Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 15-06-2007 10:44
L'expérience qu'a faite M. Gérard (que je salue au passage) semble mettre en évidence la perte de définition induite par les vibrations engendrées même par notre sacro-saint Synchro-Compur.
Les zélateurs du Compur dont je suis crient au blasphème ;-)
S'il s'était agi d'un SINAR DB, on aurait raillé sans limité.
Pour enfoncer un peu plus le clou, on aurait parlé, en plus, de vignettage dynamique.
S'il s'était agi d'un obturateur central japonais, les euro-patriotes auraient haussé les épaules : on vous l'aurait bien dit, le Compur est tellement plus doux que le Copal ;-);-)
Mais un Synchro-Compur qui vibrerait !
Sur une optique sélectionnée par Niklaus Karpf lui-même !
C'est le retour à la Quatrième République !
Plus sérieusement (je connais M. Gérard, je sais qu'il ne va pas s'offusquer si je blaguais un peu), il se trouve que la mesure de largeur de traits est ce qu'il y a de plus difficile dans l'évaluation quantitative d'une image.
En effet, l'évaluation de cette largeur c'est en fait l'évaluation visuelle du profil de densité optique d'un trait à bords adoucis, la question est donc, où met-on le seuil qui décide qu'on est au bord ?
Dans le contrôle des photomasques, qui n'ont rien à voir avc notre propos (images binaires sans demi-teintes), il faut un microscope spécial avec un étalonnage très particulier pour que l'analyse photométrique du trait puisse donner une valeur quantitative de largeur. Et encore, la mesure est utilisée en routine plus pour faire un suivi de ce qui se passe que pour donner une largeur absolue. En général les parties éclairées ont tendance à bouffer les parties sombres, donc on en tient compte dans la conception du dessin, mais on voit que ce n'est pas une « mince » affaire.
Vu l'effort que demande ce genre de tests, je pense qu'il est préférable, pour des tests faits sans appareillage spécial (il faut tout de même un microscope x50 à x100 pour la lecture !) de tester sur mire, tout simplement, et d'appliquer le même critère visuel sur la perception des groupes de traits que dans un test classique, l'idée étant d'essayer de voir la perte de définition induite par les vibrations.
Je rejoins totalement Henri Gaud en disant que si M. Gérard avait tracé une série de lignes fines distances centre à centre de deux millimètres sur sa mire, et si la largeur de trait unique qu'il mesure est 10 microns au rapport de grandissement 1/100, à côté de ce décamicron, image empâtée du trait, on pourrait placer un autre décamicron de polarité complémentaire pour faire une belle période de 2 décamicrons, soit une fréquence de 50 cycles par millimètre.
Un rapide coup d'oeil aux tableaux comparatifs de M. Chris Perez
http://www.hevanet.com/cperez/MF_testing.html
http://www.hevanet.com/cperez/testing.html
nous suggère que même 50 cycles/mm c'est tout ce que demande le peuple en GF, et même en MF, un bon 50 cycles/mm c'est ce que j'obtiens avec un Rolleiflex T à main levée.
Ceci étant dit, vis à vis de l'Hasselblad, il est assez clair que pour atteindre les 100 cycles/mm que C. Perez mesure avec un Biogon de 38 et un Planar de 80, il faut pour le planar monté sur le boîtier reflex que l'appareil ait son miroir pré-déclenché. Le problème ne se pose pas avec le Biogon, bien entendu, j'en déduis qu'un obturateur central, s'il vibre, n'empêche ni le Biogon, ni le Planar sur boîtrer pré-déclenché, ni bien entendu nos bons vieux Rolleiflex-bi d'atteindre les 90 cycles/mm, du moins dans le test sur mire et avec le protocole de C. Perez.
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Concernant les précautions pour éviter les vibrations, j'avoue que la chose est assez complexe. Certes le mot « rigidité » vient à l'esprit pour le support de l'appareil, mais je rejoins également ce que dit H.G. :
Et en général qq soit les format cette "loi" connue est amortie par la durée de la pose, il y des temps de poses critiques et d'autres nettement moins.
En fait il y a flou de bougé soit parce que l'axe de l'appareil s'est dépointé pendant la pose, un coup de coude ou un support qui glisse un peu, ou bien parce qu'on a enregistré les vibrations induites par la petite impulsion du déclenchement d'obturateur, ou par le Mistral qui fait enrer en résonance, par exemple le soufflet et ses nombreux plsi (merci à J-point-C-point-L pour cet éclairage inattendu sur les propriétés des soufflets ;-)
Dans le cas de vibrations, on voit que la période, l'amplitude et l'amortisseent de ces vibrations sont les paramètres critiques. Qui dit rigide ne dit pas absence de vibrations.
On peut utiliser un sac rempli de haricots comme support, du moment qu'on pousse pour bien caler l'appareil sur son coussin de haricots, il n'y a franchement aucune vibration à craindre, mais il ne faut pas bouger parce que le support n'est pas rigide !
Les recommandations habituelles, qui ne concernent pas particulièrement le grand format, c'est de n'utiliser l'extension de colonne du trépied qu'avec parcimonie. Plus l'appareil est proche du sommet du trépied, mieux cela vaut. C'est une remarque « bateau » qui traîne dans tous les bouquins de photo, elle a toute sa pertinecne.
L'autre remarque, faisant suite aux pointeurs web indiqués par André G. c'est qu'a priori les rotules de fort diamètre sont moins sensibles aux vibratiosn que les têtes trois axes. La raison, de principe, est assez simple, elle tient au fait qu'il y a toujours un morceau de plaque en porte à faux dans toutes les têtes trois axes, même les meilleures. Ce porte à faux limite d'ailleurs la charge admissible par une tête trois axes, là une grosse rotule ne bronchera pas en charge axiale. Ce portre à faux est aussi source potentielle d'un type de vibrations que dont la rotule de grand diamètre ne souffre pas.
Est-ce pour autant qu'il faut n'utiliser que des rotules ! Que nenni ! Comme on dit sur G-P il faut les deux, et j'aurais du mal à me passer de mon excellente tête Gitzo treize-septante (je crois qu'elle n'est plus au catalogue, il reste la quinze-septante, plus grosse) Tant pis pour les vibrations !
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Pour terminer, on pourrait proposer une version photographique et vibratoire du sketch de Fernand Raynaud « le fût du canon », inspiré du très fameux « Manuel du Gradé d'Infanterie » dont nos pères ayant servi sous les drapeaux français se souvenaient avec émotion. Nul doute que la francophonie possède ses trésors du même genre, j'aimerais connaître l'équivalent suisse, un pays sérieux où les citoyoens font toujours le service militaire, un art qui s'est perdu dans l'Hexagone.
La scène se passerait au Grand Séminaire Photographique de Besançon, rue Mégevand.
Le Père supérieur aurait fait venir deux conférenciers extérieurs pour l'édification des séminaristes, le Frère Gérard serait venu exprès de Taizé, et l'archevêque de Moisenay interviendrait sur la Sainte Trichromie.
À la fin de l'exposé de Frère Gérard, on interrogerait les séminaristes pour savoir le nombre de paires de lignes perdues à cause des vibrations :
- Vous !
- euh...
- je vois, vous n'avez pas écouté, vous m'direz trois pater et deux ave. Vous !
- on perd 2 paires de lignes
- Non ! Vous !
- on perd au moins 50 paires de lignes
- Non !! Vous !
- euh... sachant que... eh bien.. disons.. il en reste au moins 60
- Non !!!! décidément !!!! Vous !
- peu importe la quantité de paires qui restent, ce qui compte c'est leur qualité, surtout quand on a les Yeux de la Foi.
- Aaargh ! Non, non et non, le Manuel du Séminariste Photographe indique clairement :
« Lors du déclenchement de l'obturateur, par suite des vibrations induites, la qualité de l'image est réduite d'un certain nombre de paires de lignes par millimètre. »
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