Auteur: Michel Prik
Date: 27-09-2007 21:52
Bon, grosso modo.
Les matériels récents auxquels j'ai eu affaire qui étaient globalement puissants fonctionnaient en tout numérique, concept apparu il y a déjà 10 ans avec les Fuji Frontier. je n'ai pas tourné avec les plus récents, minoritaires sur le marché, la vente de minilabs est en chute libre après le grand remplacement du parc qui a culminé autour de 2003. Il s'est installé officiellement en France 510 machines en 2005 avec une récession de 35% sur 2004, et 299 machines en 2006. sur 2007 la tendance est aux petits débits et grands formats.
Je ne crois pas dire de bêtises en affirmant que jusqu'à maintenant un matériel digne de ce nom s'amortissait -comprenez se payait- sur 5 ans avant de dégager de réels profits 2-3 ans le temps de trouver un modèle plus tonique. Dans certains cas les matériels ont tenu et tiennent encore 20 ans et plus, sans trop manquer d'assistance ou de pièces détachées.
Les difficultés de la photo ne datent pas du numérique, elles sont essentiellement apparues en 1991 avec la première guerre du Golfe et n'ont pas cessé depuis. Le numérique n'a fait qu'amplifier le phénomène. Quel est-il ? Simplement une baisse des marges qui n'est pas compensée -ou pas compensée suffisamment- par une augmentation des volumes. Les dernières années ont tiré sur les compétences et les salaires quand salaires il y avait. Combien d'économies doit-on attribuer aux contrats emploi-formation et autres statuts de précarité ?
A partir de là, tous les modèles économiques traditionnels s'effondrent à plus ou moins brève échéance et je place personnellement le curseur en 2008, date à laquelle les technologies argentiques ne disparaissent pas n'en déplaise à Henri que je salue amicalement au passage. Avec les délocalisations notamment en Roumanie et en Chine, tous ceux qui voudront des produits en auront. Ce qui en revanche disparait, c'est l'abondance des services et ce qui apparait c'est la pénurie. La pénurie veut dire que ce n'est plus le client qui impose ses choix, mais le rare prestataire encore vivant qui impose ses conditions.
Au plan technique, Henri a tout bon. Les systèmes conçus pour numériser les négatifs et les tirer immédiatement sans aucun archivage sont imbattables de rapidité et le temps c'est de l'argent. Ce que j'ai vu en numérique est toujours plus lent et généralement beaucoup plus lent car il y a nécessité de lire le support et d'interpréter le fichier avant de le tirer et c'est plus lent que la numérisation directe sur négatif. Il faut savoir que les prix bas en photographie analogique sont apparus avec des matériels capables de tirer (dès la fin des années 70) 20.000 photos et plus à l'heure. La difficulté étant de les alimenter. En numérique je ne connais rien d'équivalent en termes de productivité, on arrive seulement à tout automatiser, c'est à dire à ne plus payer grand monde en dehors du matériel acquis avec un peu de chance sur les restes d'un confrère mort. C'est le modèle de l'Internet qui fonctionne vaguement quand l'investisseur n'est pas trop gourmand. A noter qu'il lui faut ratisser tout le territoire pour s'en sortir, une seule clientèle locale ne suffit pas. Le seul hic c'est qu'un fichier numérique amateur dans l'absolu n'a pas les bonnes caractéristiques pour un tirage automatisé, la qualité ne peut être que décevante. Le tirage d'un fichier professionnel -profil ICC, etc.- peut s'automatiser, mais le photographe y a passé du temps -valeur 2 euros la minute ou plus si le photographe est bon-, combien de labos sont à la hauteur et à quel prix ? Il faut choisir la qualité ou le prix mais vous n'aurez jamais les deux ou alors ce sera par hasard. Ou alors vous n'êtes pas exigeant ce que je crois volontiers. En argentique une qualité très honnête était -relativement- possible si on y mettait les bonnes compétences. Redécouvrez les anciens tirages Kodak dans les albums de vos parents -je ne fais pas de publicité, Kodak n'a plus de labo depuis janvier-.
Les prix actuels sont bas, par fuite. Les (marketeurs) labos cherchent de nouveaux clients numériques pour compenser l'érosion argentique et ils n'en trouvent pas, pas assez en tout cas. Ils ferment les uns après les autres. Un célèbre agitateur a bien compris qu'il n'y a plus grand chose à agiter et a fermé ses quelques 70 boutiques. Un agitateur qui aurait monté ses prix cela faisait désordre.
Comprenons-nous, ce n'est pas la photographie argentique qui tombe actuellement, c'est la concurrence...
On a beaucoup dévié je crois et je n'ai pas trop appris si d'autres professionnels rencontrent ce pb de virus.
J'irai voir chez Fuji.
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