Auteur: Jean-Louis Llech
Date: 04-02-2006 10:43
Monsieur Maurette,
Je comprends parfaitement votre problématique.
Comme beaucoup d'artisans, (et dans mon propos ce mot est un compliment), vous avez des exigences de qualité.
Non pas vis à vis de vos clients, ou de votre réputation, mais vis à vis de vous même.
Vous estimez que ce que vous apportez dans la réalisation d'une photo, votre expérience, votre technicité, vos goûts artistiques, doivent être pris en considération.
Il ne viendrait à personne l'idée de comparer un artisan ébéniste et les usines Lapeyre.
Dans la photographie aujourd'hui, ces frontières ont totalement disparu.
La majorité des gens ne font plus la différence entre une photo réalisée par un professionnel et celle faite par un français moyen et son APN de 5 MPix acheté à Carrefour.
J'y vois deux causes :
- d'une part l'overdose d'images. On en voit partout, du pire au meilleur, des avalanches d'images, fixes ou animées. Cela émousse le sens critique, et on finit presque par ne plus faire la distinction entre l'image et le texte.
- d'autre part l'absence ou la disparition du sens artistique chez les gens. Hélas, ce sens artistique n'est plus développé dès l'école, tout comme le sens civique. On voit les résultats pour ce dernier, ils sont identiques pour le premier.
En face de cela, quelle doit être l'attitude du photographe professionnel ?
Je crains qu'il n'y ait que deux conduites possibles, la soumission ou la révolte.
Si le photographe accepte -pardonnez moi l'expression - les "goûts de chiottes" de son client, il continue de survivre, mais il perd un peu de son âme.
S'il les refuse, et fait passer son exigence de qualité en priorité, il risque d'en faire les frais.
C'est l'éternel problème du combat de l'exigence artistique et de l'argent.
Et entre ces deux voies, le choix est très difficile, et peut-être peut se négocier au coup par coup. Sans être provocateur, je suis persuadé qu'Henri Gaud va me trouver une troisième voie, mais d'avance, je n'y crois pas.
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