Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 03-09-2007 10:37
Je reprends cette discussion au vol
Bravo Stéphane d'avoir osé fermer votre 28 mm à f/16.
C'est justement une idée quie m'est venue en réfléchissant à la question de la profondeur de champ (PdC) avec bascules.
Je n'ai pas de schéma à afficher pour illustrer la discussion, mais vous pouvez vous reporter à la figure 11 de mon article
http://www.galerie-photo.com/profondeur-de-champ-et-scheimpflug.html
La simulation est faite avec une cercle de confusion de F/1000, avec le 28 ou le 35 cela fait 28 à 35 microns c'est à dire des valeurs sévères mais justes pour de l'image haut de gamme
Dès qu'on vise un sujet principal à 5 fois la focale, les plans de netteté limite, qu'ils soient parallèles à la planchetet d'objectif à bascule nulle ou inclinés après application d'une bascule, ne dépendent pratiquement plus de la valeur de la focale. En fait suivant la ligne de visée, les plans-limites sont déterminés par l'hyperfocale H = (f*f) / (N*c), la focale de l'objectif n'intervient pratiquement pas sauf en macro.
La seule chose qui bouge un peu c'est la position du point-pivot, l'axe de l'éventail, (Pf sur la figure 11) qui est situé à une fois la distance focale en avant du plan principal image. Donc en gros à une fois la focale en avant de la planchette.
Donc si on fait la similitude entre le 90mm classique du 4x5 pouces et le 35mm du 37x49,
en prenant du f/1000 comme cercle de confusion dans les deux cas, la seule chose qui bouge un peu c'est le point d'ancrage Pf qui passe de 35mm à 90mm en avant de l'objectif, si on vise à 10 fois la focale, soit 900 mm en 4x5 avec le 90 ou à 350mm en 37x49 avec le 35, ce déplacement est totalement négligeable.
On arrive à cette conclusion un peu raide, c'est que si on est intégriste au point de garder la même valeur d'hyperfocale H = (f*f) / (N*c) entre le 90 (4x5 pouces) et le 35 (capteur moyen format), qu'il y ait bascule ou pas, les zônes de netetté sont exactement les mêmes.
C'est un peu provocant, et sans connaître les résultats des manips de Stéphane S., pour ne pas déserpérer, non pas Billancourt, mais nos lecteurs qui ont déjà un pied dans le numérique et le doigt dans l'engrenage en silicium, je m'étais dit qu'il ne fallait pas hésiter à fermer le diaph des excellents objectifs « numériques » au-delà du diaph recommandé par les gourous de Bad-Kreuznach et Münich.
à une condition : que la MAP initiale ait été faite pile-poil, tip-top, etc...
Sous cette condition, si on ferme le diaph au-delà de la valeur recommandée qui est 8-11, la dégradation de l'image est très douce, et en tous cas beaucoup moins affreuse que si on se trompe de MAP au départ.
Donc sans tricher, Stéphane nous prouve que les bons modèles classiques fonctionnent bien. Sans doute n'y a-t-il pas de moulinette accentuatrice trop marquée dans le dos lui-même.
Reste la question de l'angle de bascule. Là, amis lecteur, si vous êtes d'accord avec les raisonnements précédents, il n'y a plus d'échappatoire.
La même zône de netteté avec ou sans bascule et la même qualité d'image « optique » peut être obtenue en petit format dès que l'hyperfocale reste la même. Pour y arriver, on rapetisse le cercle de confusion admissible en proportion du format et on ouvre le diaph pour respecter le max de performance de l'objectif, et comme par hasard, le nombre d'ouverture optimum varie également proportionnellement au format.
Mais pour un même point de vue et un mêm" rendu de perspective, les angles de bascule, eux, diminuent en proportion du format, c'est aussi simple que cela.
Les angles très faibles comme le 3,5 dégré avec le 90 en 4x5 sont pour des prises de vue « lointaines » ; mais pour des prises de vue sur table avec des focales plus longues, ce qui est tout de même très courant en studio, ces angles sont nettement plus grands.
Donc la règle est très simple : on obtient la même performance et la même qualité d'image (sans parler du bruit) en divisant l'angle de bascule par le rapport des formats ( donc par le rapport des focales à angle de champ identique), tout simplement.
Autrement dit, l'effet d'une bascule de 1° avec notre 35 mm est effroyablement importante, on ne peut pas dire que parce que c'est plus petit que 1°, on néglige, pas du tout. Donc çà correpond bien à l'expérience, à peine on touche, pof, la MAP avec bascule part dans les coins.
Donc pas de coutes focales sur une chambre de campagne, si belle soit-elle, où le cran de rappel à zéro de la bascule oblige déjà à sauter de 0 à 5 degrés de façon impossible à maîtriser ;-) il faut du doux et du précis ;-)
Donc pour s'en tirer, la feuille de route est simple, du moins en principe (c'est pas moi qui fais le chèque pour le matos)
- résoudre le problème d'un bonne MAP
- ne pas hésiter à mettre une petite bascule comme en grand format, sachant que les angles sont 2 à 3 fois plus faibles, mais que le résultat est exactement le même, pas de changement des habitudes sauf que les angles sont très petits,
- et surtout, ne pas hésiter à diaphragmer au-delà du bon diaph. Tant pis pour la diffraction.
Je suis persuadé que comme l'image sur silicium est tellement meilleure en bruit que l'image sur film, et sachant qu'on peut toujours remettre un coup de « gonflette -FTM » avec de bons effets de bord pour que la netteté soit meilleure par post-traitement, je serais prêt à parier, et Stéphane S. va tout de suite nous le dire, qu'il ne faut pas être paralysé par le meilleur diaph 8-11.
Reste néanmoins à déterminer une procédure pour apprécier la netteté avec bascule de 1° sur l'ensemble du champ.
Concernant la mise au point sur image aérienne & verre clair, Jean-Philippe A. parle d'or, la procédure dont il parle est d'une efficacité redoutable, mais elle demande une dextérité visuelle au photographe, dans un monde où la plupart des instruments sont vérifiés sur écran, dans un monde où sorti du WYSIWYIG, il n'y a plus personne, je crains que la mise au point sur verre clair et effets de parallaxe par rapport à une croisée de fils d'araignée (les toiles d'araignée des greniers du Boulevard Pasteur étaient la réserve attitrée des opticiens pour leurs réticules de haut de gamme) ne trouve guère d'échos sauf chez les passionnés ;-)
Il m'est venu enfin une autre idée puisque la discussion est partie du biogon de 38 sur le boîtier Hasselblad SWC.
Au catalogue il existait, et existe peut-être encore, un verre de visée spécial SWC/biogon 38. (Luc Régnier sait de quoi je parle, je lui ai racheté le sien)
C'est comme un verre Hasslblad avec télémètre à champ coupé mais la Fresnel incorporée a une focale voisine de 38, ce qui n'est pas la Fresnel standard qui doit être de focale 80 ou quelque chsoe comme cela. Du coup l'image vue du centre est bien éclairée dans les coins.
Ceux qui ont des dos numériques en monture Hasselblad pourraient faire l'essai de ce verre qui se substitue au dos-magasin film comme il se substituera au dos numérique.
Le biogon de 38 ouvre à 4,5 ce qui rend encore utilisable les prismes croisés ; mais 5,6 qui est l'ouverture max des optiques de chambre« digitales » actuelles est sans doute la limite au-delà de laquelle il est impossible de voir clair dans les deux demi-lunes simultanément, mais çà vaut le coup d'essayer.
On aurait au moins avec ce verre-spécial-biogon
- une Fresnel de focale appropriée aux courtes focales
- un télémètre à champ coupé qui prend l'image sur une partie claire ; de fait le télémètre à champ coupé / prismes croisés peut être compris comme une version astucieuse de la mise au point aérienne avec effet de parallaxe dont parle Jean-Philippe.
Ceci résoudrait le calage de la MAP à bascule nulle aous réserve que le sujet principal soit au centre du champ !
Mais cela ne résout pas la visée globale avec bascule....
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