Auteur: jean d
Date: 08-08-2008 23:12
A chaud, quelques réflexions sur Arles 2008.
Sur les conseils de Henri, on commence fort aux Ateliers avec Tim Walker qui t'emporte dans un tourbillon de couleurs, de contes merveilleux et de délires fascinants. On se dit alors que si tout Arles est de ce tonneau, on s'achemine vers un coma de bonheur photographique avant la fin de la journée.
On enchaîne avec les autoportraits de Samuel Fosso, photographe camerounais, totalement farfelus et d'une excellente qualité technique. Une des rares expos où tu t'approches de chaque tirage sans jamais te poser la question de la def, jusqu'à te demander si tu vas pas enfin explorer l'intérieur de chaque pore de la peau. Me demande bien avec quoi il bosse, l'artiste. Pas avec du Holga visiblement.
S'ensuivent les portraits bouleversant jusqu'aux larmes de Pierre Gonnord, portraits cicatrisés de femmes battues, d'enfants maltraités, d'hommes torturés et de monstres humains effroyables de malheur et de souffrance, un immense moment de douleur.
Dans un registre voisin, des portraits de Vanessa Winship sur les écolières Turques, portraits empreints d'émotion, dont on se demande, de la photographe ou des modèles, qui est le plus impressionné par l'autre...
Et puis le remarquable travail de Françoise Huguier, décriée par ailleurs sur ce forum, sur la vie dans les "appartements communautaires" de Saint-Petersbourg, un témoignage sensible, sans artifice.
Que dire aussi de John Demos et son travail sur l'Albanie, splendides tirages barytés qui tranchent avec vigueur sur les horribles tirages pixellisés de nombreuses expos, dont on se demande de quelle gueule se fout l'organisation, de l'oeuvre, de l'auteur, du Public ou de la Photographie. Du 72 DPI en 1m de base, je vous dis pas la cata.
Tant que j'y suis, à noter une halle des Ateliers où voisinent des tirages monumentaux à base de négas 24X36 (ou plus petits hein, je sais pas), avec une rafale de tirages sur authentique papier de photocopieuse, de jolies images gerbantes faites au camphone et qui te causent porno, scato, facho, un bonheur. A l'heure où j'y étais, les autres visiteurs passaient rapidement, les yeux au ciel, se demandant ce qu'ils foutaient là.
Je passerai rapidement sur le merveilleux Paolo Roversi et ses portraits poignants, le superbe travail de Grégoire Alexandre en studio, de Pieter Hugo sur l'Afrique ou encore de Grégoire Korganow et sa série sur les femmes de détenus. Je vais pas non plus vous raconter tout le film, non mais sans blague.
Je me l'étais gardé pour la fin, et j'en terminerai par lui: Avedon.
J'ai visité son expo en deux temps. Premier temps, j'ai fait le tour et suis ressorti en 2 minutes, la déception au ventre. Deuxième temps, 15 minutes plus tard, et j'y suis resté plus de 20 minutes.
En guise de conclusion: Arles 2008 est une très belle édition à ne pas manquer. Il s'y cotoie comme à l'habitude d'authentiques talents, des images déjà vues 100 fois et de vraies merdes à évacuer d'urgence vers l'incinérateur le plus proche.
C'est aussi l'aveuglante supériorité des tirages argentiques.
Comme on dit puis, ya pas photo.
Bonne nuit à tous et faites de beaux rêves arlésiens.
Jean
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