Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 29-08-2009 12:13
Je suis tout à fait d'accord avec Jean.
En fait il faut voir de quelle époque on parle au XX-ième siècle.
Finalement l'hégémonie du 24x36 à système avec large gamme d'optiques interchangeables, que l'appareil soit reflex ou pas, c'est finalement quelque chose qui démarre, disons, dans les années 1950.
Dater précisément ce point historique de la diffusion de la large trousse d'objectifs chez les photographes pros est un sujet en soi.
Donc on ne va pas mettre Doisneau et Ronis dans la même catégorie que les photographes célèbres des années 1970 et suivantes qui par choix délibéré n'utilisaient que la focale normale d'un système à vaste choix de focales.
La question de Harry nous renvoie aussi à toute démarche artistique qui s'impose volontairement une contrainte technique a priori très limitative.
Il y a un exemple marrant en musique avec deux attitudes parfaitement opposées de Maurice Ravel sur ce sujet de la contrainte technique auto-imposée jusqu'à l'absurde.
Un truc que Ravel adorait puisqu'il a écrit dans pratiquement toutes les formes musicales de la musique classique (en dehors des fugues imposées au concours du Prix de Rome, il y a une fugue magnifique dans la version pianistique du Tombeau de Couperin) .
En même temps, Ravel ne tarissait pas d'éloges sur l'École de Vienne, dont les militants "détruisaient" joyeusement les formes et la gamme classiques !!
En 1908, le Scarbo a pour ambition (selon M. Marnat) de dépasser en difficulté technique pianistique l'Islamey de Balakirev.
Donc en termes techniques façon galerie-photo, c'est la totale, le meilleur piano, les doigts les plus agiles, un peu comme sur les forums photo où plus t'as de matos meilleure est ta photo ;-)
Dans le Scarbo, tout ce qui est accumulé depuis plus d'un siècle en technique pianistique se déchaîne dans cette page diabolique (que Ravel jouait très probablement moins bien que les pianistes virtuoses de son temps..)
En 1928, au contraire, c'est le très minimaliste Bolero... minimaliste sur le plan de la mélodie bien entendu... pire que de s'imposer le 50 mm comme seule focale.
Certes l'orchestration du Boléro, elle, ne fait pas voeu de pauvreté : c'est la gamme Nikon au grand complet avec tous les accessoires rares genre : 2 caisses claires, 3 timbales, grosse caisse, cymbales, tam-tam, célesta ! (y'a ,l' wiki pour souffler la liste, je triche). Bref, on connaît la suite....
Moralité : aucune ! si ce n'est que le "bon" artiste peut s'auto-imposer toutes les contraintes s'il le souhaite... c'est décorrélé du succès de l'oeuvre au près du public ! ;-)
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