Auteur: loleenol
Date: 05-09-2006 17:24
Bonjour,
Le bureaucrate-investisseur est de retour derrière son bureau après deux réunions avec des bureaucrates-commissaires aux comptes qui ne connaissent rien à rien sur aucun sujet... mais qui ont la particularité de pouvoir s'intéresser à tout, du moment que c'est économiquement possible, sinon viable, voire passionnant. J’en reviens tout guilleret après une bonne nuit a coté de ma poule-qui-a-tout-d’une-colombe.
Ce débat a le mérite de poser les fondements d'une réflexion microéconomique (alternative) et répondre à une problématique macroéconomique.
Comment faire pour rendre pérenne une technologie (soit disant) obsolète et donc macro-économiquement condamnée?
Une des réponses est mutualisation. C’est même une des meilleures réponses possible.
Car ce modèle n'est pas forcément inscrit dans une optique de croissance mais de pérennisation d'un savoir-faire et de régulation temporelle du flux de production (on sort des principes de l’industrialisation). La mutation d'un modèle économique n'entraîne pas forcément sa disparition : l'auto n'a pas fait disparaître l'élevage des chevaux, le web n'a pas fait disparaître l'édition papier. L’argentique ne disparaîtra pas ; à condition évidemment que les technologies les plus intéressantes ne passent pas à la trappe… il y a mutation, c’est tout. Et c’est là que nous pouvons intervenir.
Le modèle associatif est balbutiant mais d'avenir. Ce qui intéresse les investisseurs, dont je fais partie, ce sont les "effets de leviers", ou comment à partir d'un euro investi ont peut en trouver trois, (ou dix ce qui est mieux) pour mettre en branle un modèle économique viable, même s’il ne dégage pas une rentabilité à deux chiffres. Le fait que des passionnés sont prêts à se rassembler pour qu'un projet voit le jour est aussi intéressant qu'une flopée d'investisseurs classiques.
"Pour ma part, je trouve que le film est un support intéressant à bien des titres... La décision concernant son arrêt ou non dépend de mouvements de consomateurs que ni vous ni moi ne maitriserons... Les décisions seront prises dans des salles de réunion feutrées au vu de graphiques EXCEL..."
Et alors ? Cela s'appelle le marketing. Qui, par définition ne s'intéresse qu'aux habitudes de consommation ancrées et identifiées. Sortez des graphiques, vous n’intéressez plus les marketeurs mais ce n’est pas pour autant que vous n’existez pas en tant que force de marché. Kodak ou Fuji ont des ambitions marketing qui vont à l’encontre de notre fameux modèle économique associatif. Créons le à notre échelle, faisons des tableurs Excel, une étude de marché… les salons feutrés vous sont ouverts aussi.
Si seuls les chiffres de Canon ou Nikon étaient intéressants économiquement, Alpa n’aurait jamais vu le jour… OR, c’est justement parce que le marché est en pleine mutation que cette aventure peut exister !
Les petits émulsionneurs existants n’ont peu être pas la capacité financière pour racheter la technologie des Agfa, Kodak et plus tard peut être Fuji (mais je soupçonne les Japonais d’avoir une idée intéressante derrière la tête). Un investissement mutualiste pourrait peut-être leur donner l’opportunité de le faire. Un modèle de fond d’investissement mutualiste existe déjà dans d’autres domaines (environnement), pourquoi pas nous ? Rien ne nous oblige de gérer l’affaire in-extenso, il y a beaucoup d’alternatives possibles ; le tout est d’en discuter intelligemment et d’arrêter de mettre la tête sous l’aile à la moindre ondée !
Les Allemands et Suisses ont cette immense capacité de pouvoir imposer leur savoir faire grâce à des modèles économiques partout ailleurs impensables ; (micro entreprises technologiquement très pointues ; cf. l’horlogerie Suisse… de Swatch ou Rolex à Richard Mille ; dos numériques ; coopératives alimentaires) ; pourquoi pas nous ?
Parce qu’on entend toujours les mêmes sirènes hurler à tort et à travers… que ma brave dame, on est ignorants et qu’on ne sait pas ce qui se trame en haut lieu et que de toute façon on ne sait pas comment faire. D’ailleurs c’est ce qui est intéressant dans les affaires : de voir que les chats noirs sont toujours les mêmes, et que bizarrement les arguties les plus stupides font toujours capoter les projets les plus ambitieux, même à petite échelle.
A chaque fois que j’ai commencé un projet, quel que soit le domaine, on a affaire aux mêmes personnes… qui forcément ont raison par défaut, et tort par hasard. Mais qui curieusement n’ont jamais d’idées originales, seulement des avis…
On sait comment faire ! On sait où on en est dans le monde économique ! Il suffit d’avoir un peu de temps à y consacrer…
Il y a deux ans je ne connaissais rien en de multiples domaines d’activités, depuis j’ai appris, et les investissements que je mène sont (pour la plupart... euh j'espère...) viables.
Le truc n’est pas forcément d’attirer plus de monde, mais le monde qu’il faut… nous sommes à la fois les prescripteurs et les clients finaux. Croyez moi, c’est assez rare! Nous connaissons parfaitement la cible de la technologie que nous voulons voir pérenne : c’est nous ! Certes, en France nous ne sommes pas nombreux, mais de part le monde, les passionnés de photographie HR et plus particulièrement argentiques ne sont pas très différents de nous, non ? Si le propos est de devenir riche grâce à ça, c’est foutu… mais si c’est de rendre juste rentable une structure pour qu’elle puisse vivre (et bien vivre !) c’est faisable. Faut y bosser, c’est tout…
Promouvoir cette technologie auprès d’autres personnes n’est pas si difficile… nous savons tous ce que la qualité de rendu cliché argentique est capable de produire sur certains esprits faibles (les artistes, les collectionneurs…)… A ceux qui préfèrent fabriquer leur plaques eux mêmes… c’est en effet très chouette. Mais vu que je n’ai ni le temps, ni les qualités requises pour réussir un soupe chimique… si quelqu’un peut le faire à ma place… ça m’arrange ! Je ne doit pas être le seul…
Jeter l’éponge, oui, souvent c’est la seule solution contre l’abrutissement cynique.
L’ironie Cher BB est que je viens d’une région viticole qui se débat dans les affres de la surproduction et la méconnaissance de son marché. Ils sont tellement à cran qu’ils en viennent aux mains, littéralement, et se tapent sur la gueule au lieu de s’associer pour se tirer de la crise. (Oui, vous avez bien lu : ASSOCIER, une sorte de mutualisation du savoir faire) La plupart rêvent de vendre leur terrain en terrain à bâtir au lieu de valoriser ce qui est leur seul véritable argument viable : leur technologie et la qualité du vin. A force de produire de la piquette au prix de l’encre Epson, la plupart ont oublié ce que leur métier, c’est donner du plaisir aux autres.
J’ai comme l’impression qu’en ce qui concerne ce post incendiaire, c’est un peu la même chose…
Une autre ironie est que mes contreparties financières sont intéressées par les histoires de mutualisation. Eh oui, les parangons de l’économie de marché sont parfois pleines de surprises…
En gros, je peux vous assurer que cinq millions d’euros pourraient êtres facilement trouvés pour mettre en place une affaire de ce type. Sans rendement spécifique demandé sinon un équilibre des comptes et un ou deux points de base au dessus du prix de l’argent, histoire de pouvoir investir un peu, en marketing (eh oui), en R&D, en com…
L’essentiel de mon activité se passe dans l’analyse et la prescription des besoins d’une économie en pleine mutation : lire réinventer perpétuellement le fil à couper le beurre. J’adore ça… Mes compétences comme vous dites n’existent pas… je ne travaille pas, je suis un Patron, avec un grand P. (a moins que ce ne soit un grand C..), je voyage, je regarde Bloomberg, j’ai des maîtresses aux quatre coins du monde ; pourtant, tous les jours, mes prescriptions sont suivies, et si d’autres travaillent pour moi, la seule chose que je puisse faire sans en avoir honte, c’est que mes idées soient suffisamment pérennes pour que ceux qui me nourrissent (avec un grand P), en vivent. Bien de préférence. C’est con, mais c’est comme ça.
Bien cordialement.
Au fait… si vous pensez qu’un viticulteur a besoin de moins de qualification qu’un opérateur sur émulsionneuse… hum… mieux vaut en rire… quant au vinificateur, c’est souvent aussi un œnologue, qui n’est pas forcément intégré à la cave, non… mais surtout, il explique, il forme et éduque le consommateur, de plus en plus.
Il fait les foires, gère les stocks, suit le vieillissement…
C’est un peu le profil que je recruterais pour une unité de production de films E6… mais bon…
loleenol
Obviously you're not a golfer...
Jeffrey Lebowski
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