Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 19-01-2009 19:01
Autrefois, sur la radio Suisse Romande, il y avait une fameuse émission : « le disque de l'auditeur ».
Le spiqueur de Sottens disait toujours de sa voix grave des annonces du genre : à la demande de Mme Une-Telle, de La Chaux-du-Milieu, voici « La chanson des blés d'or.»
Donc : à la demande de M. Girard de Toulouse, voici...
Qu'en pense Emmanuel?
Le verre peut-il se monter sur un Rolleiflex 3.5 F?
Probablement pas, il ne se monte que sur les modèles 3,5F et 2,8F prévus à cet effet. Outre le logement, il y a un mécanisme supplémentaire (ingénieux, comme toujours) qui soulève le presse-film pour permettre au film d'avancer sans griffer entre deux vues.
Le seul appareil de l'histoire du film 120 où le film est vraiment pressé ! Certes, il y a des appareils qui aspirent (et encore, pas facile d'aspirer du film 120) mais des appareils qui pressent effectivement le film 120 ! çà ne court pas le Mac Kéon !
Quelles en sont les dimensions: longueur x largeur x épaisseur et présence d'un chanfrein?
Aucune idée ! Voir M. Quennesson !
La seule preuve matérielle que je possède de l'existence réelle de cette plaque légendaire ;-), c'est son fantôme, le fameux logement secret dans un étui de 2,8F racheté après coup !
Je suppose qu'il doit avoir des propriétés particulières (indice de réfraction?): pourrait-on le réaliser à partir d'une plaque de verre classique polie?
C'est un verre ordinaire mais de bonne planéité.
Je n'ai aucune idée de la tolérance de planéité, mais on ne va pas faire des interférences à travers ! Donc je ne serais pas étonné que 10 lambda, comme pour les miroirs-reflex, soit suffisant !
A part la poussière quels en sont les inconvénients au niveau optique?
En pratique, assez peu d'inconvénients, du moment qu'on tient compte du déplacement de l'image, ce qui est évidemment réalisé sur le rolleiflex équipé de ce dispositif unique.
Le déplacement d'une l'image paraxiale à travers une lame à faces parallèles est donné par la formule bien connue des galerie-photoïstes :
Déplacement longitudinal = e(1-1/n)
où "e" est l'épaissseur de la lame et "n" son indice.
Pour un verre classique d'indice n=1,5, on trouve que l'image recule de e/3, la règle classique du tiers de l'épaisseur.
Dans le rolleiflex, la lame rentre donc de 2/3 de son épaisseur vers l'objectif et sort de 1/3, d'où le recul nécessaire du presse-film.
On voit que vu la dispersion du verre, cette lame rajoute forcément un peu de chromatisme longitudinal puisque "n" varie avec le longueur d'onde.
Toujours en théorie : la plaque ramène, de plus, un peu d'aberration de sphéricité parce qu'elle se place entre l'objectif et une image à distance finie, on forme l'image d'un point par un faisceau convergent à travers la lame.
Cette aberration est d'autant plus forte que la lame est plus épaisse. C'est le problème classique de la lame couvre-objet en microscopie optique.
On a donc en théorie intérêt à prendre la plus fine lame possible qu'on puisse polir à un prix raisonnable et qui ne casse pas en soufflant dessus !
Pour qu'une lame à faces parallèles n'introduise aucune aberration de sphéricité ni aucune aberration chromatique il faut et suffit qu'elle soit bien plane et bien parallèle et placée du côté de l'infini dans une conjugaison infini-foyer, comme c'est le cas pour un filtre UV placé devant l'objectif visant au loin.
En pratique je pense que sans un contrôle de laboratoire de haute précision il doit être impossible de séparer le gain de netteté liée à la meilleure planéité de la perte infime due au petit supplément de chromatisme et à l'aberration de sphéricité. Probablement, en pratique, le gain résultant de l'annulation du défaut de mise au point induit par un défaut de planéité (cloquage du film) l'emporte sur la perte ???
Je craindrais plus les réflexions parasites entre les deux faces, mais M. Quennesson se sert avec bonheur de cette plaque planéifiante, c'est donc lui qui a raison !
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