Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 10-03-2007 12:41
Allez, allez, tout le monde sait qu'ici nous poussons à l'expérimentation.
Personnellement vu le faible prix des vieux Symmars convertibles en okkaze, si j'avais une optique moderne, je ne la dévisserais pas et je me paierais un vieux convertible pour expérimenter (d'ailleurs, çà y est, c'est fait, le prétexte était de se procurer un COMPUR 5FS, mais ceci est une autre histoire ;-). D'ailleurs je ne devrais pas me prononcer sur l'optique de Daniel F. car en tant qu'euro-patriote étroit d'esprit, la probabilité pour qu'un jour j'aie à dévisser un 6 lentilles quazi-symétrique venant du Far-East est très faible, sauf si on m'en fait cadeau, et encore : j'aurais trop peur de voir que dedans c'est super-bien-fait ;-)
Je préfère donc « rebondir » ... (comme le fait en général la partie avant d'un Symmar convertible tombant par inadvertance sur les dalles de marbre blanc du presbytère de Moisenay) ... sur la remarque de Christique Frot (que je salue au passage) pour essayer de remettre l'idée de l'optique convertible dans sa perspective historique.
Il me semble, et C.F. confirmera, que les trousses convertibles existaient déjà lorsque le Père Rudolph était encore en culottes courtes. D'où mon dialogue imaginaire avec le Père Petzval.
Les Symmars convertibles ont été, me semble-t-il, fabriqués jusqu'aux années 1960. Puis ils ont disparu, je pense que c'est lorsque les Symmar-S ont été introduits.
J'ai donc plusieurs questions qui me viennent en tête et que je vous livre pour nourrir le débat. Et pour rigoler bien entendu.
La première question est : est-ce qu'un demi Fuji moderne dont nous parlons est vraiment moins bon que la partie fixe d'un vieux demi-symmar convertible des années 50-60 ? j'en doute !!
La deuxième question est : sachant que dès les années septante, Maître Bouillot n'a pas de mots assez durs pour descendre en flammes les vieux Symmars convertibles, pourquoi l'honorable maison Cooke ressort-elle un triple convertible fort coûteux ?
Concernant le Bouillot des années septante, je me réjouis de voir que je ne suis pas le seul à avoir puisé à cette source de référence ! Et, croyez-moi ou pas, j'avais en tête la phrase assassine citée en référence lorsque je rédigeais mes facéties tardives pour un jeudi soir (si entre passionnés on ne peu plus se « chambrer » un peu » ;-)
Il faut dire que ce jour là j'étais Outre-Rhin et je venais juste de blaguer avec mon bon collègue allemand sur les archétypes transfrontaliers, en particulier les sévères critiques que beaucoup d'Allemands font à l'encontre de la baguette de pain française : du vent ! pas sérieux comme pain ! du vent vendu au prix du pain alors que notre robuste Vollkornbrot Ach ! das is Brot !
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Autre question : il me semble qu'à l'époque où Schneider-Kreuznach vendait encore le Symmar convertible, chez Ro'stock, ou je me trompe fort, le Sironar concurrent ne l'était pas ???
Donc on peut se lancer dans de nombreuses conjectures de café du commerce.
La première conjecture est que la contrainte d'avoir au moins un demi objectif acceptable en qualité pèse sur la qualité de l'ensemble. Donc lors de la conception du Symmar-S, dont on dit qu'il est nettement meilleur que le vieux convertible, les ingénieurs auraient ont eu marre de cette contrainte. On peut imaginer ce dialogue : les ingés de Bad-kreuznach râlent auprès du marketing : chez Ro'stock cela fait belle lurette qu'on ne leur casse plus les pieds avec les convertibles ! qu'on nous laisse faire notre boulot sans contrainte ! et vous allez voir ce qu'on va vous sortir !!
On peut aussi penser que dans les années 1960, les photographes professionnels étaient devenus plus riches et plus exigeants, et que le dépannage utile du demi-symmar de focale doublée pour un détail ou du portrait ne les satisfaisait plus.
Alors pourquoi le retour du Cooke triple convertible ? D'abord, d'après un article que j'ai vu dans « View Camera » le Cooke est une bête de course dont la performance n'a rien à voir avec les vieux convertibles. Chaque moitié est un quatre lentilles qui n'a sans doute pas grand chose à voir ni avec un tessar ni avec un apo-ronar, mais on voit bien que la solution passe par des moitiés qui sont séparément très bonnes ! Une vraie lapalissade, certes, mais sans doute la question de la correction mutuelle des deux parties assemblées se pose-t-elle en des termes différents dans le nouveau Cooke triple convertible.
Au passage on peut noter qu'il y a tellement d'optiques d'okkaze en 9x12-5x5 pouces, des très bonnes, pas chères et pas trop lourdes, que les amateurs ne se pressent pas, dans ces « petits » formats-là, vers les convertibles ! D'ailleurs comme les prosélytes les ont persuadé qu'ils ne peuvent pas vivre sans un apo-ronar de longue focale, ils n'ont aucune envie de dévisser leur standard de 150 !! çà les priverait du plaisir délicieux de chiner pour un bel apo-ronar MC de 300 ou de 360 !! ;-)
Mais en 20x25, outch c'est pas pareil, et il me semble légitime de se laisser tenter par une « trousse » !!
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Concernant les principes de symétrie, ils sont certes connus là encore depuis que le Père Rudolph est gamin, mais si la voie des optiques quasi-symétriques a été si fructueuse, cela ne veut pas dire qu'une optique dyssymétrique sera mauvaise, bien évidemment. ²D'où mon allusion un peu lourdingue au succès planétaire et centenaire du tessar ;-)
Les optiques standard de chambre sont des quasi-symétriques optimisés pour le grandissement 20 soit des objets environ placés à 20 fois la focale. Du coup sans groupe flottant à l'intérieur on peut les utiliser de l'infini à des distances finalementt assez courtes genre 1:2. Donc par nécessité ils ne sont pas parfaitement symétriques, au contraire d'un G-claron par exemple.
L'application stricte-stricte du principe de symétrie exigerait que tout soit symétrique y compris les distances objet et image. Mais d'après ce que le Père Kingslake nous dit, et cela sauve tout, on a le droit de s'écarter de cette règle stricte sans tomber dans des horreurs bien au contraire, d'où le nombre incroyables d'optiques de type double-Gauss quasi-symétriques en tous formats, ainsi que toutes les optiques de chambre sauf les télés.
à propos du Kingslake, les amateurs de symétrie y liront, dans le volume 'fundamentals of lens design' compagnon du 'history of photographic lens' les deux pages décrivant les étapes de la conception d'un symétrique 4 lentilles non collées de type Goerz-Celor = Rodenstock-Apo Ronar = ... des centaines d'optiques de repro de ce type, c'est fascinant.
Car une optique aussi simple peut se calculer presque à la main, de plus elle "passe" dans le logiciel OSLO-EDU gratuit ! Donc pour ceux qui aiment les objectifs virtuels, 'faut pas s'en priver ;-) le design sous OSLO des tessars et des apo-ronars, vu le nombre d'objecif aux catalogues du XXi-ième siècles, c'est une collection qui ne coûte pas cher ;-)
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Et pour en revenir au départ : juste pour embêter encore un peu Daniel F.
Le jour où tu dévisses la partie avant de ton quasi-symétrique japonais ; alors que ton appareil est réglé en plongée pour une belle prise de vue.
Si tu entends comme un agréable petit bruit de clochette cristallin, un de ces petits 'cling-bling' provenant d'un objet apparemment décoratif tombé sur les dalles du presbytère de Moisenay, sache que si ce n'est pas tout le groupe avant (ouf !) cela peut aussi être un petit anneau d'espacement du groupe avant qui a décidé de prendre l'air. Toai, que je salue également au passage, sait ce que je veux dire ;-)
On a le droit de conserver cet anneau qui n'est pas des Niebelungen même s'il venait de Münich, et on peut s'interroger sur sa fonction plutôt que de s'en faire une boucle d'oreille.
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