre. Est-ce que le recours à cet appareil permettant de reproduire l'image de ce qui est vu (que ce vu soit au travers de l'appareil ou non) donne une spécificité à cette image qu'elle n'a pas quand elle est produite par un geste que commande la pensée ?

Une photographie est avant tout le fait d'une volonté, individuelle et radicalement égoïste. L'appareil seul ne réalise pas de photographie ; il faut au minimum l'avoir mis en état de fonctionner et fait en sorte qu'il enregistre une image. Dès lors que l'on s'empare de cette reproduction appelée photographie commence le long cheminement des interrogations. Car peut on échapper aux interrogations ontologiques quand que notre volonté s'exerce ? Le questionnement ontologique me semble avant tout être fonction de ce que nous sommes dans la fabrique de l'image ; ni le questionnement, ni les réponses ne pourront être les mêmes selon, par exemple, que l'on photographie à la faveur d'un voyage organisé le monument que le guide propose obligeamment à notre attention afin d'en garder "la preuve / souvenir", ou alors que - un brin ironique - l'on photographie les susdit voyageurs organisés en train de photographier dans un bel ensemble le susdit monument.

Si l'on demande au premier photographe de s'expliquer sur l'essence de la photographie, il aura sans aucun doute une réponse qui dira exactement ce qu'il est. Que son questionnement et sa réponse n'aient guère à voir avec le questionnement que l'on a pu lire dans l'article ci-dessus est certainement une évidence, mais cela ne déqualifie en rien le propos (ni le qualifie). Il en sera de même avec le deuxième photographe, et sa réponse qui portera une autre appréciation quant à l'essence de la photographie dira pareillement qui il est. Il est probable que le premier photographe n'éprouvera pas spontanément la nécessité du questionnement ontologique alors que le deuxième, désireux de justifier sa fabrique d'image, désireux de ce "sens" sans lequel il semble que l'on soit voué à se perdre, oui. Il est probable également qu'ils apprécient différement la question de la réalité, de son évidence ou pas, de la représentation et du spectacle, etc.

Le point de rencontre reste, formellement, la photographie. Mais au delà, tout commence à diverger. Les différentes pensées qui s'exercent (se sont exercées) à approcher la photographie disent, chacune à leur manière et avec la petite "vérité" qui leur est propre, une facette de la photographie, mais aucune ne peut prétendre dire la photographie. Chacun, ici par exemple, peut construire une ontologie de la photographie ; chacun peut écouter aussi ce que d'autres ont à exprimer à ce propos.

Mais je suis parfaitement sceptique à ce qu'une réponse existe au delà de la très faible part de vérité que nous sommes à chaque instant où nous vivons.

Marc





 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   08-12-2008 18:23

l'image reste conditionnée par l'appareil et les conventions qu'il met en œuvre.

Et non justement, le coup du voile des films par rayons x que j'avais cité plus haut est un contre exemple. Grosso modo le photographe expédie ses films par bagages ou par colis, les récupère et fait un choix selon des critères "plastiques". Donc nul besoin d'appareil photographique, où d'une quelconque volonté, mais juste une idée (passer les films au RX) qui échappe dans son exécution totalement au photographe : plus d'appareil et plus d'opérateur.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   08-12-2008 18:25

... et le résultat est bien une photographie, au moins sur le plan technique.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   08-12-2008 18:29

<<... et le résultat est bien une photographie, au moins sur le plan technique.<<

Plutôt une Xraygraphy

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Marc Charvet 
Date:   08-12-2008 18:30

Donc nul besoin d'appareil photographique, où d'une quelconque volonté, mais juste une idée (passer les films au RX) qui échappe dans son exécution totalement au photographe : plus d'appareil et plus d'opérateur.
Qu'est qu'une idée sans volonté pour la mettre en oeuvre ? Même livré au "hasard", il a fallu mettre en présence l'appareil, les films, les rayons X. Et si seul le hasard est en cause dans le fait initial, le discours se charge alors de l'arracher au hasard pour lui donner un sens.

Marc





 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   08-12-2008 18:48

"Plutôt une Xraygraphy"

Si on veut, mais le résultat c'est d'abord un tirage.


"le hasard est en cause dans le fait initial"

Dans l'exemple on le gars expédie du film vierge dans l'espoir qu'il soit cramé, c'est la partie "prise de vue" qui est livrée au hasard, l'accident est souhaité.

Pour W Beshty c'est un peu différent : il y a eu un accident qui est venu renforcer son projet photographique initial, ce qui à mon sens différencie WB de ses suiveurs : il a un vrai projet.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   08-12-2008 18:58

<<"Plutôt une Xraygraphy"

Si on veut, mais le résultat c'est d'abord un tirage.<<

Ce photographe commence donc par faire les tirages ensuite il fait les Xraygraphy ?

Intéressant, mais je n'ai pas lu ça dans les traductions de Mougin

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   08-12-2008 19:01

Vu que le niveau de la discussion a tendance à s'élever, je me permets de reprendre la parole.

La question posée par le texte est celle de l'indice. Cette réponse, à savoir qu'il n'y a de photographie que si celle ci garde une trace d'un contact physique, de ce qui a été en contact avec un support sensible. (Ce peut être une main négative dans la grotte Chauvet, la trace laissée par un bison que poursuit un indien, une empreinte digitale sur l'arme du crime, une signature génétique, ou la photo de ma mère aujourd'hui décédée et que je peux voir âgéee de 5 ans tenir la main d'un poilu de la guerre de 14.) Cette réponse fait-elle problème, est-elle acceptable? C'est la question ou plutôt la réponse que donne le travail de W.B., qui reprend la position de Malevitch par rapport à la peinture, celle de Duchamp par rapport à la sculpture, ou celle de Man Ray par rapport à la photographie. Une photographie qui ne garderait la trace d'aucun référent est-elle encore une photographie? Il me semble que la question peut être posées et qu'elle est actuelle? Il y a peu à Paris Photo était exposée une "photo" de Han Debbie représentant les "les Trois Grâces" Avait-on affaire à une photographie d'une statue de Canova, à la photographie de trois modèles inscrits dans une agence et peintes en blanc, à trois mannequins en carton mâché genre poupées gonfables, ou bien des modèles numérisés qui n'existent que dans le fichier d'un ordinateur. Ce que je dis là ne remet pas en question le statut d'oeuvre d'art de l'objet en question, cette interrogation constitue son inquiétante étrangeté, mais est-ce encore une photographie?

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Marc Charvet 
Date:   08-12-2008 19:13

mais est-ce encore une photographie?

Ou autrement dit, où s'arrête la photographie ; et comment nommer ce que l'on considérerait comme un "au delà" de la photographie, bien que conservant un rapport formel avec ce que l'on considère être du domaine de la photographie.

Les indices peuvent être épars, peu discernables, du moins en l'état de notre vision à un moment donné. Serait-ce alors que "les frontières" nous obligent à considérer à nouveau ce qui nous semblait évident jusque là ?

Marc





 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   08-12-2008 22:04

"Serait-ce alors que "les frontières" nous obligent à considérer à nouveau ce qui nous semblait évident jusque là ?"

Je ne le pense pas, ce sont des recherches (avec derrière un gros fantasme), la photographie rapporte à 2 dimensions ce qui est à 3 (les sculptures), c'est déjà très compliqué, je n'y trouve personnellement encore rien "d'évident".
Beshty mélange la photographie classique avec le rayon x, est-il tridimensionnel ? je n'en sais rien, mais cet « hors photographique » fonctionne très bien avec son sujet, dans l'autre exemple (celui avec les films vierges) que j'ai donné, on est dans la démonstration, dans la singerie (cf : le réél en photographie et l'histoire du chien rapporté par Henri Peyre : la machine à rayon x "fait ce qu'elle peut").
Mais notre auteur n'est pas non plus en reste de démonstration avec ses colis expédiés par Fedex, c'est du même tonneau que son suiveur...


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   08-12-2008 23:32

Je pense que comme le fait Rosalind Krauss B.W élargit le champ de la photographie. Que l'oeuvre soit à 2 dimensions, les rayogrammes, ou à 3 dimensions les boïtes Fedex, pour lui c'est du kif kif, il produit de l'index, ballader ses boîtes par cargo fedex pour endommager ses cubes de verres, ou passer (je pense volontairement ses fiilms aux rayons X), c'est accumuler des accidents, des traces, des indices.

Rosalind Krauss dirait il fait du "photographique", et le photographique comme trace peut avoir deux dimensions, une photographie, ou trois c'est une sculpture ou une installation, un ready made.

Rien de nouveau sous le soleil de l'index. je vous renvoie aux textes de Krauss que l'on trouve facilement aux éditions Macula. On n'est pas obligé de partager ses thèses, mais on doit considérer qu'elles ont fait date et qu'elles continuent d'inspirer l'art contemporain. En tous les cas elles intéressent et elles interrogent la photographie dans ses liens avec le dit art contemporain.

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   09-12-2008 10:13


Bravo les gars pour le "niveau"!!!

Essayer d'envoyer un fichier RAW à l'autre bout du monde et retour.
Soit il revient intact, soit il revient détruit c.a.d. illisible. Les processus dont vous parlez ne sont signifiants que sur des objets analogiques qui en général peuvent presenter des déformations continues. Sur des objets numériques, on a des ruptures discontinues et donc perte irreversible de sens.

Est-ce le retour de l'analogique ? :-)

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   09-12-2008 11:51

Bien vu

JCM


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   09-12-2008 12:06

"Est-ce le retour de l'analogique ?"

Un peu bizarre comme question, pourquoi demander au numérique ce qu'il ne peut produire ?
A moins que l'utilisation de film soit considérée par JCR38 comme rétrograde, mais je ne vois pas bien le rapport avec la choucroute ...


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   09-12-2008 12:35

Pour prendre la défense de JCR38, la question est de savoir si un fichier que l'on ballade à travers le monde peut enregistrer les accidents, les traces de son périple comme peuvent le faire des cubes en verre dans des emballages fedex.

La question est celle de l'index. La photo numérique a-t-elle par essence un caractère indiciel. Je n'ai pas la réponse, car je n'y connais rien, mais la question est posée. A vous Marin ou Guillaume ou Henri ou d'autres d'y répondre. Je ne demande qu'à apprendre.

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   09-12-2008 12:41

Un grand merci à Mougin,
Pour sa traduction,
Puis pour sa patiente explication.

De mon côté j'ai pas beaucoup avancé,
Ok l'index,
Pas de problème, mais c'est vraiment pas unique,
Je trouve les explications de Mougin plus intéressantes que les images ;-)

Pour cette nouvelle question : "La photo numérique a-t-elle par essence un caractère indiciel."

Si l'on prend pour acquit cela : " Cette réponse, à savoir qu'il n'y a de photographie que si celle ci garde une trace d'un contact physique, de ce qui a été en contact avec un support sensible."

Je ne crois pas que le numérique puisse avoir un caractère indiciel, ce ne sont que des 1 et des 0, et/ou un capteur inerte sans intérêt.

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   09-12-2008 12:49


"Un peu bizarre comme question"

Ma remarque était simplement destinée à poser une question:
Tout ceci n'est-il pas un tentative plus ou moins desesperé de l'art pour tenter de s'affranchir et/ou? de s'opposer à la technique envahissante?

Et ceci en préservant son caractère qui depuis la nuit des temps est analogique.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   09-12-2008 12:53

Oui, Mougin, c'est exactement ce que je voulais dire.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   09-12-2008 13:12

"Oui, Mougin, c'est exactement ce que je voulais dire."

mouais ...


"Tout ceci n'est-il pas un tentative plus ou moins desesperé de l'art pour tenter de s'affranchir et/ou? de s'opposer à la technique envahissante?"

Vous êtes dans une logique de conflit, et quand bien même se serait le cas ça ne change pas la question. Et puis singer en numérique de l'accident , ou du grain ou n'importe quoi qui est propre à l'analogique est un peu ridicule. En revanche la question de la croyance est importante : les films ont été irradiés lors de contrôles aux frontières et non modifiés sous photoshop , les cubes expédiés et non brisés dans l'atelier etc ... autrement dit , la circonstance de l'accident est importante et donne le sens à l'œuvre, la question du lâcher prise de l'artiste au travers d'une expérience qu'il provoque mais ne maîtrise pas est au cœur du travail de WB (et d'autres) . La technique est simplement utilisée selon le résultat recherché et n'intervient pas pour s'affranchir (décidément c'est une lubie!) d'une technique "envahissante".


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   09-12-2008 13:52

"au travers d'une expérience qu'il provoque mais ne maîtrise pas est au cœur du travail de WB"
Ne pas maitriser, c'est peut-être cela qui s'oppose à la technique.

"La technique est simplement utilisée selon le résultat recherché et n'intervient pas pour s'affranchir (décidément c'est une lubie!) d'une technique "envahissante"."

Il ne s'agit pas de s'affranchir d'une technique particulière mais d'un univers technique.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   09-12-2008 14:13

"Ne pas maitriser, c'est peut-être cela qui s'oppose à la technique."

Je ne l'entends pas comme cela : l'absence de maîtrise vise à rechercher l'accident, le résultat chez Beshty est partiellement accidentel puisqu'à l'origine il y a une photo composée qui est altérée a posteriori. Plus que la maîtrise, l'accident courcircuite la volonté, l'artiste organise l'accident puis s'en remet au hasard. "L'univers technique" est du côté de la machine qui vient altérer le film, il participe donc au contraire activement au projet !


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   09-12-2008 14:57

Marin, je ne l'entends pas comme vous.
Pour moi, l'absence de maitrise tend à s'opposer (ou à sortir) à la technique.
la machine à RX est une auxilliaire certe technique, mais une auxilliaire seulement qui ne remet pas en cause le projet.
Un peu comme se rendre en voiture à une manifestation écologique. La voiture est un auxilliaire, mais ne remet pas en cause votre projet de fond.

Mais il est bon d'avoir plusieurs avis.

Quant à savoir si la photo numérique peut avoir un caractère indiciel, pour ma part je ne le crois pas, mais à voir.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   09-12-2008 15:03

"Un peu comme se rendre en voiture à une manifestation écologique. La voiture est un auxilliaire, mais ne remet pas en cause votre projet de fond."

Mais le sujet de WB est justement l'exploration des espaces intermédiaires -))


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   09-12-2008 16:02

"Mais le sujet de WB est justement l'exploration des espaces intermédiaires -))"

Oui, il y a cet aspect mais ce n'est pas lui que je mettrai en premier. Pour cela, il y a bien d'autres procédés plus intéressants que de faire voyager un film si on voulait le faire rationnellemnt (pour ainsi dire techniquement).
A mon sens, le plus important est la volonté d'introduire la marque du hazard dans l'histoire de l'objet, un peu comme simulation de vrai vie (la partie qui échappe à la technique). L'environnement étant technique, il y a bien sur des machines.

Bon, c'est subjectif, mais c'est ce que m'inspire ce type d'expérience.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: Xavier R 
Date:   09-12-2008 22:52

<<A mon sens, le plus important est la volonté d'introduire la marque du hasard dans l'histoire de l'objet, un peu comme simulation de vrai vie (la partie qui échappe à la technique). L'environnement étant technique, il y a bien sur des machines.>>

Un jour, quelqu'un a dit ici que le hasard était fasciste.


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Si je photographie quelque chose, tant pis pour elle.
mon site



 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   09-12-2008 23:05

Quelqu'un a dit ici que selon le dire quelque peu excessif de Roland Barthes, :" la langue est fasciste". Car comme comme l'a montré Saussure, on ne peut pas parler une langue sans se plier à ses règles. Quand à la parole, elle est toujours du ressort de ma liberté.

Mougin dixit

P.S. On ne voit pas en quoi le hasard pourrait être fasciste?


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   09-12-2008 23:34

"le plus important est la volonté d'introduire la marque du hazard dans l'histoire de l'objet, un peu comme simulation de vrai vie (la partie qui échappe à la technique)"

Mais n'est-ce pas simplement de l'ordre de l'expérience ?
Du coup on peut se poser à nouveau la question du caractère non indiciel du numérique : soit l'image existe et n'est pas altérée, soit le fichier est corrompu et reste muet.
Cela dit "exploiter" un fichier muet, donc "rien", est une posture ultra-contemporaine : il n'y a pas d'œuvre mais il y aurait pu en avoir une, le tout accompagné d'un beau statement sur l'image disparue dans l'accident, le caractère non indiciel du médium, le désir de regard contrarié dans un monde ou la pulsion scopique est reine, et roule ma poule en avant pour le Whitney.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   09-12-2008 23:36

mais tout est souligné, ah quelle horreur ...


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Xavier R 
Date:   10-12-2008 07:56

<<P.S. On ne voit pas en quoi le hasard pourrait être fasciste?>>
moi non plus. Demande à HG;:)))


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Si je photographie quelque chose, tant pis pour elle.
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 Re: Words without pictures
Auteur: lorac2402 
Date:   10-12-2008 12:18


voir ce site

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aadhrs

:oD


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   10-12-2008 12:50

Effectivement si on se place d'un point de vue matérialiste stalinien ou laplacien, il n'y a pas de place pour le hasard, et alors effectivement le hasard peut être dit fasciste. Mais avouez que le sujet dont il est question ici, la fonction de l'index a peu de chose à voir avec les problèmes de rétromarxistes. Pourquoi pas revevenir à Jdanov ou Lyssenko, (l'orthographe est de mémoire), pendant que vous y êtes, et si ces noms vous sont connus.

Mon cher Lorac and quanti, vous avez une curieuse manière de mener un débat. On vous voit vous shootez avec Google, et vous renvoyez les gens aux niaiseries que vous y trouvez, et pour le tout vous illustrez votre propos de photos vulgaires. Cela sans doute pour montrer que votre interlocuteur est un imbécile, alors que vous-même vous vous montrez incapable d'articuler trois phrases, encore moins trois arguments.


Je vous suppose muni d'un organe central; servez-vous en, dites nous ce que vous pensez, argumenter, prenez quelques heures ou quelques jours de votre temps pour faire avancer le schmilblick, plutôt que de considérer le mot intellectuel comme une insulte.

Je vous rappelle quand même que pour Démocrite c'est le hasard qui est la cause de toute chose et si les atomes par hasard n'avait pas déviés de leur trajectoire (le fameux clinamen) rien jamais ne se serait passé dans le monde.

Mais cherchez bien, bien vous allez sûrement nous trouvez une photo de Democrite, ou une statue de Démocrite faisant le salut fasciste.

Maintenant ne comptez pas sur moi pour vous faire une dissertation sur matérialisme et hasard.

Jadis dans ma jeunesse les maoïstes que j'ai fréquenté quelque peu affirmatent, "on ne discute pas avec ses ennemis", sous entendu on leur casse la gueule.

Je pense que je viens de perdre mon temps à répondre à un imbécile, non pas que vous le soyez par nature, mais vous l'êtes surtout par incapacité à penser par vous-même.

Monsieur, je ne vous salue point

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   10-12-2008 13:49

<<<<P.S. On ne voit pas en quoi le hasard pourrait être fasciste?>>
moi non plus. Demande à HG;:)))<<

Xavier,
J'ai dit cela dans un contexte particulier,
Qu'il conviendrait de citer,
Mais cela sans doute rien à voir avec WB

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 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   10-12-2008 14:30

On vient d'apprendre, ou de nous rappeler que le hasard est "fasciste, mais pour les staliniens qui sont ..... Henri serait-il un crypto stalinien?

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Peyre 
Date:   10-12-2008 14:33

Merci pour ce long et intéressant travail, Jean-Claude !
Après t'avoir lu, je me dis que j'ai des leçons d'humanisme à prendre. Tu as accordé à l'auteur commenté le crédit d'une connaissance des textes et des auteurs qui me semble être plus imputable à ton propre compte culturel qu’a celui du personnage dont le texte est en analyse. Dans le fond tu n’as peut être pas tort. Ou, plus exactement, si tu avais tort sur le fond, tu n’aurais pas tort dans le principe : je trouve cette attitude bien plus respectable que l’attitude si commune sur les forums, qui consiste à exhiber par le trait court la finesse pas plus longue de son esprit.

Faire le commentaire du commentaire est assez périlleux : les connaissances que nous avons les uns et les autres sont des espaces fortement complémentaires avec quelques intersections non nulles.

Je voudrais me concentrer sur le point que tu soulèves en reprise et qui me semble effectivement être important :

« La question posée par le texte est celle de l'indice. Cette réponse, à savoir qu'il n'y a de photographie que si celle ci garde une trace d'un contact physique, de ce qui a été en contact avec un support sensible. (Ce peut être une main négative dans la grotte Chauvet, la trace laissée par un bison que poursuit un indien, une empreinte digitale sur l'arme du crime, une signature génétique, ou la photo de ma mère aujourd'hui décédée et que je peux voir âgée de 5 ans tenir la main d'un poilu de la guerre de 14. Cette réponse fait-elle problème, est-elle acceptable? C'est la question ou plutôt la réponse que donne le travail de W.B., qui reprend la position de Malevitch par rapport à la peinture, celle de Duchamp par rapport à la sculpture, ou celle de Man Ray par rapport à la photographie. Une photographie qui ne garderait la trace d'aucun référent est-elle encore une photographie? »

L’indiciel comme il est défini ici ne me semble pas propre à la photographie, sauf évidemment à placer la « main négative dans la grotte Chauvet » dans le rayon des photographies. J’ai tenté d’analyser comme j’ai pu la question du réel en photographie ici :
http://www.galerie-photo.com/reel-representation-photographie.html
Pour résumer, je rappelle que la difficulté est de ne pas confondre le point de vue du spectateur (qui grosso modo attend qu’on lui parle de ses peurs et de ses amours) avec le point de vue du photographe (qui photographie soit pour arrêter la mort de l’instant, soit pour documenter une démarche). Par ailleurs, chaque époque commande les habits de cette expression, suivant les modes et le savoir-faire techniques.

L’indiciel n’a pas de place, pour moi, dans la définition des rapports qu’entretient la photographie avec le réel. On n’a pas besoin, me semble-t-il, de cette hypothèse.

Particulièrement probante me semble à cet égard la lucidité de Barthes dans la Chambre Claire, dont je ne veux pas manquer de souligner une fois de plus la beauté de « loyauté » de l’introspection.
Après des débuts assez lourdingues sur la question du punctum, Barthes jette au feu toute sa théorie à peine ébauchée pour chercher la photographie qui représente le plus de ce qu’était sa mère. Il la trouve non pas dans la photo d’une vieille dame – où l’indiciel, où la trace, de sa mère disparue serait la plus fraîche en quelque sorte - mais dans une photo de sa mère en enfant (cet enfant a « l’air » de sa mère dit-il, incapable d’analyser plus avant). L'indiciel est a priori bien plus lointain dans cette image que dans la première ! Cela me semble une preuve très belle que ce n’est pas l’indiciel qui fait le photographique : en ce cas plus l’indice aurait été chaud et plus la photographie aurait témoigné de la présence de la défunte !

Alors pourquoi cette photographie marche-t-elle mieux ? Elle marche mieux parce qu’on a beaucoup plus le sentiment sur la photo jaunie d’un jeune enfant qu’il va mourir ; on a beaucoup plus le sentiment que nous le savons et que, lui, ne le savait pas.
La photographie jaunie d’une vieille dame la condamne évidemment à la mort par le temps, mais bien moins qu’elle ne condamne une gamine de 7 ans qui avait « toute la vie devant elle ». On n'est pas seulement dans le pathétique... avec cette conscience, on peut aussi s'imaginer passer dans le savoir des Dieux !

Ce que je photographie n'a ainsi de valeur que parce que j’arrive à envisager sa disparition.
Tout ce qui me fait envisager mieux la disparition possible du réel représenté concourt à augmenter le Photographique en ce qu'il parle de l'essence. Ce n’est pas en rapport avec l’indiciel. C’est en rapport avec la faculté que j’ai d’envisager la disparition des choses. C’est très différent ! Les bons auteurs peuvent aussi se tromper et c'est vrai que le fil est fin ! ;-)




 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   10-12-2008 16:16

"’l'indiciel n’a pas de place, pour moi, dans la définition des rapports qu’entretient la photographie avec le réel. On n’a pas besoin, me semble-t-il, de cette hypothèse. "

Je pense au contraire, que l'inciciel qui n'est pas la propriété propre de la photographie, est au contraire le rapport essentiel de l'objet photographique au réel. Je ne veux pas ma relancer dans la démonstration, mais cela me semble acquis au moins pour la photographie en tant que celle ci comme dit Barthes n'est pas simplement "un art mais une magie", une alchimie, une trace par transformation chimique d'un support. Je ne m'avancerais pas pour affirmer la même chose des nouvelles images.

La question du punctum n'est pas "lourdingue" comme tu le dis, Barthes (il a pas mal pompé sans citer ses sources) et reprend sans le dire la notion d'objet a que Lacan développe dans son séminaire sur les quatre concepts, (et son texte à mon humble avis et lisible malgré ce qu'on en dit): "Qu'est-ce qu'un tableau". Il y traite ce qui dans un tableau ou une photographie fait tache. Ce qui dans un tableau nous regarde. mais l'inconscient photographique auquel fait déjà référence Benjamin nous emmènerait dans une autre discussion.

Bien sûr je suis d'accord avec toi sur ce que tu dis de l'enfant et de la vieille dame, mais ton approche reste subjective. Comme tu le dis une photographie de toi en particulier ou d'un être cher te fait envisager ta propre disparition. Mais que deviendra cette photographie si elle te survit pour un autre sujet à venir et qui rencontrera ton regard encore pétillant d'intelligence alors que tu ne seras plus poussière et cendres.

Différences d'âge sans doute, notre désaccord toujours patent, tient sans doute en grande partie à des sources en partie communes, mais dont nous avons des approches différentes, comme tu le dis si bien.

"les connaissances que nous avons les uns et les autres sont des espaces fortement complémentaires avec quelques intersections non nulles."

Il y a dans ces intersections non nulles(encore des espaces intermédiares) de quoi poursuivre les débats et conserver ton amitié, ce qui finalement m'importe le plus. La rivalité cell des idées, comme celle du stade est un jeu, un"agon" qui en opposant rapproche les rivaux dans la philia, cad l'amitié.

Enfin comme tu le dis si bien la longueur du trait est sans doute proportionnelle à la longueur de l'intelligence. Un trait qui serait court à la longueur de la flêche qui blesse. Il faut malheureusement parfois apprendre à s'en servir ne serait-ce que pour se protéger de la Bêtise.

Bien à toi

Jean-Claude


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   10-12-2008 16:20

<<On vient d'apprendre, ou de nous rappeler que le hasard est "fasciste, mais pour les staliniens qui sont ..... Henri serait-il un crypto stalinien?<<

Je ne crois pas,
Mon propos est sans doute à replacer dans son contexte

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 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   10-12-2008 16:56

Le numérique peut-il être indiciel?

Il me semble que l'on ne peut pas répondre par oui ou par non brutalement à la question.
Prenons un fichier Raw. Pour que l'expérience soit intéressante, il faut le munir d'un interface (capteurs + logiciels) de manière à ce que l'environnement puisse agir sur lui autrement qu'en le rendant illisible brutalement. Ceci étant, par cet interface, il ne pourra être sensible qu'a des classes d'évènements prevus à l'avance. Si l'évènement n'appartient pas à une classe connue, soit le fichier est détruit, soit il se met en mode bloqué, soit il affiche quelque chose comme "évènement inconnu".
On a donc un mode trés différent d'un cube en verre. Le hasard y joue un role pratiquement nul, c.a.d. c'est un hasard modulo le modèle de l'interface, c'est àdire de l'environnement.
Dans le cas du cube par exemple, on a pas besoin de modèle de l'environnement, il est en contact direct avec le monde. Le hasard peut jouer pleinement son role, et en particulier creer un ordre nouveau dans l'objet. Je pense que c'est cette création d'ordre nouveau à partir du hasard qui fait l'interet de ce type d'expèrience.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   10-12-2008 16:58

Rassure-toi Henri, ce n'était qu'une plaisanterie en réponse à un mauvais plaisant . Ce n'est pas en fréquentant les abbayes cistercienne que l'on devient stalinien.

Et puis heureusement que le hasard existe, surtout quand il permet d'improbables rencontres comme nous les aimons toi et moi. Il arrive même que pour leur donner leur poids d'amour, on les appelle destin.

Il arrive que ce qui ne doit pas arriver, selon les plans de la comète, arrive. Il n'est nul besoin de lever le bras selon le geste fanfaron et ridicule des chemises brunes pour saluer cet heureux hasard.

Il faut tout au contraire ouvrir les bras à l'ami qui nous arrive, ou la femme inattendue qui vous aimera des années encore. Que ferions nous d'un monde ou tout serait prévisible?

Apprenons comme dit Nietzsche à aimer le Destin, à aimer ce qui nous advient, ces heureux hasards qu'il ne faut pas laisser passer. Là est notre véritable attention.

Franchement du déterminisme de l'Histoire nous n'avons rien à faire, contentons nous de nos petites histoires et de nos petites images que nous fabriquons pour notre plaisir et pour les partager avec ses amis comme tu sais si bien le faire.

Amicalement à toi

Jean-Claude


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Arne 
Date:   10-12-2008 17:24

Hej, hej,

Ces quelques mots jetés de façon brouillonne, je repars travailler.

- les liens fascistes m'ont beaucoup amusé
--- Notamment sur Daniel B.,
--- Roland Barthès m'a toujours semblé provocateur et lapidaire,
--- Les images sans surprise Google.

fascisme vient-il, au hasard, de fascii ou fascia (;OP)))))

J'ai récemment créé une "œuvre " 2 clés USB comportant des images enregistrées (je vous passe la description complète de l'environnement, la "démarche" etc. ) formant un "photo-poivrée", c'est de la photographie (Il y a de la photo), un tableau (l'ensemble est arrangé), un ????

- Quel indice ici ?

A.

Qualis artifex pereo


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   10-12-2008 17:26

à jcr38
Merci pour l'explication !


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Xavier R 
Date:   10-12-2008 17:46

<<<<On vient d'apprendre, ou de nous rappeler que le hasard est "fasciste, mais pour les staliniens qui sont ..... Henri serait-il un crypto stalinien?<<

Je ne crois pas,
Mon propos est sans doute à replacer dans son contexte>>

C'était le temps ou on s'engueulait vertement.
Je ne me souvient plus du contexte qui est sans doute effacé par le bug du serveur mais je t'avais parlé du hasard objectif de Breton et tu m'avait répondu que le hasard etc.....
ce qui m'avait choqué et c'est gravé dans ma mémoire. La réponse pas le reste.

Sinon, mon niveau d'instruction est bien trop faible pour comprendre le texte traduit par mougin.
Par contre j'arrive a le suivre dans son débat avec Henri Peyre avec qui je ne suis pas d'accord sur les intellectuels et le pouvoir.
Incontestablement, Foucault, Deleuse, Levi-Strauss et Barthes ne sont pas des hommes de pouvoir. Ils ont plutôt lutté contre lui.
Savez-vous que un tiers des Français sont incapables de reconnaître la Joconde soi 22 millions entendu sur Arte. Combien connaîssent Foucault et compagnie 5%- 10% en étant optimiste.


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 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   10-12-2008 17:55

<<C'était le temps ou on s'engueulait vertement.
Je ne me souvient plus du contexte qui est sans doute effacé par le bug du serveur mais je t'avais parlé du hasard objectif de Breton et tu m'avait répondu que le hasard etc.....
ce qui m'avait choqué et c'est gravé dans ma mémoire. La réponse pas le reste.<<

Je crois pas que ce soit bien grave,
Je n'ai aucun souvenir du contexte.

Je crois que Fasciste voulais dire "qui décide à ta place" (parce que je ne suis pas Fasciste) ce qui est le propre du hasard.

<<C'était le temps ou on s'engueulait vertement.<<

C'est finit tout ça ;-)
On vieillit ...

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 Re: Words without pictures
Auteur: Xavier R 
Date:   10-12-2008 18:06

C'était pour rigoler vu que le texte du monsieur anglais généreusement traduit par mougin me laissait comme un idiot.
Il continu au reste.
Et guillaume c'est éclipsé.:-)))


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 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   10-12-2008 18:09

<<Et guillaume c'est éclipsé.:-)))<<

C'est normal Guillaume hésite entre Photographe, Architecte ou Paysan, aujourd'hui devait être le jour "Paysan" ou "Architecte", mais il va sans doute repasser un jour ...

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 Re: Words without pictures
Auteur: Xavier R 
Date:   10-12-2008 18:21

Oui mais bien que n'ayant rien compris au film j'ai suivi son déroulement et le petit père Guillaume a presque sommé mougin de fournir une explication de texte après que ce dernier l'ai traduit.
Et voilà qu'il disparaît le vilain.
Alors que mougin c'est cassé la tête pour lui (entre autre).


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 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   10-12-2008 18:23

<<le petit père Guillaume a presque sommé mougin de fournir une explication<<

Sans doute un jour ou Guillaume rêvait d'être inspecteur de police ;-)

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 Re: Words without pictures
Auteur: Xavier R 
Date:   10-12-2008 18:37

Photographe, Architecte, Paysan, Inspecteur de police et puis quoi encore!


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 Re: Words without pictures
Auteur: Xavier R 
Date:   10-12-2008 18:37

Le niveau baisse mea culpa.


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 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   10-12-2008 18:39

Sans aller jusqu'à inspecteur, je sais Guillaume très occupé, mais au point de nous faire un petit coucou.

Jean-Claude


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   10-12-2008 18:40

mais pas au point de nous faire un petit coucou


 
 Re: Words without pictures
Auteur: guillaume péronne 
Date:   10-12-2008 19:07

Je ne suis pas loin Jean-Claude !
On écrit toujours trop vite… donc je rumine.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: guillaume péronne 
Date:   11-12-2008 18:18

Je ne suis pas à l'aise avec cette histoire d'indice, et l'expérience qui consiste à exposer accidentellement des films aux rayons X des aéroports m'est d'un grand secours : cette expérience prouve simplement que si la photographie a bien un caractère indiciel, ceci n'est pas la condition sine qua non pour obtenir une image ressemblante ! Les rayons X laissent sur le film une trace qui a autant de ressemblance avec la machine de l'aéroport que mon empreinte dans la boue en a avec la couleur de mes chaussures, c'est à dire aucune. Autrement dit, le fort pouvoir d'évocation d'un réel dont est dotée la photographie, pouvoir fascinant qui tend à emporter notre croyance, est peut être plus à rechercher dans le caractère iconique de la photographie.

A quoi bon alors essayer d'opposer la photographie dite numérique sur ce seul plan de l'indicialité ? D'autant plus qu'il n'est nulle part gravé dans le marbre qu'un indice entretient une ressemblance avec le fait auquel il est lié : la girouette n'est pas le vent !
Si un indice se définit par une relation physique avec l'objet auquel il se réfère, le codage numérique d'un signal analogique émanant d'un capteur silicium n'échappe pas à la règle, de même que l'électro-encéphalogramme donne un indice de mon actvité cérébrale (morne plaine), ou encore le thermomètre à affichage 'digital' me donne une idée de la température de l'air aussi valable que son cousin à mercure.

Me voilà débarassé de deux boulets ! Merci WB.

(merci surtout à Jean-Claude dit "mougin" pour sa patience ; on sent l'expérience de l'enseignant qui a dû en avaler des vertes et des…)




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   11-12-2008 18:34



Une note de W. Beshty a propos la question de l'index et de l'anecdote du passage du film aux rayons x lors de son voyage à Berlin :




The trips there and back were particularly excruciating, missed flights brought on by the multiple connections required by my discount tickets, lost bags, surly and beleaguered employees. The sensation was of complete impotence; there was no one to get angry at, everyone was trapped in the limbo of air travel, behind counters, in distant call centers, no one was to blame. I realized that what had been missing from the original images was this process of travel, the alienating isolation of it. I’ve heard that the reason one is more likely to cry while watching a schlocky movie on an airplane is due to the implicit trauma of air travel, i.e. fear of death, of crashing. But the trauma of air travel is quite literally the confrontation with the tenuous grasp one has on autonomy on a sense of freedom, of personhood. Moving through these in-between sites constitutes a complete loss of control (in this death is only one aspect). I returned to Berlin to reactivate the site, to try to open it up for business, or at least camp out for a few days (I had done this before). I set up a phone line, using the original embassy answering service message I found on a tape at the site. I resumed photographing the site when I arrived, and continued to collect materials in the hopes reacquainting myself with it. I had put my film through the high-powered baggage x-ray machines in the airport without thinking, realizing only after I arrived in Berlin that the film would be ruined. As I was about to throw it out, I realized that this was the mark of the travel—the problem of translation—that I was hoping to address. The film recorded its own picture of international airspace, of national borders, of security. I photographed the site with this film and allowed the film to travel, unprotected on my return trip as well. The marks on the film produced abstractions that were an index of the ideological partitions I felt were left invisible in the previous images. They formed a veil underneath which the more banal snapshot images of the site existed.




 
 Re: Words without pictures
Auteur: Xavier R 
Date:   11-12-2008 19:46

Au secours mougin!!!!


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 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   11-12-2008 21:28

Entre 2001 et 2004 W. Beshty se rend plusieurs fois à Berlin pour photographier l'ancienne ambassade d'Irak, les photos ne lui plaisent pas, elles ne sont à ses yeux que de simples enregistrements des lieux, et n'ont pour lui aucune valeur artistique. En 2006 il retourne à Berlin après qu'un musée lui ait proposé d'exposer son travail : sentant que sa production pouvait être réduite à un simple photo constat, il retourne sur les lieux.
Lors d’un voyage particulièrement chaotique, il prend conscience de la précarité du voyageur en transit. Arrivé à destination après de multiples étapes dues à son billet charter (il vient de Los Angeles) il s'aperçoit que ses films ont voyagé en soute, ils ont donc subi l'exposition maximale au rayon x. Conscient que ses films sont détruits, il les utilise pour re-photographier l'ambassade : l'image des lieux se mélangeant avec celle du passage frontalier, indexant la "partition" géographique, politique, idéologique, sécuritaire etc.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: guillaume péronne 
Date:   12-12-2008 08:26

Merci Marin pour cette traduction.

…Lors d’un voyage particulièrement chaotique, il prend conscience de la précarité du voyageur en transit.

Voilà typiquement l'élément biographique qui laisse penser que notre homme, bouleversé par une épreuve et ainsi transformé, va acquérir un surcroît de lucidité. Préparation du lecteur, aussi, à prendre en pitié tant le bonhomme que ses films.

…l'image des lieux se mélangeant avec celle du passage frontalier, indexant la "partition" géographique, politique, idéologique, sécuritaire etc.

Tant que l'explication suivra, on peut y croire, mais il faut bien faire la part entre ce qu'une image photographique est effectivement capable d'emporter et ce qui y est ajouté par son auteur pour meubler : c'est le syndrôme de la pièce vide : l'auteur a tellement peur que son public ne puisse s'installer dans son image qu'il se force à la remplir de toutes sortes de sièges plus ou moins confortables.


A lire : un article paru dans Etudes Photographiques




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   12-12-2008 09:26

La question de l'indicialité est posée par Tom Gunning dans un contexte de photographie conventionnelle :
"l’indicialité de la photographie dépend d’une relation physique entre l’objet photographié et l’image ainsi créée. L’image se forme sur le négatif grâce à la transformation de l’émulsion photosensible sous l’action de la lumière réfléchie par l’objet photographié et passant à travers les objectifs et le diaphragme. Dans une image numérique, en revanche, au lieu d’une émulsion photosensible affectée par l’objet lumineux, la formation de l’image répond au codage de données sur la lumière en une matrice de chiffres."
Le travail de WB sort du cadre de cette définition, puisqu'il s'agit d'un rayon dont (je me répète) j'ignore s'il a une matérialité, et quand bien même il en aurait une, la trace laissée sur le film n'est, je ne le pense pas, sa représentation mais l'image de l'altération du film (il ne s'agit pas d'une photographie).
L'opposition avec le numérique vient du fait qu'un passage d'un fichier numérique aux rayon x ne laissera sauf erreur aucune trace sur l'image, dans ce cas le numérique n'a donc pas de valeur indicielle.
En revanche je serais très intéressé de savoir si une expérience physique (un choc par exemple) peut altérer un fichier numérique ou l'appareil qui le contient , et à quoi ressemblerai ce fichier une fois convertit en image.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   12-12-2008 09:56

"…Lors d’un voyage particulièrement chaotique, il prend conscience de la précarité du voyageur en transit."


J'ai fait une synthèse de la partie du texte très anecdotique qui traite de son voyage, où WB parle précisément de la perte de contrôle (loss of control) du voyageur en transit. Il dit que le voyageur aérien subit un isolement aliénant, que le fait qu'il soit plus enclin à pleurer devant des films médiocres diffusés en cabine est l'aveu implicite du trauma qu'il subit.
Toute ses explications visent justement à brosser un contexte général plutôt qu'un argument biographique, même s'il est très prolixe sur les faits qu'il a vécu ...


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   12-12-2008 12:19

"En revanche je serais très intéressé de savoir si une expérience physique (un choc par exemple) peut altérer un fichier numérique ou l'appareil qui le contient , et à quoi ressemblerai ce fichier une fois convertit en image."

Je répond rapidement et un peu approximativement.Bien sur qu'un choc (physique, electrique, ... ) peut altérer un fichier numérique. C'est même pour cela qu'on fait des sauvegardes!
La question est quel peut-être le résultat? Il faut considérer un fichier Raw comme un texte écrit dans un certain langage qui est interprétable par un logiciel ad-hoc, puis imprimé en image par exemple. Au passage, un film ce n'est pas du celà, c'est un objet physique qui a un contact direct avec l'environnement et sur lequel les agressions provoquent des modifications la plupart du temps continues.
Si vous retirer des lettres ou des mots de ce texte par un choc, en général, sauf cas particulier, votre logiciel ne saura plus l'interpreter, il n'y aura donc plus d'image. Il y a donc une rupture brutale (discontinue) qui efface le sens sauf à dire que l'absence d'image est intéressant.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   12-12-2008 13:14

Merci JCR,
autrement dit une image digitale ne peut révéler visuellement les traces d'un fichier corrompu dont on aurait pu extraire l'information ?


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   12-12-2008 13:46


Attention, dans certain cas, un spécialiste connaissant le langage du rAW, la nature des chocs, etc... pourra peut-être extraire quelques informations à posteriori. Mais en général il ne le pourra pas.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: guillaume péronne 
Date:   12-12-2008 14:00

…un film (…), c'est un objet physique qui a un contact direct avec l'environnement et sur lequel les agressions provoquent des modifications la plupart du temps continues

Tout ça n'est qu'une question d'environnement.
Un film peut être détruit par le feu / un fichier peut être altéré par une action logicielle.
Chacun des deux peut être altéré ou détruit pourvu qu'on le place dans l'environnement adéquat.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   12-12-2008 18:07

Guillaume,

Pour voir ou se situe la différence, prenons un exemple simple.

Prenons une boule de pate à modeler (object physique). Faisons lui subir des chocs, etc ... . En général, si les contraintes restent dans l'acceptable, elle va se deformer, recevoir des empreintes, ... ceci dans un mode de transformation continue.

Prenez un texte, je retire des mots au hasard. Pouvez vous encore en comprendre le sens? Si je ne retire pas trop de mots, vous pourrez peut-être en comprendre le sens.
Mais une machine ne le pourra pas. Contrairement à vous qui lisez avec un contexte, menez de front l'analyse syntaxique et sémantique, une machine effectuera d'abord une analyse syntaxique pure, celle ci echouera et on en restera là.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   12-12-2008 20:27

<<Bien sur qu'un choc (physique, electrique, ... ) peut altérer un fichier numérique.<<

Pour qu'une image numérique prennent les chocs, il faudrait qu'elle existe, hors l'image numérique n'a aucune existence, seul le support en a une et c'est lui qui sera modifié.
L'image n'est qu'un fichier, le fichier une matrice de 1 et de 0, aucune réalité, elle n'existe que dans sont passage vers un monde analogique, print ou écran.

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Words without pictures
Auteur: guillaume péronne 
Date:   13-12-2008 08:30

Malgré tout, un fichier est bien "écrit" sur disque dur par un procédé physique, mais bon… est-ce bien important pour la photographie ?


 
 Re: Words without pictures
Auteur: romain 
Date:   15-12-2008 02:19

Bonjour,

Votre fin de discussion me fait penser à cet ancien article de André Gunther.
http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2007/10/03/506-l-empreinte-digitale

bonne journée

Romain


 
 Re: Words without pictures
Auteur: gp 
Date:   15-12-2008 09:09

Merci pour ce lien.

Globalement d'accord avec A. G.
Petite réserve sur les images de synthèse puisque leur réception dépend essentiellement de leur contexte de présentation.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   16-12-2008 09:17

Je n'ai pas de compétence particulière pour discuter la question de savoir si la photographie doit-être de nature "indicielle" ou "en rapport avec la faculté que j’ai d’envisager la disparition des choses" comme le dit Henri Peyre. En fait, j'aimerai bien qu'elle participe des deux.

Juste une remarque sur l'article d'A.G. .
Les tenants cités d'une rupture dans la photographie numérique (Mitchell, Barboza, Rouillé) officient et/ou ont des formations à consonnance technique (vérifier avec Google). A.G. est un littéraire. Je laisse aux connaisseurs du milieu le soin de dire si l'on peut en tirer des conclusions.

En ce qui concerne les modèles numériques (ou plus justement symboliques), je suis toujours trés surpris que des gens qui les utilisent et les intègrent dans leur réflexion en ait une connaissance trés superficielle, qui ne dépasse pas trop le manuel de mode d'emploi.
On le voit encore dans la crise financière ou les gens ont beaucoup de mal à concevoir que la plupart des produits financiers sont des abstractions mathématiques sans véritable contre partie réelle et qu'une poignée d'individus manipulent à leur profit.

Pour la photographie, il est probablement trop tot pour juger de l'influence à long terme du numérique. Cette histoire est trop courte.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   16-12-2008 09:20

<<En ce qui concerne les modèles numériques (ou plus justement symboliques), je suis toujours trés surpris que des gens qui les utilisent et les intègrent dans leur réflexion en ait une connaissance trés superficielle, qui ne dépasse pas trop le manuel de mode d'emploi. <<

On attend tous un cours avec une grande impatience !!!!

<<Pour la photographie, il est probablement trop tot pour juger de l'influence à long terme du numérique. Cette histoire est trop courte.<<

Là c'est l'idée qui est courte, pas l'histoire.

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   16-12-2008 09:31

Je n'ai pas de compétence particulière pour discuter la question de savoir si la photographie doit-être de nature "indicielle" ou "en rapport avec la faculté que j’ai d’envisager la disparition des choses" comme le dit Henri Peyre. En fait, j'aimerai bien qu'elle participe des deux.

De fait elle participe des deux. Dire de la photo qu'elle a une nature indicielle, suppose qu'elle soit une trace, cette trace est le signe d'une absence. De ce qui a été présent, en contact physique avec l'indice, et n'est plus là. Il en est ainsi de la trace. Ce qui n'empêche pas la photographie pas d'être symbolique, selon une multitude de codes, ce qui multiplie d'autant le nombre et le relativité de ses interprétations.

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: gp 
Date:   16-12-2008 09:58

JCR,

A.G. a une bonne connaissance technique de la photographie. Nombre de ses articles le laisse entrevoir.

Par ailleurs, je ne comprends pas où tu veux en venir au sujet des modèles numériques et autres "modes d'emploi". Merci de préciser.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Peyre 
Date:   16-12-2008 10:01

Merci à Romain pour la référence.

Pour Jean-Claude, il s'agit de rechercher du côté de l'essence de la photographie, pas simplement de la fonction. Le structuralisme privilégie l'analyse par la fonction ; il ne me semble pas être l'outil adapté pour chercher les essences. Par principe il les nie. C'est un contresens, à mon avis, que de se cramponner à une pensée structuraliste pour chercher à localiser une essence.

Ceci dit complètement d'accord avec toi sur le fait qu'à un moment l'arrivée de nouvelles idées impertinentes a pu faire un peu de ménage parmi les idées branlantes. Le structuralisme a pu être fonctionnellement utile et je comprends ton attachement sentimental à ce qui a donné un peu de fraicheur aux idées à un moment donné ;-)




 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   16-12-2008 14:29

Henri,

Tout au long du fil la question a été celle de l'essence. WB parle d'ontologie. Je ne sais pas pourquoi tu veux toujours ramener les problèmes au structuralisme, et me prêter un attachement sentimental au structuralisme. Je ne connais de strucuturaliste que Levi-Strauss, quelques linguistes, et le premier Roland Barthes. Rien n'est plus barbant que le "Système de la mode", qu'il a d'ailleurs renié. Le dernier Barthes, celui qui traite de l'essence de la photographie ne peut pas être dit structuraliste.

Le structuralisme est mort, il n'a d'ailleurs fait qu'annoncer la fin d'une certaine forme de pensée pour faire place au logicisme. S'il sévit encore, c'est chez les pédagogues toujours à la recherche d'un semblant de scientificité. Au progrès de l'illétrisme, il est facile d'en mesurer les dégâts?

Pour une fois que nous sommes d'accord, pourquoi veux-tu toujours me ramener à un différent qui n'existe pas. Rosalind Krauss, utilise bien un carré de Klein à des fins pédagogiques. Il semblerait que tu préfèras les ronds pour illustrer tes schémas explicatifs. En es-tu structuraliste pour autant. qui t'en accuse.

Certes je suis attaché au temps de ma jeunesse, heureuse époque qui voyait sortir un bouquin important toutes les semaines. la Fnac alors se contentait de vendre des appareils photo, et il existait ce qu'on appelait des libraires et des disquaires tous gens de culture. Comment ne pas nostalgique. Comme le dit Epicure s'il y a un avantage à entrer dans la vieillesse, c'est bien celui d'avoir de bons souvenirs.

Bon souvenir que je t'adresse, l'ami.

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Peyre 
Date:   16-12-2008 15:22

Excuse-moi Jean-Claude, je ne voulais pas t'embêter.
Je voulais juste insister sur le fait que cette affaire de "l'indiciel" me semble une caractérisation fonctionnelle, et que cela n'est pas étonnant du fait de son origine. Maintenant qu'une caractérisation "fonctionnelle" puisse être utilisée pour décrire à l'épuisement une "essence"... ce n'est pas possible, le tout est plus que la somme de ses parties ! Là il y a erreur.




 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   16-12-2008 16:18

Le caractère fonctionnel, une photo après tout cela sert à conserver une trace, n'est pas contradictoire avec le fait qu'une photographie (si on en reste à l'argentique, je ne me prononce pas sur ce que je ne connais pas) "est" en elle-même une trace enregistrée sur une pellicule. Franchement je ne vois pas la contradiction ici entre essence et fonction. Qu'elle ait maintenant d'autres fonctions que celle de garder une trace, cela est évident, mais n'enlève rien à ce qui la constitue dans son être "de photographique" comme dirait Rosalind.

J-CM


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   16-12-2008 17:00

Ici une interview de Walead Beshty, avec un exemple d'image d'après un fichier numérique volontairement corrompu (en fin d'itv).




 
 Re: Words without pictures
Auteur: gp 
Date:   16-12-2008 17:38

Comme dit dans l'article de Henri sur le réel, la photographie possède un crédit culturel d’énonciation de vérité. Il y a fort à parier que ce crédit se fonde sur notre connaissance du processus : ce que je vois sur cette image a nécessairement été présent, ne serait-ce qu'en partie, devant un appareil qui en a retenu une apparence à un moment précis. Quelles que soient les transformations qui ont pu avoir lieu, si j'accepte l'idée que l'objet que je regarde est une photographie, c'est aussi que j'y vois une apparence de réalité conforme à ce que je peux attendre d'une photographie.
Indicialité et iconicité se combinent et il me semble difficile de trancher. Est-ce bien nécessaire d'ailleurs ?

L'image de synthèse complique un peu les choses en ce sens qu'elle peut avoir l'air d'une photographie (être "photo-réaliste") et donner à voir l'apparence de choses qui n'ont pas de matérialité. C'est là que notre bonne vieille photographie perd du crédit !
Mais au fond, que la photographie perde ce crédit est peut être une bonne chose, d'autant plus que celui-ci a artificiellement été maintenu en passant sous silence une pratique de la retouche qui remonte pourtant aux origines (voir ici). Débarrassée de cette charge, la photographie ne peut que mieux s'épanouir sur le plan de l'imaginaire et de la poésie : elle conserve un "effet de réel" qui me semble être un terrain fertile d'investigation !




 
 Re: Words without pictures
Auteur: gp 
Date:   16-12-2008 17:54

Merci 'marin' pour ce lien.

WB s'appuie sur un ensemble de contingences pour justifier ses images. Je doute que ces photographies puissent porter en elles tout ce contexte sans l'appui du discours de l'auteur.
Mais bon, il peut toujours tenter sa chance en se raccrochant à des branches, même fragiles ! Il y aura toujours des gens assez naïfs pour pousser des ahhhh de satisfaction.






(étrange comme cette interview fait écho à ce fil)




 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   16-12-2008 18:10

Celà semble bien confirmer le fait que corrompre un fichier numérique par accident n'a pas beaucoup de sens.
Ici, il est probable qu'un logiciel recompose l'image (ou plusieurs?) de manière plus ou moins aléatoire.
Techniquement, c'est du même ordre que rajouter du grain pour simuler une triX.
Je suis d'accord avec Guillaume, c'est un terrain fertile d'investigation. A mon sens, c'est peut-être par ce genre de procédé que commence vraiment la photo numérique, lui faisant quitter le terrain de la simulation de la photo argentique.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   16-12-2008 20:21


Ici, il est probable qu'un logiciel recompose l'image (ou plusieurs?) de manière plus ou moins aléatoire.

Il décrit le process comme suit à propos de l'image numérique "glass house" :
"J'utilise un programme qui traduit les données numériques en texte, cela produit une chance de reconfiguration de ces données et au final affecte l'image. Je n'utilise pas photoshop (a ces fins), j'utilise simplement un système automatique qui intervient dans un autre."


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   16-12-2008 21:49

"J'utilise un programme qui traduit les données numériques en texte, cela produit une chance de reconfiguration de ces données et au final affecte l'image"

Pourquoi pas-:)
Merci Marin pour cette précision.

Savez vous si le process précis est publié ou s'il reste confidentiel?
Qu'est-ce qui constitue "l'oeuvre", l'image ou l'image + le process?

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   16-12-2008 22:07

"Savez vous si le process précis est publié ou s'il reste confidentiel?"

Je n'en sais pas plus que ça, et d'ailleurs je nourrissais quelques espoirs de votre côté d'avoir une explication plus précise :)


"Qu'est-ce qui constitue "l'oeuvre", l'image ou l'image + le process?"

C'est d'abord l'image et sa "valeur" plastique, la question de l'œuvre n'existe finalement que dans l'intérêt qu'on lui porte, ensuite il s'agit de curiosité : "de quoi s'agit-il?" etc.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   16-12-2008 22:19

Il est impossible de reconstituer un process précis à partir de cette description.

Les données numériques sont déjà du texte (au sens de suite de symbole organisés).
A partir de là, quel nouveau texte produit-il?, quelles sont les heuristiques de reconfiguration, on ne sait pas.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   16-12-2008 22:23

"Les données numériques sont déjà du texte (au sens de suite de symbole organisés)."

Il parle de conversion en mots ("words").


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   16-12-2008 22:29

Oui, mais celà ne change rien. Ce nouveau texte est constitué de mots dont on ne sait rien. Ce qu'il faudrait savoir c'est quel sont ces mots, les phrases qu'ils constituent et comment ces phrases engendrent la nouvelle image.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   16-12-2008 22:38

Moi je ne sais pas. Mais ce qu'il dit c'est qu'au moment de la conversion du fichier s'opère une altération comme lors du passage des films aux rayons x, cette altération est d'un autre ordre mais elle à une valeur indicielle.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   16-12-2008 22:50

"mais elle à une valeur indicielle."

La, j'ai des doutes. Le mieux que l'on puisse dire est qu'elle a une valeur indicielle par rapport à ce process précis. Mais on ne le connait pas et il est certainement tout à fait arbitraire.
C'est un peu pour celà que je demandai est-ce qu'on adjoint à l'image le process. Il faut savoir qu'un tel process est généralement irreversible, même si on le connait dans le détail.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   16-12-2008 22:52

"Le mieux que l'on puisse dire est qu'elle a une valeur indicielle par rapport à ce process précis."

Mais je crois que c'est bien son propos. A voir s'il existe un descriptif de son process quelque part ...


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   16-12-2008 23:01

En ce qui me concerne, je me refuse à voir dans une tel procédé une valeur d'empreinte, même en disposant du processus précis. Je parlerai plutôt de signature avec une distinction analogue à empreinte digitale et signature d'un individu.

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   16-12-2008 23:05

bon on navigue un peu à vue là, je crois qu'un peu de temps pour la réflexion et plus d'infos s'imposent.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   16-12-2008 23:07

Oui, bonne nuit!

JCR


 
 Re: Words without pictures
Auteur: romain 
Date:   17-12-2008 02:30

Bonjour,

Voilà ce qu'on peut faire en travaillant une image de WB à partir d'un éditeur de texte.

http://img242.imageshack.us/img242/7601/beshty27c5e02be4.th.jpg[/IMG]

En forçant un peu plus la main...

http://img364.imageshack.us/img364/6373/beshty27c5e03it3.th.jpg[/IMG]

Bonne journée

Romain


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   17-12-2008 07:22

bonjour Romain,
vous semblez avoir trouvé ! vous pouvez décrire plus précisément comment vous avez fait cette conversion ?
merci !


 
 Re: Words without pictures
Auteur: gp 
Date:   17-12-2008 08:32

C'est simple. Tu ouvres ton image dans un éditeur de texte (en glissé-déposé sur mac, tant avec TextEdit que M$W*rd)). Tu peux alors déplacer des blocs de texte, etc…


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   17-12-2008 09:06

<<C'est simple. Tu ouvres ton image dans un éditeur de texte (en glissé-déposé sur mac, tant avec TextEdit que M$W*rd)). Tu peux alors déplacer des blocs de texte, etc…<<

Par rapport aux rayons X c'est très interventionniste.

Ce type de traitement du texte se résume à une suite de pomme C pomme V.

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   17-12-2008 09:15

"Par rapport aux rayons X c'est très interventionniste."

En fait il a passé accidentellement ses films sur le trajet LA - Berlin, et les a mis volontairement dans le bagage en soute à son retour, les exposant une seconde fois aux rayons x maximum.

merci Guillaume, mais mes éditeurs de script et Word ouvrent des images, et pas de texte :)) c'est pas grave, c'était juste pour vérifier.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Henri Gaud 
Date:   17-12-2008 09:20

<<En fait il a passé accidentellement ses films sur le trajet LA - Berlin, et les a mis volontairement dans le bagage en soute à son retour, les exposant une seconde fois aux rayons x maximum.<<

Il y a un côté aléatoire facile à admettre dans cette procédure,
Par contre des pomme C pomme V aléatoires c'est moins évident.

Visitez le Blog de la Trichromie


 
 Re: Words without pictures
Auteur: JCR38 
Date:   17-12-2008 09:46

Oui, bravo Romain. Celà pourrait être ce que vous décrivez.

J'esperai(ère?) un process plus ambitieux ou la recomposition utiliserai davantage le hasard tout en se conformant à une certaine "grammaire" de l'image.
Mais bon!

JCR




 
 Re: Words without pictures
Auteur: marin 
Date:   18-12-2008 13:52

alors puisqu'on a fait le tour, si je reposais ma question initiale?
que pensez-vous de Words Without Pictures, de la forme du principe etc ?
parce qu'entre temps il a eu la FIN.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Serge COSNIER 
Date:   04-01-2009 14:53

En cette période de "Galette des Rois", revenons à l'indice et à la madeleine de Proust.
Sachant que Mazarin portait des gants parfumés à la frangipane, pensez a respirer et a sentir cette odeur dans la galette et vous aurez là la présense "d'un petit bout" de la personne de Mazarin.
Etonnant non!!!

Photographe amateur


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   04-01-2009 18:09

Personne à ce qu'il me semble n' a pensé à soulever la question religieuse de l'indice et de l'index pointé vers le ciel? Suivons l'étoile des rois images à la trace , nous finirons bien par rencontrer le cardinal de Mazarin.

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Serge COSNIER 
Date:   04-01-2009 18:25

Par l'odeur alléché. Une belle rencontre en tout cas avec une personne qui a fait de la France de l'époque le premier fournisseur de l'Europe d'oeuvres d'Art , de manufactures et d'artisanat d'Art. Sûrement pour beaucoup ses origines italiennes.
Bonne galette.

Photographe amateur


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   04-01-2009 23:46

La question de la valeur testimoniale de l'indice est une vraie question théologique et non une simple mazarinade. Quelle valeur accorder au Saint Suaire de Turin, au vrai clou de la vraie Croix, au point G enfin dont l'existence est tant controversée parmi les théologiens. Peut-être que Danielou qui lui aussi portait la pourpre avait sur ce sujet quelque lumière.
Le point G ne serait-il pas une sorte de chemin de Damas sur la voie de l'épectase.

Epectase que je vous souhaite mon cher Cosnier, puisque vous avez rencontré le point G.

Bonne année donc

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Serge COSNIER 
Date:   05-01-2009 09:07

Bonjour Mr Mougin,
Pour ce qui est des mazarinades,laissons le cul de jatte Scarron dans les oubliettes de l'Histoire.Je doute de ses performances avec Madame de Maintenon.
Par contre il est fort probable que Son Eminence le Cardinal ait trouvé le point G avec Anne d'Autriche.
Que voulez-vous, la chair est faible, et je vous remercie de me souhaiter l'épectase si bien sur vous y voyez la dedans une renaissance et la mort du vieil homme.
Et n'oublions pas qu'il faut être deux pour partager cet Amour.
Par ailleurs l'affaire du Saint Suaire est très troublante en effet.
Je ne connais pas l'histoire du clou.(à part l'histoire rigolote qui dit qu'il n'en restait plus qu'un)
Bonne année pareillement.

Photographe amateur


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Serge COSNIER 
Date:   05-01-2009 09:25

Qu' est ce qu'il me fait ce crétin de computer,je n'ai jamais orthographié comme çà

Photographe amateur


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   05-01-2009 10:43

L'épectase, c'est peut-être encore mieux. Merci pour cette réponse amicale à une intervention qui se voulait ironique. Il semble que nous ayons en commun la passion du palladium !

A+

Mougin


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Serge COSNIER 
Date:   05-01-2009 11:56

Mr Mougin je ne voyais pas d'ironie dans votre intervention.
<<Il semble que nous ayons en commun la passion du palladium !>>
Oui sûrement, mais vous savez je suis un débutant dans tous ces magnifiques procédés et je ne peux pas en parler beaucoup.
J'apprends plein de choses sur GP.
J'étais auparavant très affairé dans mon travail de photographe et dans la recherche de clients (un souçi presque quotidien) et c'est quand le numérique a cassé ma baraque et que j'ai dû me remettre en question que je me suis dès lors tourné vers ces techniques anciennes.
J'ai complètement tourné le dos à la photo commerciale et je remercie tous les jours la Providence de m'avoir guidé ainsi sur une autre route et de m'avoir ouvert les yeux et les oreilles.
Tous ces procédés que je découvre m'enthousiasment au delà de mes espérances.
J'avais quand même été très marqué par une exposition d'Irving Penn au Trocadéro dans les années 80.
Je serai ravi bien sûr d'en parler avec vous qui êtes un expert dans le palladium.
Bonne journée.

Photographe amateur


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   05-01-2009 12:56

Comme on dit ma porte est ouverte.

Jean-Claude Mougin

37, rue du Dr Griveaud

71600 Paray-Le-Monial

0385816474

Vous ne serez pas dépaysé, la région est très belle et en dehors de la basilique recèle de merveilleuses petites églises romanes.


 
 Re: Words without pictures
Auteur: Serge COSNIER 
Date:   05-01-2009 13:22

"La Bourgogne Romane" en effet tout un programme et plutôt chargé en indices.
La lumière qui règne dans toutes ces petites églises vous a très certainement conduit à l'oraison. Vous êtes un cachotier dans votre genre.
Merci pour votre disponibilité. Je vous en parle bientôt en privé.
Bien à vous.

Photographe amateur


 
 Re: Words without pictures
Auteur: mougin 
Date:   05-01-2009 15:49

Disons qu'à Paray-le-Monial je me sens cerné, sinon je m'appartiens à cette secte des athées apostoliques et romains. Mais si vous désirez continuer ces échanges, je pense que ces déclarations d'opinions intéressant peu le public du forum, nous pouvons les poursuivre sur nos messageries personnelles.

jcm.mougin@wanadoo.fr

A bientôt.

Jean-Claude Mougin

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