Auteur: Emmanuel Bigler
Date: 16-09-2006 10:31
Bruno.
L'exemple du fameux procédé des Frères Lumière ne doit surtout pas être un frein pour l'action, mais il vaut mieux voir en face les difficultés d'adapter un système de masque coloré pour une synthèse trichrome à pixels adjacents (plutôt que par fusion de trois calques RVB).
C'est un projet parfait pour la chambre grand format, qui est l'outil idéal pour la souplesse maximale entre l'imagerie analogique et l'imagerie numérique.
Le slogan des prosélytes de galerie-photo :
À la chambre, tout est possible, et nous, on veut TOUT
---
J'ai essayé de dimensionner ce que pourrait être un masque à pixels colorés dans l'idée d'une fabrication d'amateur.
Par exemple en rephotographiant une mire comme on l'aurait fait dans les années 60 avec un apo-repro et une chambre grand format. En partant d'une image carrée pour simplifier les calculs, et en démarant de 1 mégapixels pour ce masque, soit 1000x1000 points, en supposant que l'on démarre sur un format 10x10 cm pour fixer une base de départ à extrapoler, cela nous fait au niveau du film un pas de grille de 100 microns ; donc des sous-pixels bayer-RVB au mieux au pas de 50 microns. Je pense que c'est parfaitement accessible à un apo-repro fermé à f/22, en gros la limite de résolution de diffraction à f/22 c'est dans les 22 microns, les apo-repro ateingent cett limite physique sur presque tout le champ (45-50°).
On pourrait donc sans changer le procédé artisanal doubler le nombre de pixels suivant une ligne et passer à une grille au pas de 50 microns et des sous-pixels de 25 microns, pour 4 mégapixels au total sur un décimètre carré. Pas terrible en termes de haute résolution, mais le point n'est pas là pour l'instant.
La mire à photographier devrait être assez grande, je ne connais pas la limite de résolution des imprimantes couleur, mais il me semble difficile que l'objet de départ soit plus petit que le mètre carré. Si on part de 100 microns de pas de grille sur le masque, avec un grandissement 1:10 à la prise de vue on démarre de 1 mètre carré avec des pixels de 1 mm, dons des sous-pixels de 0,5mm, çà doit être jouable pour une imprimante. Même 2 mètre sur deux cela resterait encore sortable en amateur en collant des feuiles côté à côte, mais il y aurait peut-être le problème des défauts de grille au raccordement.
On peut évidemment penser à une machine de restitution d'images sur film à qui on demanderait de tracer directement le masque, ou de tracer un masque agrandi de haute qualité.
On pourrait d'abord penser à faire une restitution analogique à la façon des autochromes en réalignant le masque avec la diapo noir et blanc. Même en mettant de côté des effets de non stabilité dimensionnelle du film après développement, il me sembl que le réalignement en translation/rotation du masque et de la diapo poserait des difficultés décourageantes. 1/4 de pixel de défaut d'alignement et les couleurs deviennnet totalement fantaisistes ! Dans les autochromes, il y a auto-alignement quasi-parfait des grains de fécule et des grains d'argent même si la gélatine bouge un peu (ce dont je doute sur plaqeu de verre).
Donc sauf refaire des autochromes avec auto-alignement pixel par pixel la restitution analogique me semble très difficile.
On voit au passage que l'alignement des trois calques RVB en trichromie « façon Henri Gaud » mais qui est le même problème de toute quadrichromie en imprimerie est moins critique car la pureté des couleurs n'est pas affectée sur un grand aplat ; seuls les bords et les très fins détails peuvent « baver » un peu en cas de mauvais calage des trois couches (ou des 4 couches en imprimerie). Le fait que la quadrichromie fonctionne sans problème, et ce que j'ai vu des images RVB chez Henri Gaud, montre que si l'objet est fixe le recalage informatique des trois calques permet un résultat parfait.
Je serais beaucoup moins optimistes pour un recalage à 25 microns près entre le masque bayer et la diapo N/B. Mais pourqoui pas, il faut essayer en étant moins exisgent sur le nombre de pixels, simplement pour voir si avec la technique du perforateur et des piges de centrage on peut réaligner simplement la diapo et le masque comme on le ferait dans un tirage à masque flou à l'agrandisseur classique.
----------------------------
Reste l'exploitation entièrement numérique du négatif. Premier avantage potentiel : on oublie l'inversion photochimique. Deuxièmme avantage : si on est capable de repérer individuellement les pixels et de leur affecter une coordonnée sur une grille, grille qui sera forcément distordue, mais peu importe, alors on a gagné. Je pense que c'est ce qui est suggéré dans le premier message.
S'il faut réaligner le négatif sur le scanner de façon analogique, on retombe dans le problème de fabriquer un posage avec piges de repérage, pourquoi pas mais cela semble délicat.
L'autre idée qui s'apparente à une méthode de force brute serait de reprérer les sous-pixels par leur forme, par exemeple un carré avec l'un des coins coupés ce qui permettrait sans ambiguïté le repérage de ce qui est R ou V ou B, il faudrait imaginer une numérisation au moins deux fois plus fine, disons dans les 10 microns, c'est possible (10 microns = 2500 échantillons par pouce) et ensuite un programme automatique de reconnaissance de forme et de calcul de la position des sous-pixels et la mesure de leur densité moyenne.
La seule limite me semble être la capacité mémoire et le temps de calcul, mais il y a sans doute des astuces pour tenir compte de ce que l'objet est tout de même assez proche d'une grille bien périodique.
Par rapport à toutes les difficultés énoncées ci-dessus, de petits détails techniques comme le chargement d'un plan film avec le masque par devant, le tout petit défaut de mise au point induit par la traversée du masque, apparaisseent comme des broutilles franchement sans importance. On prendrait un bon châssis Linhof avec sa plaque à ressort, châssis prévu pour charger des supports jusqu'à 2 mm, donc là on est tranquille sur l'épaisseur du masque !
Je suis persuadé qu'en démarrant disons avec 500 par 500 pixels pour tâter des difficultés du réalignement, on peut facilement faire un essai 100% analogique peu coûteux en faisant un masque bayer-RVB sur une diapo couleur 10x12,5 à partir d'un dessin à l'imprimante. Bon il faudrait faire une diapo noir et blanc photochimique pour rester analogique, mais cela n'arrêtera pas nos lecteurs ;-)
La qualité d'image ne pourrait pas être pire qu'avec un sténopé ;-);-)
Allez ! qui s'y lance !!
|
|