Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 07-12-2006 09:43
La première fixation d'une image optique derrière un objectif est créditée à Nicéphore Niépce, par le procédé au bitume de Judée. Niépce avait fait des images par contact dont l'une s'est vendue récemment, c'était une copie-contact de gravure ancienne.
La première image photo de Niépce est conservée à l'université du Texas.
Le principe du bitume de Judée est celui des résines photosensibles négatives.
Dans les parties insolées de cette résine naturelle, l'action des photons provoque un durcissement du polymère. ces parties deviennent moins solubles que les autres dans un solvant organique. Niépce utilisa de l'essence de lavande. Il n'y a aucun halogénure d'argent dans ce procédé très peu sensible. Le rapport des vitesse de solubilité n'est jamais infini entre les deux parties insolées et non insolées, donc si on laisse trop longtemps dans le révélateur tout finit par se dissoudre, c'est en fait une règle universelle de toute photochimie (laisser un film gélatino-bromure une nuit dans un révélateur.. tout finit par noircir).
Dans ce procédé il y a une image latente à peine visible et une amplification chimique par le révélateur, comme dans presque tous les procédés d'imagerie photochimique, à l'exception notable des supports halogénure d'argent à noircissement direct.
Les résines photosensibles négatives sont très utilisées aujourd'hui, la plus connue l'est sous le nom de SU-8. C'est une résine très visqueuse de la famille des époxy. On l'utilise en couches de 50 à 500 microns d'épaisseur pour la fabrication d'objets microtechniques tri-dimensionnels. L'une des applications industrielles est la fabrication de pièces d'horlogerie par dépôt galvanique de métal dans un moule de résine imprimé par photo-lithographie à partir d'un photomasque. ce type de résine en revanche n'est peut-être pas bien adapté aux arts graphiques si l'on recherche une image à modelé continu.
Sous l'effet du rayonnement UV, il y a une amorce de polymérisation qu'on amplifie par un recuit. Ensuite on trempe la résine sur son substrat dans un révélateur qui est en fait un solvant organique moins poétique que l'essence de lavande mais dont l'effet est analogue.
Cherchez SU-8 sur Internet, vous aurez le détail du procédé. Il faut une lampe mercure pour insoler cela avec les raies entre 300 et 400 nm.
Pour la fabrication des micro-circuits on utilise plutôt des résines dites positives dont le mécanisme photochimique est différent. Ces résines sont également sensibles aux électrons. On est capable de fabriquer des structures de quelques dizaines de nanomètres de large avec ce genre de résine. Quelques dizaines de nanomètres, on s'approche de la longueur de la chaîne de molécules polymérisées !!
C'est un paradoxe de l'industrie du silicium, plus celle-ci cherche à tuer la photochimie au niveau de l'utilisateur-photographe, plus elle est obligée de raffiner la photochimie lors de l'étape de micro-fabrication.
On n'a donc pas fini d'entendre parler d'image latente et de révélateur ;-);-)
Dans les procédés au charbon, la base photosensible est, me semble-t-il une gélatine bichromatée, donc là encore un procédé sans halogénure d'argent.
Le tirage traditionnel des plans en bleu est, me semble-t-il, anaologue au cyanotype, donc pas d'halogénures d'argent non plus.
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