Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 08-10-2007 14:44
"La France reste à la ramasse à cause de cette fameuse administration beaucoup trop puissante."
Je ne suis pas d'accord. Non pas que je défende "l'Administration", elle n'existe pas, en réalité. Il y a une juxtaposition de structures chargées d'assurer le service public, entendu au sens de "au service du public". Ces structures sont utiles, voire indispensables. Pour ma part, je citerai le déneigement, l'entretien des routes, la sécurité routière, l'alimentation en eau, gaz, électricité et téléphonie, la desserte postale, les ramassages des ordures ménagères, les transports collectifs de voyageurs, ainsi que les services publics de secours, de santé et de sécurité publique. J'ai fait à peu près le tour.
Tous ces services sont quasiment indispensables, reconnaissez-le. Et leur mission est non seulement d'assurer le service du public aux meilleures conditions économiques, mais surtout dans les meilleures conditions égalitaires entre les citoyens. Il serait anormal que le citoyen résidant au fin fond de la Lozère ou du Cantal paye par exemple le timbre poste ou l'unité téléphonique dix fois plus cher que le citoyen résidant au centre des grandes métropoles. Les notions de rentabilité ne doivent pas être prises en compte.
C'est l'égalité devant le service public, une notion à laquelle des milliers de fonctionnaires croient très fort.
Il faut avoir passé des dizaines d'heures consécutives en astreinte lors de catastrophes climatiques, comme les tempêtes de neige que j'ai connues, pour comprendre le "sens du service public" de "petits fonctionnaires" payés des nèfles.
Et à côté de cela, il y a des hiérarchies, des groupes catégoriels d'intérêts et de pression, comme les grands corps : E.N.A., Polytechnique, Mines, Centrale et j'en passe. Une grande partie de ces gens ne se sentent absolument pas concernés ni liés par cette notion de service public. Seuls leur importent leur carrière, le pouvoir et l'argent. Tout le reste n'est qu'un outil pour asseoir leur domination et leur pouvoir.
L'ayant vécu de l'intérieur, je peux en parler en connaissance de cause.
Avec la décentralisation, on y a ajouté une autre catégorie, celle du personnel politique : élus des conseils régionaux, généraux et municipaux. Eux, ils ont dans une grande majorité les mêmes motivations : pouvoir, argent, honneurs... et un objectif principal : leur réélection. Ils cherchent à durer par tous les moyens.
Voila les deux administrations que je connais. Et la première, la basique, est soumise aux décisions souvent excessives, parfois irraisonnées voire délirantes de la seconde, et qui n'ont qu'un rapport très lointain avec la satisfaction des besoins des usagers.
Ces deux administrations existent dans pratiquement tous les pays du monde, il ne faut pas s'y tromper. Dans certains pays non démocratiques, ce sont des roitelets, des militaires, et le règne de la corruption, du népotisme et de l'incompétence. Mais dans les autres pays plus démocratiques, cela existe aussi.
Dans les dernières années, on a multiplié les niveaux d'intervention, avec ce marché de dupes qui consiste à confier aux échelons locaux, Département et Communes des tâches qui étaient auparavant du ressort de l'État. On leur a transféré les missions, le personnel, certains outils, mais en aucun cas les moyens financiers correspondants. L'État a su réemployer l'argent qui n'était pas reversé aux collectivités locales pour d'autres dépenses. D'où les augmentations des charges et des impôts.
Mais c'est l'administration de base, les petits fonctionnaires qui continuent à maintenir tant bien que mal le niveau de service. Bientôt, on aura fini de transférer une grosse partie de leurs attributions au secteur privé, et là, vous allez comprendre votre douleur.
Mais c'est tellement confortable et à la mode de taper sur l'administration. Sauf qu'en hiver, si à huit heures du matin vous pouvez prendre votre bagnole et aller en sécurité au boulot, c'est parce qu'une cinquantaine de gars auront passé la nuit à patrouiller sur les routes et dans des camions pour déneiger et saler les axes routiers.
|
|
